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‎SADE Donatien Alphonse François, Marquis de‎

Reference : 58602

(1808)

‎Les antiquaires. Manuscrit autographe complet et unique.‎

‎S.n. , s.l. août 1808, in-8 (17,5x21,5cm), (40f.) (3f. bl.), broché sous chemise et étui.‎


‎Manuscrit original complet d'une des première uvres du Marquis de Sade, entièrement réglé au crayon, et composé 40 feuillets recto-verso. Ce manuscrit, de même que les autres pièces conservées du Marquis, a été dicté à un copiste et corrigé par Sade lui-même. Cahier broché sous couverture verte de l'époque, présentant un petit manque au milieu du dos. Titre à la plume en partie effacé sur le premier plat?: 9/ Net et corrigé en août 1808 - bon brouillon. Les Antiquaires. Comédie en prose en 1 acte. Ce titre est reporté au verso du premier plat de couverture. Le manuscrit est présenté sous chemise en demi maroquin vert sapin, plats de papier marbré, étui du même papier marbré et bordé de maroquin vert sapin, ensemble signé P. Goy & C.Vilaine. Nombreuses corrections, annotations et biffures manuscrites de la main de Sade, principalement des ajouts de didascalies, riches en indications scéniques et psychologiques. Composée en 1776 puis recopiée à Charenton en 1808 et vraisemblablement enrichie à cette époque de quelques variations opportunes - notamment une allusion à Napoléon «?dont il espérait, bien à tort, obtenir la permission de quitter, en homme libre l'hospice de Charenton?» (p. 94) - Les Antiquaires est l'une des premières créations théâtrales achevées du Marquis et par là-même, une de ses premières uvres littéraires, composée huit ans avant le Dialogue entre un prêtre et un moribond. En effet, si la datation décisive des pièces est rendue difficile par l'absence des manuscrits initiaux, plusieurs indices ont permis aux bibliographes de précisément situer la première rédaction de cette pièce en 1776, avec une possible version corrigée durant la période révolutionnaire et quelques dernières évolutions au moment de cette ultime rédaction, qui est aujourd'hui l'unique manuscrit conservé de cette pièce. Parmi les indices de datation - statut du personnage juif et anglais, style des dialogues, correspondance de Sade avec les théâtres - l'élément le plus déterminant est biographique. Les Antiquaires peut en effet être considéré comme le véritable «?volet théâtral?» du Voyage d'Italie de Sade avec lequel il entretient une intertextualité constante. La pièce met en effet en scène un antiquaire - c'est-à-dire au sens du XVIIIè un érudit, amateur d'antiquité - qui souhaite marier sa fille à un ami partageant la même passion, tandis que celle-ci trouve un stratagème pour le convaincre de la laisser épouser son jeune amant. Que ce soit à travers le discours savant des vrais antiquaires ou celui, farfelu, de l'amant les singeant, Sade se sert de sa propre expérience et de ses impressions de voyage qu'il expose ou détourne selon le point de vue de ses personnages. Ainsi la description par l'amant Delcour du volcan Etna est-elle une parodie du récit détaillé que Sade fait du volcan Pietra-Malla, tandis que l'invention d'une «?galerie souterraine reliant l'Etna à l'Amérique?», est directement inspirée du tunnel de la Crypta Neapolitana, décrit par Sade dans son Voyage. Le Marquis invoquera cette même expérience volcanique pour écrire l'une des plus fameuses scènes de son Histoire de Juliette. à peine revenu de son dernier périple savant, et presque parallèlement à l'écriture documentée et passionnée de cette expérience, Sade compose donc une version satirique de celle-ci (jusqu'à ses déboires d'intendance) maniant à la fois critique sociale de l'érudition stérile, et autodérision de sa propre passion pour l'Histoire, de «?son avidité de tout voir et son insatiable curiosité?» (cf. Maurice Lever, préface de Voyage d'Italie). La satire virulente s'accompagne ainsi paradoxalement d'une démonstration très sérieuse des connaissances de l'auteur très au fait des dernières découvertes et des grandes questions archéologiques du temps. C'est d'ailleurs ce qui vaudra à la pièce la critique de deux directeurs de théâtre auxquels Sade la proposa, vraisemblablement durant les années 1791, 1792?: «?L'ouvrage est purement écrit. Il annonce esprit et connaissance dans un auteur, mais la pièce est trop sérieuse, trop scientifique.?» (Théâtre du Palais-Royal)?; «?Moins d'étalage d'érudition, plus de ridicule [...] sont autant de moyens nécessaires pour mettre en scène Les antiquaires. L'auteur qui se montre partout très instruit, s'en convaincra lui-même?» (Théâtre de Bondi). à moins que la pièce décriée soit une première version et que Sade ait tenu compte de ces appréciations et corrigé les défauts énoncés dans l'uvre qui a survécu, il semble que ces critiques résultent d'une incompréhension de ce qui fait justement la particularité de cette pièce. En effet, malgré un schéma très classique du conflit de génération confrontant un père obtus, obsessionnel et naïf à une jeunesse fantasque et libre d'esprit, la pièce ne propose pas de jugement définitif et les personnages d'anciens ne sont finalement pas dupes des supercheries et stratagèmes élaborés par les jeunes qui, eux-mêmes, finissent par concéder à leurs aînés une certaine autorité et manifester un respect pour leur savoir. Si la pièce est très largement inspirée de Molière, c'est donc en digne héritier de Diderot que Sade met en scène cette nouvelle querelle des Anciens et des Modernes, c'est-à-dire de l'antiquaire opposé au philosophe, dont fait état Jean Seznec dans ses Essais sur Diderot et l'Antiquité. Dans le discours préliminaire de l'Encyclopédie d'Alembert statue définitivement sur cette question?: «?C'est pourquoi, à mérite fort inégal, un Érudit doit être beaucoup plus vain qu'un Philosophe?». Diderot, plus modéré, expose dans l'article «?érudition?», les bienfaits et les limites des deux postures intellectuelles. C'est clairement de cet héritage que se réclame le jeune Sade dont la pièce illustre «?les paradoxes de ce débat avec une irrésistible virtuosité satirique?» (S. Dangeville) tandis que l'auteur définit sa position dans la querelle entre antiquaires et philosophes à travers la figure de Delcourt?: «?Eh mais vraiment il me serait difficile de passer pour un [savant]. J'ai pu acquérir toutes les connaissances d'un homme de mon état, sans néanmoins avoir étudié les sciences que Monsieur votre Père et ses amis cultivent depuis si longtemps.?» La réponse de la soubrette, Cornaline, témoigne pour sa part d'une liberté assumée face au savoir qui semble annoncer et éclairer la philosophie atypique et le détournement des valeurs du futur auteur des Cent Vingt Journées de Sodome?: «?Fussiez-vous vous-même aussi profond qu'eux, je ne veux pas que vous le paraissiez?; battez la campagne, faites des anachronismes, petit à petit on se méfiera de vous, on soupçonnera du mystère et de là même naitre et l'instant de vous dévoiler et la nécessité de ne plus feindre.?» Cette apologie de l'excès jusqu'à l'invraisemblable, encore limité en cette année 1776 au domaine du savoir pourrait bien être les prémisses d'une pensée qui va s'épanouir dans des épopées apocalyptiques «?propre[s] à faire naitre l'instant de [n]ous dévoiler et la nécessité de ne plus feindre?». Cette première expérience littéraire dont Gilbert Lély minimisa l'importance témoigne en réalité d'un auteur bien plus aguerri qu'il ne paraît au prime abord. Certes, comme l'écrit Sylvie Dangeville, Les Antiquaires est clairement rattaché aux années d'apprentissage de l'écriture théâtrale par le jeune marquis. Elle donne pour exemple la très forte influence des Fourberies de Scapin, du Malade imaginaire et des Femmes savantes sur les péripéties des Antiquaires. Notons cependant, que Sade ne s'inspire que très légèrement de la structure dramatique de ces pièces mais bien plus largement - jusqu'à l'excès encore?! - des ressorts comiques de situations. Or en soumettant au spectateur des personnages cachés dans des sacs et battus, des amants surgissant de coffres près à être brûlés, et des femmes prédatrices?: «?Un loup dans mon enfance se jeta sur moi et depuis lors j'entre quelque fois dans des accès de fureur?; je crois que je vous dévorerais, Monsieur?», Sade n'est-il pas, déjà et entièrement, Sade? - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

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‎SADE Donatien Alphonse François, Marquis de‎

Reference : 73394

(1793)

‎Lettre autographe inédite signée du Marquis de Sade, alors en liberté, au commencement de la Terreur‎

‎1er avril 1793, 15,6x20cm, une page sur un feuillet.‎


‎Lettre autographe inédite datée et signée, rédigée à l'encre noire et adressée à un notaire. Au verso, probablement de la main d'un secrétaire, la mention«Sade du 1er avril 1793»; sous cette mention, une courte phrase de la main du Marquis :«pour que j'écrire à Gaufridy de lui envoyer de l'argent». Quelques pliures transversales inhérentes à la mise sous pli. Longue lettre adressée à un notaire alors que le Marquis,rendu à la liberté le2 avril 1790par l'abolition deslettres de cachet, est libre et tente de mettre de l'ordre dans ses affaires. Après la Révolution ses fils ont émigré et il ne les a pas suivis. Son nom figure pourtant sur la liste des personnes ayant quitté la France en raison des troubles révolutionnaires : «J'espère qu'avec tout cela je parviendrai à faire effacer mon nom de dessus cette fatale liste d'émigrés.»Soucieux de ne pas être considéré comme un ci-devant Marquis en cette période précédant la Terreur, il insiste sur la persécution dont il serait victime malgré sa bonne volonté: «C'est une atrocité sans exemple que de m'avoir joué un pareil tour à moi qui n'ai pas quitté Paris depuis la révolution, et qui depuis cette époque n'ai pas cessé de donner les preuves les moins équivoques de mon patriotisme». Sade dénonce également dans cette missive la complexité des rouages de l'administration française après la Révolution :«Je viens d'envoyer à M. Lions le certificat de résidence qui convient et j'y ai joint une pétition au district qu'il me dit être (...) essentielle. »Impécunieux, il prie son avocat«d'exciter le zèle de ceux qui [lui] doivent et de les engager à compter le plus d'argent qu'il percevront tout de suite à M. Gauffridi (sic)» et n'hésite pas à se montrer complaisant pour arriver à ses fins:«ne me ménagez pas alors je vous en conjure (...) conservez moi toujours votre soin et votre amitié (...) Je vous embrasse et salue de tout mon cur.» Les efforts de Sade seront vains, en décembre 1793 il est incarcéré aux Madelonettes, avant d'être admis, grâce à sa bonne amie Mme Quenet, à la maison Coignard de Picpus, un établissement de santé abritant les riches suspects. Intéressante lettre inédite montrant l'infortuné Marquis aux abois, lors de l'un de ses rares moments de liberté. - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

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‎SADE Donatien Alphonse François, Marquis de‎

Reference : 59108

(1781)

‎Lettre autographe à sa femme. Hommages à la Présidente : « Faire noyer vive l'exécrable coquine qui depuis neuf ans (...) suce mon sang... »‎

‎s.l. [Vincennes] s.d. (circa 1781), 15,7x20,1cm, une feuille.‎


‎Lettre autographe, non signée, du Marquis de Sade adressée à sa femme. Une page rédigée à l'encre, écriture serrée sur 31 lignes. Cette lettre a été publiée dans la correspondance du Marquis de Sade. Provenance?: archives de la famille. Cette lettre a été rédigée lors de l'incarcération de Sade à Vincennes, probablement en avril 1781, si l'on en croit les quelques repères temporels évoqués par le rédacteur lui-même. Le Marquis parle en effet de la fin de l'«?exil de Marseille?», faisant ainsi référence à la décision de la cour d'Aix-en-Provence qui, le 14 juillet 1778, casse le jugement pour débauche et libertinage, mais lui interdit d'habiter ou de fréquenter la cité phocéenne pour une durée de trois ans. Sade revient en outre sur l'un des épisodes marquants de sa vie, sa cavale italienne, qui eut lieu entre janvier et novembre 1776?: «?il valait autant me tuer tout d'un coup ou me laisser dans le pays étranger quand j'y étais?». Le Marquis évoque également «?l'étonnante faveur?» qui lui est faite «?de changer de bercail?», c'est-à-dire sa possible translation au fort de Montélimar. En avril 1781, Madame de Sade obtient du Roi, par l'intermédiaire de son amie Madame de Sorans, l'autorisation que son mari soit transféré à la prison montilienne. Le Marquis explique dans la lettre?: «?je trouve qu'il faut être d'une belle impudence pour oser écrire à un malheureux qui souffre depuis neuf ans [...] de remercier bien humblement la personne qui lui obtint l'étonnante faveur de changer de bercail?». Sade fait sans doute ici référence à cette fameuse Madame de Sorans, dame de compagnie de la sur de Louis XVI et amie de sa femme qui, par esprit romanesque, acceptera d'intercéder en sa faveur auprès du Roi. C'est au commissaire Le Noir, cité dans cette lettre, que Renée-Pélagie laisse le soin d'annoncer la nouvelle au détenu?: «?Ah je vois ce que c'est à présent que votre belle visite de M. Lenoir, je suis accoutumé à le voir en milieu de mes détentions.?» Bien que, comme le souligne Pauvert (in Sade vivant), ce changement de «?bercail?» occupe grandement les pensées du Marquis et ses lettres, ce dernier n'y sera jamais envoyé, préférant rester dans les geôles du donjon de Vincennes. Sade est enfermé depuis maintenant plusieurs années et cette lettre tout en mouvements trahit sa soif de liberté. Cette lettre a été rédigée au moment où Madame de Sade s'est retirée au couvent Sainte-Aure. Si elle appréhende cette retraite comme une libération du carcan marital, le Marquis est quant à lui obsédé par l'idée de sa sortie et évoque d'ailleurs une possible date de libération?: octobre 1783. Cette longue incarcération commencée en 1777 durera pourtant jusqu'en avril 1790, date de l'abolition des lettres de cachet. Les visites de Madame de Sade ne seront quant à elles rétablies par l'administration carcérale que le 13 juillet 1781, après quatre ans et cinq mois de séparation. Plusieurs des grands thèmes de la correspondance sadienne transparaissent déjà dans cette lettre des premières années de détention. Tout d'abord, la haine éprouvée à l'encontre de sa belle-mère, la Présidente de Montreuil, cette «?exécrable coquine qui [lui] suce [le] sang [...] déshonore [ses] enfants [qui] n'est pas encore rassasiée de faire des horreurs et des platitudes?» et qu'il a le désir «?de faire noyer vive?». Le Marquis s'y plaint en outre de sa mauvaise condition physique?: «?la tête me tourne et je n'ai pas besoin dans l'état où je suis d'une augmentation de chagrin?» et utilise des épithètes toutes sadiennes pour exprimer son désespoir?: «?un malheureux qui souffre depuis neuf ans?», «?qu'ai-je fait grand dieu qu'ai-je fait pour souffrir depuis douze ans?». - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

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‎SADE Donatien Alphonse François, Marquis de‎

Reference : 59110

(1780)

‎Lettre autographe à sa femme. Souffrance et philosophie : « si l'on pouvait lire au fond de mon cur, voir tout ce qu'elle y opère cette conduite-là, je crois qu'on renoncerait à l'employer!»‎

‎S.n., s.l. 17 août 1780, 10x16cm, 2 pages sur un feuillet.‎


‎| «Qu'on punisse tant qu'on voudra, mais qu'on ne me tue pas: je ne l'ai pas mérité [...] Ah! si l'on pouvait lire au fond de mon cur, voir tout ce qu'elle y opère cette conduite-là, je crois qu'on renoncerait à l'employer!» |<br>* Lettre autographe du Marquis de Sade adressée à sa femme. Un feuillet recto verso rédigé d'une écriture fine et serrée. Elle porte en tête la date partielle «ce jeudi 17». Deux infimes traces de pliures. La fin de la lettre a été mutilée à l'époque, probablement par l'administration carcérale qui détruisait les passages licencieux de la correspondance du Marquis. Ainsi, quelques mois plus tard, en mars 1781 sa femme lui écrit : « Tu devrais bien, mon tendre ami, réformer ton style pour que tes lettres puissent me parvenir dans leur entier. Si tu dis des vérités, cela offense, aigrit contre toi.Si tu dis des faussetés, on dit : voilà un homme incorrigible, toujours avec la même tête qui fermente, ingrat, faux, etc. Dans tous les cas, ton style ne peut que te nuire. Ainsi réforme-le.». La lettre été retrouvée telle quelle lors de l'ouverture en 1948 de la malle du Marquis conservée scellée par la famille depuis 1814 et est publiée sous cette forme amputée dans la correspondance du Marquis de Sade. Provenance : archives de la famille. Cette lettre a été rédigée le 17 août 1780,durant l'incarcération du Marquis à la prison de Vincennes. Suite à une énième altercation avec son geôlier, les promenades lui sont interdites depuis le 27 juin et ne lui seront rendues que le 9 mars de l'année suivante. La suppression des sorties affecte très fortement la santé physique et mentale du Marquis qui ne cesse de réclamer à Renée-Pélagie leur rapide rétablissement: «Je vous demande avec la plus vive instance de me faire prendre l'air: je n'y peux plus absolument tenir.» Les souffrances engendrées par ces privations sont prétexte à la mise en place d'une mécanique de culpabilité et de chantage avec sa femme: «Voilà trois jours que j'ai eu des étourdissements affreux, avec le sang qui me porte à la tête à un tel point que je ne sais comment je ne suis pas tombé sur le carreau. Quelqu'un de ces jours, on m'y trouvera mort, et vous en serez responsable, après vous avoir averti comme je le fais et vous avoir demandé les secours dont j'ai besoin pour y obvier.» Le Marquis fait ici intentionnellement jouer la corde sensible de Renée-Pélagie, mettant à rude épreuve ses valeurs chrétiennes et lui assignant le rôle de grande inquisitrice: «Vous pouvez me faire accorder ce que je demande, tout en conservant à votre signal la même force». On observe, comme dans la lettre de Tancrède, une nouvelle apparition du «signal», qui recouvre ici une toute autre sémantique encore. Composante essentielle de la pensée carcérale du Marquis, ce langage codé comme les interprétations fantasmées des lettres de ses correspondants, alimentent les hypothèses des chercheurs, philosophes, mathématiciens... et poètes biographes. Ainsi Gilbert Lely estime que, loin d'être le symptôme d'une psychose, le recours aux signaux est une «réaction de défense de son psychisme, une lutte inconsciente contre le désespoir où sa raison aurait pu sombrer, sans le secours d'un tel dérivatif». Absentes de la correspondance durant ses onze années de liberté, ces strates sémantiques sibyllines, «véritable défi à la perspicacité sémiologique» (Lever p.637), réapparaitront dans son journal de Charenton. Cette lettre est d'ailleurs l'occasion pour le Marquis de déployer son panel rhétorique, faisant s'affronter au sein d'une même phrase les antonymes sadiques. «Plaisir» rime ainsi avec «abominable», «cimetière» et «jardin» se superposent, «je souffre» se conjugue comme «je jouis» et la «douceur» côtoie la «noirceur». La pratique maîtrisée de cet exercice d'éloquence épouse le fond de la pensée sadienne: la souffrance et le plaisir sont intimement mêlés, simultanément subis, infligés et désirés. On entrevoit au travers de ces associations le manichéisme perméable de la pensée philosophique du Marquis, qui atteint son paroxysme à la fin de la lettre, parfaitement perceptible en dépit de son amputation: «Oui je conçois le mal, et je conçois qu'on le fasse; c'est une perversité de l'homme inévitable à sa nature; mais je ne conçois que, quand quelque plaisir...». Or le statut de martyr du Marquis est une véritable mise à l'épreuve de la philosophie de Sade qui légitime la souffrance d'autrui au nom d'une jouissance égoïste. En réalité, malgré la «méchanceté noire» du «sublime arrangement» qu'il subit, Sade loin de renier sa philosophie en l'éprouvant, ne réclame pas une part de plaisir indue, mais la simple considération d'un «besoin extrême». «Bien loin de demander des plaisirs», le prisonnier justifie au contraire, par une longue argumentation l'absence de satisfaction attendue : «On n'a qu'à m'accorder qu'une demi-heure et seulement trois ou quatre fois par semaine, aussi longtemps que j'aurais dû être sans en avoir, et je vous proteste que je compterai tout ce temps-là, c'est-à-dire depuis l'époque où elles m'ont été ôtées, et tout le temps qu'elles me le seront accordées qu'une demi-heure, que je compterai, dis-je, tout cet intervalle-là comme n'ayant pas dû y aller du tout.» Aussi, cette démonstration alambiquée est-elle capitale pour comprendre la psychologie du Marquis. Sous le joug de ses geôliers - et de sa femme - il se constitue victime consentante, ne réclamant que «les secours» élémentaires: «Soyez bien sûre que je ne demande qu'absolument ce qui m'est nécessaire, et que je souffre mille fois plus d'être obligé de demander que je ne jouis de ce qu'on m'accorde». La lettre dévoile ainsi une composante aussi essentielle que méconnue de la personnalité du Marquis. Il ne se contente pas- à l'instar des personnages sadiques de ses romans - d'être l'instigateur du vice, mais endosse tout aussi bien la position de la victime à laquelle ne doit être accordée que le droit - et les moyens - de vivre: «Qu'on punisse tant qu'on voudra, mais qu'on ne me tue pas: je ne l'ai pas mérité.» Cette réclamation est à mettre en parallèle avec ses romans à venir, dans lesquels les personnages vulnérables, victimes des tortures les plus inqualifiables, connaissent toujours un bref moment de répit durant lequel leurs bourreaux suspendent leur châtiment. Ces interruptions prennent la forme d'entractes philosophiques, au cours desquels les tortionnaires se font les porte étendards des idées sadiennes. Ce n'est donc pas le Sade persécuteur mais bien un captif blessé qui puisera au cur de sa souffrance carcérale pour fomenter les châtiments des 120 journées de Sodome, comme en témoigne cette fantastique confession prémonitoire: «Ah! si l'on pouvait lire au fond de mon cur, voir tout ce qu'elle y opère cette conduite-là, je crois qu'on renoncerait à l'employer!» - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

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‎SADE Donatien Alphonse François, Marquis de‎

Reference : 85841

(1801)

‎Lettre du marquis de Sade depuis l'asile de Charenton "J'éprouve [...] un dégoût, un abattement total"‎

‎Charenton 1801, 15x22,8cm, un feuillet composé deux papiers encollés.‎


‎| "J'éprouve des spasmes, des espèces de petits frissons, beaucoup de bâillements, un dégoût, un abattement total, le sang se porte violemment à la tête, il me prend alors des étourdissements, des tournoiements qui me font trébucher, et mille autres choses prouvant une grande tension dans la fibre, et une grande irritation dans le genre nerveux" |<br>* Lettre autographe originale du Marquis de Sade écrite depuis l'asile de Charenton (le lieu est nommé au dos, au début de la missive biffée). 27 lignes d'une écriture relativement resserrée sans adresse, mais le plus probablement écrite à son épouse, ce dont témoigne l'origine de cette lettre, en provenance de la famille de Sade.La lettre est physiquement composée de deux morceaux de papier encollés, au dos desquels figurent 19 lignes du Marquis scrupuleusement biffées mais laissant apparaître quelques mots ou lettres. Lettre citée dans Maurice Lever,Donatien Alphonse François, marquis de Sade, Paris, Fayard, 1991, p. 631. Le 7 mars 1801, Armand de Sade, le fils du Marquis, reçoit une lettre du ministre de la police Joseph Fouché, qui lui notifie que son père a été arrêté hier et qu'on a trouvé sur lui des pages manuscrites du roman La nouvelle Justine : "Néanmoins, sensible à votre demande de mansuétude et ayant à cur de préserver l'honneur de votre nom, j'ai pris la décision de faire transférer votre père dans la maison de santé de Charenton..." On notera que pour Fouché, Charenton, asile d'aliénés, n'est qu'une maison de santé, une prison, et en effet, il ne faudrait pas oublier qu'une grande partie de la population de ces asiles n'étaient autre que des individus qui ne rentraient pas dans le champ social et moral et la psychiatrie n'a longtemps eu d'autre but que celui de normaliser, de rendre apte à la vie sociale. Contrairement a ce qui a été dit, Sade y a parfaitement sa place. Cependant, l'attitude de Sade le fera, sitôt entré à Charenton, expulser à Bicêtre (la Bastille des canailles), mais sa famille réussira là encore à le réintégrer à l'asile de Charenton. L'enfermement à Charenton sera non seulement la dernière incarcération du Marquis de Sade, mais son dernier lieu de vie, puisqu'il y trouva la mort en 1814. Les 19 lignes scrupuleusement biffées au dos laissent apparaître quelques mots ou lettres ; à cet égard on peut conjecturer qu'il s'agit d'un message codé dont Sade était assez friand, car à supposer que la censure fût à l'origine de ces ratures, absolument tout l'aurait été, or le message montre bien que presque tout a été consciencieusement biffé hormis quelques mots ou lettres. On peut ainsi retenir : Nécessaire, à tous, ger, ue, quel, je trouve, de... Quant à la lettre elle-même, elle est remarquable par l'homogéneité de son message. Il s'agit d'une longue plainte décrivant les maux physiques dont Sade est victime. C'est un compte rendu comptable de la somme des symptômes qui accablent l'écrivain. Dans un style hyperbolique usant entre autres figures de style des adverbes d'intensité (si, tel, très...), Sade égrène méthodiquement les violentes douleurs dont son corps est secoué, l'ensemble de ces violences étant constitué en système, en structure dont toutes les parties sont liées. Dans la correspondance de l'écrivain, on peut dire que chaque fois que ce dernier s'est trouvé incarcéré, ses lettres font mention d'attaques physiques incontrôlables même si on ne connaît pas d'autre lettre aussi uniforme et systématique. A l'enfermement répond un langage du corps pour le moins volubile, la douleur prenant naissance au creux de l'estomac pour irradier vers la périphérie : tête, yeux, jambes, l'ensemble convergeant vers un vertige, la perte d'équilibre... car c'est de cela qu'il s'agit, Sade n'est atteint d'aucune maladie, il est assiégé par l'angoisse dont le sens ultime est le vertige, le vacillement d'une réalité où lui sont retranchés sa liberté de vivre à sa guise, sa liberté de déplacement, et son nom. La perte de ces éléments fondamentaux pour son existence font de Sade un navire dans la tourmente. En outre, et quant à la formation de ces symtômes particuliers, si l'on considère que l'accomplissement d'un certain sadisme sexuel lui est nécessaire, la privation de cette satisfaction retourne sur lui-même cette pulsion sadique, qui devient masochiste. L'impossibilité d'extérioriser la destructivité qui l'habite, ne serait-ce que par la volonté, fait de son propre corps le siège torturé, Sade devenant à la fois agent et victime de son propre sadisme. Remarquable missive où s'exprime l'abattement total de l'écrivain, Sade semblant se réduire aux assauts de l'angoisse, bien que ce dernier en fasse tout de même un objet d'écriture. - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

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‎SADE Donatien Alphonse François, Marquis de‎

Reference : 85697

(1783)

‎Lettre à Henri Grandjean, chirurgien oculiste du roi‎

‎Prison de Vincennes 1783, 19x23,5cm, une feuille.‎


‎Lettre autographe intitulée : Mémoire pour Monsieur Grandjean oculiste, sur un feuillet plié en deux. Provenance : famille de Sade. Document inédit. Une feuille de papier vergé, pouvant se plier par deux fois et laissant apparaître au dos l'adresse. Cette adresse n'est pas dans le sens de l'écriture de la lettre mais inversée. Incarcéré depuis 1778 à la prison de Vincennes, c'est dans une première lettre à son épouse Renée-Pélagie du 4 février 1783 que le Marquis évoque les maux dont il souffre :Je vous prie de m'envoyer un médecin oculiste, et le meilleur de Paris. Sade se trouve en effet atteint depuis cette année 1783 de violentes ophtalmies, lesquels lui causent des symptômes secondaires insupportables. Ce médecin qui lui sera envoyé et dont témoigne cette lettre est en effet le plus renommé de Paris, occuliste du roi et de la famille royale. La première particularité exemplaire qui distingue cette lettre est son écriture à la troisième personne et qui commence ainsi : La personne que Monsieur Grandjean est venu voir à Vincennes [...]. Cette façon que Sade réitère dans de nombreuses lettres de ne pas se nommer, notamment dans des lettres à son épouse peut bien évidemment se comprendre de la manière la plus simple par son enfermement et la nécessité qui lui est faite d'être le plus invisible possible pour la censure exercée par ses geoliers sur sa personne. Il est cependant aisé de constater qu'en fonction des personnes à qui il s'adresse, sa correspondance porte sa signature. L'anonymat ou la volontaire oblitération de son nom est tout d'abord commandé par son emprisonnement qui l'a privé précisément de son nom et de son rang, non seulement symboliquement mais également réellement, il est seulement nommé à Vincennes Monsieur 6, du numéro de sa cellule. Cette impersonnalisation prend cependant dans ce billet un éclairage qui se distingue tant par son adresse à un médecin que par le regard que porte ce même médecin sur son propre corps, ce regard opérant une dissociation entre l'esprit et le corps. Dans la présente lettre, cette dissociation est singulièrement patente dans l'usage que fait à présent Sade d'un seul oeil : [...] il commence à s'apercevoir même d'un affaiblissement terrible depuis que cet autre oeil travaille seul (un mot biffé, le terme travaille ayant été ajouté au-dessus). La lettre témoigne ainsi dans son observance des médications imposées à Sade par Grandjean (et respectées à la lettre, Sade en témoignant justement par une lettre) d'un corps et de symptômes qui ne lui appartiennent pas, qui lui sont comme extérieurs à lui-même. Remarquons que cette ophtalmie dont Sade se plaint à juste titre, n'a jamais pu être guéri du point de vue médical, mais qu'elle ne l'a jamais empêché d'écrire. Il semble même paradoxalement que ce symtôme qui fait suite à de nombreux autres l'ait engagé d'une manière décisive dans l'écriture et la littérature. C'est à l'apogée de ses douleurs ophtalmiques qui apparaissent inguérissables que Sade s'engage sur la voie d'une certaine volupté et d'une réappropiation de son corps. Condamné par ses douleurs à une forme d'inactivité, il commence à penser, c'est-à-dire à transformer en mots ses propres maux, ainsi confesse t-il dans une lettre d'avril 1783 :Mon il est toujours le même, et on est très éloigne? de penser même a? me le guérir [...]. Au reste, je m'en occupe moins, je lis moins, je travaille moins, et ma tête erre sur autre chose avec une force si prodigieusement plus vive, qu'en réalité, a? l'inconvénient près qu'il est fort grand, je serais presque tente? de n'en e?tre pas fâché ! Je l'avais toujours bien entendu dire, qu'un sens affecte? triplait la force de l'imagination, et je l'éprouve. Ça m'a fait inventer une singulière règle de volupté. C'est que je suis très persuade? que l'on parviendrait a? rendre les plaisirs de l'amour au dernier degré de force possible, en amortissant un ou deux sens, et même plus, chaque fois qu'on veut jouir. La privation d'un sens, ici la vue, devient la condition nécessaire à l'élaboration d'une plus grande jouissance, c'est là le commencement de l'oeuvre du Marquis de Sade. Et s'il s'agit uniquement dans cette lettre de la privation de la vue, il est clair que l'essentielle privation dont est victime Sade est celle de sa liberté et de son nom. La reconquête de ces derniers commencera par une symbolisation première, des pensées, qui conduiront le divin Marquis à la réalisation de son oeuvre littéraire. Cette lettre, où viennent s'incrire et s'écrire l'impersonnalisation et la dissociation, rend compte d'un passage, celui du Sade à venir mais pas encore advenu, prisonnier encore de lui-même et de son incarcération. - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

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‎SADE Donatien Alphonse François, Marquis de & ANONYME‎

Reference : 59474

(1790)

‎Liste du Théâtre français et du Théâtre italien‎

‎s.d. (circa 1790), 16x20,1cm, 3 pages sur un double feuillet.‎


‎Liste de 38 pièces (15 pièces jouées au Théâtre-Français et 23 à la Comédie-Italienne), rédigée sans doute par un secrétaire du Marquis. Annotations, ratures, biffures et corrections de la main du Marquis de Sade. Cette liste correspond à des pièces de théâtre jouées de 1783 à 1785 au Théâtre français (actuel Théâtre de l'Odéon) et au Théâtre italien (connu de nos jours sous le nom d'Opéra-Comique ou Salle Favart). Le Marquis avait pour habitude de se faire envoyer chaque année l'Almanach des spectacles afin de se tenir informé des actualités de la scène parisienne. Ainsi dans une lettre de décembre 1784 à sa femme Renée-Pélagie, il demande: «Liste d'objets dont j'ai besoin. [...] Deux almanachs [...] des spectacles. Les comédies ou tragédies nouvelles de l'année, de l'un et l'autre spectacles. J'en ai d'autant plus besoin cette année, que j'ai prodigieusement travaillé dans l'un et l'autre genre et que je ne puis me passer de ce qui paraît, pour m'instruire et vérifier.». Toutes les pièces listées dans cet inventaire apparaissent dans les almanachs théâtraux reproduits par Sylvie Dangeville dans son ouvrage Le Théâtre change et représente (Honoré Champion, Paris, 1999). Soucieux de garder un lien avec le monde extérieur, le Marquis commande énormément d'ouvrages, notamment les brochures des pièces théâtrales fraîchement parues. Ainsi en 1775, dans une lettre à la Veuve Duchesne, célèbre libraire-éditrice parisienne, il demande: «Pour l'intelligence du billet ci-joint, Madame Duchesne est priée de jeter les yeux sur l'Almanach des Spectacles, article pièces nouvelles, et en conséquence elle voudra bien remettre au présent porteur tout ce qui [a] été imprimé à l'un ou l'autre spectacle, savoir du Théâtre français depuis l'Hôtellerie ou le faux ami et du Théâtre italien depuis l'Amitié au village, l'un et l'autre inclusivement, si elles sont imprimées ou exclusivement si elles ne le sont pas, jusqu'à l'époque de la clôture des spectacles. Le porteur n'a qu'un louis; si les pièces montaient à une somme plus forte, Madame Duchesne enverrait d'abord pour cette somme et ferait dire celle qu'il faudrait envoyer le lendemain pour avoir le total.». Le «billet» dont il est question en début de missive est très vraisemblablement la liste que nous proposons; les deux titres auxquels fait référence le Marquis y apparaissent. Rare et précieuse liste répertoriant les ouvrages lus par le Marquis au commencement de son incarcération à La Bastille, point de départ de sa production littéraire prolifique. Provenance : archives de la famille. - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

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‎SADE Donatien Alphonse François, Marquis de HEROLD Jacques‎

Reference : 54808

(1950)

‎La vanille et la manille‎

‎Collection Drosera, Paris 1950, 20,5x29,5cm, en feuilles.‎


‎Edition illustrée de 5 eaux-fortes originales de Jacques Hérold, un des 100 exemplaires numérotés sur vélin d'Arches, seul tirage après 1 Japon, 3 papier Roma de couleur et 15 Hollande. Quelques légères piqûres marginales sans gravité sur certains feuillets, première garde partiellement ombrée. Signature manuscrite de Jacques Hérold à la justification du tirage. - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

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‎SADE Donatien Alphonse François, Marquis de HEROLD Jacques‎

Reference : 85863

(1972)

‎Lettre au citoyen Gaufridy‎

‎Lettera amorosa, Saint Pierre Kapelle 1972, 9x13cm, en feuilles.‎


‎Edition originale imprimée à 56 exemplaires, le nôtre un des 43 exemplaires numérotés sur Hollande. Bel exemplaire. Rare plaquette illustrée d'un frontispice de Jacques Hérold qu'il a signé et justifié. - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

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‎[SADE Donatien Alphonse François, Marquis de] TIERCE Jean-Baptiste‎

Reference : 59469

(1776)

‎Vue d'Italie : Marine animée aux environs de Naples‎

‎S.n., s.l. (circa 1776), Cadre : 32x40,5cm ; dessin : 26x28,5cm, une feuille encadrée.‎


‎Dessin original à l'encre et à l'aquarelle représentant une vue animée de bord de mer avec un village perché sur une falaise. Encadrement moderne de baguettes blondes. Dessin réalisé pendant le voyage fait avec le Marquis de Sade au cours de l'année 1776. Jean-Baptiste Tierce (1737-1794), élève à l'école des Beaux-arts de Rouen puis à l'Académie de Peinture et de Sculpture de Paris, se fit rapidement remarquer comme paysagiste pour ses vues du Sud de la France et de l'Italie. Ses tableaux sont conservés aux Offices de Florence et dans plusieurs musées français. Lorsqu'en décembre 1775 Sade quitte Rome pour Naples, il est accueilli par le gendre de son ami le Docteur Mesny, Jean-Baptiste Tierce, qui à cette époque reçoit les commandes du Cardinal de Bernis. Il trouve un logement au Marquis «[qui] entend tout voir [de la région], s'instruire de tout, juger, admirer, critiquer, aimer, haïr, bref se livrer sans frein à cette curiosité insatiable et passionnée qui le conduit aussi bien dans les musées, les galeries, les églises, les palais et les bibliothèques, que dans les grottes, les caveaux, les catacombes, et jusque dans les entrailles des volcans. Il ne se contente pas de contempler les uvres d'art, les monuments antiques ou modernes, il observe aussi les murs, la politique, la religion, l'administration, la vie sociale. La beauté des femmes, les usages du monde, la qualité des spectacles, les manières de manger, de boire, de s'habiller, de prier, de se conduire dans le monde: rien ne le laisse indifférent. Il voudrait saisir tout le présent et tout le passé de cette civilisation, l'embrasser toute entière dans une vision unique et universelle. Programme gigantesque, à la mesure de son imagination exceptionnelle, mais qu'il n'a plus remplir, qu'il lui était impossible de remplir. Pourtant, telle est sa première ambition d'écrivain: grandiose, démesurée. En vue de ce «grand uvre», Sade prend des notes à la hâte, au bord des chemins ou dans les auberges, qu'il complète avec les fiches de ses correspondants Mesny et Iberti. Ainsi s'édifie ce monument qu'il destine au public, mais qui ne verra le jour qu'au XXème siècle. Jean-Baptiste Tierce y collabore étroitement: il relit les notes et consigne ses observations sur de petits cahiers, avec des numéros renvoyant aux uvres décrites. Sade en tient le plus grand compte. Souvent, le peintre l'accompagne dans ses randonnées, son carnet de croquis à la main, dessinant les édifices et les paysages qu'ils ont sous les yeux. Une centaine de ces dessins et gouaches ont été récemment retrouvés dans les archives de la famille de Sade. Ils confèrent au Voyage en Italie l'allure d'un véritable reportage.» (Maurice Levert, Sade, pp. 283-284). Provenance : archives de la famille de Sade. - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

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‎[SADE Donatien Alphonse François, Marquis de] TIERCE Jean-Baptiste‎

Reference : 59528

(1776)

‎Vue d'Italie : Marine animée à la tour carrée ‎

‎S.n., s.l. (Circa 1776), Cadre : 40x50cm ; dessin : 18x24cm, une feuille encadrée.‎


‎Dessin original au crayon représentant une vue animée de bord de mer. Encadrement moderne de baguettes noires. Dessin réalisé pendant le voyage fait avec le marquis de Sade au cours de l'année 1776. Jean-Baptiste Tierce (1737-1794), élève à l'école des Beaux-arts de Rouen puis à l'Académie de Peinture et de Sculpture de Paris, se fit rapidement remarquer comme paysagiste pour ses vues du Sud de la France et de l'Italie. Ses tableaux sont conservés aux Offices de Florence et dans plusieurs musées français. Lorsqu'en décembre 1775 Sade quitte Rome pour Naples, il est accueilli par le gendre de son ami le Docteur Mesny, Jean-Baptiste Tierce, qui à cette époque reçoit les commandes du Cardinal de Bernis. Il trouve un logement au Marquis «[qui] entend tout voir [de la région], s'instruire de tout, juger, admirer, critiquer, aimer, haïr, bref se livrer sans frein à cette curiosité insatiable et passionnée qui le conduit aussi bien dans les musées, les galeries, les églises, les palais et les bibliothèques, que dans les grottes, les caveaux, les catacombes, et jusque dans les entrailles des volcans. Il ne se contente pas de contempler les uvres d'art, les monuments antiques ou modernes, il observe aussi les murs, la politique, la religion, l'administration, la vie sociale. La beauté des femmes, les usages du monde, la qualité des spectacles, les manières de manger, de boire, de s'habiller, de prier, de se conduire dans le monde: rien ne le laisse indifférent. Il voudrait saisir tout le présent et tout le passé de cette civilisation, l'embrasser toute entière dans une vision unique et universelle. Programme gigantesque, à la mesure de son imagination exceptionnelle, mais qu'il n'a plus remplir, qu'il lui était impossible de remplir. Pourtant, telle est sa première ambition d'écrivain: grandiose, démesurée. En vue de ce «grand uvre», Sade prend des notes à la hâte, au bord des chemins ou dans les auberges, qu'il complète avec les fiches de ses correspondants Mesny et Iberti. Ainsi s'édifie ce monument qu'il destine au public, mais qui ne verra le jour qu'au XXème siècle. Jean-Baptiste Tierce y collabore étroitement: il relit les notes et consigne ses observations sur de petits cahiers, avec des numéros renvoyant aux uvres décrites. Sade en tient le plus grand compte. Souvent, le peintre l'accompagne dans ses randonnées, son carnet de croquis à la main, dessinant les édifices et les paysages qu'ils ont sous les yeux. Une centaine de ces dessins et gouaches ont été récemment retrouvés dans les archives de la famille de Sade. Ils confèrent au Voyage en Italie l'allure d'un véritable reportage.» (Maurice Levert, Sade, pp. 283-284). Provenance : archives de la famille de Sade. - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

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‎[SADE Donatien Alphonse François, Marquis de] TIERCE Jean-Baptiste‎

Reference : 59527

(1776)

‎Étude de vaches‎

‎S.n., s.l. (Circa 1776), Cadre : 32x40,5cm ; dessin : 26x28,5cm, une feuille encadrée.‎


‎Dessin original à l'encre et à l'aquarelle. Encadrement moderne. Dessin réalisé pendant le voyage fait avec le marquis de Sade au cours de l'année 1776. Jean-Baptiste Tierce (1737-1794), élève à l'école des Beaux-arts de Rouen puis à l'Académie de Peinture et de Sculpture de Paris, se fit rapidement remarquer comme paysagiste pour ses vues du Sud de la France et de l'Italie. Ses tableaux sont conservés aux Offices de Florence et dans plusieurs musées français. Lorsqu'en décembre 1775 Sade quitte Rome pour Naples, il est accueilli par le gendre de son ami le Docteur Mesny, Jean-Baptiste Tierce, qui à cette époque reçoit les commandes du Cardinal de Bernis. Il trouve un logement au Marquis «[qui] entend tout voir [de la région], s'instruire de tout, juger, admirer, critiquer, aimer, haïr, bref se livrer sans frein à cette curiosité insatiable et passionnée qui le conduit aussi bien dans les musées, les galeries, les églises, les palais et les bibliothèques, que dans les grottes, les caveaux, les catacombes, et jusque dans les entrailles des volcans. Il ne se contente pas de contempler les uvres d'art, les monuments antiques ou modernes, il observe aussi les murs, la politique, la religion, l'administration, la vie sociale. La beauté des femmes, les usages du monde, la qualité des spectacles, les manières de manger, de boire, de s'habiller, de prier, de se conduire dans le monde: rien ne le laisse indifférent. Il voudrait saisir tout le présent et tout le passé de cette civilisation, l'embrasser toute entière dans une vision unique et universelle. Programme gigantesque, à la mesure de son imagination exceptionnelle, mais qu'il n'a plus remplir, qu'il lui était impossible de remplir. Pourtant, telle est sa première ambition d'écrivain: grandiose, démesurée. En vue de ce «grand uvre», Sade prend des notes à la hâte, au bord des chemins ou dans les auberges, qu'il complète avec les fiches de ses correspondants Mesny et Iberti. Ainsi s'édifie ce monument qu'il destine au public, mais qui ne verra le jour qu'au XXème siècle. Jean-Baptiste Tierce y collabore étroitement: il relit les notes et consigne ses observations sur de petits cahiers, avec des numéros renvoyant aux uvres décrites. Sade en tient le plus grand compte. Souvent, le peintre l'accompagne dans ses randonnées, son carnet de croquis à la main, dessinant les édifices et les paysages qu'ils ont sous les yeux. Une centaine de ces dessins et gouaches ont été récemment retrouvés dans les archives de la famille de Sade. Ils confèrent au Voyage en Italie l'allure d'un véritable reportage.» (Maurice Levert, Sade, pp. 283-284). Provenance : archives de la famille de Sade. - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

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‎[Chapront] - ‎ ‎SADE (Donation Alphonse François, Marquis de)‎

Reference : 004700

(1926)

‎HISTORIETTES, CONTES & FABLIAUX‎

‎A Paris Pour les membres de la Société du Roman Philosophique 1926 In-8 En feuilles, couv. rempliée Edition originale ‎


‎EDITION ORIGINALE publiée pour la première fois sur les manuscrits autographes inédits par Maurice Heine. En frontispice, eau-forte en couleur d'Henri Chapront. Tirage unique à 233 exemplaires signés par Maurice Heine et par le trésorier de la Société. Un des 170 numérotés sur Montval. Joint deux prospectus annonçant en 1924 et en 1925 l'édition du livre. Ce volume regroupe vingt-six nouvelles rédigées par Sade au cours des années 1787-1788 et destinées à figurer dans CONTES ET FABLIAUX DU XVIIIE SIECLE PAR UN TROUBADOUR PROVENÇAL, projet qui ne vit jamais le jour. Dans sa VIE DU MARQUIS DE SADE, Gilbert Lély évoque le recueil : "Tels qu'ils sont, les HISTORIETTES, CONTES ET FABLIAUX (comment ne pas admirer que leur délicieuse bonne humeur traversée d'esprit provençal, ait pu fleurir dans le sombre décor de la Bastille) contiennent au moins trois chefs-d'oeuvre, qui occupent à eux seuls la moitié du volume : Le Président mystifié, Augustine de Villebranche et Emilie de Tourville ou la Cruauté fraternelle. Dans le premier, on assiste aux mésaventures burlesques d'un de ces magistrats à la cour d'Aix qui, en septembre 1772, avaient si partialement condamné l'auteur et dont celui-ci se venge avec une divertissante cruauté".‎

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EUR200.00 (€200.00 )

‎SADE Louis, Chevalier de‎

Reference : 67693

(1791)

‎Ensemble complet des archives du Chevalier de Sade‎

‎s.l. (Londres, Paris, Toulon...) 1791-1832, 12000 feuillets de divers formats, en feuilles.‎


‎Exceptionnel ensemble des archives manuscrites inédites et complètes de Louis, Chevalier de Sade (1753-1832), auteur du Lexicon politique et cousin du Divin Marquis représentant environ 12000 feuillets manuscrits dont plusieurs milliers inédits et écrits de sa main. Le Chevalier y expose un système de pensée de type «?holistique?», comprenant à la fois des réflexions historiques, politiques et scientifiques. Précieuses archives géopolitiques, historiques et scientifiques d'un aristocrate érudit, témoin privilégié de la fin de l'Ancien Régime, de la Révolution française, du Consulat, de l'Empire et de la Restauration. Fonds unique de recherches sur la mise en place d'une monarchie constitutionnelle. Si l'on regarde la Révolution Française comme la naissance de l'expérimentation de l'idéologie laïque et politique, le chevalier de Sade en fut sans doute un des premiers et précoces déconstructeurs. Non de la Révolution elle-même qui connut pléthore de contempteurs, mais de l'idéologie en politique, phénomène qui devait profondément marquer les deux siècles à venir. Ce qu'il nomme la «?politique positive?» est «?fondée sur le calcul et sur l'expérience.?». «?La théorie a eu des charmes pour moi ; je l'ai étudiée avec soin, j'ai savouré ses principes. Maintenant je n'apprécie leur valeur que par les effets provenant de leur mise en pratique, qu'on leur a vu produire chez les peuples dont l'histoire est parvenue à ma connaissance. C'est ma méthode ; je sais qu'elle est, du tout au tout, l'opposée de celles que nos gouvernants et nos faiseurs de constitutions ont suivies jusqu'à présent sans s'en désister. Cette divergence continuelle entre ce qui s'est fait et ce qu'on n'aurait pas dû faire, en augmentant ma confiance dans ma manière de procéder a fortifié en même temps ma résolution à persister dans la vue que j'avais adopté, de juger les législations par les conséquences historiques qu'elles ont entraînée après elles, plutôt que par les beaux raisonnements métaphysiques et supposés concluants, dont les novateurs n'ont cessé et ne cessent tous les jours de nous accabler.?» Le Chevalier de Sade, qui ne concevait le monde qu'au regard de ce qu'il fut, ne pouvait être autre que Royaliste. La démocratie n'avait pratiquement aucun exemple dans l'histoire connue du Chevalier, hormis les antiques sociétés grecques et romaines qui n'avaient expérimenté que des formes très élitistes de démocraties. Ces modèles sont d'ailleurs bien connus du politologue dont les archives contiennent plus de 7000 pages consacrées à l'Histoire antique. La République portée par la Révolution, plus qu'une adoption d'un modèle politique, fut la réalisation politique d'un idéal philosophique. Or, si la plupart des opposants à ce nouveau régime y voyaient surtout une atteinte à leur situation personnelle, à leurs convictions religieuses ou plus simplement à leurs habitudes, les écrits du Chevalier de Sade ne relèvent d'aucune influence dogmatique ou, du moins, ne se justifient jamais par celle-ci. Louis de Sade, gentilhomme sans fortune et sans attache, est conservateur par conviction philosophique et historique, et non par intérêt. Et c'est avec une parfaite honnêteté intellectuelle qu'il étudie et commente les essais, mémoires et uvres politiques ou théoriques de ses contemporains. à contre-courant de la pensée des Lumières, le chevalier porte un regard très peu philosophique sur la société. Bien qu'il construise une véritable histoire théorique de l'évolution des hommes depuis l'état «?sauvage?» jusqu'aux constitutions des sociétés, il ne postule pas une nature idéale de l'homme, comme le font certains de ses contemporains (que ce soit pour justifier la politique ou pour la déplorer). Au contraire, le chevalier relève la césure entre l'être de nature et l'être de culture, sans porter de jugement moral ou philosophique sur celle-ci comme il était alors d'usage de le faire. «?L'erreur politique qui a perdu l'Europe du XVIIIè a été de baser ses raisonnements et ses principes législatifs sur le droit de nature et d'oublier que l'ordre social des empires se fonde sur les propriétés territoriales.?» Cette retenue, le Chevalier l'applique à tous ses raisonnements. Ainsi de l'âge de l'industrie, le sien donc, qui selon lui, «?a fait beaucoup de bien et beaucoup de mal, procuré beaucoup d'agréments et d'infortune?». Cette volonté d'objectivité sert de fait une thèse conservatrice, mais contrairement à beaucoup d'idéologues de tous bords, le Chevalier ne développe pas un argumentaire à charge, dont tous les propos tendraient à prouver l'énoncé de départ. Louis de Sade, qui n'a pas d'objectif de publication et donc pas de lecteur à convaincre, n'articule pas son propos en fonction du moule de sa pensée, mais entreprend une démarche qui aspire à l'exhaustivité. Il explore ainsi toutes les voies, que celles-ci confortent ou non sa vision du monde. En cela, les écrits du Chevalier constituent un ensemble sans équivalent de l'étendue de la pensée d'un aristocrate éclairé au cur de la plus importante rupture politique et sociale de notre Histoire. Contrairement à son cousin, le Divin Marquis, le Chevalier est clairement un homme de l'Ancien Régime. Mais il n'est pas un de ses rejetons caricaturaux qui symbolisent sa déchéance ou son immobilisme suicidaire, il est le représentant d'une monarchie ancestrale, un modèle politique assumé et éprouvé dans le temps et l'espace. Sans richesse ni pouvoir, le Chevalier ne défend pas, avec la Monarchie, ses propres privilèges, il expose une structure sociale et sa mise en péril non pas par la Révolution, qui n'est qu'une conséquence, mais par la déviance des élites et leur méconnaissance des fondements de la Royauté. On est frappé par le peu de cas qui est fait de la Foi, ou de la légitimité divine du Roi. Le Chevalier fut un penseur objectif de son temps au même titre que le furent les encyclopédistes, mais au service d'un monde bientôt disparu et non de celui qui va naître. à l'image de Chateaubriand, dont il est de quinze ans l'aîné, le Chevalier nous livre un discours volontairement posthume et ainsi détaché des contraintes de son rang social et politique. Pourtant à la différence des mémoires de son illustre cadet, les archives de Louis de Sade ne sont pas celles d'un célèbre écrivain et d'un Pair de France, marqué par une action politique et une autorité littéraire qui ont nécessairement influé sur l'écriture. La parution posthume des Mémoires d'Outre-Tombe est un acte politique et littéraire prémédité, elle témoigne d'une volonté de s'inscrire dans le monde en devenir. La publication post-mortem du chef d'uvre de Chateaubriand était soigneusement prévue et organisée par l'auteur. Les écrits de Louis de Sade sont d'un autre ordre. C'est son désir d'exhaustivité qui contraint le Chevalier à accepter l'inéluctable inachèvement de sa démarche. à soixante-quinze ans, rassemblant ses archives, il exprime d'ailleurs le souhait que son travail soit continué par d'autres et non publié en l'état. Cette absence d'ego pour un travail qui semble l'avoir occupé une vie entière, confirmée par le nombre d'autres publications de son vivant - ce qui ne présentait donc pas pour lui une difficulté majeure - fonde la pensée du Chevalier et contribue au caractère unique de ses écrits dans une époque où l'édition, soumise à privilège, contrôle de moralité et risque de violents procès, porte généralement la marque d'une nécessaire autocensure, autant qu'une certaine considération aux attentes du lecteur. Ce libre penseur était peu enclin à ces prudentes restrictions. Son premier ouvrage, écrit à la veille de la Révolution au fond de la cale du vaisseau amiral où il avait été placé aux arrêts par lettre de cachet pour rébellion contre l'autorité, fut immédiatement censuré et pilonné par le gouvernement monarchique. Il s'intitulait?: «?Mes loisirs sur le vaisseau amiral ou Lettres aux Etats Généraux sur une nouvelle constitution du gouvernement de la France?». Les autres ouvrages qu'il fit publier par la suite sont tous très engagés politiquement, et même son étude scientifique des marées, la Tydologie, qui comporte de nombreuses comparaisons avec les grands mouvements politiques et sociaux de la Révolution. Esprit rebelle, donc, bien que fermement attaché aux principes monarchiques, le Chevalier est à la fois une figure iconique de la France aristocratique pré-révolutionnaire et un représentant d'une des classes les plus méconnues et pourtant considérable de l'Ancien Régime, les cadets des seigneurs, gentilshommes sans fief, «?nobles par leur naissance, tiers-état par la nature de leur fortune?», comme il se désigne lui-même. Ce personnage se distingue également par sa formation et son parcours peu orthodoxes pour un écrivain et intellectuel du temps. Issu de la branche modeste de la famille Sade, les Eyguieres, contrairement au marquis qui descend de la branche noble des Saumane, Louis de Sade fut envoyé très jeune, après un séjour chez les jésuites, dans la dure pension de l'Abbé Choquart où il fréquenta Mirabeau et dont il ne garde pas un souvenir flamboyant?: «?Si dans ma jeunesse au lieu d'être noyé dans la plus mauvaise des pensions, quoique fort chère, j'eusse eu des bons maîtres, j'aurais fait quelque chose (..)Elevé à la Jean-Jacques Rousseau, à la pureté des murs près de l'abbé Choquart, je ne savais rien, que me battre, jouer au barre, monter sur les toits, voler des pommes et quelques formules algébriques.?» La référence à son contemporain Jean-Jacques Rousseau est sans doute, pour ce fervent royaliste, la plus sévère critique adressée à cette maison de correction pour fils indisciplinés. Dès l'âge de quinze ans le Chevalier est incorporé dans la marine et c'est donc en parfait autodidacte que le chevalier acquiert la plupart de ses considérables connaissances. Ainsi ne connaît-il ni le grec ni le latin contrairement à nombre de ses contemporains éduqués, mais il possède un très vaste savoir dans tous les domaines des sciences physiques et humaines. En témoignent, non seulement ses manuscrits, mais également ses publications autant que les charges qui lui sont confiées?: commandement d'escadre, installation sur tous les bâtiments civils de la marine de Brest de la nouvelle invention de Benjamin Franklin, le paratonnerre, nombreuses missions d'intercessions durant les premiers temps révolutionnaires et sollicitations d'articles dans plusieurs éphémères revues contre-révolutionnaires. Le Chevalier de Sade eut une forte activité intellectuelle et activiste en interaction avec d'importants acteurs politiques. Il semble que cet autodidacte jouisse d'un réel crédit auprès des scientifiques, comme en témoigne par exemple cette traduction en anglais et publication dans The Journal of Natural Philosophy, Chemistry and the Arts de février 1804, de l'étude sur les volcans éteints de Coblentz réalisée par le Chevalier en 1792 et que le minéralogiste et cristallographe Jacques Louis de Bournon communiqua à son confrère anglais le célèbre chimiste William Nicholson, directeur de la revue scientifique. Mais c'est lors de la publication de sa Tydologie que le Chevalier révèle l'ampleur de ses connaissances acquises durant ces années de marine puis d'exil et la particularité de sa pensée holistique. Cet ouvrage, publié en 1810, représente parfaitement la tournure d'esprit du Chevalier et éclaire l'impressionnante variété des archives qu'il nous a légué. Le Chevalier semble en effet appréhender le monde physique, sociologique et intellectuel comme un ensemble cohérent dans lequel chaque élément ou évènement peut s'appréhender selon un raisonnement scientifique commun. Très largement influencé par la pensée de Francis Bacon, le Chevalier cherche à composer son propre Novum organum scientiarum, dont la Tydologie est une première tentative. L'ambition de cette analyse holistique des sciences n'a pas échappé à ses contemporains comme en témoigne le rapport de A. L. Millin dans les Annales encyclopédiques de 1818?: «?La Tydologie est le noyau auquel l'auteur rapporte les diverses méthodes qui jusqu'à présent ont été usitées pour l'avancement des connaissances humaines. Il y examine les avantages et les inconvéniens que chacune d'elles a eus dans les diverses branches de nos connaissances où on les a employées. Cet ouvrage convient par conséquent à toutes les personnes qui s'intéressent aux sciences, même à celles de la politique et de la législation. Les botanistes, les astronomes, les anatomistes et les géomètres, y trouveront un grand nombre de problèmes et de solutions d'un nouveau genre, et qu'il leur est utile de connaitre pour les progrès ultérieurs de leur science favorite. [...] L'auteur indique des méthodes qui, dans les mains d'un homme de génie, pourront lui permettre, dit-il, avec le temps, de remonter des effets aux lois des causes qui les produisent. [...] Aussi, on ose dire que les géologues, les anatomistes, les géomètres, les chronologistes, les chimistes, les grammairiens, les botanistes, les philosophes et les hommes d'État, ne liront pas cet ouvrage sans intérêt, et peut-être quelquefois aussi sans humeur; car l'auteur suit rarement les routes battues, et il est rare que ceux qui en devient aient raison. C'est aux savans à juger si les idées de l'auteur sont des innovations ou des écarts nuisibles à l'avancement des sciences.?» Mais la Tydologie, comme en convient lui-même le Chevalier, n'est qu'une ébauche de ce système qu'il cherche à mettre en place et dont il ne maitrise pas encore tous les tenants. Les années suivantes seront donc consacrées à l'étude de l'histoire, des sciences, de la politique, avec une visée exhaustive dont témoignent les archives. Car Louis de Sade se distingue de la science méthodologique de Bacon en établissant non seulement un lien entre les sciences mais également entre celles-ci et la politique. Convaincu qu'un même principe sous-tend le monde dans tous ses aspects, il recherche par un travail d'érudition considérable, une logique historique et métaphysique. L'ensemble archivistique qu'il a constitué ne représente donc pas une distraction intellectuelle d'aristocrate mais une tentative de percer la raison commune qui commande aux sciences et à l'histoire. Une étude approfondie de son travail historique permettrait ainsi de mettre à jour les choix d'historien du Chevalier de Sade, de même que ceux de ses travaux scientifiques. Mais si la philosophie des sciences qui semble se dégager de ses travaux inachevés reste à étudier, l'ensemble des archives historiques et scientifiques rédigées par le Chevalier présente un autre intérêt majeur pour l'étude de la pensée de Louis de Sade et, au-delà, pour l'analyse de l'appréhension par un aristocrate du XVIIIè siècle du bouleversement révolutionnaire. En effet, le Chevalier qui ne s'enorgueillit pas d'un savoir idéologique héréditaire transmis naturellement par l'éducation aristocrate, a été contraint de se forger seul la culture qui sied à son rang. Or ses archives font état non seulement de ses lectures - qui sont les précieux fondements de sa pensée - mais encore de sa propre compréhension et interprétation de celles-ci. Ainsi sait-on autant sur quels ouvrages de référence il appuie ses connaissances historiques que, par le rapport qu'il en fait, ce qu'il en retient et en déduit. Ses choix de lectures autant que ses impasses offrent au lecteur actuel un incroyable panorama presque exhaustif des arcanes intellectuelles de ce représentant symbolique d'une société appelée à disparaitre. Toute l'intense réflexion politique du Chevalier est ainsi éclairée par la parfaite transparence de ses sources bibliographiques comme par ses expériences personnelles longuement décrites dans son autobiographie rédigée à la troisième personne et restée inédite. Au terme de sa vie, il retrace ses pérégrinations caractéristiques d'un aristocrate engagé, depuis les prémices de la révolution jusqu'à la seconde restauration. On découvre sa carrière militaire pré-révolutionnaire, ses premiers écrits politiques qui lui valent une lettre de cachet et une mise aux arrêts dans la cale d'un navire. Il évoque l'instabilité de l'autorité militaire conséquente aux premiers bouleversements révolutionnaires, son entrée dans la résistance contre-révolutionnaire d'abord officielle puis ses tentatives clandestines de renversement de la situation. Enfin, on le suit dans son émigration anglaise et on assiste à la lente prise de conscience de la transformation inéluctable de sa société, sans que jamais sa verve combative ne tarisse, contrairement à de nombreux aristocrates qui, à son grand dam, abandonnèrent bien plus aisément cet ancien monde auquel lui, le Chevalier, ne conçoit pas, jusqu'à la dernière ligne, d'alternative viable. C'est sans doute l'impressionnante homogénéité de sa pensée, depuis ses premiers textes publiés jusqu'à l'ensemble manuscrit considérable de son Lexicon, resté en partie inédit, qui permet de considérer ces écrits du Chevalier comme une construction intellectuelle unique et sans équivalent dans les archives individuelles conservées de cette période clé de l'histoire de France et du monde occidental. Plus qu'un simple témoignage de la vie individuelle d'un aristocrate dans la tourmente révolutionnaire, ces 12000 pages sont l'uvre d'un véritable penseur du régime monarchique et des concepts philosophiques et scientifiques qui sont intimement liés à cette lecture du monde. - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

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‎SADE Marquis de; APOLLINAIRE Guillaume:‎

Reference : 20479

(1912)

‎L'oeuvre du Marquis de Sade. Zoloé. Justine. Juliette. La Philosophie dans le boudoir. Les Crimes de l'Amour. Aline et Valcour. Pages choisies comprenant des morceaux inédits et des lettres publiées pour la première fois, tirées des Archives de la Comédie-Française. Introduction, essai bibliographique et notes par Guillaume Apollinaire.‎

‎Paris, Bibliothèque des curieux, 1912. In-8 broché de [4]-324-[4] pages. ‎


‎Illustré de trois gravures et un autographe hors texte. De la collection des "Maîtres de l'Amour" publiée par Apollinaire, qui publiera en 1919 avec Fernand Fleuret et Félicien Perceau "L'Enfer de la bibliothèque nationale". ‎

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‎SADE - PAULHAN‎

Reference : 006474

(1946)

‎Les Infortunes de la vertu‎

‎Paris Le Point du jour 1946 In-8 Broché, couverture rempliée Edition originale ‎


‎Nouvelle édition parue dans la collection "Incidences", avec une introduction de Jean Paulhan, une notice de Maurice Heine et une bibliographie de Robert Valençay. Un des exemplaires numérotés sur vélin teinté, celui-ci avec quelques petites fentes au dos mais portant sur le faux titre un bel ENVOI autographe signé et daté 1947 de Paulhan à l'encre rouge et verte. Bon exemplaire 0‎

Phone number : 01 42 66 38 10

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‎SADIN (Eric) -‎

Reference : 41419

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‎ Paris : P.O.L., 2004 - un volume broché (15,5x20,5 cm), non paginé (environ 200 pages) - très bon état - envoi autographe signé de l'auteur - ‎


Le Livre à Venir - Chantelle

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‎SADOUL Georges‎

Reference : 59893

(1967)

‎Aragon‎

‎Pierre Seghers, Paris 1967, 13,5x16cm, broché.‎


‎Editon originale pour laquelle il n'a pas été tiré de grands papiers. Envoi autographe signé de Louis Aragon à François Wildenstein enrichi de la signature autographe de Georges Sadoul. Iconographie. Présentation, choix de textes établis par Georges Sadoul. Dos et plats partiellement décolorés, légères piqûres sur les plats. - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

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‎SADOUL Georges‎

Reference : 83934

(1952)

‎Carte postale moscovite autographe signée adressée à Carlo Rim‎

‎S.n., Moscou 2 décembre 1952, 15x10,5cm, une carte postale.‎


‎Carte postale autographe signée de Georges Sadoul envoyée depuis Moscou à son ami Carlo Rim : "Meilleurs souvenirs de Moscou. Georges Sadoul" La carte postale présente au recto une vue du métro de Moscou en couleurs. Carlo Rim fut un écrivain provençal, auteur notamment deMa belle Marseille, un caricaturiste, un cinéaste : Justin de Marseille, L'armoire volante, La maison Bonnadieu, et fut notamment l'ami de Fernandel, de Raimu et Marcel Pagnol mais aussi de Max Jacob et André Salmon qu'il rencontra à Sanary. - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

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‎SADOUL Jacques:‎

Reference : 8914

(1980)

‎Anthologie de la littérature policière de Conan Doyle à Jérôme Charyn.‎

‎Paris, Editions Ramsay, 1980. Grand in-8 de 505-[2] pages, cartonnage d'éditeur orné d'une photographie en noir, titre au dos. ‎


‎ Exemplaire de l'édition originale enrichi d'un envoi autographe signé de l'auteur à Demètre Ioakimidis, anthologiste de science-fiction bien connu. ‎

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‎SADOUL (Jacques).‎

Reference : 112920

(1976)

‎Panorama de la bande dessinée. ‎

‎Paris J'ai Lu 1976 1 vol. broché in-12, broché, couverture illustrée, 221 pp., nombreuses reproductions en noir. Édition originale avec un envoi autographe signé au cinéaste Alain Resnais, "cet ABC de la BD / En toute amitié". Exemplaire provenant de la bibliothèque d'Alain Resnais.‎


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‎SADOUL Jacques - NARCEJAC Thomas‎

Reference : 671665

‎Anthologie de la littérature policière. De CONAN DOYLE à Jerome CHARYN.‎

‎Editions Ramsay Paris 1980 Fort in-8 ( 245 X 185 mm ) de 505 pages, cartonnage illustré de l'éditeur. Edition originale. Précieux exemplaire de la bibliothèque de Thomas NARCEJAC ( le célèbre écrivain de romans policiers avec son compère BOILEAU ), envoi autographe signé de l'auteur à celui-ci.‎


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‎SADOUS A.‎

Reference : 7976

(1858)

‎FRAGMENTS DE MAHABHARATA‎

‎Paris enjamin Duprat Libraire - Hachette et Compagnie 1858 -in-8 broché broché in-octavo, dos vert - légèrement défraîchi, en partie non coupé - long papier, envoi autographe manuscrit de l'Auteur sur la première de couverture, 125 pages, 1858 à Benjamin Duprat Libraire - Hachette et Compagnie Libraires, ‎


‎traduits du sanscrit en français ....trés RARE.......en bon état(good condition). ‎

Phone number : 06 81 28 61 70

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‎SAEYEYS Marie-Magdeleine‎

Reference : 80702

(1948)

‎Les voix de Saint-Gilles - Exemplaire de l'as des as des Forces aériennes françaises libres Pierre Clostermann‎

‎Editions Solédi, Liège 1948, 12,5x19cm, broché.‎


‎Edition originale. Agréable exemplaire en dépit des plats légèrement et marginalement insolés sans gravité. Exceptionnel envoi autographe signé deMarie-Magdeleine Saeyeys à l'as des as des Forces Françaises Aériennes Libres (F.A.F.L.) Pierre Clostermann : "Au wing commander Pierre Clostermann. A chacun son combat, aux uns la splendeur des étoiles, aux autres les ténèbres... lorsqu'il est inscrit en nous pour éternellement le devoir accompli, qu'importe l'oubli des foules. M.M. Saeyeys. 19 août 1968." Notre exemplaire est enrichi d'un bristol autographe signé de l'auteur à Pierre Clostermann qui bombarda le siège de la Gestapo en Belgique dont l'épisode et son retentissement dans population de la Wallonie occupée sont narrés page 241 : ""Je n'ai pas l'ambition de vous voir lire ce journal en entier. Je souhaite seulement que l'ouvriez à la page 241 et qu'ainsi vous sachiez encore un peu mieux ce que signifiait pour nous un avion ami traversant notre ciel captif... M.M. S." Le passage en question est indiqué en marge d'un paragraphe de la page 241. - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

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‎SAFRAN Alexandre‎

Reference : 60458

(1979)

‎La Cabale‎

‎Payot, Paris 1979, 13x20,5cm, broché.‎


‎Troisième édition en partie originale car mise à jour et corrigée et pour laquelle il n'a pas été tiré de grands papiers. Envoi autographe signé d'Alexandre Safran à Pierre Dumayet. Agréable exemplaire. - Photos sur www.Edition-originale.com - ‎

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