La traduction est l'oeuvre de Léon Bazalgette, le deuxième, après Laforgue 30 ans plus tôt, à avoir traduit Whitman. Le recueil est illustré par Jean Lurçat, dont c'est le premier livre, et soigneusement imprimé par le relieur-éditeur-imprimeur Gonon, qui publiera le premier livre d'Eluard. Paris, Éditions du relieur A. J. Gonon, (30 octobre) 1919. 1 vol. (320 x 430 mm) de [12] f. En feuilles, sous couverture de papier marbré, titre doré au premier plat. Édition originale. Un des 14 premiers exemplaires réimposés sur vieux japon (n° 2), après un exemplaire unique contenant les dessins. Justifié et signé par l’éditeur et l’illustrateur avec un envoi d’Aristide Gonon « À Monsieur Eugenio Lopez Zudela. Hommage de cet essai de typographie. A. J. Gonon ».
C’est à Jules Laforgue que l’on doit les premières traductions de poèmes entiers de Whitman, parues dans la revue symboliste La Vogue en 1886. Whitman avait donné son assentiment à une traduction complète, qui ne verra jamais le jour, puisque Laforgue meurt en 1887. En 1909, paraît une traduction intégrale, qui n’est pas le fait d’un poète, mais de Léon Bazalgette, qui fait le choix de gommer toutes les ambiguïtés sexuelles de la poésie de Whitman, en féminisant par exemple systématiquement l’interlocuteur amoureux. C’est en réponse à cette lecture très partiale que s’élabore le projet de traduction collective qui paraîtra en 1918, préfacée par Valery Larbaud, et qui réunit une anthologie de textes traduits par André Gide, Valery Larbaud, Léon Fabulet, Francis Vielé-Griffin, tout en reprenant ceux de Laforgue. Le même Léon Bazalgette livre ici ces poèmes, illustrés par Jean Lurçat, dont c’est le premier livre : le recueil contient « Une femme m’attend » ; « Le corps d’un homme aux enchères » ; « J’ai traversé naguère une ville populeuse » ; « Combien de temps fûmes-nous entravés, nous deux » ; « Vingt-huit jeunes hommes se baignent près du rivage » ; « Chant pour toutes les mers, tous les navires ».