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Reference : LCS-18416
La plus belle édition ancienne des Exhortations et instructions chrétiennes de Bourdaloue. A Paris, Aux dépens de Rigaud, Directeur de l’Imprimerie Royale, 1721-1723. 2 volumes in-12 de : I/ (2) ff., 520 pp., (14) ff.; II/ (6) ff., 474 pp., (13) ff. Maroquin olive, dentelle en encadrement sur les plats avec fleurons d’angle, armes frappées or au centre, dos lisses ornés de fines roulettes et de fleurs dorées, filet or sur les coupes, roulette intérieure dorée, doublures et gardes de soie rose, tranches dorées. Riches reliures à dentelle du règne de Louis XV attribuables à Derome. 166 x 125 mm.
La plus belle édition ancienne des Exhortations et instructions chrétiennes de Bourdaloue. «Cette édition in-12 est la meilleure de ce format» (Brunet, I, 1175). A partir de 1670, Bourdaloue devint «prédicateur du Roi». On sait en effet que, chaque année, à la fin du Carême, le grand aumônier présentait à Louis XIV une liste des orateurs sacrés qui avaient été les plus suivis à la ville; le roi désignait lui même deux orateurs l’un pour l’Avent, l’autre pour le Carême. Ceux-ci conservaient par la suite le titre de prédicateur du Roi. Il était de tradition qu’un sermonnaire ne revint pas plus de trois fois devant la Cour. Bossuet y avait prêché quatre fois, Bourdaloue tint la chaire de la chapelle royale jusqu’à dix fois. Il prêcha en effet devant le roi les Avents de 1670, 1684, 1686, 1689, 1691, 1693, ainsi que les Carêmes de 1672, 1674, 1675, 1680 et 1682. La faveur dont il jouit dépassa donc de beaucoup celle de Bossuet et, à n’en juger que par le succès qu’il eut en son temps, on peut dire que Bourdaloue fut sinon le plus grand prédicateur du siècle de Louis XIV, du moins le plus suivi. Les contemporains, et particulièrement Madame de Sévigné, dans ses Lettres, se font les échos des triomphes de cet homme qui sut cependant rester modeste. Bossuet lui-même appréciait fort ses mérites, puisqu’il tenta à plusieurs reprises de l’attirer dans son diocèse. Autre attrait, la sûreté du style et de la parole, qui complète la rigueur de sa pensée. De plus, Bourdaloue reste toujours accessible; il est constamment proche de son public, il le connaît admirablement, il en sait les points faibles – et Madame de Sévigné pouvait écrire: «Il frappe comme un sourd…Sauve qui peut!» Autre mérite fort sensible de son temps, Bourdaloue émaille ses sermons de portraits, peints sur le vif; il évoque le courtisan dans sa pensée quotidienne, dans son attitude vis-à-vis de ses devoir religieux. Enfin, - et c’est là sans doute le plus important, - Bourdaloue est un moraliste chrétien; il est le moraliste chrétien par excellence du siècle de Louis XIV. La connaissance des Ames acquise dans la direction spirituelle des consciences, il la met à profit dans ses Sermons. Sa morale est essentiellement pratique, toujours précise et particulière. Dans l’analyse des passions, il vaut La Bruyère et parfois le dépasse. Il est certain que son influence pratique et immédiate fut très grande sur la vie de ses contemporains. Merveilleux exemplaire relié en maroquin olive à dentelle de l’époque pour Madame Victoire, la fille du roi Louis XV, attribuable à Derome. Il figure sous le n°15 du catalogue des livres de la bibliothèque de Madame Victoire reproduit dans Quentin-Bauchart (Les Femmes bibliophiles de France, p. 160) et y est ainsi décrit: «Charmant exemplaire admirablement conservé, et portant l’ex libris de Madame Victoire collé à l’intérieur de chaque volume (ici anciennement décollé). Bibliothèque de Versailles. Réserve.» «Madame Victoire était belle et très gracieuse. «Son accueil, son regard, son sourire étaient d’accord avec la bonté de son âme». Elle vivait avec la plus grande simplicité. Sans quitter Versailles, sans faire le sacrifice des commodités de la vie, ni de la moelleuse bergère à ressort qu’elle ne quittait jamais et qui la perdait, disait-elle, elle n’oubliait aucun devoir, donnait aux pauvres tout ce qu’elle possédait, et se faisait adorer de tout le monde. On raconte qu’elle n’était pas insensible à la bonne chère, mais elle rachetait ces péchés de paresse et de gourmandise par une humeur toujours égale et par une inépuisable bienveillance. M. le baron Jérôme Pichon possédait également un catalogue manuscrit de la bibliothèque de Mesdames, celui de Madame Victoire, dont les livres ne sont pas moins intéressants que ceux de Madame Sophie. Quelques-uns sont remarquables : les Fables de la Fontaine avec les figures d’Oudry, reliées en maroquin vert à large dentelle sur les plats, la Représentation des Fêtes données par la ville de Strasbourg, à l’occasion de la convalescence du Roi, magnifique volume in-folio relié en mosaïque par Padeloup, et le Bourdaloue, relié par Derome, également de la Bibliothèque de Versailles, sont des livres de premier ordre. La plupart, comme on le verra dans la description que nous en faisons plus loin, sont dignes de prendre place dans les meilleures bibliothèques.» (Quentin-Bauchart, Les Femmes bibliophiles de France, pp. 123-130).
ALMANACH DU COMMERCE DE PARIS, des départements, de l'Empire français, et des principales villes du monde;
Reference : LCS-18198
L’Almanach du Commerce pour l’année 1812 relié en maroquin rouge de l’époque aux armes de l’Empereur Napoléon Ier. Paris, chez J. de la Tynna, Propriétaire-Rédacteur, rue J. J. Rousseau, n° 20. In-8 de 1039 pp. Plein maroquin rouge, encadrement de filets et roulette dorés autour des plats, armoiries de l’Empereur Napoléon Ier au centre des plats, dos lisse richement orné, coupes décorées, doublures et gardes de tabis bleu, tranches dorées. Reliure armoriée de l’époque. 211 x 129 mm.
L’Almanach du Commerce pour l’année 1812 relié en maroquin rouge de l’époque aux armes de l’Empereur Napoléon Ier. Il présente le « Tableau abrégé des principales productions et des principaux objets d’industrie de l’Empire français ; son étendue, sa population, etc. Paris : les manufacturiers, banquiers, négocians, marchands de tous états, agens de change, courtiers de commerce, libraires, journaux et feuilles périodiques, notaires, avocats, avoués, huissiers, etc., etc.; les Ministres, les grandes administrations, les tribunaux, la Banque de France, l’administration des postes, et les jours de départ des lettres pour la France et l’Étranger ; les messageries ; une liste particulière des principaux habitans de Paris ; enfin, les renseignemens les plus étendus dont la connaissance peut être utile au commerce, à l’industrie, aux arts et aux affaires. Départemens de l’Empire Français : l’étendue, les productions, la population, la désignation des préfectures, sous-préfectures, tribunaux, conservation des hypothèques ; les grandes routes, rivières et canaux navigables ; les manufacturiers, banquiers, négocians, libraires, agens de change, courtiers de commerce, principaux marchands, notaires, avoués et huissiers ; les chambres et bourses de commerce ; les chambres consultatives de manufactures, fabriques, arts et métiers ; les consuls et les vice-consuls des puissances étrangères ; les foires principales, etc. Les principales auberges ; les principaux cafés ; les curiosités des grandes villes les édifices publics remarquables par leur antiquité ou leur architecture ; les salles de spectacles, promenades , etc. Principaux états et principales ville du monde : l’étendue, les principales productions, la population, l’industrie, les principaux négocians et banquiers, etc., etc. Liste des brevets d’invention accordés pendant l’année 1811. Les journaux, ouvrages et feuilles périodiques. Annonces de livres nouveaux relatifs au commerce, à la banque, à l’industrie et aux arts. Une table générale et détaillée, contenant, par ordre alphabétique, tous les noms des villes et tous les principaux articles compris dans l’ouvrage. » On y apprend par exemple que l’Empire de la Chine « occupe une superficie de près de 830,000 lieues carrées », que « sa Population est évaluée à 100,000,000 d’habitants, dont 30,000,000 appartiendraient au Thibet, à la Corée, et aux autres contrées du Nord et de l’Ouest, réunies maintenant à cet empire ». Que ses productions principales sont le Riz, le froment, le millet, les légumes, les fruits, la soie, le coton, la laine, le thé, le miel, la cire, le tabac, la rhubarbe, la camphre, le musc, l’ambre, l’or, le cuivre, le fer, l’acier, l’étain, le bois d’aigle, le bois de fer, le bambou, etc. Concernant le commerce de la Chine : « le commerce intérieur est très florissant ; mais à l’exception du seul port de Canton, ou du seul article du thé le commerce extérieur, quoique assez étendu, n’est pas proportionné à la population de l’empire et à la richesse de ses productions. Le commerce avec Batavia et les Manilles a quelque activité ; celui avec le Japon n’est que toléré. Les Anglais et les Américains sont à peu près les seuls peuples occidentaux qui fassent maintenant le commerce avec la Chine. On y porte de l’argent en piastres et en barres, des draps d’Europe, des vins, des dents d’éléphant, des ouvrages d’horlogerie, etc. On en tire du thé, des étoffes de soie, du coton en bourre ou filé, des toiles de coton et de chanvre, de l’or très fin, du cuivre jaune, de la porcelaine, des ouvrages en vernis, de l’encre, de la gomme lacque, de la soie blanche… et par les caravanes qui traversent les provinces russes, du thé et des étoffes de soie. On consomme annuellement en Europe et aux Etats-Unis, vingt-sept millions de livres de thé, dont plus de la moitié en Angleterre. » Ou encore, qu’aux Etats-Unis d’Amérique, la Population est constituée de : - hommes libres……………..…. 5,156,000 - esclaves…………………...…...1,024,900 - Hommes de couleur, libres…... 131,000 Soit un total de : …………....…6,311,900 habitants, etc. Fort bel exemplaire relié à l’époque aux armes de l’Empire Napoléon Ier. Napoléon Bonaparte, deuxième fils de Charles-Marie et de Marie-Laetitia Ramolino, naquit à Ajaccio le 15 août 1769 ; promu sous-lieutenant en 1785, il monta rapidement en grade et était déjà général de division en 1795 ; le 9 mars 1796, il épousait Marie-Joséphine-Rose Tascher de la Pagerie, veuve du Vicomte de Beauharnais, quelques jours après avoir été nommé commandant en chef de l’armée d’Italie ; ayant renversé le Directoire par le coup d’état du 18 brumaire an viii (9 novembre 1799), il se fit nommer premier consul pour dix ans (24 décembre 1799), puis consul à vie le 2 août 1802 ; il fut proclamé empereur des Français par le sénat en 1804, et fut sacré à Notre‑Dame sous le nom de Napoléon Ier par le pape Pie vii, le 2 décembre de la même année ; en 1805, ayant érigé en royaume la république cisalpine, il se fit couronner roi d’Italie à Milan ; un an après en 1806, il prit le titre de protecteur de la Confédération du Rhin. Les campagnes toujours victorieuses de Napoléon contre les puissances de l’Europe coalisée, valurent à la France un agrandissement exagéré ; les pays voisins étaient gouvernés par des frères de l’empereur qui épousa le 2 avril 1810, l’archiduchesse Marie-Louise-Léopoldine-Françoise-Thérèse-Josèphe-Lucie d’Autriche, fille de l’empereur François Ier, après avoir fait casser pour cause de stérilité son mariage avec l’impératrice Joséphine le 16 décembre 1809. Mais l’ambition de Napoléon causa sa perte et les armées de l’Europe soulevée tout entière contre lui envahirent la France et le forcèrent à abdiquer à Fontainebleau le 11 avril 1814 en faveur de son fils et à accepter l’île d’Elbe en toute souveraineté (3 mai 1814). Les fautes de la Restauration l’incitèrent à rentrer en France (1er mars 1815) ; il reprit le pouvoir après un retour triomphal (20 mars), mais il fut aussitôt mis hors la loi par l’Europe ; battu à Waterloo le 18 juin 1815. Napoléon, après un règne de Cent jours, abdiqua une seconde fois en faveur de son fils le 22 juin 1815, se rendit à Rochefort et chercha un refuge sur le navire anglais « le Bellérophon ». Le cabinet anglais, abusant de la situation, le considéra comme prisonnier et le fit transporter à l'île de Sainte-Hélène (17 octobre 1815) où il mourut le 5 mai 1821.
ALMANACH IMPERIAL AN BISSEXTIL 1812 PRESENTE A. S. M. L’EMPEREUR ET ROI.
Reference : LCS-18199
Exemplaire au chiffre supposé de Joseph Fouché, Ministre de la Police, duc d'Otrante. A Paris, chez Testu, Imprimeur de sa Majesté, 1812. In-8 de 976 pp. Maroquin vert, roulette aux feuilles de vignes et grappes de raisin autour des plats, chiffre F frappé or au centre des plats au sein d’un blason, dos lisse richement orné avec l’aigle impérial frappé dans deux caissons, coupes décorées, doublures et gardes de moire rose, tranches dorées. Reliure de l’époque. 217 x 120 mm.
Exemplaire sur papier fin de Hollande relié en maroquin vert de l’époque au chiffre de Joseph Fouché. Exemplaire au chiffre supposé de Joseph Fouché, Ministre de la Police, duc d'Otrante. Joseph Fouché (1759-1820 est né à Pellerin (Loire-Atlantique) le 19 septembre 1754. Il fit ses études chez les oratoriens de Nantes puis entra dans cette congrégation et professa à Juilly, à Arras et à l'école militaire de Vendôme. Il était préfet des études au collège de Nantes quand éclata la Révolution. Comme il n'était pas engagé dans les ordres, il quitta l'habit ecclésiastique, devint avocat, se fit remarquer par son zèle révolutionnaire ce qui lui valut d'être envoyé à la Convention le 7 septembre 1792 par le département de la Loire-Inférieure. Il vota la mort du roi et se signala dans les diverses missions qui lui furent confiées, en particulier à Lyon par des exactions et de sanglantes prescriptions. Radié du club des Jacobins à la demande de Robespierre, il contribua au 9 Thermidor. Repoussé par les thermidoriens, il fut sur la proposition de Boissy d'Anglas décrété d'arrestation le 22 thermidor an III (9 août 1795). L'amnistie du 4 brumaire an IV (26 octobre 1795) lui restitua la liberté. Ayant dévoilé une conspiration babouviste à Barras, il en fut récompensé par l'ambassade près la République cisalpine (1798) puis par l'ambassade de Hollande où il demeura jusqu'à ce que le Directoire l'appelle, le 2 thermidor an VII (20 juillet 1799) au ministère de la Police générale. Il prépara le 18 brumaire et mena une vie fastueuse en recevant dans de brillantes soirées les survivants de l'ancienne noblesse. N'ayant pas su déjouer la conspiration de la machine infernale, il quitta le ministère de la Police mais le même jour reçut les titre de sénateur. Après la courte trêve de la paix d'Amiens, la vigilance de Fouché fut de nouveau jugée indispensable. Il réintégra donc le 21 messidor an XII (1er juillet 1804) le ministère de la Police et il devait y rester jusqu'au 3 juin 1810. Durant toute cette période, la puissance de Fouché fut très grande ; il avait été créé comte d'Empire le 24 avril 1808 et, le 15 août 1809, duc d'Otrante. Envoyé à Rome comme gouverneur général, il fut, après les désastres de Russie, nommé gouverneur des provinces illyriennes, poste qu'il rejoignit en juillet 1813. Envoyé ensuite en mission à Naples auprès de Murat, il revint en France et se trouvait à Avignon lorsqu'ayant appris l'abdication de l'Empereur, il offrit ses services aux Bourbons qui ne les acceptèrent pas. Pendant les Cent-Jours, l'Empereur rappela Fouché qui occupa pour la troisième fois le poste de ministre de la Police. Lorsqu'après Waterloo, les Chambres nommérent une commission du gouvernement, le 23 juin 1815, c'est Fouché qui en fut le président. Il profité de cette position pour intriguer avec les Bourbons, les Orléans et la cour d'Autriche. La deuxième Restauration le rappela au ministère de la Police mais son opposition à la réaction royaliste le contraignit à donner sa démission de député, puis de ministre le 24 septembre 1815. Nommé ambassadeur à Dresde, il fut atteint par la loi des régicides du 12 janvier 1816. Il perdit ses fonctions et l'autorisation de résider en France. Il se retira à Prague, se fit naturaliser autrichien en 1818, et alla mourir à Trieste en 1820. Provenance rarissime et extrêmement recherchée. Ex libris F.B. Pochard sur la première garde.
Précieux et superbe exemplaire relié en vélin doré fleurdelisé portant au centre des plats une réserve centrale à la date de 1697. A Paris, chez Laurent D’Houdry, 1697. In-8 de 80 pp., (2) ff.bl. intercalaires, (2) ff., 2 tableaux dépliants. Plein vélin doré, double encadrement de filets or autour des plats, fleurs-de-lys aux angles, réserve centrale dorée et finement décorée portant la date 1697 en or, dos fleurdelisé, tranches dorées. Reliure de l’époque. 185 x 115 mm.
Ce furent en tout 12 almanachs, couvrant les années 1683 à 1699, qui précédèrent l’Almanach royal édité de 1700 à 1792. Ces 17 premières années sont absolument rarissimes voire introuvables. « John Grand Carteret dans sa ‘Biographie des Almanachs Français’, parue en 1896, ne cite qu’un seul exemplaire de la seule année 1698 « Année 1698 aux armes du Duc d’Orléans. 20 F » ». Le Comte Godefroy de Montgrand avait pu, au cours de deux séjours parisiens en 1855 et 1862, acquérir neuf volumes sur les 17 parus, dont quatre seulement en reliure d’époque. Voici ce qu’il écrivait alors : « J’ai acheté à M. Auguste Aubry, libraire à paris, rue Dauphine 16, lors de mon deuxième voyage à la capitale en 1855, année de la première exposition universelle sous l’Empire, les deux almanachs ou calendrier pour les années 1697 et 1698, reliés en vélin blanc par Capé, aux armes de M. Hope et provenant de la vente de sa bibliothèque en la dite année 1855. Le quatre juin 1862, à mon sixième voyage, j’ai encore acheté au dit Mr Aubry, les sept autres que j’ai en ma possession, savoir : 1684, 1687 et 1695, dans la même reliure que les deux premiers. Toujours de la même provenance, plus les années 1690, 1692, 1693, 1694, dans leur reliure primitive. L’année 1692 aux armes de France sur les plats. J’ai payé ces neuf volumes à raison de quinze francs chaque, soit cent trente cinq francs. M. Aubry m’offrit de me les reprendre quelques jours après. Sans doute quelqu’un bien avisé lui avait offert un prix beaucoup plus élevé, mais je refusais nettement. ». « Ils valent aujourd’hui le double, et beaucoup plus même, ces volumes sont devenus de la plus insigne rareté, disons mieux pour être vrai, introuvables. Ce sont les seuls que j’ai connus durant toute mon existence. ». (Note de M. Godefroy de Montgrand). Grand-Carteret décrit ainsi ces almanachs couvrant les années 1683 à 1699 : « Sur le titre entrelacs de fleurons, couronné. Ce titre a reçu chaque année quelques modifications ou, pour mieux dire quelques augmentations au point de vue du sommaire. Comme matière on y trouve, outre le calendrier, des observations médicales, l’indication du temps qu’il faut choisir pour se couper les cheveux, pour se purger, des conseils sur l’agriculture, les vacations des tribunaux, les rues et demeures des messagers et rouliers, l’ordre des courriers. ». Précieux et superbe exemplaire relié en vélin doré fleurdelisé portant au centre des plats une réserve centrale à la date de 1697. Ex libris manuscrit et cachet sur feuillet de titre.
Provenance : Tobias Kleselius, anno 1592. Nuremberg, Anton Koberger, 21 August 1486. Grand in-folio de (328) ff. (les premier et dernier ff. bl. servent de feuilles de garde), qq. espaces laissés pour les initiales ont été remplis par un lecteur de l’époque, trous de vers en marge des 35 premiers ff., 8 ff. plus courts en marge inf. Peau de truie estampée à froid sur ais de bois de l’époque, cinq cabochons de bois sur chacun des plats, coins protégés par des angles en laiton, restes de fermoirs en laiton et en cuir. Reliure de l’époque. 402 x 278 mm.
Seconde édition du « Catholicon » donnée par Koberger, la plus importante encyclopédie de la fin du Moyen âge. HC 2258; GW 3192; BMC II, 430; BSB-Ink B-15; CIBN B-20; Goff B-28 ; ISTC ib00028000 ; Pellechet 1706. « The ‘Catholicon’ was the first dictionary to be printed, and is the first printed text of any work in the field of secular knowledge ». Balbus était un frère Dominicain de Gênes qui acheva son ouvrage en 1286. Divisé en cinq parties, il comporte des traités sur l’orthographe, l’étymologie, la grammaire et la rhétorique mais il est surtout célèbre pour son dictionnaire étymologique du Latin qui occupe la majeure partie du livre et qui ne comporte pas moins de 14 000 entrées. Il demeura le dictionnaire Latin de référence jusqu’au XVIe siècle. Le grand nombre de manuscrits de cet ouvrage ayant survécu témoignent de sa popularité dès ses débuts. Pas moins de 24 éditions incunables furent imprimées. Le nom de l’ouvrage ‘Catholicon’ indique que sa portée visait à être universelle. Aux XIVe et XVe siècles, il était fréquemment utilisé pour enseigner le latin aux profanes. La première édition de cet ouvrage fut imprimée à l’aide d’une méthode révolutionnaire. Christophe Colomb possédait un exemplaire de la première édition de ce texte (Mainz, Johannes Gutenberg, 1460). Précieux exemplaire grand de marges conservé dans sa reliure d’atelier de l’époque en peau de truie estampée à froid ornée de cabochons de bois. La reliure de cet exemplaire est typique des reliures commandées par Koberger aux relieurs de Nuremberg. Provenance: quelques annotations manuscrites de l’époque - “Tobias Kleselius [?] Anno domini 1592".
« L’Ode à la reconstruction du Panthéon », opérée sur ordre de Louis XV, par l’architecte Soufflot, reliée pour Madame Elisabeth, sœur de Louis XVI, guillotinée le 10 mai 1794. Paris, Veuve Thiboust, 1764. In-folio de 8 pp., 7 pp. Plein maroquin rouge, triple filet doré encadrant les plats, fleurs-de-lys couronnées aux angles et armoiries frappées or au centre des plats, dos lisse richement orné, pièce de titre de maroquin olive, roulette dorée sur les coupes, roulette intérieure dorée, tranches dorées. Reliure de l’époque. 400 x 258 mm.
Édition en partie originale de cette Ode de Bernard sur la reconstruction du Panthéon sur ordre de Louis XV par l’architecte Jacques Germain Soufflot. « Jean-Baptiste Bernard, chanoine régulier de Ste-Geneviève, prieur et curé de Nanterre, naquit à Paris en 1710. Il fut choisi par sa congrégation pour professer l’éloquence. Aspirant au double titre de poète et d’orateur, le P. Bernard se fit connaître par ces compositions peu étendues, mais qui obtinrent le suffrage des critiques de son temps. Une “Ode sur le prix de sagesse” que Louis, duc d’Orléans, se proposait de fonder à Nanterre, Paris, 1741, in-12, fut considérée “comme une des meilleures qui eussent été faites depuis le grand Rousseau” ». L’Ode sur la reconstruction de l’église de Ste-Geneviève, que, le P. Bernard fit paraître en 1755, fut réimprimée en 1764 avec des changements et des corrections. Précieux exemplaire pour l’histoire de Paris. Imprimé sur grand papier, il fut relié à l’époque en maroquin rouge aux armes de Madame Elisabeth. « Elisabeth-Philippe-Marie-Hélène de France, huitième et dernier enfant de Louis, dauphin, fils de Louis XV, et de Marie-Josèphe de Saxe, et sœur de Louis XVI, appelée Madame Elisabeth, naquit à Versailles le 3 mai 1764 et vécut le plus souvent loin de la cour, dans sa petite maison de Montreuil, uniquement occupée d’œuvres de bienfaisance ; à partir de 1789, cette vertueuse princesse vint partager les dangers de Louis XVI, refusa d’émigrer et fut enfermée au Temple avec la famille royale. Accusée d’entretenir des relations avec ses frères émigrés, elle fut condamnée à mort par le tribunal révolutionnaire le 10 mai 1794 et guillotinée le même jour sur la place de la Révolution. » « Sa bibliothèque, qui contenait des ouvrages de piété, d’histoire et de science, fut transportée à la Bibliothèque Nationale ; les volumes sont en général reliés simplement, en veau marbré ou granité ; quelques-uns portent sur le dos le mot : “Montreuil” ». (Olivier Hermal, planche 2531). L’un des exemplaires privilégiés relié en maroquin rouge de l’époque. Provenance très rare. Exemplaire cité par Olivier-Hermal, pl. 2531. De la Bibliothèque Béarn, 1ère partie, 1920, n°110.
Cet ouvrage donne des renseignements précieux sur Lully et ses contemporains. Paris, Jean Cochart, Etienne Ganeau, Jacque Quillau, 1715. In-12 de (8) ff., 487 pp., (1) p. d’errata. Maroquin rouge, triple filet doré autour des plats, grandes armoiries au centre avec l'emblème de la Toison d'or, fleurs de lys aux angles, dos à nerfs fleurdelysé, entre-nerfs ornés du chiffre entrelacé et couronné du Régent, coupes décorées, roulette fleurdelysée intérieure, tranches dorées sur marbrures. Reliure de l'époque. 164 x 93 mm.
Édition originale de l’Histoire de la musique et de ses effets de Pierre Bonnet imprimée à Paris en 1715. Pierre Bonnet, médecin de la duchesse de Bourgogne, était neveu de l'abbé Bourdelot, qui s'était beaucoup occupé de l'histoire des arts en général, et de la musique en particulier. Pierre Bonnet, héritier de la bibliothèque de son oncle, continua ses recherches, mais ne put les publier. Jacques Bonnet, musicographe et chorégraphe, frère du précédent, hérita des travaux de son frère et de Bourdelot son oncle, et publia, d'après leurs manuscrits, une Histoire de la musique et de ses effets, depuis son origine jusqu'à présent ; Paris, 1715. « Cette histoire était la seule en France lorsqu’elle parut ; aussi procura-t-elle à son auteur une assez grande réputation ». « Jacques Bonnet nous apprend que quoique plus de douze cens Auteurs eussent traité de la Musique, personne jusqu’à lui n’avait essayé d’en faire une histoire complette. Cet ouvrage donne des renseignements précieux sur Lully et ses contemporains ». Exemplaire relié spécialement à l’époque, à la mort de Louis XIV, en 1715 pour le Régent, Monseigneur le Duc d’Orléans. Les dernières années du règne de Louis XIV furent empreintes de désastres et de tristesse et l'avènement du Régent marqua un changement complet d'état d'esprit où la joie, la danse, les fêtes et la musique reprirent leur place. Exemplaire de dédicace relié à l'époque en maroquin rouge aux armes et chiffres couronnés de Philippe II d'Orléans, petit-fils de France, duc d'Orléans, de Valois, de Chartres, de Nemours et de Montpensier. A la mort de Louis XIV, en 1715, la régence qui lui appartenait par sa naissance lui fut déférée par un arrêt solennel du parlement du 2 septembre 1715. « Le Régent adopta une politique presque complètement opposée à celle du règne précédent, supprima les ministères qu'il remplaça par sept conseils et fit quelques reformes utiles ; il fit sacrer roi Louis XV le 22 octobre 1722 et cessa ses fonctions de régent à la majorité du roi le 16 février 1723. Louis XV le prit, comme principal ministre le 11 août suivant, mais le duc d'Orléans mourut peu après à Versailles, le 2 décembre 1723, d'une attaque d'apoplexie, après avoir eu huit enfants légitimes, dont sept filles et plusieurs enfants naturels. » De la bibliothèque L. Wilmerding avec ex-libris gravé, vendu 25 000 € en juin 2007 (Ref. Paris, Livres précieux, n°116).
Edition originale du fameux Catéchisme de Bossuet. L’exemplaire relié à l’époque aux armes de Charles Maurice Le Tellier, archevêque de Reims et fils de Michel Le Tellier qui signa l’acte de révocation de l’édit de Nantes en 1685 et dont Bossuet prononça l’Oraison funèbre en 1686. Paris, Sébastien Mabre-Cramoisy, 1687. In-12 de (9) ff. y compris le titre portant les armes de l’auteur gravées, 246 pp., (3) pp. Erreurs de pagination sans manque. Relié en plein maroquin noir de l’époque, filet doré encadrant les plats, grandes armes frappées or au centre, dos à nerfs orné de filets dorés, filet doré sur les coupes, roulette dorée intérieure, tranches dorées. Reliure de l’époque. 147 x 80 mm.
Edition originale du catéchisme de Bossuet. Tchemerzine, I, 853 ; Brunet, I, 1137. “Bossuet est le plus grand maître de la prose française, qui est infiniment supérieure à tout ce qu’on est convenu d’appeler notre poésie. Son langage contient tous les canons de notre parler et remplit magnifiquement notre bouche et notre poitrine. C’est quelque chose comme la Messe Royale de Dumont, si bien adaptée aux poumons de nos vieux chantres. D’autre part, Bossuet est dans notre langage le plus grand des docteurs de la catholicité. Ses ouvrages théoriques sont d’une force, d’une clarté et d’une majesté qui baignent l’âme de lumière et la transportent de joie et d’admiration ». P. Claudel. Le style parfait de ce catéchisme et l’élévation de pensée de l’auteur ravirent le public le plus fruste comme le plus raffiné. Précieux exemplaire spécialement relié à l’époque en maroquin noir aux armes de Charles Maurice Le Tellier, archevêque de Reims (1642-1710), fils de Michel Le Tellier et frère du marquis de Louvois. C’est son père, Michel Le Tellier, qui signa l’acte de révocation de l’édit de Nantes en 1685, deux ans avant la publication de ce Catéchisme de Bossuet. Bossuet avait encouragé la révocation de l’édit de Nantes et son Oraison funèbre de Michel Le Tellier (1686), lui fournit l'occasion de glorifier un des plus grands crimes d'État dont l'histoire fasse mention. « Mgr Le Tellier avait réuni au cours de ses voyages en Italie, en Hollande et en Angleterre un très grand nombre de livres précieux ; sa bibliothèque, composée de 50 000 volumes, entra, par testament, à la bibliothèque de l’abbaye de Sainte-Geneviève » (Olivier, pl. 1756) ; les exemplaires encore en main privée sont d’une grande rareté. Provenance : Charles Maurice Le Tellier (armes frappées sur les plats), Franciscus Ludovicus Vaillant de Bovens, 1706 (ex libris manuscrit sur le titre).
Edition originale posthume des Méditations sur l’Evangile de Jacques-Bénigne Bossuet, évêque de Meaux (1627-1704), composée et adressée aux religieuses de la Visitation de Meaux en 1695. Paris, Pierre-Jean Mariette, 1730-1731. 4 volumes in-12 de: I/ (1) f.bl., 63 pp., (17), 519 pp., (1) f.bl. ; II/ (1) f.bl., (1) f., 464 pp., (6) ff., (1) f.bl.; III/ (1) f.bl., (2) ff., 454 pp., (8), (1) f.bl.; IV/ (1) f.bl., (2) ff., 506 pp., (18), (1) f.bl. Reliés en plein maroquin rouge de l’époque, double filet doré d’encadrement sur les plats, armes frappées or au centre, dos à nerfs richement ornés, coupes décorées, roulette dorée intérieure, tranches dorées. Reliure de l’époque. 163 x 90 mm.
Edition originale posthume des Méditations sur l’Evangile de Jacques-Bénigne Bossuet, évêque de Meaux (1627-1704), composée et adressée aux religieuses de la Visitation de Meaux en 1695. Tchemerzine, I, 904 ; Picot, Catalogue Rothschild, 68; Bibliothèque Rahir, n°982; Catalogue du Baron Pichon, n°70 ; Brunet, I, 1139. « Bossuet les appelait alors ‘Réflexions sur l’Evangile’ ; c’est son neveu, l’abbé Bossuet, qui en donna la première édition, à titre posthume, sous le titre de ‘Méditations’, en 1730-1731. Les Méditations font partie du groupe d’ouvrages de piété, qui comprend également l’Elévation à Dieu sur tous les mystères de la religion chrétienne, 1695, et le Traité de la concupiscence, 1694. Ces ouvrages marquent l’époque de la vie de Bossuet où il se retire du monde et se consacre à sa tâche pastorale. Sa pensée aussi se retire en elle-même ; il s’aperçoit qu’il a trop temporisé avec le siècle et il éprouve le besoin de retrouver, dans toute leur pureté, les textes mêmes de la foi. Les Méditations sont un commentaire suivi des paroles prononcées par le Christ, considérées comme formant un unique Discours, qui va des débuts de sa vie publique jusqu’à sa mort ; de là, les sous-titres de l’œuvre : ‘Sermon ou Discours de Notre-Seigneur depuis le dimanche des Rameaux jusqu’à la Cène’. Ces divisions chronologiques sont elles-mêmes subdivisées en journées, qui constituent, chacune, une méditation séparée. Beaucoup moins abstraites et métaphysiques que l’Elévation, les Méditations sont d’une simplicité admirable ; la vigueur de la pensée se mêle à l’onction et à la douceur persuasive du ton. Le style n’y est plus noble et soutenu, mais sans artifices et comme sans apprêts, ce qui ne veut pas dire qu’il soit négligé. Sans doute, c’est ici qu’on trouve le vrai visage de Bossuet, le Bossuet docteur de l’Eglise et mystique, et qu’on découvre le fondement solide sur lequel repose l’édifice de ses prédications et de ses œuvres destinées au public. » Précieux exemplaire relié en maroquin rouge de l’époque aux armes de Charles-Gaspard Guillaume de Vintimille du Luc (1655-1746), nommé évêque de Marseille en 1684, puis archevêque d’Aix en 1708 et enfin archevêque de Paris en 1729. « La collection de ce bibliophile émérite jouissait, de son temps, d’une grande réputation par la beauté des volumes et l’élégance des reliures » (Guigard, Armorial du Bibliophile, I, 379). Provenance : Charles-Gaspard Guillaume de Vintimille du Luc (armes frappées sur les plats) ; ex dono manuscrit presque effacé au titre du tome 3 : « Ce livre a été donné à la communauté des Ursulines de Joinville par Madame de St Genis La compaire y étant pensionnaire au mois de mai 1733 » ; ex libris gravé de Claude Gabriel Doüet de Vichy Conseiller au Parlement sur le contreplat de chacun des volumes ; cachet d’appartenance de la Bibliothèque du Grand Séminaire de Versailles apposé sur la p. 121 de chacun des volumes.
Relié à l’époque en maroquin rouge aux armes de Jacques-Bénigne Bossuet, neveu du grand orateur et responsable de la publications de ces traités. Paris, Barthélémy Alix, 1731. 2 parties en 1 volume in-12 de 26 pp., (3) ff. de table, 155 pp., (1) f.bl., (1) f. de titre, 218 pp., (6) ff. Relié en plein maroquin rouge de l’époque, triple filet doré encadrant les plats, grandes armes frappées or au centre, dos à nerfs richement orné, coupes décorées, roulette dorée intérieure, tranches dorées sur marbrures. Reliure de l’époque. 162 x 92 mm.
Edition originale de deux traités majeurs de Bossuet. Bibliothèque de Backer, n°998 ; Bulletin Morgand et Fatout, n°129 ; Rahir, La Bibliothèque de l’amateur, 336 ; Tchemerzine, I, 905 ; Brunet, I, 1139. Bossuet fut nommé précepteur du Dauphin en 1670 et le Traité du libre-arbitre est l’un des ouvrages composés pour l’éducation du futur souverain. Le sujet abordé traite du ‘moyen d’accorder notre Liberté avec la certitude des décrets de Dieu’. La question de savoir s’il existe des choix humains indépendamment de la souveraine grâce de Dieu venait de diviser les catholiques de France en deux camps : les jésuites, soutenus par le haut clergé ainsi que par le Roi, et les jansénistes de Port-Royal, minoritaires mais solidaires autour de brillantes autorités théologiques et intellectuelles telles que Arnault et Pascal. Or les années qui virent Bossuet précepteur du Dauphin coïncident presque exactement avec la Paix de l’Eglise de France (1668-1678). De plus, les jansénistes furent parmi les rares personnes à ne pas entrer en conflit avec Bossuet, même si sa situation à la Cour ne permettait pas à ce dernier d’afficher trop haut l’intérêt qu’il portait à la théologie de Port-Royal. Aussi la richesse du Traité du libre-arbitre réside principalement dans la synthèse fragile mais courageuse (c’est tout de même au futur Roi de France que Bossuet s’adresse), de deux doctrines pourtant farouchement opposées. Ce texte méconnu donne la très juste mesure d’une période de tolérance officielle bientôt vaincue par le raidissement des libertés en matière de religion. Le Traité de la concupiscence, composé vers 1693, reflète quant à lui l’époque suivante, période trouble où les positions doctrinales sont beaucoup plus rigides et les mœurs beaucoup plus libres. Evêque de Meaux depuis 1681, écouté par la cour qui se déplace de Paris et de Versailles pour ses prêches, docteur incontesté de l’Eglise de France, Bossuet s’en prend ici aux libertins, aux mondains, vitupérant contre le mensonge de leur esprit et la vanité de leur vie. Ce texte devait s’intituler Considérations sur les paroles de Saint Jean : ‘N’aimez pas le monde’ mais le neveu de Bossuet, évêque de Troyes et préfacier de cette édition, a préféré l’autre titre, plus sévère. Le lien avec Versailles s’est maintenu jusqu’à la fin de la vie de Bossuet. Il occupait une place essentielle au sein de la cour de France, il était conseiller du Roi en ses conseils et conseiller ordinaire en ses conseils d’Etat. « La conclusion de cette brève étude sur Bossuet un des génies les plus hauts et les plus féconds de notre littérature, n’est-ce pas à La Bruyère qu’il faut l’emprunter : « Orateur, théologien, philosophe… Parlons d’avance le langage de la postérité : un Père de l‘église ». Encore convient-il d’ajouter à cette place : un maître de la langue française qui n’eut peut-être jamais son égal, un de ceux à qui notre pays est le plus redevable de sa magistrature littéraire universelle. » (Rév. D. Delafarge). Prestigieux exemplaire relié en maroquin rouge de l’époque aux armes de Jacques-Bénigne Bossuet, neveu du grand orateur et responsable de la publication de ces traités. « Jacques-Bénigne Bossuet (1664-1743), neveu du célèbre orateur, devint licencié en théologie, vicaire général de Meaux et abbé de Saint-Lucien de Beauvais, à la mort de son oncle, en avril 1704 ; il fut nommé évêque de Troyes en mars 1716, mais il n’obtint ses bulles que deux ans plus tard, en 1718 ; il se démit de son évêché le 30 mars 1742. L’évêque de Troyes avait hérité de la bibliothèque de son oncle qu’il augmenta considérablement. » (OHR, n°2299). Le présent exemplaire est cité en référence par Olivier-Hermal pour les fers apposés sur sa reliure (OHR, n°2299, fer n°3). Les éditions originales de Bossuet conservées en maroquin de l’époque armorié ont de tous temps été recherchées des bibliophiles.
Achevé d’imprimer le 2 novembre 1475. [Auguste Vindelicorum, Ant. Sorg], 1475. In-folio gothique de (1) f.bl., 484 feuillets à 40 lignes par page, ainsi complet, mention manuscrite en bas du titre, qq. mouillures sans gravité, annotations marginales, signets de l’époque. Reliure monastique en veau brun estampé à froid sur ais de bois, dos refait, plats très ornés, écoinçons d’angle et cabochon central en métal, titre de l’œuvre calligraphié d’une main monastique sur le plat supérieur. Reliure réalisée vers 1475. 301 x 212 mm.
Edition princeps rare imprimée par Anton Sorg en novembre 1475. ISTC ic00292000 ; BMC II 342 ; BSB-Ink D-189 ; Goff C292 ; GW 6277 ; HC 4711 ; IGI 2601. « Edition rare décrite par Panzer, tome 1. p. 106, et par Hain ; elle a été vendue 9 livres 19 sh. 6 d. Bibliothèque d’Alchorne, en 1813 ; 20 et 48 flor. Butsch » (Brunet I-1666). Cette édition princeps a atteint des prix considérables signalés par Brunet : 9 livres 19 sh soit 200 f or en 1813, prix supérieur à l’édition originale des Précieuses ridicules. « Première édition, très rare ; les caractères sont ceux employés par Ant. Sorg, célèbre imprimeur d’Augsbourg. Elle est imprimée à longues lignes, et sans chiffres, signatures et réclames. Ces distiques moraux sont attribués à Caton le censeur, mort l’an 148 avant Jésus-Christ ». (M ; de la Serna, Dictionnaire bibliographique du quinzième siècle, 399) “First edition of Philippus de Bergamo’s treatise, the Speculum regiminis. Rather than a commentary on the Disticha Catonis, this text is an original work” (ISTC), and comprises the majority of the volume, commencing on folio 91. It was printed by Anton Sorg in the first year of his independent activity, with type acquired from the press at the monastery of St Ulrich and Afra”. L’œuvre de Cato eut une grande réputation au Moyen Age et fut traduite dans de nombreuses langues. Chaucer y fait de nombreuses références. La versification et la métrique sont d’excellente qualité. Jacques-Philippe Bergame, chroniqueur italien, né à Soldio en 1434, mort en 1520, appartenait à la famille des Foresti et entra dans l’ordre des ermites de Saint-Augustin. Ses écrits ou commentaires sont toujours recherchés des lettrés. Précieux exemplaire conservé dans sa rare et belle reliure de l’époque portant dans un cadre en laiton le titre de l’ouvrage dans une écriture monastique sur le plat supérieur - dos refait comme presque toujours pour un volume aussi épais - enrichi de cette inscription monastique sur le premier feuillet : « Iste liber est monasterii Stti Egidii in Nuremburg ordinis sti Benedicti » et de nombreuses annotations marginales. Autre fait rare, subsistent, dépassant des pages, la totalité des dix pattes ou petits signets de cuir fixés sous papier pour signaler des passages importants du texte et en faciliter l’accès.
Exemplaire personnel de Florimond de Raymond (1540-1601), écrivain catholique, ami personnel de Montaigne et Charron, successeur de l’auteur des Essais au Parlement de Bordeaux, conservé dans sa toute première reliure en vélin à recouvrement de l’époque. A Bourdeaus, par S. Millanges, 1595.In-8 de (12) ff., 176 pp., (4) ff., 775 pp., (1) p. Vélin ivoire, cadre de filets dorés sur les plats, ovale feuillagé doré au centre, dos lisse orné. Reliure de l’époque.156 x 100 mm.
Édition originale définitive, la première citée par Brunet (I, 1809) et la première reconnue par l’auteur et portant son nom, revue et augmentée par Pierre Charron par rapport aux deux précédentes parues, l’une à Bordeaux en 1593 qui compte 450 pages de moins, l’autre à Paris en 1594 avec 457 pages de moins.Tchemerzine, II, 244 ; Index Aureliensis, 135, 769 : A. Cioranesco, Bibliographie de la littérature française du XVIe siècle (Paris, 1959), n° 6446 ; L. Desgraves, Bibliographie Bordelaise : Bibliographie des ouvrages imprimés à Bordeaux au XVIe siècle et par Simon Millanges (Baden-Baden, 1971), n° 162.Cette édition, la première citée par Brunet et Graesse (II, 123) est aux yeux des bibliographes la plus importante.Elle est dédicacée au Roi Henri IV (feuillet m2).Sa valeur, d’après Morgand, est identique voire supérieure à l’originale de 1593 (Tchemerzine, II, 244).Pierre Charron (1541-1603), fils d’un libraire parisien, fit la connaissance de Montaigne ; il « vescut fort familierement avec Messire Michel de Montaigne, chevalier de l’ordre du Roy. Le sieur de Montaigne l’aimoit d’une affection réciproque, et avant que mourir, par son testament, il luy permit de porter après son decez les pleines armes de sa noble famille, parce qu’il ne laissoit aucuns enfans masles ».Mais ce n’est pas encore l’influence de Montaigne qui apparait dans le premier traité de Charron, Les Trois Vérités, qui fut publié à Bordeaux en 1593 sous le pseudonyme de « Benoist Vaillant, Advocat de la Sainte Foi ».C’est un livre dogmatique qui réfute le Traité de l’Eglise ou Traité de la véritable religion chrétienne du chef huguenot Duplessis-Mornay : ces trois vérités sont un seul Dieu, une seule religion (la chrétienne), une seule Église (la catholique).Cette œuvre théologique rigoureuse, rationnelle, attira l’attention sur lui. L’évêque de Cahors, sans le connaître, autrement que par son livre, nomma Charron son vicaire général et chanoine théologal de son église.« On ne lit plus guère les œuvres proprement théologiques de Pierre Charron, et c’est grand dommage, car on éviterait les erreurs d’interprétation qu’on fait habituellement à propos de sa ‘Sagesse’ ».Exemplaire de Florimond de Raimond (1540-1601), l’écrivain catholique ami de Montaigne et de Charron, successeur de Montaigne au Parlement de Bordeaux. Florimond reprendra même des textes de Montaigne pour lutter contre les Protestants. Son parcours ne fut pas linéaire.« Issu d’une noble et ancienne famille, il alla faire ses études à Bordeaux, puis à Paris, où il s’adonna aux belles-lettres et au droit. Ayant suivi les leçons de Ramus et de Théodore de Béze, il ne tarda pas à se faire protestant ; mais il revint au catholicisme en 1566, époque où les jongleries d’une prétendue possédée frappèrent vivement son imagination. En 1572, Rémond devint conseiller au parlement de Bordeaux. Quelques temps après, il fut rançonné par des soldats protestants et, depuis lors, il attaqua dans ses écrits ses anciens coreligionnaires avec une violence extrême ».Il est l’auteur de nombreux ouvrages répertoriés par la bibliographie Fragonard, n° 1597 et suivants.Exemplaire avec l’ex-libris manuscrit « Flor. Raemondi » calligraphie sur le titre, conservé dans son élégant vélin ivoire décoré de l’époque.
Paris, 1821-1825. Paris, Lefèvre, 1821-1825. 30 volumes in-8. Un portrait de Cicéron en frontispice. Maroquin rouge à long grain de Simier, trois volumes (1-2 et 30) signés « Simier. R. du roi », plats ornés d’un riche encadrement composé de filets dorés et de roulettes dorées et à froid avec fleurons d’angle, aux armes de Marie-Caroline de Bourbon-Sicile, Duchesse de Berry (1798-1870) au centre des plats, (Olivier 2554 fer n° 2), dos à nerfs abondamment ornés de motifs dorés et à froid, roulette dorée sur les coupes, grecque intérieure dorée, tranches dorées. Reliures armoriées de l’époque signées de Simier, relieur du roi. 223 x 140 mm.
Edition originale collective de la traduction des Œuvres de Cicéron en français. C’est la première citée par Brunet (II, 49-50) qu’il décrit ainsi : « Cette édition, fort remarquable sous tous les rapports, mérite bien le succès qu’elle a obtenu. Le texte présente une nouvelle recension, pour laquelle l’éditeur s’est aidé des variantes d’un grand nombre de manuscrits, et des secours que la philologie lui a offerts si abondamment. Des notes latines, placées au-dessous du texte, rendent compte des motifs qui ont fait adopter de préférence telle ou telle leçon. Les traductions des ouvrages de rhétorique, presque toutes nouvelles, sont dues à M. J.- V. Le Clerc, Liez, Gaillard et Burnouf. Celles des discours ont pour auteurs MM. Burnouf, Gueroult, Naudet, Binet, Goubaux et l’abbé Auger : le travail de ce dernier a été revu par l’éditeur, qui a également revu toutes les anciennes traductions recueillies dans sa collection. Pour les lettres familières et les lettres à Atticus, on a conservé les traductions de Prévost et de Mongault ; mais celle des lettres à Quintus, à Brutus, etc., est de M. Le Clerc. Dans les ouvrages philosophiques on retrouve les traductions de Regnier Desmarais, de d’Olivet et du prés. Bouhier, ainsi qu’une partie de celles de Morabin, et les Académiques par de Castillon. M. Le Clerc a traduit les traités de la Divination et du Destin ; les Lois sont de M. Ch. de Rémusat, et le traité des Devoirs est de la traduction de Gallon-la Bastide. Tous les fragments nouvellement recueillis, et qui sont ici réunis pour la première fois, ont pour traducteur M. Le Clerc lui-même. En outre, ce savant éditeur a enrichi son édition d’un discours préliminaire, d’une Vie de Cicéron, traduite de Plutarque, et accompagnée de suppléments extraits en partie de Middleton. Dans le 30ème volume se trouvent plusieurs index, composés d’après ceux d’Ernesti. Enfin M. Le Clerc a joint partout, aux ouvrages de Cicéron, des introductions historiques, philologiques ou littéraires, et des notes critiques et explicatives d'un grand intérêt. Nous ne devons pas oublier, non plus, de citer la Notice bibliographique sur les éditions et sur les traductions françaises des Œuvres de Cicéron, par C. Breghot du Lut et A. Péricaud ; c'est un morceau curieux, placé à la fin du premier volume. » « Cicéron (106-43 avant J.-C) est sans conteste une des grandes figures de la Rome antique, et l'influence de son esprit et de son œuvre, qui a contribué à propager à travers les siècles la culture de l’Antiquité, est restée toujours vivante. » Concetto Marchesi. « [Cicéron] par la supériorité de son intelligence, la magnificence de ses actes, de sa position, de sa vie et de sa réputation, par le fait qu’il a non seulement apporté, mais formé et perfectionné la langue mais aussi la littérature, l’éloquence et la philosophie latines, en les amenant de la Grèce, par le fait également qu’il était, sans discussion, le premier, le plus grand auteur latin, dans tous les genres, dominait à tel point les autres que la langue latine écrite eut la réputation d’être entièrement incluse dans ses œuvres, et que celles-ci firent office d’Académie et Dictionnaire… ». Leopardi. Magnifique exemplaire royal appartenant au tirage restreint de luxe sur grand papier vélin revêtu d’éblouissantes reliures en plein maroquin rouge de l’époque décorées frappées des armes de la Duchesse de Berry, signées par trois fois, sur les tomes 1-2 et 30, Simier relieur du roi. Marie-Caroline-Ferdinande-Louise de Bourbon-Sicile, fille de Ferdinand Ier, roi des DeuxSiciles, et de Marie-Clémentine, archiduchesse d’Autriche, née à Naples le 5 novembre 1798, épousa le 17 juin 1816, Charles-Ferdinand d’Artois, duc de Berry, second fils du futur Charles x, qui fut assassiné le 13 février 1820. La duchesse de Berry, veuve à 22 ans, se consacra à l’éducation de ses deux enfants, Louise-Marie-Thérèse d’Artois et Henri-Charles-Ferdinand-Marie-Dieudonné, duc de Bordeaux, né posthume ; très courageuse, elle essaya en 1832 de fomenter en Vendée un soulèvement légitimiste qui échoua ; trahie le 7 novembre de la même année, elle fut enfermée dans la citadelle de Blaye où elle mit au monde une fille qu’elle avait eue du comte Hector Lucchesi-Palli, qu’elle avait épousé secrètement en 1831 ; remise en liberté en juin 1833, elle fut tenue à l’écart par la famille royale et se vit enlever la direction de l’éducation de son fils. Elle vécut à Venise et mourut le 17 avril 1870 au château de Brunsee en Styrie. Cette princesse, aux goûts artistiques très développés, avait d’abord constitué dans son château de Rosny, près Mantes, une luxueuse bibliothèque remarquable tant par le choix des éditions et la richesse des reliures que par l’importance des manuscrits qu’elle renfermait, puis après ses multiples déboires, elle s’était constituée un cabinet choisi de lecture des principaux romans contemporains qu’elle affectionnait particulièrement dans sa retraite autrichienne de Brunsee : Balzac, Dumas, Sue, etc. Ces volumes destinés à être lus étaient alors revêtus d’une reliure en demi-veau, classés dans les rayonnages de la bibliothèque de Brunsee et enrichis de l’ex-libris « Brunsee - A l’index – Ouvrage n° - Volume n° - Armoire – Rayon – Place. » Les tranches de ces volumes sont d’une couleur jaune tout à fait charmante. Provenance : des bibliothèques de la Duchesse de Berry (armes frappées au centre des plats) - Baron Northwick (ex-libris héraldique gravé portant la devise « par ternis supar ». Vente de la collection du baron Northwick, Northwick Park, Christie's 26 mai 1965).
Exemplaire de dédicace sur très grand papier de Hollande relié à l’époque aux armes et pièces d’armes de l’Empereur Napoléon Ier. Milano, Dalla Regia Stamperia, 1806. In-8 dexi pp., 312 pp. Plein maroquin rouge, roulette dorée autour des plats, armoiries au centre, dos lisse orné de pièces d’armoiries, gardes et doublures de tabis bleu, tranches dorées. Reliure de l’époque portant l’étiquette «n°45 rue de la Harpe Tessier. Relieur Doreur à Paris». Dimensions de la reliure: 194 x 110 mm.
Édition originale et seule officielle du Code de Procédure Civile pour le Royaume d’Italie imprimée à Milan en 1806 par l’Imprimerie Impériale. «Le Code civil accompagne l’histoire du droit civil italien depuis 1806, date à laquelle la version italienne du ‘Code’ est publiée à Milan sous le titre de ‘Code civil du Royaume d’Italie’. Ce code constitue le modèle des Codes civils de l’Italie pré-unitaire, du Code civil de 1865 de l’Italie unie et représente encore un point de repère pour la culture italienne du vingtième siècle, au cours duquel une tentative d’un ‘Code des obligations franco-italien’ a été élaborée […]. Le Code civil traduit en italien en 1806, entre en vigueur dans les régions qui composent le Royaume d’Italie d’origine napoléonienne. Par prescription de loi expresse (décret royal du 15 novembre 1808), la version italienne est introduite dans les Universités et dans les lycées dans une édition qui donne une comparaison avec le droit romain.» Le décret de publication fut signé par l’Empereur au Palais de Saint Cloud le 17 juin 1806. Il s’agissait de traduire le Code de procédure civile français en langue italienne et de l’adapter au Royaume d’Italie. “Nel suo complesso il codice francese è fra tutti i codici contemporanei la più alta espressione legislativa della uguaglianza e della libertà civile, la vera conquista non peritura della grande rivoluzione.” (Del Giudice).v << Précieux exemplaire de dédicace imprimé sur très grand papier de Hollande relié par Tessier en maroquin rouge de l’époque aux armes de l’Empereur Napoléon Ier.
Précieux exemplaire aux armes de la Grande Mademoiselle. Paris, P. Rocolet, 1657. 2 volumes in-folio de : I/ (2) ff.bl., (2) ff. y compris un portrait de l’auteur et un frontispice gravé, (14) ff., 654 pp., (1) f. de privilège, (2) ff.bl. ; II/ (2) ff.b l., (1) f., pp. 655 à 1281, 51 pp. de table, (2) ff.bl. Longue note manuscrite concernant Davila collée sur la garde du premier volume. Maroquin rouge, décor à la Duseuil sur les plats avec fleurs-de-lys aux angles, grandes armes frappées or au centre, dos à nerfs orné de fleurs-de-lys dans les caissons, coupes décorées, roulette intérieure dorée, tranches dorées. Reliure de l’époque. 365 x 248 mm.
Troisième édition, corrigée et augmentée, de la traduction française de l’Histoire des Guerres civiles de France de Davila « qui eut un grand retentissement et fut plusieurs fois imprimée et traduite en Italien, français, espagnol et latin ». Cette édition française, rare, est restée inconnue de Brunet et Deschamps. Brunet ne cite que l’édition italienne parue la même année. La première édition de cette traduction avait paru chez Rocolet en 1644. L’édition fut imprimée à petit nombre par P. Rocolet, imprimeur et libraire des rois Louis XIII et Louis XIV. Davila (Henri-Catherin), naquit, le 30 octobre 1576, au Sacco, village dans le territoire de Padoue. Il s’est rendu célèbre dans les lettres par son Histoire des guerres civiles de France. Très au fait des guerres de religion, il dit lui-même, au 9è livre de son Histoire, « qu’il était présent, en 1588, à l’ouverture des états de Blois, et si près du roi, qu’il entendit très distinctement tout son discours. » L’année suivante la reine, Catherine de Médicis, sa protectrice, mourut dès le mois de janvier, et Henri III fut assassiné au mois d’août. Malgré l’abjuration de Henri IV, la guerre civile durait encore. Davila se distingua dans plusieurs rencontres ; il eut un cheval tué sous lui au siège de Honfleur, en 1594, et fut blessé en 1597, d’un coup de pertuisane, au siège d’Amiens. La paix s’étant faite en 1598, il fut rappelé à Padoue par son père, qui y était retourné après la mort de Catherine de Médicis. Il ne cessa point de cultiver les lettres et de travailler, dans ses moments de loisir, au grand ouvrage qu'il avait entrepris. Il le fit enfin paraître en 15 livres, sous ce titre « Historia delle guerre civili di Francia di Henrico Caterino Davila nella quale si contengono le operationi di quattro re, Francesco II, Carlo IX, Henrico III et Henrico IV, cognominato il grande », Venise, Tommaso Baglioni, 1630, in-4. « Il n'y a qu'une opinion sur le mérite de Davila, considéré comme écrivain. Son style, exempt des vices qui régnaient de son temps, sans être aussi pur que celui de Guichardin, est plus serré, plus concis et brille en même temps par une admirable facilité. Sa manière de narrer, de disposer les évènements, de les enchaîner l'un à l’autre, d'introduire ses personnages, de les faire agir et parler, de décrire les lieux, les villes, les champs de bataille, les faits d'armes, les assemblées, les conseils, la conduite des négociations, n'est pas moins louable que son style. Il paraît enfin avoir pris des soins extrêmes pour connaître la vérité, l'avoir puisée dans de bonnes sources, et l'avoir dite en général avec franchise. Mais cette franchise n'a pu manquer d'être quelquefois altérée par sa position et ses relations particulières par les préjugés de son pays et de son siècle. Un italien de ce temps-là ne pouvait tenir la balance égale entre les catholiques et les protestants ; un homme qui devait la fortune de sa sœur, de son frère et le commencement de la sienne à Catherine de Médicis, à qui son prénom même rappelait qu'il lui avait été pour ainsi dire consacré dès sa naissance, ne pouvait être un juge impartial de cette reine. » (Michaud). Superbes volumes ornés d’une planche allégorique, d’un portrait de l’auteur, de vignettes et initiales, le tout remarquablement gravé sur cuivre par Grégoire Huret. Précieux exemplaire en maroquin de l’époque aux armes de la Duchesse de Montpensier, Anne-Marie-Louise d’Orléans, dite la « grande demoiselle », fille de Gaston d’Orléans et cousine de Louis XIV. Elle était l’héritière la plus riche de toute l’Europe. « On ne connait généralement la duchesse de Montpensier, la ‘Grande Mademoiselle’, que par le rôle un peu bruyant qu’elle joua dans les événements de la Fronde ; mais à côté de l’héroïne qui rivalisa d’exploits chevaleresques avec Madame de Longueville et la Princesse de Condé, pour s’imposer, les armes à la main, à son cousin Louis XIV, le royal époux de ses rêves, il y a une autre femme, à l’esprit délicat et tendre, éprise de littérature, passionnée pour les belles choses, et dont les livres, heureusement choisis, représentent une des collections les plus remarquables du temps. Anne-Marie-Louise d’Orléans naquit au Louvre en mai 1627. Fille de Gaston d’Orléans et de sa première femme, Marie de Bourbon, duchesse de Montpensier, qui mourut cinq jours après l’avoir mise au monde, elle fut élevée par une gouvernante estimable et pieuse [...] La duchesse de Montpensier était douée d’un esprit brillant. Segrais nous apprend que sa bibliothèque était le rendez-vous des artistes et des poètes et qu’on s’y réunissait à jours fixes [...] La grande Mademoiselle expira le 5 avril 1693, au palais du Luxembourg, âgée de 66 ans[...] Les livres de la duchesse de Montpensier passent rarement dans les ventes publiques et nous n’en connaissons que quelques-uns chez les amateurs [...] Tous sont uniformément revêtus de maroquin rouge... » (E. Quentin-Bauchart). Sur les 79 ouvrages lui ayant appartenu recensés par Quentin-Bauchard, 63 se trouvent aujourd’hui dans des collections publiques. Celui-ci est resté ignoré du bibliographe. Superbe exemplaire dont la reliure, d’une couleur et d’une élégance raffinée, peut être attribuée à l’atelier de Pierre Rocolet, éditeur de l’ouvrage. Il porte sur les titres et à la p. 61 du tome premier le cachet des Orléans. Provenance : Bibliothèques Radziwill (1866, n°1507), Mortimer L. Schiff (II, 1938, n°746) et Sir Abdy (1975, n°79).
Edition originale du livre le plus réputé du Docteur Pierre-Toussaint Navier (1712‑1779), médecin du roi Louis XVI. Paris, Veuve Méquignon et Didot le Jeune, 1777.2 tomes en 2 volumes in-12 de : I/ xxv pp., (1) p. d’errata, 30 pp., 360 pp.; II/ xxi pp., (1) p. d’errata, 389 pp. Plein maroquin rouge, triple filet doré autour des plats, grandes armoiries dorées au centre, dos lisses ornés, coupes décorées, roulette intérieure, tranches dorées sur marbrures. Infime accroc à une coiffe. Reliure de l’époque.168 x 96 mm.
Edition originale du livre le plus réputé du Docteur Pierre-Toussaint Navier (1712‑1779), médecin du roi Louis XVI. « Cet ouvrage, puisé dans la chimie la plus profonde, et le fruit de plus de trente années d’étude, jouit encore d’une estime méritée ; il a été traduit en allemand par C.-E. Weigel, Greifswald ». (C. T-Y).Pierre-Toussaint Navier, né à St-Dizier le 1er novembre 1712, fut reçu docteur en médecine à Reims en 1741. Il choisit Châlons-sur-Marne pour le lieu de sa résidence, et mérita bientôt le titre de correspondant de l’Académie royale des sciences, par un Mémoire contenant la découverte de l’éther nitreux. Depuis ce temps chaque année de sa vie fut marquée par de nouveaux mémoires ou dissertations, que l’on trouve insérés dans les Recueils de l’Académie des sciences, de l’académie de Châlons, et dans la Gazette de médecine. Toujours animé de l’amour du bien public et du désir de contribuer au progrès des sciences et des arts, il entreprit de les fixer parmi ses nouveaux concitoyens, en formant, avec Dupré d’Ornay et d’autres, le projet d’une société littéraire qui commença ses séances en 1753, et qui fut érigée, au mois d’août 1775, en académie des sciences, arts et belles-lettres. Louis xvi lui donna en 1779 une pension. « Lorsque M. Navier fit paroître son ‘Traité des contre-poisons’, il était déjà connu comme chimiste et l'Académie royale des sciences l’avoit inscrit an nombre de ses correspondans. Il avait présenté à cette Compagnie, en 1741 un procédé pour la préparation d’une espèce d’éther jusqu’alors inconnue, qu'il obtint en mêlant et en agitant de l'esprit de vin avec de l'acide nitreux. Cette découverte, qui est consignée dans tous les livres de chimie aurait seule transmis son nom à la postérité, quand même cette science ne lui aurait pas eu d’autres obligations. Un fait nouveau est un pas de plus vers la vérité et cette route, qui conduit à une célébrité durable, étoit la seule qui fût digne des vœux du savant que nous avons perdu. Jamais il n’a fatigué la voix de la renommée, qui fait quelquefois succéder un silence éternel à des faveurs d'un moment. Ce médecin a plutôt éprouvé un sort contraire. Longtemps ignoré, il n'avoit ni rivaux, ni admirateurs. Ses recherches ayant enfin fixé l'attention du public, on accorda, sans prévention comme sans enthousiasme, des applaudissemens à ses travaux ; mais sa réputation ne fut jamais égale à ses talens, parce qu'il s'étoit reposé sur les autres du soin de les faire connoître, et qu'il ne savoit peut‑être pas lui-même ce qu'ils valoient.M. Navier ne s'est pas contenté d'avoir obtenu une nouvelle espèce d'éther. Ayant employé dans cette préparation différentes solutions métalliques nitreuses, il a observé que plusieurs de ces substances lui restoient unies, et il a indiqué celles qui se sont refusées à cette combinaison. Ces expériences ont été jugées très favorablement par l’Académie royale des sciences.Elle a rendu la même justice à deux mémoires du même auteur sur différens moyens de dissoudre le mercure par l’acide végétal et par quelques sels neutres, et sur une nouvelle méthode de le rendre soluble dans l'eau sans le secours d'aucune espèce d'acide, avec des réflexions sur les avantages que la médecine peut retirer de ces préparations.Ayant mis en usage la méthode indiquée par Homberg, et pratiquée par Boërrhaave, pour réduire le mercure en une poudre fine par le seul secours du mouvement longtemps continué ; M. Navier est parvenu à le rendre soluble dans l’acide végétal. Le sel ammoniac et le sel acéteux mercuriel, dont il a publié les procédés, sont surtout très utiles dans la pratique de la médecine. L’un est plus doux que la panacée ; l'autre à moins d’activité que les sels de la même nature préparés avec les acides minéraux. Lorsque M. Navier commença ses belles expériences, leur composition était tenue secrète par les sieurs Keyser et Mollée, qui les vendoient à leur profit. M. Navier en les faisant connoître, rendit un double service ; il dévoila, par la même opération, deux des plus importans mystères de l'empirisme, et il offrit à la médecine deux moyens de guérison qui lui manquoient.La réunion du fer et du mercure a été longtemps l'objet des vœux de plusieurs chimistes. M. Navier l’a obtenue par dix procédés différens, qui se réduisent à mêler ensemble une dissolution de fer et une dissolution de mercure, faites l'une et l'autre par le vinaigre on par l'acide vitriolique. Le précipité salin, composé de ces deux substances métalliques, parait sous la forme d’une neige cristalline brillante, et semblable, quant à l'extérieur, au sel sédatif.Une autre découverte de cet académicien est la dissolution du mercure dans le foie de soufre, que personne n’avoit tentée avant lui, et qui lui a fourni un remède fondant très utile dans le traitement des maladies scrophuleuses et de plusieurs maladies cutanées.Ces expériences, exposées dans l'ouvrage présenté ici même, sont accompagnées d'un grand nombre, de circonstances nouvelles d'observations fines, de détails intéressans, qui annoncent dans leur auteur ce tact et ce coup d'œil que la nature semble ne donner qu'à ceux auxquels elle veut bien révéler quelques-uns de ses secrets. »L’Abbé Rozier, Observations sur la physique sur l’histoire naturelle et sur les arts, 1783, p.15.Précieux exemplaire de l’auteur portant sur chacun des volumes la signature autographe du docteur Navier, offert à la reine Marie-Antoinette et revêtu d’une reliure de luxe en maroquin rouge de l’époque orné de ses grandes armoiries. Ernest Quentin Bauchart nous confirme que la reine Marie-Antoinette possédait, à côté des livres du Petit Trianon, une bibliothèque importante qu’elle avait fait installer au château des Tuilerie.Les livres de la reine, en grande partie reliés par Blaizot sont, pour la plupart, uniformément revêtus de maroquin rouge, aux armes de France et d’Autriche accolées, avec de simples filets sur les plats.Les ouvrages de moindre importance qui garnissaient les armoires du petit Trianon sont restés, en grande partie, à Versailles. Ils sont modestement reliés en veau porphyre, granité de points noirs sur un fond rouge sombre.
Superbe exemplaire relié aux armes de Daniel-Charles Trudaine de Montigny, intendant des finances et directeur des ponts et chaussées. Paris, P.G. Le Mercier, 1752. Grand in-8 de (1) f.bl., (2) ff., 135 pp., (1) f.bl. Relié en plein maroquin rouge de l’époque, triple filet doré encadrant les plats, armoiries frappées or au centre des plats, dos à nerfs ornés de fleurons dorés, filet doré sur les coupes, roulette intérieure dorée, tranches dorées. Reliure de l’époque. 200 x 126 mm.
Edition originale du compte-rendu des délibérations de l’assemblée générale tenue par la compagnie du canal de Provence en avril 1752. « Volume tiré à petit nombre pour les propriétaires de la concession faite par le roi pour la dérivation des eaux de la Durance. Exemplaire aux armes de Trudaine conseiller d’Etat et directeur des ponts et chaussées. » Morgand et Fatout, 10881. Afin d’appuyer son projet de Canal de Provence, l’auteur, Jacques-André Floquet, architecte et ingénieur hydraulique né en Provence, a donné plusieurs ouvrages et devis sur le canal projeté en Provence, depuis 1742 jusqu’en 1752. Ce vaste projet ambitionnait d'alimenter Aix, Marseille et leurs environs, d'eaux déviées de la Durance. « Jean-André Floquet, ingénieur hydraulique, est connu pour avoir fait commencer un canal qui portait les eaux de la Durance dans le territoire de Cadenet, lieu de sa naissance, et surtout pour avoir fait mettre la main à une entreprise de ce genre dans le but de conduire ces mêmes eaux à Marseille, entreprise qui ne fut point continuée, Richelieu ayant refusé de fournir les fonds nécessaires qu’il avait promis ; c’est alors que Floquet s’étant plaint avec trop de vivacité du manque de foi du ministre, celui-ci le fit enfermer à la Bastille où le chagrin avança le jour de sa mort arrivée le 18 décembre 1771. Ainsi furent récompensées les vues utiles de cet ingénieur ; ainsi furent payés le zèle et l’activité qu’il avait déployés en faisant faire des nivellements, en dressant des plans et en formant une compagnie. Les travaux de ce canal d’arrosage, de flottaison et de navigation, qui devait fertiliser et enrichir la Provence, furent commencés en septembre 1752 et interrompus en 1754, Floquet ayant commencé de s’en occuper en 1733, et en ayant acquis le privilège qui jadis avait été accordé à la maison d’Oppède, en 1507, 1619, 1648 et 1677, par Louis XI, Louis XII et Louis XIV. Le point de départ était pris dans le territoire de Jouques, au rocher dit de Canterperdrix, qui avance dans le lit de la Durance, et à travers l’épaisseur duquel l’eau devait arriver dans le canal en question, descendre de là jusqu’au bassin de partage établi dans le territoire de Lambèse, et parcourir une longueur de 65000 toises, de la Durance aux environs de la Visto (près de Marseille) à 7000 toises de la mer, dans laquelle cette branche aurait eu son embouchure, tandis qu’une autre se serait déchargée dans le Rhône près de Tarascon, vis-à-vis de Beaucaire. » C.-F.-H. Barjavel, Dictionnaire historique, biographique et bibliographique du département de Vaucluse, I, pp. 489-490. « Les autres intéressés composaient avec l’auteur de l’entreprise l’ancienne compagnie du canal. C’est avec les secours résultants du prix des associations, & avec ses propres fonds, que le sieur Floquet a, depuis 1733, jusqu’en 1749, fourni aux frais indispensables qui devaient précéder le commencement des travaux, comme ceux de recherches, de reconnoissements, de nivellements, de voyages, &c... A cette dernière époque, la compagnie trouva enfin qu’il était juste que les dépenses préliminaires se firent désormais en commun. Pour y parvenir, elle délibéra sur les mesures qu’elle devait prendre, & qu’elle prit en effet pour remplir cet objet. Il serait inutile d’en faire ici mention ; mais on ne peut se dispenser de faire connaître les moyens qu’elle employa pour se procurer les fonds nécessaires à la construction du canal : moyens qui, comme on le verra, occasionnèrent par la suite la cessation des travaux. Ce que l’on va dire à ce sujet, est d’après les registres de l’ancienne compagnie, & d’une délibération prise dans son assemblée-générale du 18. avril 1752. Cette délibération a été imprimée, ainsi qu’un mémoire sommaire, pour servir d’instruction aux intéressés au canal, mémoire dressé en exécution des délibérations de ladite assemblée-générale. » Abbé Expilly, Dictionnaire géographique, historique et politique des Gaules et de la France, V, p.885. Précieux exemplaire relié en maroquin rouge de l’époque aux armes de Daniel-Charles Trudaine de Montigny (1703-1769). Daniel-Charles Trudaine de Montigny, fils de Charles, prévôt des marchands de Paris, et de Renée-Madeleine de Rambouillet de la Sablière, né à Paris le 3 janvier 1703, devint successivement conseiller au Parlement de cette ville, maitre des requêtes, intendant d’Auvergne, conseiller d’Etat en 1734, intendant des finances en mars 1756 et directeur des ponts et chaussées ; il fut aussi reçu membre de l’Académie des sciences. Il mourut à Paris le 19 janvier 1769. Il avait épousé le 19 février 1727 Marie-Marguerite Chauvin. Olivier, pl. 114. Provenance : des bibliothèques du Comte de Béarn (ex-libris armorié) et André Langlois (avec ex-libris gravé). Le présent exemplaire a également figuré au Bulletin Morgand et Fatout, (n°10881 du Bulletin de Mars 1883).
La plus belle édition ancienne des Chroniques de Froissart, « infiniment supérieure aux éditions précédentes » (Brunet). Somptueux exemplaire relié à l’époque aux très rares armes d’Antoine d’Alsace-Hénin-Liétard, baron de Dieuville. Lyon, Jean de Tournes, 1559-1561. 4 tomes en 4 volumes in-folio de : I/ (10) ff., 462 pp., (17) ff.; II/ (6) ff., 314 pp., (3) ff.; III/ (6) ff., 363 pp., (5) pp.; IV/ (6) ff., 350 pp., (3) ff. Reliés en pleine basane fauve de l’époque, double encadrement de triples filets à froid sur les plats avec fleurons d’angles dorés, armes frappées or au centre dans un médaillon avec les lettres H.A.D. et la date 1565 inscrits dans un semé de petites fleurs dorées, traces d’attaches, dos à nerfs ornés de filets à froid et de fleurons dorés. Quelques épidermures. Reliures de l’époque. 330 x 208 mm.
La plus belle édition ancienne des Chroniques de Froissart, « infiniment supérieure aux éditions précédentes ». (Brunet, II, 1405-1406). « Cette édition, devenue peu commune, est très belle, et, malgré le jugement désavantageux qu’en a porté Jean Le Laboureur (Mémoires de Castelneau, I, p. 677), elle mérite d’être recherchée ; car, selon Sainte-Palaye, juge irrécusable en pareille matière, Sauvage, avec le peu de secours qu’il a pu se procurer alors, a fait, pour améliorer le texte de Froissart, tout ce qui était en son pouvoir ; et si son édition est encore très imparfaite, elle n’a point de défauts qui ne lui soient communs avec les éditions précédentes auxquelles elle est du reste infiniment supérieure (Mém. de l’Acad. des inscriptions et belles-lettres, XIII, p. 568 et suiv.) » (Brunet). Cette édition, dédicacée au connétable Anne de Montmorency, est la première donnée par Denis Sauvage et la première édition critique du texte de Froissart qui assura à l’auteur une grande popularité. Les « Chroniques de France, d’Angleterre et des païs voisins » sont le récit des guerres qui se sont déroulées depuis l’avènement d’Edouard III (1327) jusqu’à la mort de son petit-fils et successeur Richard II (1399-1400). Les Chroniques restent une des sources narratives capitales pour l’histoire de l’Europe occidentale au XIVe siècle comme pour celle de la guerre de cent ans. Le troisième Livre est le plus brillant de tous ; il relate les événements depuis la paix de Tournai en 1385 jusqu’aux préparatifs de l’entrée d’Isabeau de Bavière à Paris en 1389, cérémonie à laquelle Froissart assista. Une partie importante du volume est consacrée au voyage que fit l’auteur en Béarn à la cour de Gaston Phébus en 1388, pour mieux comprendre ce qui s’était passé dans le sud-ouest de la France, après la défaite de Poitiers. Superbe exemplaire relié à l’époque aux armes d’Antoine d’Alsace-Hénin-Liétard, baron de Dieuville, mort grand-bailli de la Morée (Loir-et-Cher), vers la fin du XVIe siècle, provenance des plus rares selon Guigard. « Les lettres A.H.D. représentent ses initiales. Le millésime de 1565 est, bien certainement, la date de la reliure. Du reste, marque des plus rares. » (Guigard, Armorial du Bibliophile, II, p. 10).
Paris, Janet et Cotelle, 1823.In-8 de (2) ff., xxxiii pp., (1), 446, (1) f.bl., 1 figure hors texte. Maroquin rouge à grain long, décor doré, mosaïqué et estampé à froid, grande plaque rectangulaire au centre, encadrement de filets et roulettes, dos lisse richement orné, tranches dorées. Boite-étui en toile confectionnée pour le Major Abbey. Reliure signée de Vogel. Dimensions de la reliure: 237 x 155 mm.
Élégante édition de Didot ornée d'une figure en frontispice, gravée par Barthélémy Roger d'après Desenne. Vicaire, Manuel de l’amateur, I, 1132; Brunet, II, 1735. Exemplaire en grand papier vélin d’Annonay, avec la gravure avant la lettre. «Publié à 6fr.50 sur pap. fin des Vosges satiné; à 7 fr.50 sur pap. fin d’Annonay satiné; à 21 fr. sur grand pap. vélin d’Annonay satiné, fig. avant la lettre...» (Vicaire). Exceptionnelle reliure à plaque romantique mosaïquée de Vogel, ornée de motifs dérivés du vocabulaire néo-gothique (rosaces, arcs, feuillages,...). Cet artiste, d'origine étrangère, exerça à Paris de 1814 à 1851 environ ; il fournit des reliures aux bibliothèques impériales et à quelques bibliophiles. Ses reliures offrent une grande variété de décors, mais « c'est surtout dans l'utilisation de la mosaïque que Vogel fait preuve de maîtrise, de technique et invention décorative » (Paul Culot, Relieurs et reliures décorées en France à l'époque romantique, 1995). En 1833, « M. Vogel, relieur, âgé de 40 ans [...] fut frappé de paraplégie avec perte totale de la sensibilité », puis en partie guéri grâce aux soins du docteur de la faculté de Paris, Théodore Junod. Reliure remarquable par la délicatesse de ses décors et la luminosité des couleurs rouge, verte et aubergine, qui contrastent avec les multiples motifs dorés. Provenance: Major John Roland Abbey (ex libris; Sotheby’s Londres, III, 1967, n°1880).
Fort rare édition imprimée en grec à Francfort vers l’année 1540. Francfort, s.n., [1540]. In-8 (157 x 96 mm) de (28) ff., 349 ff. dont le premier blanc, (3) ff. Veau fauve, triple filet à froid encadrant les plats, fer doré représentant un aigle bicéphale au centre, fleurons d’angle, dos à nerfs, pièce de titre manuscrite sur vélin, titre à l’encre sur la tranche. Reliure parisienne de l’époque. 163 x 100 mm.
Fort rare édition imprimée en grec à Francfort vers l’année 1540. L’aisance de son père, qui possédait une fabrique de flûtes permit à Isocrate de recevoir une éducation soignée. Il eut ainsi comme maître Gorgias et probablement Teisias, Théramène et Prodicos de Téos, sophistes et rhéteurs renommés. Grâce à son étonnante longévité, Isocrate partagea l’histoire de sa ville durant un siècle, de l’époque de l’hégémonie sous Périclès jusqu’au début du déclin politique et économique qui accompagna la guerre du Péloponnèse. Puis il assista aux vains efforts d’Athènes pour regagner son pouvoir grâce à la Deuxième Confédération et, finalement, à la perte de son autonomie sous Philippe II de Macédoine. Initiateur du panhellénisme, Isocrate vit en la personne de Philippe l’incarnation de cette idée, et il se laissa mourir, selon une tradition, le lendemain de la bataille de Chéronée, lorsque Philippe détruisit l’image de cet idéal pacifique. Ses pensées politiques s’expriment, au cours des années 380 d’abord, dans son chef‑d’œuvre, le Panégyrique, un appel à la coopération entre Sparte et Athènes, sous l’hégémonie de celle-ci, au sein d’un programme panhellénique pour résister au roi de Perse. Ainsi Isocrate lance et développe l’idée de l’unité politique et culturelle des Grecs. Trois discours marquent sa distance par rapport à la démocratie radicale d’Athènes : dans A Nicoclès, roi de Salamine de Chypre, il expose les devoirs d’un monarque, devoirs qu’il croit remplis par le père de Nicoclès Evagoras, dont il fait l’éloge dans le discours homonyme en y inaugurant un genre littéraire nouveau, l’ « enkomion », l’éloge en prose ; dans Nicolclès, il expose les devoirs des citoyens ; dans Bousiris, un autre « enkomion », il se réfère au roi égyptien mythique qui portait ce nom. Dans ses discours, l’attachement d’Isocrate à un idéal monarchique apparaît toujours plus clairement. Voyant ses idées panhelléniques menacées par la montée de Thèves, alliée des démocrates athéniens, il l’attaque dans le Plataïque, puis dans Archidamos, il soutient la Sparte oligarchique. Au milieu des années 350, il prend position sur la politique intérieure de sa cité avec l’Aréopagitique et le discours Sur la paix : il s’oppose à la démocratie radicale et propose un renforcement du pouvoir de l’Aréopage, instance aristocratique et conservatrice composée d’anciens magistrats. Enfin, dans Philippe, il revient l’idée du panhellénisme avec, cette fois, Philippe de Macédoine comme unificateur de la Grèce ; il s’oppose ainsi à la politique étroitement patriotique de Démosthène et sert la propagande du parti promacédonien. Une des célèbres reliures parisiennes de la Renaissance réalisée pour Marcus Fugger (1529-1597). Élégant exemplaire relié à Paris pour Marcus Fugger (1529-1597). Issu d’une des plus riches familles européennes, Marcus Fugger, fils d’Anton Fugger, banquier attitré de Charles Quint, « fut lui-même banquier de la ville d’Augsbourg et conseiller de Rodolphe II. Son goût pour les livres et les splendides reliures à décor en a fait le rival de Mahieu, de Grolier et de Battista Grimaldi. Quant aux reliures de sa bibliothèque, elles sont en veau fauve glacé, d’une exécution parfaite : dos à nerfs, et sobre décor sur les plats, rehaussés de fleurons d’angles, et d’un fer central caractéristique. Une partie de la collection passée dans la famille des princes d’Öttingen-Wallerstein, fut dispersé en vente publique à Munich dans les années 1930 (Catalogue IV, Munich, 1935, n° 185). Les exemplaires arborent en guise d’ex-libris, tantôt ses initiales, tantôt, comme c’est le cas ici, sa signature autographe au contreplat. En l’espèce, il s’agit de l’ « association exceptionnelle d’un texte majeur de l’histoire européenne et de l’une des provenances les plus enviables de la Renaissance. » L’exemplaire jumeau - Venise, Valgrisi 1545 - relié pour Giovanni Battista Grimaldi fut vendu 750 000 FF (115 000 €) le 3 mai 1987 il y a 34 ans (Réf : Livres Précieux, n° 37). Provenance : Marcus Fugger (1529-1597, vente du 11 mai 1934, lot 251, avec son nom complet calligraphié à l’encre brune au contre plat) - bibliothèque Detting-Wallerstein (cachet humide au premier titre).
L’édition corrigée et amendée de ce projet de réforme de la législation française par Lamoignon. Précieux exemplaire relié à l’époque aux armes du chancelier René-Nicolas-Charles de Maupéou, l’arrière-arrière petit-fils de l’auteur. Nancy, J.B. Hiacinthe Leclerc et Paris, Merlin, 1768. In-8 de (1) f.bl., (4) ff., 432 pp., (1) f.bl. Corrections manuscrites dans le texte. Relié en plein maroquin rouge de l’époque, triple filet doré encadrant les plats avec fleurons d’angles, armes frappées or au centre des plats, dos à nerfs orné de fleurons dorés, pièce de titre de maroquin havane, filet doré sur les coupes, roulette dorée intérieure, tranches dorées. Reliure de l’époque. 197 x 123 mm.
Très rare seconde édition, corrigée et amendée, du ‘Recueil des arrêtés de Monsieur le premier président de Lamoignon’. Quérard, La France littéraire, IV, p. 500 (qui cite les éditions de 1702 et 1783 mais qui ne semble pas avoir connaissance de la présente édition). Une première édition fautive avait paru en 1702 « sur l'original écrit de la main de M. de Fourcroy, Secrétaire de ces conférences. Cette première édition de 1702 est remplie de fautes d’impression qui altèrent la substance & le sens des matières & des arrêtés » (Avis). Guillaume de Lamoignon (1617-1677) était le premier président du parlement de Paris et l’un des membres les plus illustres de l’ancienne magistrature française. Il ébauche dans le présent recueil un vaste plan qu'il avait conçu pour la réforme de la législation française. « Le projet de ce grand Magistrat était de rassembler sous différents titres les règles de la jurisprudence française, d'en rendre les décisions uniformes en en adoptant les plus sages, & de les rédiger en forme d'articles pour servir de loi générale dans le royaume » (Avis). « Le but de M. le Premier Président de Lamoignon fut surtout d’établir dans cet ouvrage l’uniformité des maximes qui doivent conduire à la décision des questions controversées, & de prévenir, par ce moyen, les contradictions que présentent souvent les Arrêts de deux Parlements différents […] Il avait toujours applaudi à la sage politique d’un de nos Rois, qui aurait voulu qu’il n’y eût, en France, qu’une coutume, qu’un poids, qu’une mesure, & que toutes les Loix fussent mises en Français. M. le Président de Lamoignon a toujours voulu qu’on puisse réaliser cette idée si simple et si noble. Persuadé que cette conformité serait aussi utile au Public qu’aux Juges, il conçut le projet de cet important ouvrage ; il fit assembler chez lui douze avocats, pour avoir leurs sentiments sur les articles convenus. Ces articles et les avis des Avocats furent ensuite examinés dans des Assemblées, où se trouvaient deux Députés de chaque Chambre du Parlement. On ne s’en tint pas là ; on chercha de nouveaux moyens pour exécuter et perfectionner ce plan. MM. Auzanet et Fourcroy, ces Jurisconsultes si célèbres, furent chargés de fournir des Mémoires, & de mettre les matières en ordre. Ce travail fut soumis à l’examen & à la décision de M. le Premier Président de Lamoignon, qui concluait et arrêtait lui-même les articles. C’est à cette rédaction, ainsi dirigée par ce savant Magistrat, que le Public est redevable de l’Ouvrage dont nous annonçons une nouvelle édition […] Nous en avons assez dit pour fixer les idées qu’on doit se former d’un Ouvrage qui parait avec une célébrité acquise, célébrité confirmée par les jugements de ce qu’il y a de plus recommandable dans la Magistrature & dans le Barreau. » (Gazette des tribunaux, III, 1777, pp. 74-76) Précieux exemplaire relié en maroquin rouge de l’époque pour le chancelier René-Nicolas-Charles de Maupeou (1714-1792), l’arrière-arrière petit-fils de l’auteur de l’ouvrage. « Fils de René-Charles, premier président au Parlement de Paris, puis garde des sceaux de France, et d’Anne-Victoire de Lamoignon, il est conseiller au Parlement de Paris en août 1733, conseiller du Roi au Conseil d’Etat, et devient président à mortier en survivance de son père le 1er avril 1737 et en fonctions le 12 novembre 1743, puis premier président du Parlement le 12 octobre 1763. Il fut nommé chancelier et garde des sceaux de France le 16 septembre 1768, sur la démission de son père. Il livra une guerre acharnée aux Parlements dans les années 1770-1775. Il exila le Parlement de Paris qui prétendait contrôler le pouvoir royal en 1771 et le remplaça par un nouveau Parlement assisté de six conseils supérieurs malgré les protestations des autres parlements, des cours de justice et de l’opinion publique ; il réformait en même temps l’exercice de la justice, et supprimait la vénalité des charges ; après une lutte de plusieurs mois il finit par triompher de la résistance des Parlements, mais la mort de Louis XV ruina son œuvre et sa fortune. Louis XVI lui reprit les sceaux le 24 avril 1774 et rétablit les anciens Parlements. Maupéou fut le dernier chancelier de France. » (Olivier, Pl. 2243). La mère du chancelier René-Nicolas-Charles de Maupéou (1714-1792), qui fit relier le présent volume à ses armes, était en fait l’arrière petite-fille de Guillaume de Lamoignon, l’auteur de ce recueil d’Arrêtés. Provenance : René Nicolas Charles de Maupéou et Docteur L. Ribadeau Dumas avec ex libris. Localisation des exemplaires au nombre de 4 seulement : Bibliothèques de Metz, Caen, Nancy et B.n.F.
La première critique gastronomique adressée aux anglais par un français. « Des plaisirs de la table chez les anglais… ». L’exemplaire finement relié pour Madame de Pompadour, la protectrice de l’auteur. Amsterdam (Paris) 1751. 3 tomes en 3 volumes in-12 de : I/ (1) f.bl., (2) ff., lvi pp. de préface, 346 pp., (1) f. de fautes à corriger, (1) f.bl. ; II/ (1) f.bl., (2) ff., 380 pp. (1) f.bl. ; III/ (1) f.bl., (2) ff., 412 pp. (1) f.bl. Reliés en plein maroquin rouge de l’époque, large roulette richement dorée encadrant les plats, armes frappées or au centre, dos lisses ornés de fleurons dorés, pièces de titre et de tomaison de maroquin havane, filet doré sur les coupes, roulettes intérieures dorées, tranches dorées. Reliures de l’époque. 165 x 96 mm.
Troisième édition française, augmentée d’une longue préface de l’auteur, de l’un des principaux traites compares de politique économique entre la France et l’Angleterre au milieu du XVIIIe siècle et du premier essai de gastronomie comparée. Cioranescu, II, 37992 ; Quérard, La France littéraire, V, 15. Les Lettres de Le Blanc écrites d’Angleterre à Helvetius, Buffon, Crébillon, Montesquieu, maupertuis … sont une très intéressante peinture des mœurs anglaises du XVIIIe siècle. Cet « ouvrage fort estime parmi les gens de lettres » qui avait été publié pour la première fois à Paris en 1745 fut rapidement traduit puis critiqué par les anglais (édition de Londres, 1747). La présente édition est recherchée en raison de la longue préface de 56 pages ajoutée par l’auteur au début du volume dans laquelle il analyse les diverses critiques de son livre données par les anglais. Ces lettres adressées aux grands esprits français de l’époque offrent une intéressante comparaison des gouvernements, des politiques et des mœurs anglais et français. L’auteur y aborde des thèmes aussi divers que la littérature, le théâtre, les jardins, la gastronomie ou encore les goûts des deux peuples décrits. L’une des lettres les plus célèbres est la Lettre XLII « A Monsieur le Marquis du Tenail » intitulée « Des plaisirs de la Table chez les Anglais, de leurs Tostes »… Cette lettre est en effet la première critique gastronomique adressée par un auteur français aux coutumes culinaires anglaises. Dans le tome 2, Le Blanc édite une partie de la traduction de la tragédie d’Oroonoko qui met en scène les rapports entre les colons anglais et les noirs esclaves de la Guyane anglaise. « Jean-Bernard Le blanc (1707-1781) embrassa l’état ecclésiastique et débuta dans la carrière des lettres par un ‘Poème sur les gens de lettres de Bourgogne’. Il vint ensuite à Paris, s’y fit des protecteurs, et publia des ‘Elégies, avec un discours sur ce genre de poésie’ (Paris, 1751). L’abbé Le blanc voyagea en Angleterre et publia à son retour : ‘Lettres d’un Français sur les Anglais’ (Paris, 1745, 3 vol. in-12). Cet ouvrage, réimprimé en 1749, 1751 et 1758 contribua principalement à la réputation de l’auteur […]. Quoiqu’il fût membre des académies della Crusca et des Arcades de Rome, de l’institut de Bologne et honoraire de la Société des sciences et des arts de Dijon, l’abbé Le blanc sollicita trente ans, sans pouvoir l’obtenir et sans se rebuter, une place à l’académie française. Pour l’en dédommager, Mme de Pompadour fit rétablir en sa faveur la place d’historiographe des bâtiments du Roi, supprimée par le contrôleur-général Orry. Il en jouit jusqu’a sa mort, en 1781. » (Biographie Universelle, pp. 483-484). « L’ouvrage qui a le plus contribué à sa réputation, est celui de ses ‘Lettres sur les anglais’, 1758, 3 vol. in-12. On y trouve des choses bien vues, des jugemens sains, des pensées judicieuses » (Les siècles littéraires de la France, p. 265). Précieux exemplaire finement relié à l’époque en maroquin rouge aux armes de Madame de Pompadour (1721-1764). Cette provenance confère un intérêt particulier à cet exemplaire puisque l’on sait que Madame de Pompadour était la protectrice de l’Abbé Le Blanc et que c’est elle qui fit rétablir en sa faveur la place d’historiographe des bâtiments du Roi qu’il occupa jusqu’à sa mort. Provenance : la Marquise de Pompadour (relié à ses armes) et Institutionis DD. Bernard et Auger avec ex libris.
Superbe exemplaire dans une spectaculaire reliure de l'époque aux armes et chiffres du Duc et de la Duchesse de Montausier, la célèbre Julie d’Angennes de «La Guirlande de Julie». Paris, Frederic Leonard, 1686. In-4 de (1) f.bl., (4) ff., 687 pp., xlviii pp. (Liste des temples de la religion P.R. Abbatus depuis le règne de Louis le Grand). Suivi de: - Recueil de ce qui s’est fait en France de plus considerable, contre les protestans, depuis la revocation de l’Edit de Nantes. Avec une préface, pour justifier la conduite qu’on a tenue dans ce Royaume, pour porter les Pretendus Reformes à se réunir à l’Eglise. Paris, Frederic Leonard, 1686. (1) f., xcvi pp., puis 47 pp. pour la 4e partie. Maroquin rouge, double encadrement de triple filets dorés à la Duseuil avec fleurons et chiffres dorés aux angles, grandes armes dorées au centre des plats, dos à nerfs richement orné, roulette dorée sur les coupes, tranches dorée, très lég. débuts de fente aux mors, lég. taches sombres au plat sup. Reliure armoriée de l'époque. 253 x 182 mm.
Edition originale de cet important ouvrage sur les conséquences de la Révocation de l'Édit de Nantes envers les protestants. Exemplaire dans lequel on a relié les Ordonnances contre les nouveaux catholiques qui refuseront les sacremens. «On trouve dans cet ouvrage intéressant, page 325 et suiv., un ‘Catalogue des livres condamnés par l’Archev. de Paris’.» (Jacob, Catalogue des livres anciens rares et curieux, 1445) Jacques Lefèvre, controversiste français, né à Lisieux au milieu du dix-septième siècle, mort à Paris le 1er juillet 1716. Ayant embrassé l’état ecclésiastique, il devint archidiacre de sa ville natale, et grand vicaire de l’archevêque de Bourges. Reçu docteur en Sorbonne en 1674, une vive polémique, qu’il soutint la même année contre le père Maimbourg, lui valut une détention à la Bastille, ce qui l’a fait appeler Lefèvre de la Bastille. Il mourut à Paris le 1er juillet 1716. Superbe exemplaire de ce rare ouvrage dans une spectaculaire reliure de l'époque à la prestigieuse, rare et intéressante provenance : aux armes et chiffres C (Charles) et I (Julie) du Duc et de la Duchesse de Montausier. Charles de Sainte-Maure de Montausier (1610-1690), gouverneur du Grand Dauphin (à partir de 1668), élevé dans la religion réformée (qu'il abjura en 1645), s'illustra pour ses faits d'armes (maréchal de camp des armées du roi puis gouverneur de la Haute-Alsace, Saintonge et d’Angoumois à 27 ans) et sa passion pour la précieuse Julie d'Angennes (1607-1671). Fille aînée du Marquis de Rambouillet et de Catherine de Vivonnes, l'"Incomparable Julie", célébrée pour son esprit, sa beauté et sa générosité, fit languir son soupirant pendant 14 ans avant de lui accorder sa main en 1645. Ce dernier avait conçu un recueil de seize madrigaux à la gloire de son aimée "La Guirlande de Julie" rédigés par certains des plus importants auteurs de l'époque (G. de Scudéry, Tallemant des Réaux, Conrart, probablement Corneille, etc.), qui fréquentaient également l'hôtel de Rambouillet. Le superbe manuscrit, calligraphié sur vélin par Nicolas Jarry, orné de fleurs peintes par Nicolas Robert, et relié en maroquin rouge par Le Gascon, est actuellement conservé au département des manuscrits de la Bibliothèque nationale de France. Devenue gouvernante de la Grande Dauphine puis Dame d'honneur de la Reine Marie-Thérèse, elle œuvra en faveur des amours de Louis XIV avec Mademoiselle de La Vallière et avec Madame de Montespan et dut quitter la cour à la disgrâce de cette dernière en 1669. Le Baron de Montausier aurait servi de modèle à Molière pour Le Misanthrope. Les volumes frappés de ce fer et accompagnés du chiffre "CCII" peuvent être attribués tant à la duchesse de Montausier qu'à son mari, Charles de Sainte-Maure. (O.H.R. 451 fers 1 et 3.)
L’exemplaire de la duchesse de Berry, sa veuve, conservé dans sa première reliure de deuil armoriée. Lyon, Savy, Lions, 1820. In-12. Xii pp., 348 pp., qq. rousseurs. Maroquin noir à long grain, double encadrement de roulette à froid sur les plats, armoiries à froid au centre, fleurs de lys aux angles, dos à nerfs orné, tranches dorées, doublures et gardes de tabis crème. Reliure de deuil de l’époque signée de Simier, relieur du roi. 168 x 95 mm.
Édition originale rarissime. L’exemplaire même de l’auteur offert à la Duchesse de Berry, enrichi de l’envoi autographe de J.Lions: «Madame, Vivement touché des malheurs dont votre A. R. a été frappée, j’ai voulu aussi élever ma faible voix pour exprimer la douleur commune…». Le 13 février 1820, le duc de Berry s'écroule sur les marches de l'Opéra, rue Richelieu, à Paris. Il vient d'être frappé d'un coup de couteau par un ouvrier, Louis Louvel. La victime est le neveu du vieux roi Louis XVIII et la seule personne susceptible de donner un héritier à la famille royale. L'assassin est un républicain fanatique qui a voulu éteindre par son geste la dynastie des Bourbons. Son crime suscite une émotion immense. Les ultra-royalistes accusent de laxisme le chef du gouvernement Decazes. « Le pied lui a glissé dans le sang », écrit l'illustre Chateaubriand. Pourtant, très bientôt l'espoir renaît chez les Bourbons. On apprend que l'épouse du duc de Berry est enceinte ! Le 29 septembre, elle donne le jour à un fils posthume, Henri. Les poètes Alphonse de Lamartine et Victor Hugo joignent leur jeune talent aux réjouissances qui accompagnent la naissance de cet « enfant du miracle». Une souscription publique est organisée pour lui offrir le domaine de Chambord. D’où le titre de comte de Chambord qui sera désormais le sien. « Le duc de Berry, deuxième fils du comte d'Artois (1778-1820) suivit son père dans l’émigration. En 1814, il revint en France à la suite des alliés. Lorsque Napoléon revint de l'île d'Elbe, le duc de Berry fut nommé chef de l'armée qu'on voulait réunir devant Paris et qui se réduisit à un nombre imperceptible de fidèles. Après la seconde restauration le duc de Berry fut tenu à l'écart du pouvoir par Louis XVIII, et il épousa, en 1816 la princesse Caroline de Naples, sœur de la reine Christine, reine d'Espagne Le 13 février 1820, à la sortie de l'Opéra, il fut assassiné par Louvel. Sept mois après sa mort sa femme accoucha d'un fils, le Duc de Bordeaux. » En 1832 la duchesse de Berry, humiliée et meurtrie par l'exil, après la Révolution de juillet, résolut de tenter une restauration par les armes. Cette tentative devait se révéler vaine et désastreuse, le parti royaliste ayant été abattu d'un seul coup. Précieux exemplaire imprimé sur papier fin de Hollande conservé dans sa première reliure de deuil en maroquin noir de Simier aux armes de la Duchesse de Berry.
Précieux exemplaire relié aux armes et au chiffre de Henri-Jacques-Nompar de Caumont. Paris, Guillaume Le Noir, 1587. [A la suite :] Paris, Guillaume Le Noir, 1586. In-4 de : I/ (1) f.bl., (4) ff. pour le titre, l’épitre et la table, 128 ff. ; II/ (8) ff. pour le titre ; l’avant-propos et la table, 40 ff., (1) f.bl. Restauration à l’angle inférieur droit du premier feuillet. Relié en plein veau marbré de la fin du XVIIe siècle, armes dorées frappées au centre des plats, dos à nerfs orné d’un chiffre couronné répété dans les caissons, pièce de titre en maroquin rouge, coupes décorées, tranches mouchetées. 225 x 150 mm.
I/ Intéressante étude généalogique menée au XVIe siècle par l’historien grec Étienne de Chypre sur les origines de sa famille. Brunet, III, 1239. Etienne de Lusignan, qui ne cache pas son mépris pour les légendes relatives à l’origine de sa famille, propose d’en trouver la source bien avant Mélusine, qu’il ne situe qu’à la onzième génération. « Le mot « généalogiste » apparaît dans la langue française au milieu du XVIIe et pas moins de 130 généalogies, légendaires et historiques ont été publiées, selon Lenglet de Fresnoy, durant la première modernité en France… La noblesse apprécie ces généalogies qui entretiennent le culte de la lignée, au même titre que l’héraldique. Cet usage massif mais ambivalent de la recherche des ancêtres a conduit les historiens à en rechercher la signification. On a longtemps vu dans cet engouement généalogique une crise de la noblesse, matérielle et identitaire, aujourd’hui fort contestée. Concurrencée par la montée des officiers, discréditée lors des guerres de religion, incapable enfin d’apparaître comme détentrice de la vertu, la grande noblesse opérerait avec le concours de la monarchie un blocage social en se repliant sur son sang… Comme le souligne le dominicain Étienne de Chypre, la fonction de ces généalogies pour les familles est de ‘se montrer presque avoir été de toute éternité’. » (J.-M. Le Gall, Vieux saint et grande noblesse à l’époque moderne : Saint-Denis, les Montmorency et les Guise, Revue d’histoire moderne et contemporaine). Les Lusignan étaient une dynastie féodale du Poitou, peut-être apparentée à celle des Lusignan de l'Agenais, rendue célèbre par la légende de Mélusine. On en connaît mal l'origine, et la suite n'en est sûre qu'à dater du Xe siècle (vers 967). On cite : Hugues IV, dit le Brun (jusque vers 1030); Hugues V, tué traîtreusement en 1080; Hugues VI, dit le Diable, qui prend part à la première croisade Hugues VII, qui suit Louis VII en Orient; enfin Hugues VIII, duquel descendent, d'une part, les comtes de la Marche et d'Angoulême; d'autre part, les rois de Chypre et de Jérusalem et, par ces derniers, les Lusignan de la Petite-Arménie. L’épitre dédicatoire du présent ouvrage est adressée à François de Luxembourg, Duc de Piney. Le premier texte est illustré au verso de la table d’un beau bois gravé à pleine page représentant Mélusine portant les blasons des Lusignan rois de Jérusalem, Chypre et Arménie et des Luxembourg empereurs rois de Bohême et Hongrie. « Le chapitre XXVIII traite « Du nom de Lusignan ». Le père de Lusignan a rencontré le défunt Postel qui lui a proposé du nom de sa famille une étymologie qu’il considère d’un œil critique. ‘Le divisant en ces deux mots Lusi gnan : et que Lusi signifiait dessus, et gnan, amandier, comme si eusté à dire ‘dessus l’amandier’ ; et pour ce que l’amandier est communément haut de nature, et le premier des arbres qui porte fleur, et ce qui est par-dessus, a ceste occasion se peut dire avoir la domination sur les choses les plus hautes, ainsi il disait que ce mot Lusignan signifiait superintendant et quasi supérieur à toutes choses’. Aux objections du Père de Lusignan qu’il n’y eût jamais de Juifs autrefois en Poitou, Postel répond que les Juifs furent très tôt dispersés et que les Poictevin, Goths, Vandales, Huns, … sont sortis des Scythes septentrionaux, issus des dix tribus d’Israel. » (Gaignebet, A plus hault sens, p. 456).II/ Rare édition originale du second texte, dans lequel Lusignan énumère les divers prétendants au titre, à la couronne et à la possession du royaume de Jérusalem. « Etienne de Lusignan est un historien grec né en 1537 à Nicosie (île de Chypre), mort en 1590. Il entra dans l’ordre de Saint-Dominique, et changea alors son nom de baptême Jacques contre celui d’Etienne. En 1570 il vint à Rome, et l’île de Chypre ayant été envahie par les Turcs l’année suivante, il séjourna quelque temps à Naples, d’où il vint en 1577 à Paris. Il demeura dix ans dans cette ville. Le 27 avril 1578 le pape Sixte-Quint le fit évêque titulaire de Limisso. » (Biographie générale, 31, 278). Précieux exemplaire relié aux armes et au chiffre de Henri-Jacques-Nompar de Caumont, duc de la Force, pair de France, né le 5 mars 1675, mort le 22 juillet 1726. « Il fut enlevé à ses parents qui étaient protestants pour être élevé au collège des Jésuites ; il devint même un fougueux persécuteur des réformés en Saintonge et en Guyenne, lorsqu’il eut été nommé colonel d’un régiment ; à la mort de son père, survenue en 1699, le duc de Caumont hérita du titre de duc de la Force et de la dignité de pair de France ; reçu membre de l’Académie française le 18 janvier 1715, nommé vice-président du conseil des finances en 1716, puis membre du conseil des régences, il favorisa l’adoption du système de Law. Il mourut le 21 juillet 1726. Il avait épousé Anne-Marie de Beuzelin de Bosmelet le 18 juin 1698, dont il n’eut pas d’enfant ». (Olivier, planche 1726 ; Guigard, Armorial du Bibliophile, 120-121).