1915 Tirage sur chine (60 x 47,5 cm.) contrecollé sur vélin fort (76 x 56,5 cm.), limité à 500 exemplaires numérotés (celui-ci justifié à la mine de plomb - n°38).
Beau tirage de cette caricature de guerre. La France, figurée par une Marianne aux généreux seins nus courbe sous son genou un minotaure armé d'un gourdin, tandis que le coq gaulois aveugle l'aigle germanique. Adolphe Willette (1857-1926) est un des plus talentueux et prolifique artiste de l'époque. Membre des Hydropathes et des Hirsutes, il fait partie dès l'origine de la bande du Chat noir, ce cabaret de Montmartre fréquenté par toute la bohême, et qu'il décore de ses fresques. Willette collabore tôt à de nombreux titres de presse, comme le Courrier Français (une couverture de Willette, "La Sainte Démocratie" lui vaut une saisie par la police). Il participe aussi au premier Bal des Quat'z'Arts en 1892. De fait, aucun événement subversif et humoristique de l'époque ne le laisse indifférent, quand il n'y collabore pas directement (comme le Bal Tabarin en 1904, ou le Cornet). Il dessine ainsi la première double page éditoriale de l'Assiette au Beurre en 1901, la première couverture du journal anarchiste, le "Canard sauvage" en 1903, et participe au lancement de l'Humanité en 1907. Le 1er juin 1904, il est le promoteur d'une Société des humoristes et participe à ses salons annuels. Alors qu'il est depuis longtemps sollicité pour ses dessins, ses décors de restaurants, de théâtre, ou ses affiches publicitaires, il connait avant guerre une vraie consécration officielle. La première guerre mondiale lui inspire de nombreux dessins tantôt amusants, tantôt violents (dont ceux parus dans l'album "Sans Pardon") et toujours d'un antigermanisme exacerbé, parus dans des feuilles satiriques comme la Baïonnette, Fantasio, le Rire rouge ou des grands quotidiens comme Le Journal ou le Petit Parisien. En 1920, il est président-fondateur, avec Forain, Neumont et Poulbot, de la "République de Montmartre", sorte de baroud d'honneur d'une génération d'amuseurs qui ne se prenaient pas au sérieux, à l'image de Pierrot, une figure que Willette a dessiné pendant quarante ans. Il meurt en 1926, et Forain prononce son éloge funèbre. Source : Adolphe Willette, catalogue de l'exposition organisée par le musée d'art et d'histoire Louis Senlecq de L'Isle-Adam et le musée Félicien Rops de Namur en 2014. Libraire membre du S.L.A.M. (Syndicat national de la Librairie Ancienne et Moderne) et de la L.I.L.A. (Ligue Internationale de la Librairie Ancienne). N'hésitez pas à prendre contact par mail pour des photographies et des détails supplémentaires, pour des recherches ou des estimations de livres anciens et rares.