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Un recueil témoignant de l’imagination créative de l’artiste, inventeur de talent du néo-classicisme et dont l’influence dans l’art décoratif serait de première importance à la veille de la Révolution. 6 dessins ou aquarelles de format in-folio, sous maries-louises bleues, regroupés dans une boite-étui en demi-maroquin rouge signée Devauchelle. -Projet de fauteuil en cabriolet vu de trois quarts. Aquarelle, plume et encore noire. 245 x 320 mm. Signé en bas à gauche à la plume « J.D. Dugourc. Inv. Del. Paris », vers 1790. Fauteuil en cabriolet au dossier ovale décoré d’une lionne dans un semis de fleurs. Les accotoirs, dégagés du dossier, sont recouverts d’un motif de palmette, comme le coussin. -Projet de fauteuil de profil et de chaise de face. Plume et encre noire sur papier calque collé sur le support en deux morceaux. 197 x 330 mm. Titre « Fauteuil et chaise pour salle à manger », vers 1790. La chaise décorée d’une lionne est assortie au fauteuil et reprend les mêmes motifs. -Projet de feu à griffons. Pierre noire. Titre « Idées de Bronzes ». 190 x 255 mm. Le feu est orné de deux griffons médaillés, séparés par un autel de feu. Sur l’autel, les initiales des prénoms du Comte de Provence, à qui ces feux étaient destinés. -Projet de girandole à cinq branches. Plume et encre noire sur papier calque collé sur le support. Titre « 24, girandolle ». 225 x 145 mm. Girandole à cinq branches portées par deux grotesques dont le corps terminé en volute est posé sur un socle aux pieds en sabre. Ces figures sont reliées entre elles par des pendeloques de cristal. -Projet de lit à la duchesse. Plume et encre noire, rehaussée de lavis brun et de gouache blanche sur papier calque collé sur le support. Titre « Lit à la duchesse ». 510 x 308 mm. Couronnement décoré de plumets et de petits amours. -Projet de trône. Plume, encre noire et lavis gris. Un aigle, ailes étendues figure au-dessus de l’impériale, un brin de laurier au bec et le pied sur la foudre. Deux pans de rideaux retenus par des trophées tombent de chaque côté du trône aux piétements en forme de sabres courbes entrecroisés ; deux hérons buvant dans une coupe décorent le dossier du trône.
Recueil de dessins et aquarelles de projets de mobilier et ornements réalisés par Jean-Démosthène Dugourc, l’un des créateurs du néo-classicisme. Un document passionnant publié par M. Anatole de Montaiglon dans « Nouvelles Archives de l’Art français » (1877, p. 367 à 371) nous révèle la biographie de ce célèbre ornemaniste adulé par les Grands sous Louis XVI. « Dugourc est né à Versailles, en 1749, d'un père qui, depuis plus de vingt ans, était contrôleur ordinaire de la Maison de Mr le Duc d’Orléans, premier prince de sang, et jouissait de beaucoup d'aisance. Il montra dès son enfance des dispositions peu communes. A huit ans il dessinait d’après nature des académies; à dix ans il savoit la géométrie, l’architecture et perspective ; à douze, il commençait sa rhétorique au Collège de Jully, le plus célèbre de ceux des Oratoriens, lorsqu’il fut placé près du duc de Chartres pour partager ses études et ses récréations. Là il apprit la physique de l’abbé Nolet et de Brisson, l’histoire naturelle d’Aubenton, la langue française de Chateaubrun et Foncemagne, tous deux de l’Académie Française, l’histoire et l’éloquence du savant auteur du ‘Jeune Anacharsis’, l’abbé Barthélemy. Avec de tels secours il devint à quinze ans un homme que le Comte de Cani, nommé Ambassadeur extraordinaire à Rome, demanda à son père pour l’y accompagner ; mais à peine y étoit il arrivé que la mort de sa mère le força de retourner en France, ayant seulement entrevu cette ville fameuse et vu quelques moments le célèbre Winckelmann, dont l’enthousiasme lui inspira le goût de l’Antiquité, dont il s’est depuis occupé sans cesse. Revenu dans sa patrie, la fortune de son père s’évanouit par la perte d’un long procès, et, d’amateur qu’il étoit, Dugourc devint artiste. Alors la peinture, la sculpture et la gravure devinrent ses délices pendant quelques années jusqu’à ce que M. de Gribeauval, Inspecteur général de l’Artillerie, l’associât à ses travaux militaires dans son Gouvernement de Valenciennes, servant dans le corps Royal du Génie. Dugourc ne put suivre longtemps cette carrière ; les instances de son père le rengagèrent dans celle des arts. L’Antiquité devint alors le but de toutes ses recherches et, dans un ouvrage publié en 1779, il posa les premiers fondements de la réforme totale des costumes théâtraux. Dans le cours des neuf ou dix années qui précédèrent la Révolution, le premier il donna l’exemple d’employer les genres Arabesque et Etrusque, non seulement dans les décorations d’architecture, mais encore pour les dessins exécutés à Lyon par Pernon, ainsi que tous les bronzes et les bijoux présentés en cette Cour par feu Godon ont été inventés et dirigés par lui. Il peut même assurer que tout ce qui s’est fait à Paris de précieux et de recherché pendant cet espace de temps a été conduit par lui et soumis à son examen. Il partagea toujours avec Belanger, son beau-frère et premier architecte de M. le Comte d’Artois, les soins donnés aux bâtimens du Prince de Paris, Maisons, Saint-Germain et Bagatelle, bâtimens dont la dépense s’élevoit annuellement de trois à quatre millions de livres. Il fit de la même manière pour Laborde, banquier de la Cour, et pour Saint-James, Trésorier de la Marine, les deux plus riches particuliers de France, des maisons de plaisance et des jardins du genre Anglais d’une vaste étendue, et pour Mylord Schelburnn, l’un des membres les plus distingués du Parlement d’Angleterre, les projets d’un Muséum très magnifique. En 1780, il devint Dessinateur du Cabinet de Monsieur, frère du Roi, et dirigea les fêtes et les spectacles donnés à Brunoy pour la Reine et le Roy. En 1781, Dugourc fut chargé par S.M. le Roi de Suède de donner les dessins des décorations et des habits pour monter six opéras pour la salle nouvellement bâtie à Stockholm. En 1782, le Grand-Duc de Russie, depuis Paul Ier, étant à Paris, lui fit les propositions les plus brillantes pour l’emmener ; mais, marié depuis peu, Dugourc n’accepta point les offres de ce prince, pour lequel il fit depuis les dessins d’une grande galerie pour la Palais de Camenoïstrof, comme il fit, pour l’Impératrice Catherine II, les projets d’un palais pour le Général Lanscoy, l’un de ses confidents, dont la mort subite empêcha l’exécution. En 1783, la direction des décorations et des costumes de l’Opéra lui fut confiée. En 1784, il devint Dessinateur du Garde-meuble de la Couronne et Intendant des Bâtimens de Monsieur. Enfin, à l’époque de la Révolution, la place d’Inspecteur général des Manufactures de France lui était offerte, et il balençoit à l’accepter parcequ’il préféroit celle de Directeur particulier des Bâtimens du Roi, Jardins, Arts et Manufactures Royales, que la Reine vouloit créer en sa faveur pour soulager d’une partie du travail du Département Mr d’Angivillier, qui en étoit Ordonnateur Général ». Fondateur du néo-classicisme par ses références constantes à l’Antiquité, Dugourc allait insuffler des idées novatrices aux décorateurs, étendre son champ d’investigation à des domaines très divers en faisant aussi bien des suggestions aux bronziers (son projet de feu à griffons) qu’en proposant des modèles aux ébénistes (ses projets de chaise, fauteuil, lit, trône...) et en créant lui-même des motifs de décoration pure. Son projet de fauteuil illustre le génie de Dugourc qui mêlait ainsi intimement références antiques dans les lignes ou les motifs, aux sujets très nouveaux à thème de feuillage ou animalier puisés dans la nature. Un recueil témoignant de l’imagination créative de l’artiste, inventeur de talent du néo-classicisme et dont l’influence dans l’art décoratif serait de première importance à la veille de la Révolution.
Conservé dans son vélin ivoire de l’époque. Paris, Sébastien Cramoisy, 1624. In-8 de (12) ff. et 328 pages. Plein vélin ivoire, dos lisse, traces d’attaches. Reliure de l’époque. 167 x 99 mm.
Édition originale fort rare de « ce précieux manuel que l’on pourrait sous-titrer ‘Le Bâtiment sans douleur’ (Jean-Pierre Babelon). L’architecture françoise des bastimens particuliers paraît en 1624 à Paris chez Sébastien Cramoisy. L’auteur est qualifié à cette date de « médecin du roi ». Sa vie est mal connue ; il est né à Saulieu vers 1579, et il est mort vers 1640. Il étudia la médecine à Paris à l’âge de vingt ans. À son activité de praticien mais aussi de théoricien de la médecine se sont ajoutées des curiosités d’humaniste et des réflexions sur les meilleures conditions d’existence de ses contemporains. C’est à elles que nous devons son traité d’architecture. Comme le remarquait François Blondel, il est naturel que des médecins s’intéressent à l’architecture, Claude Perrault en est un autre exemple. Le premier témoignage que nous ayons de son activité est la traduction commentée d’un traité de Galien sur la saignée : Le livre de Galien, de l’art de guérir par la saignée, traduit du grec. Ensemble un Discours dédié à messieurs les médecins de Paris sur les causes pour lesquelles on ne saigne pas encore tant ailleurs qu’à Paris et pourquoy quelques médecins mesme ont détracté de cette pratique de Paris, un in-12 paru à Paris chez Pierre Mettayer en 1603. Nous le retrouvons ensuite en 1605, qualifié de bachelier en la faculté de médecine, témoignant déjà de son intérêt pour l’aménagement des logis en commandant l’exécution de deux cheminées en marbre de couleur pour sa maison de la rue Neuve Notre-Dame, dans la Cité. En 1609, nouveau traité, dédié à Godefroy de Pontac, De causis colorum sententia, avec des observations sur Hippocrate, De tetragoni... contra chymicos, Paris, chez Adrien Périer. C’est sans doute peu après 1614 qu’il faut situer son Discours sur le subject du colosse du grand roy Henry, posé sur le milieu du Pont-Neuf de Paris... avec un sommaire de la vie de ce grand prince, opuscule paru à Paris chez Nicolas de Montroeil, qui sera réédité au début du XIXe siècle par Antoine Laurent Castellan. Savot est également un numismate, comme en témoigne son Discours sur les médailles antiques, épais traité de 400 pages in-4° qui paraît à Paris en 1627 chez Sébastien Cramoisy, et dont la Bibliothèque nationale conserve un exemplaire relié aux armes de Condé. En 1624 il publie L’architecture françoise des bastimens particuliers. Sans doute avait-il réuni des réflexions sur le sujet depuis longtemps, et la parution en 1623 du traité de Pierre Le Muet, Maniere de bastir pour toutes sortes de personnes, dut-elle hâter sa décision d’intervenir dans le débat. Son compétiteur fait œuvre d’architecte, en proposant à une clientèle très diverse un catalogue de plans-types pour toutes les bourses. L’ouvrage de Savot est d’une tonalité bien différente. Les «particuliers» auxquels il s’adresse ne sont ni des princes ni le menu peuple : pas de palais, pas de petites maisons, mais les demeures de la noblesse et de la grande bourgeoisie, hôtels à élever en ville, dans les nouveaux quartiers où l’on dispose librement de la place, ou bien demeures « aux champs ». Médecin et donc hygiéniste, Savot conseille ses clients pour la construction de la maison parfaite par le confort et l’agrément, intervenant sur la meilleure orientation, le meilleur éclairage, l’éloignement nécessaire des écuries et des cuisines pour cause de pollution, bruits, odeurs, fumées. Il légifère sur la place de l’escalier, le nombre des salles, la disposition des chambres et des cabinets, le percement et la taille des fenêtres, la disposition des cheminées. Dans ses rééditions, François Blondel observera que l’ouvrage fut écrit « pour tirer les honnêtes gens des griffes des entrepreneurs et des ouvriers », notation qui fait suite aux cruels reproches que l’on adressa à François Mansart dans le pamphlet de la Mansarade (1651). De fait, Savot donne à ses lecteurs le meilleur mode d’emploi pour discuter avec les entrepreneurs des différents corps de métier, il leur procure le détail chiffré des dépenses à prévoir, les conditions du toisé des ouvrages, et même la description des matériaux à utiliser, pierre, brique, bois, plâtre, terre cuite, leurs dimensions, leur origine, leur coût. On n’avait jamais abordé la construction dans un sens aussi pratique, qui permettait à un particulier de surveiller personnellement son chantier. On comprend dès lors le succès remporté par ce précieux manuel que l’on pourrait sous-titrer « Le bâtiment sans douleur ». Dédié à l’éphémère surintendant des finances Charles de La Vieuville, il fut réédité, toujours sans gravures, en 1642, et le succès se prolongea bien au-delà de la mort de son auteur puisque l’architecte François Blondel, premier directeur de l’Académie d’architecture et illustre professeur, jugea bon de le rééditer, preuve qu’il était toujours utile à la clientèle. Cette première réédition parut en 1673 chez François Clousier l’aîné, enrichie de figures et de notes de Blondel (423 pages), et la seconde en 1685, augmentée de nouvelles figures contemporaines de son cours d’architecture, laissent bien mesurer l’évolution des réflexions de la société sur la maison et son usage depuis la génération précédente.» Jean-Pierre Babelon (Institut de France, Paris 2006). Précieux exemplaire conservé dans son vélin ivoire de l’époque.