<meta charset="utf-8"><p>De Rubens à Vélasquez, de Poussin à Delacroix (par le truchement de Véronèse), le génie européen a tiré sa substance de l'art vénitien du XVIe siècle. Un certain rapport à l'objet - et donc au concept - se défait en ces années décisives où c'est la notion de figure qui oscille : chez Giorgione, chez Titien, le brouillage progressif des contours annule l'opposition de la forme et du fond et suscite une surface sans hiérarchie, isotropique. L'aboutissement de cette manière est le<span></span><em>Marsyas</em><span></span>- magma, tableau<span></span><em>informe</em><span></span>au sens de Georges Bataille, surface où se joue dans un registre crépusculaire la contamination de la peinture et de la chair.<br>Tout au long de son livre, Johannes Wilde analyse ce moment. Il le repère<span></span><em>dans les œuvres</em>. Il n'est pas de ceux qui se contentent d'étudier les photographies. En héritier de l'école viennoise, il cherche le sens dans les parties matérielles du peintre - texture, forme, couleur, cadrage -, étudiant en particulier le tableau dans son contexte architectural et montrant comment, à Venise, le lieu d'exposition est un opérateur essentiel.</p><p>Johannes Wilde (1891-1970), d'origine hongroise, a été membre du cercle de Lukàcs, puis élève de Max Dvorak, à Vienne, lecteur de Hildebrand et Wölfflin. Assistant pendant quinze ans au Kunsthistorisches Museum de la capitale autrichienne, exilé en 1938, il enseigne pendant dix ans au célèbre Courtauld Institute de Londres. Ses deux spécialités étaient la peinture vénitienne et Michel-Ange. Il leur a consacré deux livres et quantité d'articles.</p> Paris, 1993 Macula 304 p., illustré, broché. 19,5 x 25,5
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