Chez l'Auteur, 2019, in-8° à l'italienne, 209 pp, 141 portraits photographiques, broché, bon état
Entre mémoire et témoignage, archive et création, « Tirailleurs, un devoir de mémoire » souhaite avant tout donner à voir la part importante – et occultée – prise par les soldats africains et maghrébins pour la défense d’une France libre pendant la Seconde guerre mondiale. Ce travail se veut d’abord une rencontre avec des hommes qui sont donc porteurs d’une double histoire, la leur bien sûr, mais aussi la nôtre. La plupart des rencontres avec les Tirailleurs a donné lieu à des entretiens autour de trois moments-clés de leur parcours : le recrutement, la guerre, le retour. Les témoignages recueillis pèchent parfois par une chronologie inexacte et une connaissance sommaire de la géographie mais ils sont particulièrement révélateurs de l’existence d’une mémoire collective qui livre des précisions là où on ne s’y attend pas… C’est ainsi qu’au travers de témoignages chaque fois singulier et unique se dessine une mémoire collective qui met à jour l’étrange destin de ces hommes bouleversés par une histoire qui n’était pas a priori la leur. Et qui les a longtemps oubliés. Menés entre 1999 et 2004, les entretiens témoignent d’un fort sentiment de non-reconnaissance : les Tirailleurs ne comprennent pas que celle qui fut dans leur jeunesse leur « mère patrie » semble les avoir oubliés. Témoin pour eux de cet « oubli », la cristallisation des pensions. Lors de l’accession à l’indépendance des pays de l’AOF/AEF dans les années 60, l’Etat français, notamment pour des raisons financières, a cristallisé les pensions et les retraites de leurs ressortissants. Les disparités de ces pensions ont été aggravées par des majorations et des dérogations accordées par décret à certains Etats. A mesure que le temps est passé, Bir Hakeim, Elbe, la Provence ne sont plus devenus que des lieux étranges et inconnus pour les jeunes générations et beaucoup de vieux Tirailleurs sont partagés entre amertume et espoir. Ce travail est le fruit de cinq séjours (1999/2004) et de la rencontre de près de 150 tirailleurs dans sept pays d’Afrique Noire – Côte d’Ivoire, Sénégal, Mali, Burkina Faso, Bénin, Cameroun, Tchad.