[DELACROIX (Eugène)]. MOREAU (Adolphe). E. DELACROIX ET SON ŒUVRE. Avec des gravures en fac-similé des planches originales les plus rares. Paris, Librairie des bibliophiles, 1873. Maroquin vert, dos à cinq nerfs, titre doré, tête dorée, roulette sur les contreplats [R. Petit]. Dimensions des feuillets : 24 x 16 cm. Bel exemplaire sur grand papier, relié en maroquin par Petit, condition rare pour ce livre important, l’un des premiers consacrés à l'œuvre de Delacroix. Un des 30 exemplaires sur papier Whatman, avant 270 sur vélin, numéroté à la main. Selon la justification, seuls 200 exemplaires avaient été mis en vente.
VIGNY (Alfred de) (1797-1863). LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE À LYDIA. [Pau, décembre 1824], huit pages sur deux bifeuillets, 12,2 × 9,7 cm — bords irréguliers —, deux feuillets joints avec notes autographes de Lydia et Alfred de Vigny. Première lettre conservée de Vigny à sa future épouse, accompagnée de très émouvantes notes du poète écrites à la mort de cette dernière. « Ne nous affligeons plus, chère Lydia, je vais tenter un nouvel effort pour mon bonheur ; après tant d'obstacles surmontés je ne serai pas arrêté au moment d'obtenir votre main[,] ce que je désire le plus au monde. Je vais écrire à ma mère, mais comme elle n'a pas le même cœur que moi pour vous, je ne lui dirai pas la dureté avec laquelle Mr votre père a refusé un mot d'écrit qui attestât la part que vous auriez à son héritage. Vous avez vu aussi qu'elle ignore que vous n'avez aucun revenu actuel. — Il faut éviter de le lui faire savoir et que j'obtienne son consentement qu'elle a fait légaliser par devant notaire comme elle me l'a dit. Envoyez-moi donc comme nous avons dit la lettre que vous venez de recevoir je mettrai vos nègres en avant comme je pourrai. — Il faudrait traduire seulement les lignes qui vous regardent, et dire si la moitié de ces pauvres noirs qui travaillent tant est à votre frère. — Je ne dirai pas cela par exemple. Ensuite, chère amie, écrivez ce que nous avons dit sur le nom de l'homme d'affaires qui a entre les mains le papier où votre père vous fixe un héritage. J'enverrai tout cela à ma mère ; j'en ferai quelque chose de bien beau et j'espère que j'aurai en échange son consentement. Adieu, chère amie, je je [sic] vous en prie dites à Mme Bunbury qu'elle soit bien aimable comme avant-hier et qu'elle ne boude pas, car certainement c'est à nous de pleurer, de nous fâcher, de crier et de frapper du pied par terre, nous que tout le monde querelle de tous les côtés ; mais elle qui n'a plus rien à faire qu'à mettre des fleurs sur sa tête, à donner des bals et se moquer de nous deux, elle serait bien bonne de se fâcher. La tristesse est faite pour ceux qui s'aiment et que l'on veut séparer, pour elle, n'est-elle pas entourée de tout ce qu'elle aime ? Et si je lui suis devenu odieux, qu'elle supporte encore quelque tems ma présence, bientôt, quelque chose qui arrive elle ne me verra plus, nous partirons ensemble je l'espère encore chère amie et je suis toujours votre Alfred. Vraiment lorsque je viens à penser que Mr Bunbury avec un trait de plume qui n'est rien pour moi et tout pour sa fille pourrait tout terminer, je ne puis m'empêcher de sentir que si j'étais père je n'agirais pas ainsi, que d'inquiétudes encore, que de tourmens il va nous causer ! Est-ce pour moi que ma mère lui demandait quelque chose ? Vous le savez ? Elle est de son avis. » À cette lettre se trouvent joints deux documents particulièrement émouvants : — Un feuillet sur lequel la destinataire de cette lettre a écrit « Déc 24 », date probable de réception de la missive. — Un feuillet sur lequel le poète a écrit, sur un côté : « Janvier 1863 — — Douces reliques. Ma Lydia avait en secret conservé dans son nécessaire le plus cher pour elle de mes premiers billets en 1825 [sic] à Pau, celui par lequel je la priai à l'aider à cacher à ma mère qu'elle était dépouillée de sa fortune par sa belle-mère et que je l'aimais pour elle-même et sans rien attendre de sa fortune arrachée par ruse. » De l'autre côté : « 22 janvier 1863 Secrets et tendres souvenirs du cœur de Lydia. Laissés dans son nécessaire de voyage et retrouvés par moi. A de V[ign]y » Vigny mourra cette même année 1863. Le consentement sous réserves de Madame de Vigny pour le mariage de son fils est daté du 27 décembre 1824. Provenance : archives Sangnier (cachets). Lettre publiée dans Correspondance d'Alfred de Vigny, tome 1, sous la direction de Madeleine Ambrière, Presses universitaires de France, 1989, lettre 24-31, pages 188-189.
JARRY (Alfred). VISIONS ACTUELLES ET FUTURES. Collège de Pataphysique [sic pour l’absence d’apostrophe], 8 Tatane LXXVII E.P. [21 juillet 1950.] En feuilles sous couverture rempliée, 19,5 x 13,5 cm. Un des 13 exemplaires optimatiques annoncés, sur Crèvecœur. Édition originale de ce texte de Jarry paru dans l’Art littéraire alors que l’auteur n’avait que vingt ans. C’est l’une des toutes premières publications du Collège de ’Pataphysique, s’ouvrant sur des prolègomènes de Sa Magnificence le Vice-Curateur-Fondateur. La justification n’annonce que 90 exemplaires. Bien complet de l’illustration mathématico-génitale, qui semble du reste ne jamais manquer.
JARRY (Alfred). VISIONS ACTUELLES ET FUTURES. Collège de Pataphysique (sans apostrophe), LXXVII E.P. Prolégomènes de Sa Magnificence le Vice-Curateur Fondateur du Collège de Pataphysique. En feuilles sous couverture rempliée, 19 × 12,8 cm. [4]-32-[8] pages. Édition originale de ce texte de Jarry, d’abord paru en mai 1894 dans l’Art littéraire. Il s’agit de l’une des premières publications du Collège de ’Pataphysique, et l’une des plus importantes. Exemplaire numéro 1, « sur authentique papier de boucherie avec la facture d’origine insérée dans le brochage ». La facture, établie à « M Collège Patafisique » par R. Perrot, Succr (7, Cité Berryer, 25, rue Royale et 24, rue Boissy d’Anglas, téléphone Anjou 04-54), datée du 2 juillet 1950, détaille les achats suivants : une côte de porc pour 70 francs, quatre feuilles de papier à viande pour 3,75 francs, total de 73,75 francs arrondi à 74 francs (sic). Un des cahiers (pages [17] à 24) est maculé de rouge. Il ne s’agit vraisemblablement pas de sang de porc, mais d’une matière destinée à en donner l’illusion. Comme elle se trouve également sur les pages à l’intérieur de ce cahier non coupé, sa présence remonte aux origines de cet exemplaire unique, et en constitue une singularité pittoresque (et reflétant l’esprit des fondateurs du Collège de ’Pataphysique), non un défaut.
[Alphonse de LAMARTINE]. MÉDITATIONS POÉTIQUES. Paris, Au dépôt de la librairie grecque-latine-allemande, 1820. Demi-veau bleu à petits coins, titre sur un papier contrecollé sur le plat supérieur [Alix]. Plats de la couverture conservés. Édition originale, parue sans nom d’auteur, de ce recueil capital dans l’histoire de la poésie française, et du Romantisme en particulier. C’est là que paraît pour la première fois « le Lac ». L’exemplaire comporte bien les pages 11-12 en premier état ; la table comme le carton corrigeant l’erreur se trouvent toutefois reliés à la fin du volume : selon toute vraisemblance, cette table et ce carton ont été reliés à la suite d’un exemplaire de premier tirage. (Voir Vicaire pour les détails, référence ci-dessous.) Collation : premier plat de la couverture, 1 feuillet blanc, 1 feuillet (faux-titre au recto, nom de l’imprimeur au verso), 1 feuillet (titre au recto, verso blanc), 1 feuillet (avertissement de l’éditeur, verso chiffré « vj »), pages [1]-118 (les pages [117] et 118 formant la table), 1 feuillet (pages 11-12, en deuxième état : la page 11 commence par « — Ni si haut » et la page 12 se termine par « J’immole avec amour ma propre volonté »), second plat de la couverture. Ex-libris de Robert et Jeanne Percheron. Vicaire, IV, 949-952 (https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k220581j/f477).
[ANONYME]. GEMMALIE. Paris, Ladvocat, Ponthieu, Delaunay, au Palais-Royal. 1825. Demi-maroquin aubergine (première moitié du dix-neuvième siècle, peut-être strictement de l'époque), dos lisse orné, tranches marbrées. 16,9 x 9,7 cm (dimension des feuillets). Collation : 1 feuillet (faux-titre et adresse de l'imprimeur), 1 feuillet (titre, verso blanc), 83 feuillets (166 pages, dont 7 de "Note". Édition originale très rare, connue à une poignée d'exemplaires seulement (et presque introuvable en reliure de l'époque, ce qui semble ici strictement le cas) de ce récit directement inspiré de Polidori et Byron. Un des premiers témoins de l'influence du vampirisme sur la littérature française, bien que le personnage éponyme ne soit pas à proprement parler un vampire, mais une goule. Dans la note finale, on lit notamment : "Dans une société où l'on venait de lire le 'Vampire' de Lord Byron [en réalité de Polidori], une gageure, faite sur la question de savoir si l'on pourrait décorer de tous les prestiges de la beauté un être féminin aussi monstrueux que 'lord Ruthwen', donna naissance à l'ouvrage que l'on vient de lire." "Lord Ruthwen, ou les vampires", avait également été publié chez Ladvocat, en 1820. Ce texte, après avoir longtemps échappé aux radars, fut signalé dans le catalogue "Romans noirs…" de la librairie Loliée en 1952, qui proposait l’exemplaire de Victor Mercier, relié par Stroobants (postérieurement, donc). Il qualifiait ce texte d’"extrêmement rare, signalé nulle part, fort attachant par ses scènes de vampirisme, d’apparitions spectrales et de sortilèges." Très peu d’exemplaires en ont été retrouvés depuis. Les éditions Otrante l’ont republié en 2016. Frottements à la reliure, néanmoins charmante et agréable. Rousseurs éparses.
RIMBAUD (Arthur). ŒUVRES COMPLÈTES. Première édition intégrale, avec introduction et notes bibliographiques par Pascal Pia. The Halcyon Press, A.A.M. Stols, éditeur, 1931. Toile bouton d’or [Reliure S. Tiessen], deux plats de couverture et dos conservés [le second plat légèrement rogné, car non séparé du dos], 28,5 × 20 cm. Un des 100 exemplaires sur papier de Hollande, très bien conservé. La justification annonce également 21 exemplaires sur Japon, dont un contenant les croquis originaux du portrait, et 250 sur vergé, outre quelques hors commerce. Très belle réalisation de Stols, avec une typographie en rouge et noir, peu courante même en tirage ordinaire. Notes érudites et véhémente introduction de Pascal Pia, qui n’avait pas vingt-huit ans. En frontispice, un portrait gravé de Rimbaud, par John Buckland Wright. Goudemare, la Bande à Bonnel, 59 (exemplaire du tirage courant).
MENDÈS (Catulle). SIX LETTRES AUTOGRAPHES SIGNÉES À L’ÉDITEUR DE MUSIQUE HENRI HEUGEL. Dimensions diverses. Extraits : 18 février 1904. « Hélas ! Oui, mon ami. Notre rêve est évanoui. Il faut donc nous en tenir à la stricte nécessité. Je viens donc d’écrire à Paderewski que Çakountala est à sa disposition. » 1er mai 1904. « Vous devez savoir que j’ai fait entendre mon petit ouvrage à notre excellent ami. Il a paru extrêmement content. Le manuscrit est entre ses mains. Et voilà une affaire close. » 4 novembre 1904. « Mon seul chagrin, c’est que Massenet ne puisse pas me faire encore connaître quelques pages du moins d’une œuvre que je pressens si tendre, si forte, et si haute. » [9 juillet 1906] (cachet). « Messager, — ne nous le dissimulons pas, admirable technicien, est à l’heure actuelle une fauvette artificielle, un peu usée, — qu’il faut un gosier vigoureux pour chanter Pierre ! — Malgré moi, et malgré les objections, je ne peux m’empêcher de resonger à [Xavier] Leroux. Carré lui a parlé […] Leroux, tout feu tout flamme, sans connaître un mot du poème, ne demande qu’à l’emporter à la mer, où il part demain. — Voulez-vous me faire le plaisir de me réserver une minute ce matin ? Vous déciderez. » Sans date. « J’ai fini, entièrement, Scarron. Mais, de grâce, ne le dites à personne, pas même à vous. Je vous expliquerai pourquoi. Dès mon retour, demain ou après-demain, je commence le scenario de le Pays du Tendre. Déjà beaucoup d’idées m’ont traversé l’esprit, assez vives et joliettes. » Sans date. « Samedi, cinq heures, Ménestrel, c’est entendu. — J’ai ici le premier tableau, assez long, fini, parachevé, et chic ».
BAUDELAIRE (Charles). DE QUELQUES PRÉJUGÉS CONTEMPORAINS. Une page au recto d’un feuillet, 27,5 × 22,3 cm. Sans date [ca. 1850]. Brouillon autographe, d’un format remarquablement grand, d’un projet de texte évoquant plusieurs figures capitales et sujets de première importance dans l’œuvre de Baudelaire. Les brouillons de Baudelaire sont rares en mains privées. Ils fournissent l’aperçu le plus direct de sa façon de travailler. Ce projet de texte, avant-goût de Mon cœur mis à nu et de Fusées, mêle les intérêts littéraires du poète à la forme pamphlétaire qu’il emploie à la fin de sa vie. Il constitue un condensé allusif de la pensée de Baudelaire. Transcription (ATTENTION : dans cette notice, du fait du formatage des notices sur le site, les caractères barrés n'apparaissent pas comme tels dans la transcription ; se référer aux photos pour cela) : De la Poes [Centré] De quelques préjugés contemporains De M. de Béranger — poete — et patriote Qu’est-ce qu’un préjugé — Une mode de penser — De M. de Béranger — poete et patriote — De la Patrie au dix neuvième siècle — De M. Victor Hugo. Romantique — et penseur. De Mr de Lamartine — auteur Religieux. De la Religion au dix neuvième siècle — De la Religion aimable — Mr Lacordaire De M. Victor Hugo. Romantique et Penseur De Dieu au dix neuvième siècle — De quelques idées fausses de la Renaissance Romantique — Des filles Publiques et de la Philanthropie — [Rajouté dans un interligne, légèrement en retrait] (Des Réhabilitations en général). De Jean Jacques — auteur sentimental et infâme — De la République au dix neuvième siècle — et des Républicains. (G. Pagès — et D. Cormenin jugés par Robespierre). Des Fausses Aurores — Epilogue ou Consolations. Il est difficile de déterminer dans quelle mesure Baudelaire reprend à son compte ou combat les préjugés qu’il évoque ou que l’on devine à travers ce style lapidaire, et ce que le texte projeté devait révéler de l’évolution de la réflexion de Baudelaire depuis 1848. Cette étude du préjugé peut se rapprocher d’éloges ultérieurs du poncif et du lieu commun sous sa plume. Dans Fusées (Pléiade, I, 662) : Créer un poncif, c’est le génie. Je dois créer un poncif. Et plus loin (Fusées, Pléiade, I, 670), cette concise poétique de l’énoncé du lieu commun : Sois toujours poète, même en prose. Grand style (rien de plus beau que le lieu commun). Quant au terme de « préjugé », on le retrouve dans deux lettres capitales de Baudelaire : la lettre à Mme Sabatier du 31 août 1857 ( « Vous voyez, ma bien belle chérie, que j’ai d’odieux préjugés à l’endroit des femmes ») et l’unique lettre connue adressée à Wagner, le 17 février 1860 (« La première fois que je suis allé aux Italiens pour entendre vos ouvrages, j’étais […] plein de mauvais préjugés »). La présence de ce document dans la collection d’autographes de Champfleury permet d’en situer la rédaction durant la période 1848-1852, pendant laquelle Baudelaire et l’auteur de Chien-Caillou furent particulièrement proches — ils fondèrent ensemble l’éphémère Salut public en 1848. Notes au verso, d’une autre main : dans la partie supérieure, au centre : « N 4. » Puis, un peu plus bas : « 9 » — en rapport peut-être avec l’adjudication au prix marteau de 9 francs lors de la vente Champfleury ? Dans le coin inférieur droit : « XX ». Catalogue des autographes composant la collection Champfleury, 1891, numéro 24 ; ancienne collection Armand Godoy, reproduit en fac-similé dans Le Manuscrit autographe, numéro spécial consacré à Charles Baudelaire, 1927, page 76 ; Pléiade, II, page 54. Traces de pliures, légères restaurations marginales, papier bruni ; très beau toutefois. Nous exprimons notre vive reconnaissance à Andrea Schellino pour les explications précieuses qu’il nous a apportées dans le cadre de la rédaction de cette notice.
ANET (Claude). ARIANE, JEUNE FILLE RUSSE. Paris, aux éditions de la Sirène, 1920. Maroquin fauve, plats de papier fantaisie, dos lisse [Devauchelle]. 1 feuillet blanc, 1 feuillet (faux-titre, oeuvres du même auteur au verso), 1 feuillet (frontispice, sur un papier glacé), 1 feuillet (titre), pages [7]-235, verso blanc, 1 feuillet de table (recto numéroté 237, verso blanc), 1 feuillet (justification, verso blanc). Plats de couverture et dos conservés. Non rogné en queue. Édition originale. Un des 15 exemplaires sur papier de Corée, seul grand papier, celui-ci numéroté 9. Bel et rare exemplaire, joliment relié par Devauchelle, de ce livre adapté au cinéma par Billy Wilder sous le titre "Love in the Afternoon" ("Ariane" en français), avec Audrey Hepburn, Gary Cooper et Maurice Chevalier. Un feuillet "Vient de paraître" a été conservé, ou joint. Pages 126-127 inégalement brunier (probablement du fait de la présence ancienne d’un document inséré à cet endroit). Très petit manque de maroquin au second plat, infime frottement au coin supérieur du premier plat. Le timbre de l’auteur, mentionné à la justification, semble absent ; nous ignorons s’il a jamais été porté sur des exemplaires de ce livre.
[DUFY (Raoul)] FLEURET (Fernand). FRIPERIES. Poésies de Fernand Fleuret ornées de vignettes gravées sur bois par Raoul Dufy et coloriées à la main par Jeanne Rosoy et L. Petitbarat. Paris, nrf. 1923. Première édition illustrée de ces charmantes poésies de Fleuret. L’illustration est constituée de certains des premiers bois gravés de Dufy — ils ont été réalisés bien avant cette publication. Envoi autographe signé de l’auteur : "Au poète Pierre Lhoste, bien cordialement, Fernand Fleuret" Agréable exemplaire, sans rousseurs. Petites traces de plis à la couverture.
MAURIAC (François). LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE À ROBERT LEVESQUE. 20 mai 1927. 1 page, 18,5 × 14 cm. Adresse autographe. « Vous me parlez d’un ami intellectuel, d’un ami de cœur... et ne me dites rien de celui qui sûrement existe, qui vous aime, et que vous n’aimez pas. Ainsi va la vie selon le rythme Racinien : Oreste aime Hermione, qui aime Pyrrhus, qui aime Andromaque, qui n’aime personne. Mais je vous souhaite de vous évader au plus tôt du Royaume de garçonie... Qui donc me connaît que vous connaissez ? Votre lettre témoigne d’un esprit de finesse bien charmant ; il y a beaucoup de coquetterie dans votre sincérité... Plus tard comme aujourd’hui vous voudrez qu’on vous demande votre cœur. (Cœur est un mot commode ; c’est une rubrique.) Adieu, cher monsieur. Soyez heureux d’avoir dix-huit ans. C’est la plus belle et la plus brève de nos aventures. »
BERNANOS (Georges). LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE [À MAURICE BOURDEL ?]. 2 pages. « 1 janvier Mon cher ami, Ma lettre vous parviendra sans doute je ne sais où dans la neige, à moins qu’elle ne vous attende au chaud rue Garancière. Dites-vous que je travaille, que j’ai travaillé le jour de Noël et celui du premier janvier comme d’habitude, dans mon vieux Café de la Rade, et que je pense toujours à la date prévue du 15 janvier. Cela vous fera plus plaisir que de simples souhaits, plus sincères, hélas ! — je le crains — qu’efficaces. Mes vœux respectueux à M. votre Père. Votre vieil Ami GBernanos »
BERNANOS (Georges). LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE [À MAURICE BOURDEL ?]. 4 pages. « [D’une autre main : “1935”] [Dans le coin supérieur gauche :] Affectueux merci pour les cinq mille. [À l’horizontale :] 4 février Mon cher ami, Le retard de ma petite dactylo ne me permet pas de vous envoyer ce soir les premiers chapitres de mon livre. J’ai attendu d’avoir à peu près terminé la conclusion pour revoir cette première partie, que je suis forcé d’abréger car le livre aurait été trop long et trop cher — 450 pages. Ces premières pages — une centaine — vont partir lundi. Je voudrais absolument que vous les envoyiez à la composition tout de suite, en me faisant écrire d’urgence quand je dois envoyer la suite pour ne pas interrompre le travail. Croyez-vous pouvoir en venir à bout dans six semaines ? Il me semble que les circonstances nous servent magnifiquement, mais les grands chefs de l’escadre sont si pessimistes que j’ai littéralement — sauf votre respect — le feu aux fesses. Tant pis. J’ai tenu bon. Je n’ai rien cédé à l’impatience. À la grâce de Dieu. Répondez vite. Votre ami, GBernanos »
BERNANOS (Georges). LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE [À MAURICE BOURDEL]. 2 pages. [Juillet 1935] « Cher ami, Je vous envoie quarante-deux pages (vous pouvez refaire le compte, mais il est exact, car j’ai poussé le scrupule jusqu’à décompter les lignes que j’avais recopiées sur le texte primitif, à cause des raccords). J’envoie en même temps les pages dactylographiées incorporées au nouveau livre. Ceci pour votre commodité. Sans ça, on ne s’y reconnaît plus. Vous seriez gentil de m’envoyer la galette d’urgence — toujours, hélas ! toujours… Merci de votre petit mot. Naturellement, je ne ferai pas de dédicaces ici, ou très peu. La carte suffira très bien. Il n’y a qu’à faire suivre le nom de l’adresse — Palma Espagne. Ça convaincra les incrédules ! Je viens de recevoir les beaux exemplaires de la Palatine. Merci. Bien affectueusement, GBernanos » Publication : Georges Bernanos, Correspondance inédite, 1934-1938. Combat pour la liberté, Plon, 1971, lettre 391, page 89.
BERNANOS (Georges). LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE [À MAURICE BOURDEL]. 4 pages. « Toulon, 19 janvier Mon cher ami, je suis inquiet de ce que vous m’écrivez de votre fils. Il est vrai que dans l’état nerveux où je suis, je m’inquiète plus facilement que je ne me rassure. C’est peut-être aussi pourquoi je sympathise profondément avec lui. Je le connais si peu, et je souhaiterais bien le connaître. Mon vieux, faites encore un effort. Envoyez-moi trois mille francs par mandat télégraphique. Les médecins me sont tombés dessus, et beaucoup d’autres avec. Vous vous dites peut-être que je dépense beaucoup. Mais je vous jure que ce n’est pas pour moi ! Je me prive de tout, je n’ai même pas un complet veston. Il me tombe toujours sur le dos des embêtements jamais prévus. Je voudrais que vous ne comptiez pas ces trois mille francs dans la prochaine mensualité, sinon je ne m’en sortirai pas. Écoutez, je crois que vous serez bien payé par mon prochain livre, que vous n’y perdrez rien. Michel est à Marseille. Il prend pension dans une famille et reçoit des leçons particulières — coût 650 francs par mois sans compter l’argent de poche et les tramways. Yves a très bien réussi à la Cie Fabre. Ne tardez pas, mon vieux, je vous embrasse. GBernanos »
BERNANOS (Georges). LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE [À PIERRE BELPERRON]. 4 pages, 27,2 × 21,2 cm. Trace de trombone et de plis. D’une autre main, dans la partie supérieure : « Cette lettre répond à une critique du roman, 2e partie, par P. B. — non retrouvée. Janvier 1935. Lettre à Pierre Belperron. Plon répond le 23/1/35 et le 24/1. » Très belle et riche lettre à l’un de ses correspondants chez son éditeur (Plon). « Dimanche — Cher ami, Renvoyez-moi de toute urgence le manuscrit d’“Un Crime”. J’ai une proposition à vous faire. En quinze jours, à dater de la réception du dit-manuscrit, je puis refaire compètement la seconde partie, et la rendre accessible à Monsieur Lebrun lui-même (président patriote de la super-patrie française, championne de la civilisation gréco-romano-tarasconaise en face de la Barbarie orientale et asiatique, dont la frontière est à Sarrebrück et à Sarrelouis, comme nul n’en ignore.) Cinquante pages de nouveau texte suffiront, puisque le livre est déjà, ce vous semble, un peu longuet. Cette seconde partie dans le rythme de la première, qui enchante l’auteur de “Débats”. Je demande que ces cinquante pages me soient payées au tarif d’usage. Tout le monde sait que je vis au jour le jour — hélas ! — et que je ne puis mettre ma famille au régime purement hydrique pendant deux semaines. En retour, je m’engage à n’utiliser en rien la seconde partie actuelle, dont il me sera ultérieurement facile de tirer un conte de cent pages, pour le volume de nouvelles à paraître ultérieurement chez vous. Ainsi votre maison, comme de juste, ne perdra pas la valeur de ces pages, déjà payées par elle. Du point de vue de mon métier, que j’ai la prétention (ridicule, il est vrai) de connaître peu [sic], mais tout autant que le pou [Appel de note en bas de page : “Je dis : POU”] de bénitier Marcel (Gabriel) c’est la seule solution possible. Je ne nie pas qu’ayant commencé un roman policier j’aurais dû persévérer dans cette noble entreprise. C’est toujours le truc de Mouchette qui recommence, et des histoires de Mouchette, je pourrais vous en foutre dix par an. Les gosses se tirent d’affaire. Ne me plaignez pas : je suis très heureux. La “nécessité” est en train de me drainer le cerveau par le nez et les oreilles. Quatre ou cinq ans de ce régime me débarasseront définitivement de cet organe qui ne m’a jamais donné que du souci, et quand je n’aurai plus qu’une paire de fesses pour penser, j’irai l’asseoir à l’Académie. Soyez assez gentil pour me répondre télégraphiquement que la Maison Plon accepte la proposition ci-dessus. Je me mettrai en train le jour même. Mais répondez par télégramme, je vous en prie. Ces incertitudes nuisent beaucoup à mon travail, à quoi bon ? Vous m’annoncez trois mille francs dans votre gentille lettre, et je n’ai ai reçu que 2 mille. Or, comme il vous sera facile de vous en convaincre, les pages que je vous ai données ont autant sinon plus de texte que les précédentes depuis trois mois. Si la marge est plus large, le format est différent. Une simple juxtaposition des feuilles vous le prouvera. Je ne puis d’ailleurs réellement croire qu’il s’agit d’autre chose que d’un malentendu. Maintenant je m’adresse à l’ami, pour un service personnel, et même deux. 1°) Je suis convoqué à Paris, le 5 février, (expertise médicale). Puisque vous êtes bien avec Pernot, qui m’a parlé de vous avec un enthousiasme que je ne saurais d’ailleurs attribuer qu’à une incroyable cécité psychologique, n’aurais-je pas le moyen d’obtenir de passer le dit examen ailleurs qu’à Paris ? Il est inhumain d’imposer au pauvre infirme que je suis, ce voyage, ces dépenses, ce temps perdu. 2°) La plupart des Français présents à Majorque trafiquent de terrains ou de viande d’amour — les deux parfois. Croyez-vous qu’on puisse faire parler de moi aux autorités espagnoles ? Soit par la Société des G. de L. soit autrement ? Existe-t-il une Société des G. de L. à Madrid ? Voilà. Ma femme vous envoie son bon souvenir, et j’y joins mon hommage à votre si charmante femme, et nos baisers au Gosse Inconnu. Votre vieux, GBernanos » Ne blaguez pas le livre que j’écris en ce moment. C’est une grande vieille belle chose que vous devriez aimer. Publication : Georges Bernanos, Correspondance inédite, 1934-1938. Combat pour la liberté, Plon, 1971, lettre 365, pages 52-53 (manques importants dans la transcription ; cette lettre semble donc en partie inédite). Datée du 20 janvier 1935 par les éditeurs du texte.
BERNANOS (Georges). LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE [À PIERRE BELPERRON]. 2 pages. « [Annotations manuscrites d’une autre main] Palma Mon vieux, voilà cinquante-trois pages. C’est la plaque tournante de ce sacré livre, et Dieu sait si cette mise au point m’a coûtée ! Dites qu’on relise bien le texte, il a pu s’y glisser des erreurs de date ou des confusions sur les noms de lieux. Je compte terminer par un chapitre assez curieux. Mais je suis à bout, je suis crevé, crevé mort. Je vous envoie demain — demain sans faute, la fin du chapitre de la 1re partie, que je suis obligé de modifier terriblement. Impossible de le faire aujourd’hui. Comme dit l’autre : j’ai fait de mon mieux. Dieu me jugera !… Votre vieux, GBernanos » Publication : Georges Bernanos, Correspondance inédite, 1934-1938. Combat pour la liberté, Plon, 1971, lettre 373, page 64. [4 avril 1935]
REBELL (Hugues). LES NUITS CHAUDES DU CAP FRANÇAIS. La Plume, 1902. Chagrin bleu nuit, plats et dos de la couverture conservés (fatigués). Dimension des feuillets : 18,2 × 12,3 cm. Édition originale. Un des 7 exemplaires sur Japon, rares, après 3 Chine, de ce roman qui reçut le Prix Nocturne en 1966. Exemplaires dans lequel ont été reliées deux lettres de l’auteur à Léon Deschamps. Dos passé. Reliure non signée mais correcte. La couverture du brochage est un peu défraîchie, surtout le dos, qui n’est peut-être pas d’origine . Bon exemplaire toutefois, que l’on pourra faire relier plus à son goût.
CLÉMENT (Jean-Baptiste). LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE [À MAURICE LACHÂTRE]. Deux pages sur un feuillet, 13,4 × 10,5 cm, 21 novembre 1875. Petite déchirure avec manque de papier, avec perte de quelques lettres (rétablies entre crochets dans la transcription ci-dessous). « Monsieur Les ennuis que j’ai eus m’ont empêché de vous répondre plus tôt. L’artiste dont on vous a parlé se nomme : Montbart [sic pour Montbard] ; il demeure 42 London St Fitzroy Sqre, London. Vous pouvez donc vous adresser à lui directement. Je l’ai prévenu déjà de vos intentions. Il a en effet beaucoup de talent et a fait paraître une assez grande quantité de dessins sur les événements de la Commune. Le Graphic et l’Illustrated London News ont aussi publié des dessins très remarquables sur ces événements. Je vous donne cela à titre de renseignements. Quant à la demande que je vous ai faite, je le regrette puisque je suis venu accroître le nombre des ennuyeux. Seul[e]ment, je vous prie de tenir compte que j[e me m]ettais à votre disposition pour un travail q[uelc]onque. Je ne serais pas venu sans cela vou[s de]mander ce service. Croyez-vous à la possibilité pour moi de faire un petit bouquin pour la bibliothèque démocratique. J’aurais de bonnes choses à dire, m’adressant surtout aux paysans et aux ouvriers. Ces petits bouquins feraient même très bien leur chemin chez vous. J’ai aussi une petite brochure que j’ai lue ici et qu’on croit appelée à quelque succès. Vous m’obligeriez en m’envoyant les livraisons 157-162-172 de la Revue française de L Blanc. J’ai un ami qui désirerait aussi la compléter. Je vous enverrai la liste des n°s qui lui manquent. C’est l’ami intime de Montbart le dessinateur ; veuillez le traiter en ami, il n’est pas riche. J’ai fait beaucoup de réclame auprès des Anglais pour cette édition ; j’en ai fait vendre quelques-unes. J’ai l'honneur de vous saluer J B Clément 148 Euston road N W London »
[DUBUFFET (Jean)] VOLBOUDT (Pierre). LES ASSEMBLAGES DE JEAN DUBUFFET. XXe siècle, F. Hazan, 1958. En feuilles sous couvertures rempliées illustrées, chemise et étui de l’éditeur. 4 f. blancs, 1 f. [faux-titre], 1 f. [titre], 124 p. [dont 17 planches], 3 f. blancs, 32,5 × 23 cm. Un des 700 exemplaires numérotés sur vélin blanc, seul tirage après 50 Arches contenant une lithographie et 20 hors-commerce. Les planches en noir et en couleurs ont été reproduites par Daniel Jacomet. Envoi sur le feuillet de titre : à notre Phare Latis avec égards et amitié Jean Dubuffet [En grec :] satrapa février 1960 Provenance importante. Latis fondera, le 3 juillet 1962, la Compagnie de l’Art Brut, avec Dubuffet, Slavo Copač et Daniel Cordier — les statuts de l’association le désignent comme « Monsieur Emmanuel PEILLET, dit LATIS, agrégé de philosophie ». Sur les relations complexes entre Dubuffet et le Collège de ’Pataphysique, on pourra consulter l’article de Thieri Foulc, « Dubuffet et le délicat problème de l’équivalence », dans Le correspondancier du Collège de ’Pataphysique, numéro 21, 8 absolu 140 (15 septembre 2012).
GRACQ (Julien) (Louis POIRIER, dit). LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE À CLAUDE ROY. 1 page 1/4, 20,9 × 14,8 cm environ. Belle lettre à propos de son éventuelle participation au numéro du Nouvel Observateur en hommage à André Breton. « Paris, vendredi 22 Cher Claude Roy J’ai bien reçu votre lettre, ainsi que les documents que Mme […] m’a fait obligeamment adresser. J’ai envisagé spontanément avant-hier au téléphone, en recevant votre lettre, de collaborer à cet hommage à Breton, tant l’idée même m’en était sympathique. J’y ai songé de nouveau en recevant les documents. Le temps imparti est extrêmement court pour moi, qui n’ai aucune expérience du journalisme, et qui travaille avec une excessive lenteur, si bien que, depuis de longues années je décline par principe toute collaboration à des périodiques (et cette contribution au Nouvel Observateur risque de relancer les demandes en ce sens !). De plus, je me suis beaucoup exprimé à propos de Breton, non seulement dans le livre que je lui ai consacré, mais dans plusieurs textes complémentaires et dans d’autres ouvrages, ainsi que dans l’hommage de la NRF au moment de sa mort. Je ne saurais guère ajouter à ce que j’ai fait et il est pour moi détestable de reprendre un texte sous une autre forme. Il faut écarter cette solution, qui serait de complaisance, et certainement médiocre. Si vous tenez à m’associer à cet hommage — ce qui me touche et ne peut que me faire plaisir — vous pouvez (c’est un pis-aller qui vous assurera au moins de ma sympathie pour votre projet) reprendre en tout ou en partie un texte de moi, par exemple le portrait de Breton qui figure dans En lisant en écrivant p. 249. Il correspond bien à l’image finale que je garde de lui. Mais je crains que cette solution de convienne pas au Nouvel Observateur : les périodiques n’aiment pas l’encre fraîche… Quoi qu’il en soit, c’est l’occasion de vous dire, chez Claude Roy, mon vif et cordial souvenir. J. Gracq »
TORMA (Julien). EUPHORISMES. Paris, éd. Guiblin, imp. 1926. Broché, 16 × 12,2 cm. 1 feuillet (faux-titre, titres du même auteur au verso), 1 feuillet (titre, justification au verso), 1 feuillet (avertissement, verso blanc), 1 feuillet (dédicace à René Crevel, verso blanc), 70 pages. Édition originale de cet ouvrage important dans l’histoire du Collège de ’Pataphysique — et donc des milieux littéraires et d’avant-garde du Paris de l’après-guerre —, et qui gagnerait à être reconnu et considéré autrement que comme une mystification. La période d’écriture et l’identité de l’auteur ou des auteurs des textes de ce recueil d’une grande originalité (à commencer par les titres courants) restent obscures et sujettes à débat. La justification annonce 236 exemplaires, dont 36 sur papier gris souris. Exemplaire non paraphé par Jean Montmort, ce qui est rare. Dos légèrement plissé, mais agréable exemplaire.
DROUET (Juliette). BILLET AUTOGRAPHE À VICTOR HUGO. Sans date. 2 pages, 12,5 × 10 cm. Charmant billet écrit lors d’une absence de Victor Hugo, ce qui est rare. « Je te remercie, mon bien aimé adoré, de mettre le temps à profit loin de moi en te soignant bien. Continue mon pauvre petit malade afin de me revenir bien vite guéri. Moi pendant ce temps-là je t’adore pour me faire trouver le temps moins insupportable. Je baise tous tes bobos et je t’aime à genoux. M. A. veut bien se charger de te remettre ce gribouillis que je t’écris au courant de l’âme. »
DROUET (Juliette). LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE À VICTOR HUGO. 4 pages, 21 × 13,3 cm. Jeudi matin 9 septembre, 7h45. Touchante lettre mélancolique et désabusée. « Jeudi matin 7h3/4. 9 7bre. Bonjour, cher bien aimé, bonjour tout le monde bonjour. Je suis triste ce matin et peu s’en faut que je ne sois méchante. Cependant comme je ne peux pas exercer ma méchanceté impuissante contre personne je l’utilise envers moi et je m’en sers pour me tourmenter et pour me rendre la plus malheureuse des femmes. C’est une manière de ne rien perdre qui n’a pas son charme mais qui tient lieu de chagrin à défaut de joie. Voici la belle saison passée sans que j’aie pu accrocher un pauvre jour entier de bonheur. Cependant je ne vivrai pas deux fois et je crois même intérieurement que je ne vivrai pas long-temps. Peut-être est-ce pour me rendre la vie moins regrettable que le bon Dieu me l’a fait si peu agréable ? Dans ce cas-là je dois avouer qu’il y réussit complettement car je n’ai jamais mieux compris le désenchantement de toute chose que dans ce moment. Il est impossible en effet de se soutenir long-temps dans la vie, sans famille, sans amis, sans affaires, sans bonheur, si non sans amour. Je sens bien que la terre me manque et que toutes les joies de ce monde me fuient. Il est temps d’émigrer vers une autre contrée plus clémente et plus généreuse. Il est temps aussi de finir cet affreux gribouillis plus noir et plus brumeux que le temps et plus bête encore que moi. Heureusement que mon papier est fini. Je t’aime. Juliette »