Nadar, Paris 1856, 6,5x10,5cm, une feuille.
Photographie originale à l'albumine au format carte de visite. Epreuve sur papier salé. Un des premiers portraits du poète, qui fut un des premiers modèles du photographe. Rare, comme tous les premiers portraits chez Nadar de Vigny. Photographie montée sur carton rigide gris, extraite d'un album photographique d'un collectionneur. A la plume dans la marge basse, Le Cte Alfred de Vigny, et dans la marge droite NADAR en capitales. Un des premiers portraits de Nadar où déjà se dégage son style épuré. "Nadar photographie ses modèles simplement, n'utilisant que la lumière naturelle et zénithale diffusée par les verrières et réfléchie par de grands panneaux mobiles. Les poses à la manière d'Ingres valent surtout pour l'intimité et la complicité qu'il sait créer avec ses sujets. «La photographie est à la portée du premier des imbéciles, elle s'apprend en une heure. Ce qui ne s'apprend pas, c'est le sentiment de la lumière [...]et encore moins l'intelligence morale de votre sujet [...] et la ressemblance intime», dira-t-il. Dans cette période, où le portrait s'industrialise dans un académisme convenu, Nadar supprime les accessoires et décors conventionnels et refuse la retouche, au profit de « l'expression vraie et de cet instant de compréhension qui vous met en contact avec le modèle, qui vous aide à le résumer, vous guide vers ses idées et son caractère»." (Claude Postel : connaissance des arts). L'entreprise Nadar executera des tirages plus tardifs de ce cliché mais celui-ci est bien un cliché de démonstration, non destiné à l'usage. A l'instar de Baudelaire, Vigny déplorait la mode de la photographie et particulièrement celle des portraits, mais il détenait paradoxalement sa propre collection de photos cartes de visite et à la fin de sa vie, il multiplia les séances de poses, d'abord chez Nadar puis chez Le Gray. Il se montre vers 1855 soucieux de son image, celle qui va laisser à la postérité, et ses portraits photographiques doivent traduire le personnage de poète qu'il désire laisser. C'est ainsi qu'on le découvre sur ce portrait dans une attitude de sphynx, assis assez rigidement dans un fauteuil de velours, le regard dirigé vers l'horizon, les bras croisés, la main droite tenant un porte-mine, emblème de sa vocation, la rosette de la légion d'honneur ornant son col. - Photos sur www.Edition-originale.com -