S.n. (chezl'auteur), s.l. 10 octobre 1945, 22x17cm , 17 pages sur 9 feuillets.
| «J'aime mieux les soldats, les officiers sont encore plus puants que les aspi français, et pourtant, ça, c'est à faire péter le conomètre, avec leurs petits bâtons à enculer les chevaux.»|<br>* Manuscrit autographe original de la nouvelle de Boris Vian, écrite en 1945 et publiée dans le recueil posthume Le Loup-Garou en 1970. Manuscrit très dense de 17 pages sur 9 feuillets, rédigé à l'encre noire, avec biffures et corrections, sur desfeuilles à carreaux perforées et daté «25.10.45» à la fin du texte. Un des très rares manuscrits datés par l'auteur. Exceptionnel manuscrit de la première nouvelle de Boris Vian, écrite à 25 ans, quelques mois après la Libération. Les premières tentatives littéraires de Bison Ravi datent de l'hiver 41-42, selon Michelle Vian qui lui demande à cette époque de lui composer un conte de fées. L'exercice donne au jeune ingénieur l'envie de se lancer immédiatement dans un autre récit fantaisiste, sans queue ni tête, au seul usage de ses amis, Troubles dans les Andains. Deux ans plus tard, il s'attèle à ce qui deviendraen 1947son premier roman publié, grâce à Raymond Queneau, Vercoquin et le plancton. Mais avant la rencontre fondamentale avec ce mentor et père spirituel qui lui ouvrira les portes de la Maison «Blanche» de Gallimard, l'écriture n'est pour Vian qu'un jeu, sans conséquence ni ambition, pour combattre la morosité des années d'Occupation. La véritable passion du médiocre ingénieur Vian est le jazz et sa relative professionnalisation dans la troupe de Claude Abadie. Lorsque le 18 juillet 1945, il signe son contrat pour la collection «La plume au vent» créée et dirigée par Queneau, Boris Vian considère sans doute qu'il n'a encore rien écrit. Son «uvrette» Vercoquin ecaetera, timidement envoyé à Queneau le mois précédent, sera affublée d'une préface désabusée et d'une dédicace en forme d'excuse. Martin, achevé en octobre 1945, est donc sa première uvre d'écrivain et sa toute première nouvelle, genre dans lequel il excellera, comme le soulignent M. Lapprand, C. Gonzalo et F. Roulmann dans l'édition de La Pléiade : «L'écriture incisive de Boris Vian sied à merveille aux textes courts. [...] Elle a trouvé sa première expression dans la pratique de la "nouvelle", entendue à l'anglo-saxone comme short storydont Vian appréciait hautement la lecture. Entre 1945 et 1958, sa plume alerte donne jour à 45 courts récits [...]. Vian goûte tant l'exercice, qu'il en produit pas moins d'une trentaine [...] de 1945 à 1948 [parmi lesquelles] seules cinq rest[èr]entinédites du vivant de l'auteur.» Martin ne paraitra que 11 ans après sa mort dans le recueil Le Loup Garou, sans mention de sa place essentielle dans la genèse de l'uvre et de l'artiste. Pourtant, cettepremière nouvelle de Vian présente des caractéristiques uniques qui en font une uvre pivot. Entièrement centrée sur les grandes passions de Vian, le jazz et les voitures américaines, cette pérégrination se distingue surtout des productions précédentes par son style. A l'aube d'une carrière d'écrivain - du moins rêve-t-il ainsi son avenir qui sera plus tumultueux qu'il ne l'espère - Boris ne choisit pas le style de Vian, mais celui de Sullivan. Martin est en effet une nouvelle dans le pur style du roman noir à l'américaine, sans pour autant que Vian se fende d'une intrigue ou d'un véritable projet narratif. Martin ne raconte rien d'autre que la soirée passablement décevante d'un trompettiste «amateur marron», c'est-à-dire semi-professionnel, sollicité pour jouer dans un band improvisé lors d'une soirée organisée pour les G.I's. Ni introduction, ni climax, ni dénouement, le récit semble être un pur exercice de style, mais de ce styleencore totalement inédit pour l'écrivain en herbe, qui sera celui de J'irai cracher sur vos tombes, Elles se rendent pas compte, Les morts ont tous la même peau, Et on tuera tous les affreux, les seuls succès littéraires anthumes de leur «traducteur». Les personnages de Martin paraitraient tout droit sortis du néant, si le lecteur moderne ne reconnaissait Miqueut, chef de bureau du narrateur, tout simplement emprunté à Vercoquin, Doddy le batteur absent, qui n'est autre que Claude Léon, un des plus proches amis de Vian qui apparaitra ensuite dans plusieurs uvres de Vian dont L'Automne à Pékin, Temsey, pseudo de Taymour Nawab, et bien sûr une apparition du Major, alias Jacques Loustallot, qui sert ici de véritable major américain et une discrète référence au frère de Boris, également musicien. Mais c'est avant tout le narrateur qui donne la clé de lecture du roman: derrière le prénom Roby se cache un des nombreux pseudonymes anagrammes de Boris Vian, Robi Savin -«je agressif» de l'auteur (comme le décrit le Dictionnaire des personnages de Vian) - ingénieur sans le sou et trompettisteamateur, passionné de voitures et de jazz. La soirée de Roby est une version «pulp» d'une des multiples prestations de son auteur et de son «band» dans les soirées caritatives américaines de la Libération. On y retrouve les lieux fréquentés par Boris et Michelle, l'hôtel Normandie, la rue Lamarck de Claude Léon, la rue Notre-Dame-des-Victoires, devenue «rue Notoire-du-Vidame», siège de l'AFNOR... Martin est ainsi une fantastique plongée dans Paris, mais sous le prisme de l'amertume et du désenchantement de cet après-guerre décrit par Philippe Boggio dans son autobiographie de l'auteur: «Les boys n'entendent à peu près rien au jazz[et sont] inconscients du mythe violent qu'avait fait naître leur pays dans les imaginations pendant les années d'Occupation». Plus autobiographique que ses nouvelles suivantes, dominées par un imaginaire fantaisiste, Martin est une précieuse source d'informations sur la jeunesse de Vian et la rageuse mélancolie d'un esprit bouillonnant dans une ville libérée mais entravée. Dr Vian laisse libre court à Mr Sullivan qui rêve de régler leur compte aux musiciens hollandais, «tous dessalauds, des demi-boches, encore plus lèche-cul quand ils ont quelque chose à vous demander [et qui) s'aplati[ssent] devant le client pour avoir des cigarettes.». Violence gratuite qui ne demande qu'à exploser, sans véritable ressentiment ciblé: « Oui, je suis ingénieur, après tout et c'est bien le plus bête, en trois lettres, de tous les métiers (...) maiss'il me suffisait d'appuyer sur le bouton, pan... plus de Martin, plus de Heinz, au revoir. Ce n'est pas une raison parce qu'ils sont musiciens, les professionnels sont tous des salauds.» Si elle demeure uniquement fantasmatique, la haine du narrateur contraste avec la monotonie prosaïque de sa soirée, décrite heure par heure. Or, peut-être pour la seule fois dans toute son uvre, Vian fait une étrange référence aux temps troubles tout juste achevés : «Quel con! Tous les chauffeurs sont cons. C'est une sale race. Je les emmerde, je suis ingénieur. [...] On est de la même race; des types qui s'aplatissent. Bon, je me vengerai plus tard, avec un colt, je les descendrai tous, mais je ne veux rien risquer parce que ma peau vaut mieux que la leur[...]. Je me demande pourquoi on ne le ferait pas pour de vrai. Aller trouver un type comme Maxence Van der Meersch, je lui dis: - Vous n'aimez pas les souteneurs et les tenanciers de maisons, moi non plus, on fait une association secrète, et un soir par exemple on fonce dans une Citroën noire et on tue tous ceux de Toulouse. - Ça ne serait pas assez, il faut les tuer tous. Alors je dis, j'ai une autre idée on fait une grande réunion syndicale et puis on les supprime [...]. Si on se fait poirer, [...] ça ne fait rien on aura bien rigolé. Mais le lendemain il y en aura d'autres à leur place. - Alors il me dit on recommencera avec un autre truc.» Mêlant la racialisation nazie et l'humanisme de Van der Meersch, jouant de l'équivoque Citroën noire, symbole de la Gestapo comme de la Résistance, juxtaposant humour potache et extermination, Vian souffle sur les braises à quelques mois de la capitulation de l'Allemagne. Sur fond de soirée festive et de murs légères, il témoigne de la rancur et des espoirs déçus d'une jeunesse laissée-pour-compte dans le Paris de la Victoire: « c'était plein de belles filles, c'est dommage de les voir avec les Américains, [...] plus elles sont bien, plus elles sont con». A la fois reconnaissants: « Je bouffe jusqu'à ce que j'aie plus faim et je continue encore un peu après, pour être sûr de ne pas avoir de regrets le lendemain» et dépendants : « Il tend la main pour un paquet de sèches Chesterfield «Thank you Sir, Thanks a lot! », larbin va! », Les personnages semblent surtout passer leur temps à attendre les directives et les récompenses des soldats américains. Cependant le récit du narrateur se concentre principalement autour du mouvement. En premier lieu, celui des voitures, icônes des «Uhessas» rêvés par Vian: «Il y avait la Chrysler bleu ciel de l'US Navy, je l'ai déjà vu passer plusieurs fois à Paris»; «Non, c'est l'autre, mieux, une Lincoln»; «enfin une bagnole bien, Packard 1939»; «c'est chouette le bruit des pneus d'une grosse bagnole sur le pavé, ça sonne creux et rond, on grimpait en prise». Par la suite, c'est l'activité des danseurs qui occupel'attention de Roby, «ça danse sans grande conviction», au début, puis «la brune fait l'andouille et tortille ses fesses dure en plantant des choux avec l'américain» et enfin le jugement se fait plus radical: «quelle bande d'enflés! Est-ce que ça danse pour les airs, pour les filles ou pour danser?» Boris-Roby se place comme simple observateur de ce monde nouveau qui l'ignore. Personnage secondaire et muet, il devient héros-vengeur et juge impitoyable dans son seul imaginaire : «je les ai laissés se démerder, la barbe [...] et puis merde, ils me font tous chier.». Si Vian utilise très largement son expérience au sein de l'Orchestre Abadie,«coqueluche» des soirées dansantes organisées par le Special Service show de l'Etat Major américain, son modèle, bien qu'autobiographique, n'est sans doute pas Boris Vian le musicien, alias Bison Ravi, trompinettiste vedette du Saint-Germain-des-prés naissant. Le désenchanté Roby est sans doute plus subtilement inspiré de Boris Vian l'écrivain, futur Vernon Sullivan, obscur débutant, mais déjà observateur sans pareil de l'envers du réel. La clé de cette interprétation est ironiquement offerte au lecteurdès la première phrase, qui servira de titre aux éditions posthumes: «Martin m'a téléphoné à 5 heures.» Martin est avant tout une référence aux personnages de Marcel Aymé, un des écrivains favoris de Vian. Mais ce prénom partage surtout sa première syllabe avec la célèbre «Marquise» des surréalistes qui dénonçaient les incipits de romans à base de «La Marquise sortit à cinq heures». Cette assertion et le jugement portée sur celle-ci deviendront une figure récurrente de la littérature. En 1961, Raymond Queneau, lui-même, en fera un alexandrin pour Cent mille milliards de poèmes: «C'était à cinq o'clock que sortait la marquise». Premier écrivain à détourner le fameux modèle de « l'insanité» romanesque, selon Breton, Boris Vian témoigne, avec l'inaugural Martin, d'une irrévérence absolue envers le monde réel et surréel! «Je suis chez moi, enfin au pieu, et juste avant de m'endormir, je me suis changé en canard. 25.10.45» Provenance : Fondation Boris Vian. - Photos sur www.Edition-originale.com -
S.n., s.l. 6 janvier 1951, divers, 6 feuillets.
| Vernon Sullivan est mort, vive Vernon Sinclair ! |<br>* Ensemble complet du manuscrit et du tapuscrit de travail de Boris Vian, genèse de la chanson"Pour bercer ma peine". - un feuillet et deux papillonsperforés rédigés à la main à l'encre par Boris Vian. Nombreuses ratures. - Un feuillet plié en deux rédigé à l'encre de la main de Boris Vian également, comportant le titre de la chanson et les mentions suivantes : "6.1.51 - Boris Vian 3 rue D'Aumale St Tropez Var" - deux feuillets perforés tapés à la machine, mise au propre du manuscrit. La musique de ce texte fut composée parLouis Bessières et la chanson fut interprétée par Magali Noël. "Le6 janvier 1951, Boris Vian passe l'examenobligatoire d'admission à laSacemsur le thème imposé "Pour bercer ma peine". Sa qualité d'auteur reconnu lui permettra désormais de percevoir des droits d'auteur. Rappelons qu'en 1951, il a déjà publié huit romans : Vercoquin et le Plancton, L'Ecume des Jours, J'irai cracher sur vos tombes, Les Morts ont tous la même peau, Et on tuera tous les affreux, Elles se rendent pas compte, L'Automne à Pékin, L'Herbe rouge, un recueil de nouvellesLes Fourmis, et un recueil de poésieCantilènes en gelée, présenté une pièce de théâtreL'Equarrissage pour tous, fais des traductions (Le Grand Sommeil,La Dame du lac...), écrit des articles, et tout cela ne lui a rapporté que très peu d'argent car ses livres se vendent mal, hormis le trop célèbreJ'irai cracher sur vos tombes. Boris Vian doit passer à autre chose de plus lucratif si possible. On peut dire qu'il s'y emploie de ce pas en se lançant dans la chanson." (Oeuvres de Boris Vian, Tome 11) Dans la fiche professionnelle de Boris Vian à la SACEM, on lit le pseudonyme qu'il s'est choisi : Vernon Sinclair... L'examen d'entrée à la SACEM fut instauré en 1878 et perdurera jusqu'en 1991. Les aspirants à l'adhésion - qui donnait notamment le droit à une pension - disposaient d'une heure à une heure et demie pour composer une chanson sur un thème imposé. Le centre d'examen du 10 de la rue Chaptal vit ainsi défiler les plus grands noms de la chanson française et les thèmes les plus décadents: Bourvil dut composer, en 1944, sur le thème «Totor le tatoué» tandis que Georges Brassens reçut l'intitulé «Les étrennes de mon amie» en 1942. Il faut croire que Boris Vian fut reçu par un examinateur peu fantaisiste et la chanson qu'il écrivit lors de son examen est d'une rare mélancolie: Je ne sais pourquoi l'on persiste A ressasser tous ses chagrins Pourquoi lorsque l'on est trop triste On veut prendre le dernier train Provenance : Fondation Boris Vian. - Photos sur www.Edition-originale.com -
s.d. [1953], 21x27cm et un feuillet de 21x18,5cm, 14 feuillets.
| Le snobgermanopratin roule des mécaniques au volant de sa Torpedo|<br>* 14 feuillets rédigés à l'encre violette sur feuillets perforés à petits carreaux. Treize d'entre eux sont numérotés en haut à droite de la main de l'auteur (3, 4, 5, 7, 8, 10, 11, 12ème non numéroté mais sur lequel le texte se poursuit normalement, 13, 14, 15, 16, 19 et 22). Le début du texte manque ainsi que certains feuillets (entre les n°5 et 7, ainsi qu'entre les n°8 et 10 et les n°11 et [12]). Nombreuses biffures, ratures et corrections. Quelques traces marginales d'adhésif. Très beau brouillon en très grande partie inédit témoignant de l'amour inconditionnel du dandy germanopratin pour l'automobile. Passionné de mécanique et de conduite, Boris Vian posséda de nombreux modèles de voitures; sa favorite fut incontestablement sa Brasier Torpédo 1911, ancien taxi de la Marne dont il fit l'acquisition au printemps 1950. Dans un précédent article donné à Constellation et intitulé «Et dire qu'ils achètent des voitures neuves!» (n°46 février 1952), Claude Varnier décritamoureusement leur rencontre : «Ma voiture a quarante ans tout juste: elle a été construite en 1911. Avant de l'avoir trouvée, j'en ai conduit beaucoup d'autres; aucune ne m'a jamais donné autant de satisfaction.» Etrange auto dotée d'un pot de chambre amovible et d'un évier escamotable, à l'image des machines fantastiques que Boris Vian inventa pour ses romans, elle fut la seule à figurer sur la pochette de l'un de ses albums, Chansons possibles ou impossibles, sur lequel figurent les plus grands succès du chansonnier. L'homme et la voiture sont inséparables, Boris y promène Duke Ellington lors de ses visites à Paris «et ce sera un insigne honneur, accordé à quelques jolies femmes de sa connaissance, Eléonore Hirt ou Olga, une voisine, que de prendre la pluie pour des heures, la capote empêchée, sur la route du soleil» (Philippe Boggio, Boris Vian, 1993). En centralien appliqué, il apprécie la conduite capricieuse et la mécanique désuète de sa Brasier, comme en témoigne le manuscrit que nous proposons. Le texte est en effet ponctué de descriptions élogieuses du splendide véhicule:«elle s'est rhabillée de neuf: peinture blanche, cuir rouge, capitonnage exécuté par un ouvrier d'époque, s'il vous plaît.» Claude Varnier loue les qualités exceptionnelles de sa voituretout en soulignant les affres de la conduite d'un modèle ancien: «je suis obligé de la grimper en troisième et le régime du moteur baisse (...) mais une Brasier ne cogne jamais: elle monte ou s'arrête(on n'a d'ailleurs qu'à changer de vitesse pour éviter ce désagréable phénomène ». Son carrosse ne manque pas d'attirer les regards: «il est bon de voir la foule, spontanément, apprécier l'effort d'un isolé pour mettre l'accent sur la qualité française [...] Je vois à votre voiture que vous êtes quelqu'un de bien, qui respecte les traditions. » Si le début du manuscrit est relativement fidèle à la version finale de l'article de Constellation, il en est tout autrement de la suite. En effet, alors que Claude Varnier, parti en virée vers la Normandie, se fait arrêter pour excès de vitesse par un policier, ce personnage n'apparaît pas dans notre manuscrit, où il est éclipsé par la présence de la célèbre Zizi Jeanmaire, proche amie de Boris Vian : «Mon amie Zizi est venue me souhaiter bon voyage; elle apprécie tellement le confort de ces baquets capitonnés qu'elle ne descend qu'à la Porte de Saint-Cloud, la nostalgie dans l'il et cinq cents balles de taxi devant elle, funèbre perspective.Je lui ai bien proposé de l'enlever, mais elle pense que ça se saurait, avec une voiture comme ça...» Le personnage de Zizi est associé à celui d'Odile, «une personne sage». Le Dictionnaire des uvres de Boris Vian nous apprend que «Vian affectionne ce prénom pour ses chroniques de Constellation où il désigne l'épouse du narrateur, parisienne charmante.» Le reste de l'histoire fait la part belle à l'autobiographie. Boris Vian y évoque un séjour à Caen en compagnie de Jo Tréhard, créateur du Festival dramatique de Normandie qu'il rejoint pour qui il écrit le livret d'opéra Le Chevalier de neige en mai 1953: «Jo a un poste municipal et connaît fort bien le maire. Il me le présente.» La rencontre avec le maire de Caen, racontée dans notre manuscrit, est relatée dans la biographie de Philippe Boggio: «Lors du premier voyage à Caen, Boris s'était tout de suite bien entendu avec le maire. Celui-ci était tombé en arrêt devant la Brasier, et avait exigé de la conduire.» Dans cette ébauche non retenue de Constellation, c'est Claude Varnier qui lui propose: «- Monsieur le Maire, que diriez-vous d'un tour d'honneur en Brasier le 26 juillet sur votre circuit de vitesse.» L'alcool fait partie intégrante de l'uvre de Vian (notamment par la création de son célèbre Pianocktail); ce manuscrit n'échappe pas à la règle: Claude Varnier a le sens de la fête et de la boisson. L'hôtelière qu'il rencontre lui offre «un petit calvados» que Claude juge «bien bon». L'apéritif fait bien vite tourner la tête de notre chroniqueur qui déclare au troisième verre: «Ce n'est plus le trou normand, c'est un véritable abîme». Il enchaîne: «Si je continue comme ça, tout l'alcool de la maison va y passer». Reprenant le volant de sa Brasier - et le sujet principal de son article - il souligne avec humour: «Est-ce le calva, est-ce l'air vespéral (J'ai déjà remarqué qu'entre sept et neuf heures, la Brasier peut faire dix à l'heure de plus). J'ai réalisé une incroyable moyenne sur ces derniers kilomètres.» L'article, résolument technique dans sa version finale, prend ici une tournure des plus oniriques. Toute la fin, racontant comment Claude Varnier rêve d'inaugurer le circuit de Caen au volant de son bolide, humiliant les Ferrari et autres Gordini, n'était qu'un rêve provoqué par son ivresse: «Quelques secondes après, je me ranime grâce aux bons offices de Jo qui me passe un linge humide sur le front(...) Dans l'excès de mon émotion je me suis un peu évanoui...» Provenance: Fondation Vian Brouillon autographe signé d'un article de Boris Vian rédigé sous l'un de ses nombreux pseudonymes : Claude Varnier. Il s'agit d'une ébauche de l'article intitulé "Mes vacances comme en 1900" paru dans le numéro d'août 1953 de la revueConstellation. Le manuscrit préparatoire que nous proposons est en très grande partie inédit, Vian y ayant imaginé une toute autre histoire. - Photos sur www.Edition-originale.com -
s.d. (circa 1950), 21x27cm, 3 pages sur 3 feuillets perforés agrafés.
Manuscrit autographe inédit d'un projet de scénario cinématographique de Boris Vian. 3 pages sur 3 feuillets rédigées à l'encre noire et bleue et au stylo bille bleu. Ratures, corrections et notes marginales. Pliure centrale sans gravité. Une coupure verticale sur le premier feuillet, sans manque de texte. Amusant projet cinématographique raillant l'impitoyable monde des maisons de disques alors que Boris Vian fait la connaissance de Jacques Canetti qui lui ouvrira les portes de Polydor (qui deviendra Philips). La seconde page présente quelques lignes exposant le synopsis du projet: «Deux maisons de disques rivales se trouvent enlisées dans une guerre de concurrence acharnée. Chacune attend pour agir de savoir ce que prépare l'autre [...]» Boris Vian semble avoir une idée bien précise de l'ambiance du film, indiquant déjà des détails techniques d'importance: «Début du film en bistre (historique) [...] arbre découpé (voix des chênes) [...] ou à la guillotine (ombre dans la cour) [...] côté cinémassacre-ballet Hitchcock dans l'action». Il a également une idée assez arrêtée des les acteurs choisis pour interpréter les différents personnages: «[Jacques] Dufilho, [Hubert] Deschamps [...] Personnage de Georges Cravenne (Y.[ves] Robert ou Darry Cowl», bien qu'il ne semble pas encore décidé pour l'interprète du «personnage de Barclay».Fidèle à son humour, il imagine ponctuer l'intrigue de «sketches de démonstration», d'une «parodie du ballet M.G.M.» ou encore de «sketches satiriques venant couper le burlesque». La part belle est, compte tenu du sujet, faite à la musiqueet plus précisément au rock'n'roll: «Un seul orchestre spécialisé dans le rock, et chacune des deux maisons essaie de se l'approprier[...] Rock et Roll sont associés». Influencé par les maîtres de la science-fiction américaine d'après-guerre qu'il admire, Vian introduit dans ce scénario des éléments propres au genre de l'anticipation; les «Maisons de disques s'espionnent à coup de téléviseurs perfectionnés» et il y a même des «Martiens». L'écriture rapide et les ajouts marginaux de ce manuscrit témoignent de la vivacité de Boris Vian, infatigable travailleur à l'imagination prolifique. Dans son langage non-conformiste, il multiplie les idées sur le papier: «il faut moderniser notre organisation. On fait défiler les mecs et on les abat à coup de presse-papier quand ils sont trop vieux [...] chacun des maisons pousse au cul son grand docteur». Comme le souligne Noël Arnaud dans ses Vies parallèles de Boris Vian, «Boris Vian s'est (...) intéressé au cinéma de manière active, et à plusieurs reprises. Il a composé des scénarios (certains ont même été tournés), il est apparu comme acteur dans différents films et il a écrit des commentaires de courts métrages.» Un documentaire intitulé Le Cinéma de Boris Vian, sorti en 2010, relate la passion de Boris Vian pour le cinéma et sa collaboration avec le réalisateur Pierre Kast qui disait de son ami: «J'aimerais beaucoup - c'est un des plus grands regrets de ma vie - j'aimerais beaucoup entrer dans une salle de projection, avec un bon fauteuil et plusieurs dizaines d'heures devant moi, et regarder les vingt films que Boris rêvait de faire.» (Pierre Boiron, Pierre Kast 1985). Ironie du sort, c'est dans un fauteuil de cinéma que Boris s'éteindra...devant l'adaptation qu'il exécrait de son roman J'irai cracher sur vos tombes. Provenance : Fondation Vian - Photos sur www.Edition-originale.com -
Union Générale d'Editions, UGE , 1018 Malicorne sur Sarthe, 72, Pays de la Loire, France 1971 Book condition, Etat : Bon broché, sous couverture imprimée éditeur blanche et bleue, illustrée de 2 compositions sur fond blanc différentes In-8 1 vol. - 684 pages
1ere édition chez cet éditeur, 1971 Contents, Chapitres : Tome 1. - 1. Le dernier des métiers : Avant-propos à l'Equarrissage pour tous, édition de 1950 - Introduction à l'édition de 1952 - Salut à Boris Vian par Jean Cocteau - 2. L'Equarrisage pour tous - L'Equarrissage et la critique - 3. Le gouter des généraux - Note critique sur les deux gouters des généraux - Tome 2. - 1. Tête de méduse, comédie en 1 acte - Le chasseur français, tragédie en 3 actes et en vers - Série blême, comédie musicale en 3 actes - Boris Vian, né le 10 mars 1920 à Ville-d'Avray (Seine-et-Oise, aujourd'hui Hauts-de-Seine) et mort le 23 juin 1959 à Paris (7e arrondissement), est un écrivain, poète, parolier, chanteur, critique musical, musicien de jazz (trompettiste) et directeur artistique français. Ingénieur formé à l'École centrale, il s'est aussi adonné aux activités de scénariste, de traducteur (anglais américain), de conférencier, d'acteur et de peintre. Sous le pseudonyme de Vernon Sullivan, il a publié plusieurs romans dans le style américain, parmi lesquels J'irai cracher sur vos tombes qui a fait scandale et lui valut un procès retentissant. Si les écrits de Vernon Sullivan ont attiré à Boris Vian beaucoup d'ennuis avec la justice et le fisc, ils l'ont momentanément enrichi à tel point qu'il pouvait dire que Vernon Sullivan faisait vivre Boris Vian. Il a souvent utilisé d'autres pseudonymes, parfois sous la forme d'une anagramme, pour signer une multitude d'écrits. Boris Vian a abordé à peu près tous les genres littéraires : poésie, documents, chroniques, nouvelles. Il a aussi produit des pièces de théâtre et des scénarios pour le cinéma. Son uvre est une mine dans laquelle on continue encore de découvrir de nouveaux manuscrits au XXIe siècle. Toutefois, sa bibliographie reste très difficile à dater avec précision, lui-même ne datant pas toujours ses manuscrits. Ainsi, Noël Arnaud dans les Vies parallèles de Boris Vian, et Claude J. Rameil qui ont fait des recherches très poussées, ne donnent pas les mêmes dates que les proches de l'auteur sur l'année de publication de certaines uvres, notamment les Cent sonnets. Il est également l'auteur de peintures, de dessins et de croquis, exposés pour la première fois à l'annexe de La Nouvelle Revue française en 1946. Une exposition à la Bibliothèque Nationale de France lui a été consacrée en 2011-2012. Pendant quinze ans, il a aussi milité en faveur du jazz, qu'il a commencé à pratiquer dès 1937 au Hot Club de France. Ses chroniques, parues dans des journaux comme Combat, Jazz-hot, Arts, ont été rassemblées en 1982 : Écrits sur le jazz. Il a aussi créé quarante-huit émissions radiophoniques Jazz in Paris, dont les textes, en anglais et en français, étaient destinés à une radio new-yorkaise et dont les manuscrits ont été rassemblés en édition bilingue en 1996. Son uvre littéraire, peu appréciée de son vivant, est saluée par la jeunesse dès les années 1960-1970. L'Écume des jours en particulier, avec ses jeux de mots et ses personnages à clef, est passé à la postérité. Il est désormais un classique, qu'on étudie souvent dans les collèges et les lycées. - L'Équarrissage pour tous est une pièce de théâtre. Farce anarchiste écrite en 1947 en trois actes, elle est refondue en 1948 en un acte unique. Se déroulant sur fond de libération par les Alliés en 1944, et plus précisément le jour du débarquement, cette satire animée par un antimilitarisme virulent s'attaque par la dérision et le burlesque à trois thèmes principaux : la guerre, certains aspects de la civilisation américaine dont l'impérialisme, le puritanisme et la propagande et la famille. Le Goûter des généraux est une pièce de théâtre écrite en 1951. Toutefois, ce n'est qu'en 1962, après son décès, que la pièce a été publiée par le Collège de 'Pataphysique et elle sera jouée pour la première fois en 1964, d'abord en allemand, puis en 1965 pour sa version originale en français. Cette pièce en trois actes, écrite juste après la Seconde Guerre mondiale, est une comédie antimilitariste, fable absurde sur les institutions de l'armée, sur l'asservissement de l'intelligence humaine à la logique de la guerre. Le Dernier des métiers est une pièce de théâtre comique en un acte et quatre scènes écrite par Boris Vian en 1950. Refusée au Théâtre des Noctambules, elle est publiée avec L'Équarrissage pour tous chez Toutain la même année avec des illustrations de Boo (pseudonyme de Pierre Léglise, frère de Michèle, la première femme de Vian). Il a été donné en lever de rideau du spectacle musical Lily Strada, comédie musicale du même auteur, chorégraphiée par Ursula Vian-Kübler et d'Déé. - Le Dernier des métiers est une pièce de théâtre comique en un acte et quatre scènes écrite en 1950. Refusée au Théâtre des Noctambules, elle est publiée avec L'Équarrissage pour tous chez Toutain la même année avec des illustrations de Boo (pseudonyme de Pierre Léglise, frère de Michèle, la première femme de Vian). Il a été donné en lever de rideau du spectacle musical Lily Strada, comédie musicale du même auteur, chorégraphiée par Ursula Vian-Kübler et d'Déé. Tête de Méduse est une pièce de théâtre écrite en 1951. Mais ce n'est qu'en 1970 que la pièce a été publiée chez Christian Bourgois. Elle a été jouée pour la première fois en 1974, d'abord à Abidjan, puis en 1975 au Théâtre de la Gaîté-Montparnasse. Série blême est une pièce de théâtre écrite en 1952 selon les sources, ou en 1954. Mais ce n'est qu'en 1970 que la pièce a été publiée chez Christian Bourgois. Elle a été jouée pour la première fois en 1974, à Nantes. (source : Wikipedia) "Bon ensemble complet en 2 tomes homogènes des 2 volumes du Théâtre de Boris Vian en 1018, couvertures légèrement jaunies sans gravité, intérieur propre, papier un peu jauni, légère pliure au coin inférieur de la tranche centrale du tome, cela reste un bel exemplaire. NB : Il existe d'autres pièces de Vian non publiée en 1018, il ne s'agit pas du théâtre complet de l'auteur de ""J'irai cracher sur vos tombes"" - Tome 1 (1971), 375 pages - Tome 2 (1971), 309 pages - Format de poche"
S.n., s.l. s.d. (1948-1949), 31x20cm, 16,5x11cm et 20,7x26,7cm, 3 feuillets.
| L'hymne tabou du maître des zazous |<br>* Secrète et précoce chanson, à l'écriture hâtive et aux nombreuses ratures, sans doute écrite sur le coin de table d'un caveau, hommage aux troglodytes célèbres et aux zazous anonymes de Saint-Germain-des-Prés - Un feuillet à carreaux perforé rédigé par Boris Vian à l'encre bleue, nombreuses ratures et corrections, quelques déchirures marginales. Ce feuillet est plié en trois, comme s'il s'agissait de la maquette d'un tract. En tête du feuillet, quelques essais manuscrits de la main de Vian confirment que ce texte était peut-être destiné à devenir l'hymne d'un cercle de germanopratins : « CLAC : Cercle Littéraire des amis des caves / Cercle libre des amateurs de cuisse. » Au verso de ce feuillet, des notes manuscrites de Vian probablement en vue d'animer ce cercle qui ne fut, à notre connaissance, jamais créé : « Tableau d'affichage - signé le troglodyte de la semaine [...] Manifestes à faire signer toutes les semaines. » -Un papillon perforé prélevé sur un feuillet de cahier d'écolier reprenant la strophe « Pour venir au Tabou » et la suivante, également de la main de Boris Vian. La première strophe n'apparaît pas dans son intégralité sur le feuillet principal. Une trace d'adhésif au verso. -Un feuillet perforé tapé à la machine, mise au propre du manuscrit. En bas à droite, la date « 1948-1949 » est indiquée. Cette chanson - une des toutes premières de Vian - est un véritable hymne germanopratin, qui ne fut jamais interprétée hors des caveaux.Il préfigure le fameux Manuel de Saint-Germain-des-Prés qui ne paraîtra qu'en 1974. Elle fut retranscrite, avec les strophes dans un ordre différent, dans le tome 11 des uvres complètes de Boris Vian consacré à ses chansons, mais certains vers barrés de notre manuscrit demeurent bien lisibles et inédits : « Quand on n'sait pas danser / Il vaut mieux s'en passer ». Alexandre Astruc, cité à deux reprises dans la chanson, témoigne dans ses mémoires de la création de celle-ci : « Je dois reconnaître qu'en dépit de l'alcool qu'on pouvait y ingurgiter, je n'aimais pas vraiment les caves, ni les pitreries de Vian, auquel je reconnaissais pourtant un réel talent de pasticheur et de pince-sans-rire. Il avait écrit une chanson très drôle sur les cocktails que donnait Gaston Gallimard chaque premier vendredi du mois. Tout ce que la littérature française comptait de plus sérieux s'y retrouvait, cul par-dessus tête, les jambes des femmes battant l'air dans leurs jupes new-look, sur l'herbe tendre des pelouses de Gaston, tant le préposé à la boisson, un homme rougeâtre du nom de Bitodos, avait coutume de forcer sur la dose d'alcool. En voici, autant que je m'en souvienne les paroles édifiantes : « Et le vendredi soir / On va chez Gallimard / On mang' des pt'its gâteaux / Offerts par Bitodos / Et l'on voit Jean Genet / qui se fait... enculer / Tandis que sur l'gazon / Astruc rend son gougeon... » (A. Astruc, La tête la première, 1975). Cette mention précise de l'impertinente chanson dans ses souvenirs des caveaux parisiens prouve qu'Astruc a entendu Vian l'interpréter, sans doute même à plusieurs reprises. La mémoire d'Astruc n'est pourtant pas tout à fait exacte et la chanson de Boris Vian, bien au-delà de l'évocation des garden-parties de Gaston Gallimard, constitue un véritable hommage au mode de vie germanopratin, alors en péril. Cette chanson grivoise fut en effet rédigée aux derniers souffles du Tabou, célébrissime club-cave fondé en 1947 où Boris Vian régnait en maître, entouré d'autres illustres personnalités citées dans ce tableau : « Les gens de Saint-Germain S'amusent comme des gamins ls lisent du Jean-Paul Sartre En mangeant de la tartre. » Deux strophes rendent hommage à la mythique cave de la rue Dauphine : « Pour venir au Tabou Faut être un peu zazou Faut porter la barbouze Et relever son bénouze - Dans une ambiance exquise On mouille sa chemise Et quand y'a trop d'pétard Ça finit au mitard » tandis que deux autres évoquent l'avenir des zazous : « Mais quand nous serons vieux Tout ira bien mieux On s'paiera des p'tites filles Pour s'occuper la quille - Et on viendra toujours Fidèle a ses amours Au Cercle Saint-Germain Pour y voir des gens bien. » Cette nouvelle évocation du « Cercle » adjointe aux annotations « clac » en tête du feuillet peuvent laisser supposer que Vian souhaiter créer un collectif qui survivrait au-delà du Tabou. Quoi qu'il en soit, à l'époque de la création de cet hymne aux « gens de Saint-Germain », naît le Club Saint-Germain, nouvelle cave plus « select » que son aînée qui deviendra la première scène jazz de Paris. Provenance : Fondation Boris Vian. - Photos sur www.Edition-originale.com -
Paris, Le Livre contemporain, (3e trimestre) 1958. 1 vol. (120 x 185 mm) de 215 p., [2] et 2 f. Broché, couverture illustrée par Piem, sous emboîtage (Julie Nadot). Édition originale (pas de grands papiers). Envoi signé : «Allez, Serge [Gainsbourg], on les aura ! Boris Vian». Bien complet de la planche de musique dépliante, bande de parution conservée.
« La chanson, disons-le tout de suite, n'a rien d'un genre mineur. Le mineur ne chante pas en travaillant et Walt Disney l'a bien compris, qui faisait siffler ses nains. Le mineur souffle en travaillant, pour éviter que le charbon ne lui entre dans la bouche. N'étant pas un genre mineur, la chanson joue, cela va de soi, un rôle majeur », écrivait Boris Vian dans «En avant la zizique ». Le plaisir d'un bon mot ? Certainement, c'est chez Boris Vian que Gainsbourg le goûte le plus dans la fin de ces années cinquante. Vian n'a rien publié depuis l'Arrache-coeur et prépare son «En avant la zizique ». Et celui qui s'appelle Lucien Ginzburg vient, à l'aube de l'année 1958, de prendre une décision radicale : il arrête définitivement la peintre, détruit tout son travail d'atelier et décide d'une nouvelle vie, et d'un nouveau nom : Gainsbourg, en hommage au peintre anglais Gainsborough, et Serge qui souligne ses origines russes. Son père lui trouve une place de pianiste-guitariste au cabaret "Milord l'arsouille", où il accompagne la chanteuse Michèle Arnaud, et rencontre Boris Vian, avec qui il partage le même humour cynique et le sens aigu de la dérision. Quelques mois plus tard, Serge Gainsbourg signe chez Philips, label qu'il ne quittera jamais. Avec l'arrangeur de Boris Vian, Alain Goraguer, Gainsbourg compose son premier disque, "Du chant à la une !", qui obtient, malgré des critiques sévères, le Grand Prix de l'Académie Charles Cros, prestigieuse récompense musicale, grâce en particulier au titre "Le poinçonneur des Lilas". Suite à la dureté des attaques contre Gainsbourg lors de la parution de ce premier disque, Boris Vian, quelques mois avant sa mort, va alors signer un article dithyrambique dans le Le Canard Enchaîné, numéro du 12 novembre 1958 : « Allez, lecteurs ou auditeurs toujours prêts à brailler CONTRE, contre les fausses chansons et les faux de la chanson, tirez deux sacs de vos fouilles et raquez au disquaire en lui demandant le Philips B 76447 B... réclame non payée, je ne travaille plus chez Philips, et j'y travaillerais encore que ce serait exactement pareil. C'est le premier 25 cm 33 tours d'un drôle d'individu nommé Gainsbourg Serge et né à Paris le 2 avril 1928. En ce qui me concerne j ‘espère que ce ne sera pas le dernier. En ce qui vous concerne, c'est vous qui pouvez faire que ce ne soit pas le dernier. Un disque, c'est coûteux à fabriquer, un nouvel artiste, c'est coûteux à lancer, surtout quand les disquaires, noyés sous le tout-venant et paralysés par les augmentations de TVA, n'ont même plus le temps d'écouter ce que les maisons de disques leur envoient. Qu'entendrez-vous sur ce disque ? D'abord - honneur à ceux que l'on oublie toujours - vous entendrez, soutenant Gainsbourg et s'entendant avec lui comme larrons en Parlement, Alain Goraguer et les neuf arrangements qu' il a écrits sur les chansons. Chacun, techniquement parlant, vaut dans les 17 à 19 sur 20, malgré un piano parfois mal accordé ; mais ça, c'est pas la faute de Goraguer ; un piano doit être accordé sur le vibraphone quand il y en a un à la séance. Vous entendrez (...) trois réussites techniques (carrure, style, chutes, etc.) absolues : « Le poinçonneur des Lilas », sombre, fiévreuse et belle (...) « Douze belles dans la peau » est d'aussi bonne qualité (...) « La femme des uns sous le corps des autres » est une amère et joyeuse réussite (...) Et quand vous aurez écouté tout ça, filous comme vous êtes, vous viendrez me dire que Gainsbourg n'a pas une grande voix. Bon, elle est un peu sourde, il a des nasales un peu trop nasales, mais il ne chante pas l'opéra, si vous voulez l'opéra, achetez Depraz. Vous viendrez aussi me dire que ce garçon est un sceptique, qu'il a tort de voir les choses en noir, que ce n'est pas «constructif» ... (si, si, vous dites des choses comme ça). A quoi je répondrais qu'un sceptique qui construit des paroles et des musiques comme ça, faudrait peut-être y regarder à deux fois avant de le classer parmi les désenchantés de la nouvelle vague ... Pourtant, il manque une chose à ce disque. Une chanson, peut-être la meilleure de Gainsbourg. Elle narre les amours d'un boulet de canon et d'une jambe de bois qui cherche à se placer. Cette chanson s'appelle « Friedland ». Gainsbourg l'a enregistrée. Mais elle ne figure pas sur le disque. Il faut l'écouter à Milord l ‘Arsouille, où chante Serge. Quant à ses défauts ou ses qualités, nous n'en parlerons pas. Car il est trop difficile de cerner l'étrange personnage qu'est Monsieur Gainsbourg. L'homme a plus d'une pirouette pour se dérober ". "En avant la zizique" paraît presque au même moment, pendant cet hiver 1958. C'est vraisemblablement le seul ouvrage que Vian ait dédicacé à Gainsbourg, lequel aura été, « de par sa singularité, son cynisme, son côté aigre-doux, le plus influencé par Vian », qui lui servira de révélateur : " J'encaisse ce mec. Blême sous les projos, balançant des textes ultra-agressifs devant un public sidéré. J'en prends plein la gueule et je me dis: 'Je peux faire quelque chose là-dedans'"»., (Serge Hureau, directeur du Hall de la Chanson, le Centre national du patrimoine de la chanson). Boris Vian devait décéder quelques mois plus tard, un peu plus d'un an après leur rencontre décisive. Le 25 juin 1959, Vian fera un malaise cardiaque pendant la projection de J'irai cracher sur vos tombes.
S.n. (chezl'auteur), s.l. s.d. [7 juin 1948], 21x27,5cm , 8 pages sur 4 feuillets.
| «- Malgré que j'aie fait des études supérieures, il peut m'arriver de me trouver incapable de conduire une locomotive. - Tu n'as pas d'envergure, répondit la belle Gaviale, et c'est pour ça que je t'aime.»|<br>* Manuscrit autographe original de 8 pages sur 4 feuillets quadrillés, abondamment corrigé etsigné par Boris Vian. Discrets plis transversaux. Cette nouvelle écritele 7 juin 1948, selon Noël Arnaud, a étépubliée dans la revue Dans le train n°2, puis reprise dans le recueil Le Loup Garou. Le manuscrit présente quelques petites variantes avec les versions imprimées. Composée pour être lue le temps d'un trajet en train, cette courte nouvelle inaugure les douze textes que Boris Vian publia entre 1948 et 1950 dans cette revue humoristique destinée aux voyageurs des transports en commun. L'intrigue, bien que simplissime, est digne des plus grandes sagas hollywoodiennes puisqu'elle expose, en cinq actes, l'ascension, l'apogée et la chute d'un gangster parisien. Précédée, dans la revue, du chapeau introductif: «Boris Vian, l'auteur de J'irai cracher sur vos tombes, vous présente Les Pas Vernis», la nouvelle se place sous l'égide de Vernon Sullivan tout en parodiant les codes du roman noir dans un savoureux cocktail «pulp»: - Misère: «Clams Jorjobert avait onze francs dans sa poche et c'était la veille du loyer». (Le héros, malgré son prénom de mollusque bivalve, porte un patronyme inspiré du comédien de l'adaptation théâtrale de J'irai cracher sur vos tombes, Georges Aubert.) - Magots secrets: «Pour rien au monde il n'eut touché au matelas de billets de mille sur lequel dormait son fils ainé, six ans le douze avril». (date d'anniversaire de Pierre, le fils de Boris et Michèle) Exploitation des faibles: «Il serait temps que cette enfant [...] qui court sur son quatrième mois commençât à se rendre utile». Ce projet machiavélique de Clams est heureusement réfréné par la conscience morale de sa femme: «Si tu attendais qu'elle ait six mois. Il ne faut pas faire travailler les enfants trop jeunes, ça leur déforme la colonne vertébrale». - Débauche de luxe: «La cage de l'escalier garnie de fer extrêmement forgé et, sous l'amorce de la spirale qui enserrait un ascenseur Louis X signé Boulle (mais c'était un faux), deux superbes landaus de Chez Bonnichon Frères et Mape réunis (...] garnis de lapin blanc». (Cette fois c'est à sa fille Carole et à son landau chic offert par les d'Halluin, que s'adresse le clin d'il de l'auteur). - Goût du lucre: «ça vaut trente billets dans le commerce, on en tirera bien douze mille. Pour moi, les douze mille, spécifia Gaviale.» (Ce surprenant prénom reptilien est toutefois presque systématiquement précédé de l'adjectif «belle») Sensualité: «La belle Gaviale, vêtue élégamment d'une longue jupe nioulouque dont dépassait un menu jupon de dentelles (celui de sa première communion)» - Trafic d'influence: «Tu comprends, (expliquait-il à sa femme, la belle Gaviale qui croquait du Rahat-Loukoum à la pisquatredeux tandis que Véronique buvait un biberon rempli de Heidsieck de la bonne époque) qu'on n'aura jamais l'idée d'arrêter une voiture du Corps Diplomatique». - Recel et faux-papiers: «L'opération se passa correctement en ce qui concerne la Cadillac, dont il put tirer treize cents mille francs car les faux papiers pour les Cadillac qui sont maintenant fabriqués en série, venaient d'être mis dans le commerce et se trouvaient dans tous les bureaux de tabac». - Folie des grandeurs: «C'est idiot, [...] Je venais de lui chiper sa voiture de pompiers, mais les femmes sont insatiables. Elle a voulu un corbillard... - Elle exagère, dit Dodiléon, compréhensif, car sa femme à lui n'avait jamais été au-delà de l'autocar à trente cinq places.» (Léon Dodiléon n'est autre que Claude Léon, un des meilleurs amis de Boris Vian et modèle involontaire de nombreux personnages) - Enfer carcéral: «Dans la prison, Dodiléon trouvait le temps léong.» - Atmosphère macabre: «J'ai acheté un cercueil, je me suis mis dedans et j'y ai été.» - Violence et crime : «T'as déjà essayé de marcher dans un cercueil? dit Clams. Je me suis pris les pieds dedans, je suis tombé et j'ai écrasé un petit chien.» Mais heureusement, Boris Vian n'est pas Vernon Sullivan, et il ne saurait acheverson récit sans l'assortir d'une morale sans concession: «Léon Dodiléon hocha la tête. - Mince, dit-il. Il y en a qui n'ont pas de veine! .... Boris Vian » Savoureux manuscrit original signé par Boris Vian de cette très short story « à l'embrayage tricuspide à révolution souple», mâtinée de Sullivan qui «rupineau poil». Provenance : Fondation Boris Vian. - Photos sur www.Edition-originale.com -
S.n., s.l. s.d. (1957), 21,3x27cm , 4 feuillets.
Ensemble complet du manuscrit et des tapuscrits de travail de Boris Vian, genèse de la chanson "Java mondaine". - un feuillet à carreaux perforés rédigé à la main au stylo bille bleu par Boris Vian. En bas du feuillet, également de la main de Boris Vian, la mention : "Musique H. Salvador - Paroles B. Vian" - un feuillet perforé tapé à la machine, mise au propre du manuscrit, sur lequel Boris Vian a écrit en marge le nom de "Chantal" qu'il a envisagé pour remplacer celui d'Hubert dans la chanson. Cette modification ne sera pas retenue. - deux autres feuillets tapuscrits sur papier pelure, l'un encollé sur un papier cartonné On joint également la partition de la chanson diffusée par les éditions Eddy Barclay. Cette chanson fut interprétée parJacqueline François puis parHenri Salvador. On passait un soir av'nue du Bois Et le p'tit Hubert dit qu'est-ce qu'on voit C'étaient les fusées du quatorze juillet On a décidé d's'encanailler Y avait un p'tit bal au métro Jasmin qui tournait Provenance : Fondation Boris Vian. - Photos sur www.Edition-originale.com -
s.d. (1958), 20,9x26,9cm, 4 pages sur 4 feuillets.
Manuscrit autographe de Boris Vian intitulé "Conseil de révision (des opinions)" à propos de Paul Anka. 4 pages rédigées au stylo à bille bleu sur 4 feuillets perforés réunis par des agrafes. Ratures et corrections. Pliure transversale en marge gauche sans gravité. Le manuscrit était destiné à «l'élite», c'est-à-dire aux lecteurs duCanard enchaîné, il a finalement été publié dansLa Belle époque(1980). Bel article faisant la promotion du concert à l'Olympia du jeune Paul Anka, alors âgé de dix-sept ans, plus de dix ans avant le succès planétaire de My Way. Boris Vian vieillit d'ailleurs un peu la «vedette américaine»: «Paul Anka est un garçon de vingt ans qui écrit ses chansons et qui les chante.» Vian, lui aussi compositeur et interprète souligne pourtant: «Comme il n'en écrit pas des douzaines, il chante aussi d'autres que les siennes, par exemple «Jingle Bells» puisque c'est l'hiver et Noël.» Le chroniqueur insiste sur le snobisme du public parisien difficile et visiblement peu réceptif à la variété américaine: «Paul Anka, le soir de la première, a fait un triomphe aux «populaires», ce qui a refroidi le parterre, savamment composé de vedettes, demi-vedettes, quarts de vedettes et figurants habituels de ces cérémonies.» Boris Vian répond ensuite point par point aux détracteurs du chanteur, enchaînant les louanges: «Il chante juste, très en place et semble capable de «swinguer» à la latine [...] Il a une excellente présence et presque trop de métier pour son âge. [...] Il «en fait» beaucoup moins que l'on ne pouvait le craindre d'après les disques et la publicité.» Très au fait des nouveautés musicales américaines, Boris se risque à un petit classement, sans perdre son légendaire humour, tout à fait en phase avec le ton caustique du Canard enchaîné: «C'est donc un chanteur classique s'il en fut, et l'Anka de malheur que j'avais craint est jusqu'ici, à mettre bien en avant des Kalin Twins, ces deux affreux singes, et du grimaçant Presley (lui, on l'a vu au cinéma).» Comme l'indique le titre de cet article "Conseil de révision", Boris Vian semble avoir changé d'avis quant au jeune chanteur après avoir assisté à sa première française; dans un autre projet d'article pour le Canard enchaîné rédigé quelque temps plus tôt, il déclarait: «Vous connaissez, évidemment, le dernier surnom du jeune chanteur Paul Anka, le beuglant du Canada. Il est court et charmant: l'Anka de malheur.» Provenance : Fondation Vian - Photos sur www.Edition-originale.com -
S.n. (chezl'auteur), 98 rue du Faubourg Poissonnière Xe, Paris s.d. [1950], 21x27cm , 18 feuillets numérotés.
| «On n'a pas encore tenté de doter la machine d'une culture générale...» |<br>* Important manuscrit autographe original signé de la nouvelle de Boris Vian écrite en 1950, initialement parue dans la revue Bizarre n°32-33 de 1964, puis publiée dans le recueil posthume Le Loup-Garou en 1970. Nom et adresseautographe de Boris Vianen tête du manuscrit. Manuscrit abondamment corrigé,rédigé à l'encre bleue et violette sur le verso de chaque feuillet,avec un placard de corrections encollé en page 13. Impressionnante nouvelle d'anticipation dans laquelle Boris Vian prophétise l'intelligence artificielle comme module de conversation appuyé sur l'intégration de données encyclopédiques : «Le modèle que vous voyez ici est destiné à acquérir l'ensemble des connaissances du grand memento encyclopédique Larousse de 1978 en seize volumes[...]. C'est une machine administrative, Florence. Elle doit servir de conseil (...). A chaque demande de renseignements (...), elle fournira (...) la réponse typique d'une culture française très étendue. En toute circonstance elle indiquera la marche à suivre, (...) expliquera de quoi il s'agit et comment se comporter (...). Il faut qu'elle absorbe tout. Elle n'a une chance d'avoir un comportement équilibré que si elle sait tout. C'est à cette seule condition qu'elle peut rester objective et impartiale.» Contrairement aux utopies de l'époque, le narrateur de Vian ne conçoit pas une "I. A." ayant une pensée et une sensibilité individuelle mais un véritable agrégateur de savoirs doté d'un moteur de recherche autonome et efficace.La sensibilité de son robot sera au contraire la cause de son échec, puisque en absorbant Toi et moi le roman à l'eau de rose de Paul Géraldy, l'ordinateur tombera amoureux puis agressera son concepteur. Mais s'il pressent Google et Chat Gpt plus de 50 ans avant leur apparition, Boris Vian cherche surtout dans ce petit conte futuriste à mettre en scène les relations hommes-femmes, véritable sujet de cette nouvelle dans laquelle il inverse joyeusement les rapports de séduction. Très rare manuscrit romanesque signé par Boris Vian. Provenance : Fondation Boris Vian. - Photos sur www.Edition-originale.com -
S.n., s.l. s.d. (1958), 21,2x27cm, 5 feuillets (13,5x21cm) + 1 feuillet (20,8x27,1cm) + 2 feuillets cartonnés (20,9x27,9cm) + 2 feuillets de partition (19,9x27,5cm).
| Politiquement incorrect - poétiquement incorrigible | * Ensemble complet du manuscrit et du tapuscrit de travail de Boris Vian, genèse de la chanson "Une bonne paire de claques". - cinq feuillets perforés de papier blancrédigés au stylo bille bleu de la main de Boris Vian présentant le texte intégral de la chanson. Nombreuses ratures et corrections. - un feuillet perforé de papier à carreaux rédigé au stylo bille bleu de la main de Boris Vian d'une strophe inédite jamais ajoutée à la chanson. - deux feuillets perforés contrecollés sur carton, transcriptions du texte intégral et de la strophe inédite. - deux feuillets de partition piano-chant imprimée par les éditions de la Lyre en 1962. Cette chanson, dont l'air sage contraste avec la violence des paroles, connut de nombreux interprètes Louis Massis (1959), Anne Gacoin (1960), Les Charlots (1969), Mouloudji (1976), Henri Salvador (1979), L'Orchestre du Grand Turc (1990), Les Poubelles Boys (1994 et 1999), Les Victor Racoin (1999), Fabienne Déroche (2009), Les Bisons Ravis (2010). «En 1957, un certain Henry Cording enregistre "Rock and Roll Mops". [...] D'ailleurs derrière Henry Cording se cache en fait le chanteur Henri Salvador, et les auteurs de la chanson sont Michel Legrand pour la musique et Boris Vian pour les paroles. Ils récidiveront l'année suivante avec le «Blues du dentiste» et «Une bonne paire de claques dans la gueule».» (J.-L. Calvet, La bande-son de notre histoire) Le manuscrit de la chanson présente quelques différences avec la version tapuscrite. Le «Tiens, salope!» des deux versions a été tout à fait abandonné dans le chant. Sur le feuillet quadrillé, titré «Modification pour «Une bonne paire de claques»», figure une savoureuse strophe qui ne fut jamais ajoutée à la chanson finale: «Les compliments, ça fatigue et ça lasse / Et puis c'est rare que ça soye (sic) bien tourné / Une vraie raclée qui vous laisse quelques traces / C'est plus sincère et toujours apprécié.» Une bonn'paire de claques dans la gueule Un bon coup d'savate dans les fesses Un marron sur les mandibules Ca te f'ra une deuxième jeunesse Provenance : Fondation Boris Vian. - Photos sur www.Edition-originale.com -
Imprimerie nationale, 1955. Deux feuillets in-4 dont l’un imprimé recto-verso. Brevet d’invention déposé le 18 décembre 1953 au Ministère de l’Intérieur et du Commerce par Boris Vian pour une roue élastique. Le brevet, délivré le 2 février 1955 et publié le 21 juin 1955, sera utilisé dans les années 60 pour le tramway de Saint-Etienne. Le texte et la planche de croquis portent le nom de Boris Vian. Le Centralien Boris Vian avait aussi élaboré plusieurs projets concernant des canaux, sans parler du fameux piano cocktail de l’Ecume des jours. Le brevet est présenté et reproduit sur deux pleines pages (156 et 157) de l'album IMAGES DE BORIS VIAN (Pierre Horay). Rare.
S.n., s.l. 1957, 21x27cm, 4 feuillets perforés.
Quatre tapuscrits, dont un encollé sur un carton souple, de 39 lignes chacun de la chanson de Boris Vian "Trompette d'occasion initialement baptisée "Le jazz hot". Pour trois d'entre eux, Boris Vian a barré "Le jazz hot" pour modifier le titre à la main et rebaptiser la chanson "Trompette d'occasion". Boris Vian en écrivit le texte en 1957, Henri Salvador en composa la musique et l'nterpréta à de nombreuses reprises notamment pour la publicité. Provenance : Fondation Boris Vian. - Photos sur www.Edition-originale.com -
Paris Toutain 1950 In-12 Broché, couv. illustrée Ed. originale
Edition originale. Préface de Jean Cocteau. Vingt vignettes dans le texte de Boo, dont une reprise en couverture et sur le titre. In fine, «L'Equarrissage et la critique» regroupant un choix d'articles concernant cette pièce de théâtre, suivi de «Le Dernier des métiers» qui faisait suite à la représentation. Exemplaire de l'édition, seul tirage, les grands papiers annoncés n'ayant jamais été tirés. >>>> Ce texte, terminé en avril 1947, fut publié sous forme condensée en pré-original dans les Cahiers de la Pléiade au printemps de 1948. Ce n'est que le 11 avril 1950 qu'est représenté, après avoir intéressé plusieurs directeurs de théâtre dont Jean-Louis Barrault et Grenier-Hussenot, L'Equarrissage pour tous au Théâtre des Noctambules. Son directeur André Reybaz y jouait lui-même le rôle du père accompagné de Paul Crauchet, Catherine Toth, Zanie Campan et Nicole Jonesco. Jean Cocteau en dira : «Boris Vian vient de nous donner ... une pièce étonnante, aussi solitaire en son époque confuse que le furent à la leur Les Mamelles de Tirésias de Guillaume Apollinaire et Les Mariés de la Tour Eiffel. Cette pièce, ou ballet vocal, est d'une insolence exquise, légère, lourde, semblable aux rythmes syncopés dont Boris Vian possède le privilège... Et le rire éclate où la bombe éclate, et la bombe éclate de rire et le respect que l'on porte aux catastrophes éclate lui-même, à la manière d'une bulle de savon...». La critique est très partagée,l es hostiles de beaucoup les plus nombreux; parmi eux Elsa Triolet qui, d'emblée, voue, dit-elle, à Boris Vian «une solide antipathie pour l'ignominie de ses crachats». >>> Très bel exemplaire Très bon exemplaire 0
Zweitausendeins, Frankfurt am Main 1980. Relié, couverture illustrée de Hannes Jaehn, signet.
Dans la même série :VIAN Boris : L' arrache-coeur [Der Herzausreisser] * Zweitausendeins, Frankfurt am Main 1980. Relié, couverture illustrée de Hannes Jaehn, signet. 22.-VIAN Boris : L' écume des jours [Der schaum der Tage] * Zweitausendeins, Frankfurt am Main 1986. Relié, couverture illustrée de Art Spiegelmann, signet. Les premiers tirages dans cette série, dès 1979, se présentaient sous couverture ymagée par Hannes Jähn; voici la première d'Art Spiegelmann (New-York) pour ce titre, qui prolonge avec bonheur la plus grande partie des autres illustrant les nombreux volumes de Vian publiés chez cet éditeur. 22.-VIAN Boris [SULLIVAN Vernon]: Et on tuera tous les affreux [Wir werden alle Fiesen killen] * Zweitausendeins, Frankfurt am Main 2.1981. Broché, couverture punk illustrée de Art Spiegelmann, signet. Édition originale allemande. 33.-VIAN Boris [SULLIVAN Vernon]: Les morts ont tous la même peau [Tote haben alle dieselbe Haut] * Zweitausendeins, Frankfurt am Main 10.1980. Relié, couverture illustrée de Art Spiegelman. Édition originale allemande. 33.-VIAN Boris: Trouble dans les andains [Aufruhr in den Andennen] * Zweitausendeins, Frankfurt am Main 2.1981. Relié, couverture illustrée par Art Spiegelman. Édition originale allemande. 33.-Icelui : > En cas de problème de commande, veuillez nous contacter par notre page d'accueil / If you have any problems with your order please contact us via our homepage <
Zweitausendeins, Frankfurt am Main 1979. Relié, couverture illustrée de Hannes Jaehn, signet.
Dans la même série :VIAN Boris : L' arrache-coeur [Der Herzausreisser] * Zweitausendeins, Frankfurt am Main 1980. Relié, couverture illustrée de Hannes Jaehn, signet. 22.-VIAN Boris : L' écume des jours [Der schaum der Tage] * Zweitausendeins, Frankfurt am Main 1986. Relié, couverture illustrée de Art Spiegelmann, signet. Les premiers tirages dans cette série, dès 1979, se présentaient sous couverture ymagée par Hannes Jähn; voici la première d'Art Spiegelmann (New-York) pour ce titre, qui prolonge avec bonheur la plus grande partie des autres illustrant les nombreux volumes de Vian publiés chez cet éditeur 22.-VIAN Boris [SULLIVAN Vernon]: Et on tuera tous les affreux [Wir werden alle Fiesen killen] * Zweitausendeins, Frankfurt am Main 2.1981. Broché, couverture punk illustrée de Art Spiegelmann, signet. Édition originale allemande. 33.-VIAN Boris [SULLIVAN Vernon]: Les morts ont tous la même peau [Tote haben alle dieselbe Haut] * Zweitausendeins, Frankfurt am Main 10.1980. Relié, couverture illustrée de Art Spiegelman. Édition originale allemande. 33.-VIAN Boris: Trouble dans les andains [Aufruhr in den Andennen] * Zweitausendeins, Frankfurt am Main 2.1981. Relié, couverture illustrée par Art Spiegelman. Édition originale allemande. 33.-Icelui : > En cas de problème de commande, veuillez nous contacter par notre page d'accueil / If you have any problems with your order please contact us via our homepage <
S.n., s.l. s.d. [ca 1945], 8,5x6,5cm, une carte de visite.
Carte de visite de Gaston Blond, professeur de dessin que Boris a détournée et sur laquelle il a ajouté au verso : "Vivent les zazous Boris Vian." à l'encre turquoise. Le nom de Boris Vian est inscrit, au dessus du possesseur initial de la carte, à l'encre turquoise et en sens contraire de l'impression. Le recto a été également maculée, aux quatre angles, de suggestives taches marron, cette irrévérencieuse et libre composition toute zazoue ayant été probablement l'oeuvre du facétieux Boris Vian lui-même. Cette fantaisiste réalisation nous prouvant une nouvelle fois le goût de Boris Vian pour la mystification et l'impertinence. - Photos sur www.Edition-originale.com -
Vian Boris - Salvador Henri,Berg Harold,Bolling Claude,Goraguer Alain,Vian Boris - Vian Boris
Reference : 87829
Tutti 1970 approx.
Bon état Format Coquille Piano
S.n., s.l. s.d. (entre 1954 et 1959), 21x27cm, 3 feuillets.
Ensemble complet du manuscrit et du tapuscrit de travail de Boris Vian, genèse de la chanson "Une vocation". - deux feuillets à carreaux perforés rédigés à la main à l'encre bleue par Boris Vian. - un double feuillet à carreaux ayant probablement servi de chemise à l'ensemble portant en tête de la première page le titre, de la main de Boris Vian - un feuillet perforé tapé à la machine, mise au propre du manuscrit Cette chanson, évoquant le destin d'un ouvrier de Bois Colombe éméché qui rejoint la marine, ne fut jamais interprétée. Il était né à Bois Colombe Mais ne rêvait que d'océan Et l'appel des sirènes blondes Lui travaillait déjà le sang Un soir en sortant de l'usine Il but un petit coup de trop Lâcha les copains, les copines Et s'en alla sur son vélo Au Havre il arriva quand même Vers les quatre heures du matin Un cargo s'en allait vers Brême Et recueillit le clandestin Provenance : Fondation Boris Vian. - Photos sur www.Edition-originale.com -
S.n., s.l. s.d. (1956), 21x27cm , 3 feuillets.
Ensemble complet du manuscrit et des tapuscrits de travail de Boris Vian, genèse de la chanson "La vie en rock". - un feuillet à carreaux perforés rédigé à la main au crayon de papier par Boris Vian. En tête du feuillet, ce dernier a inscrit : "Musique J. Vermont" et "Paroles J. Vermont", en bas à droite : "Poursuites J. Vermont". Nombreuses ratures et corrections. - un feuillet à carreaux perforés rédigé à la main à l'encre bleue par Boris Vian. - un feuillet perforé tapé à la machine, mise au propre du manuscrit. Cette chanson, pastiche de la chansonLa Vie en rosed'Edith Piaf,ne fut pas interprétée. Quand J'descends dans mon bistro J'mets vingt ball'dans l'phono J'entends la vie en rock Provenance : Fondation Boris Vian. - Photos sur www.Edition-originale.com -
S.n., s.l. s.d. (entre 1956 et 1959), 21,3x27cm, trois feuilles perforées.
Ensemble complet des manuscrits et tapuscrits de travail de Boris Vian, genèse de la chanson "Mambo mon coeur". - un feuillet perforé à carreaux rédigé au crayon de papier de la main de Boris Vian. Nombreuses ratures. - un feuillet perforé blanc rédigé à l'encre bleue également par Boris Vian. - une mise au propre tapée à la machine à écrire sur un feuillet blanc perforé. Cette chanson d'amour ne fut jamais interprétée. Cela fait bien longtemps que je te connaissais, mon coeur Cela fait bien longtemps que je te connaissais Et tu ne savais pas ce que c'est que d'aimer, mon coeur Et tu ne savais pas ce que c'est que d'aimer Provenance : Fondation Boris Vian. - Photos sur www.Edition-originale.com -
s.d. [circa 1950], 21x27cm , 8 pages sur 8 feuillets & 10 pages sur 10 feuillets.
Manuscrit autographe inédit et complet d'un projet de sketch de Boris Vian intitulé «Deux heures de colles».Chaque liasse, contenant respectivement huit et dix feuillets, est retenue par une agrafe. La première, rédigée dans des encres de différentes couleurs et comportant de nombreuses ratures, ajouts et petits dessins marginaux, comprend deux feuillets d'idées pour l'ébauche du sketch, un feuillet relatant sa structure et cinq feuillets de texte et didascalies. La seconde, moins raturée et intégralement rédigée à l'encre verte, est une version définitive du texte reprenant la structure et les idées du premier jet sans pour autant les conserver dans leur intégralité. Dans ces notes jamais publiées ni jouées, le sketch se déroule dans une salle de classe où différents professeurs se succèdent pour délivrer des leçons dans chacune de leurs matières. Les spectateurs sont supposés former une assemblée d'élèves turbulents et participer activement aux différentes activités imaginées par Vian. Les professeurs sans vergogne malmènent les élèves: «vous êtes des khons, de lamentables ratés[...] quelques interrogations auxquelles je vais procéder maintenant vont vous démontrer mieux qu'un long discours à quel point vous être abrutis. » Le texte, très humoristique et d'une grande modernité, n'est pas sans rappeler le genre des «talkshows» actuels et leurs cascades de gags et de jeux. On trouve ainsi un grand nombre de matières fantaisistes vouées à structurer les différentes interventions: «cours du supporter de match», «cours de digest», «cours d'optimisme bourgeois», «cours de liberté», «cours de diffamation», «cours d'exploitation de psychanalyse», etc. On perçoit la nostalgie de Vian pour le passé et sa fascination pour le futur: « Vous voyez 1900 avec 50 ans de recul, avec vos yeux de 1950, mais pour les gens de l'an 2000, 1950 sera aussi charmant que 1900 pour nous. Apprenez à voir votre époque avec les yeux de l'an 2000. » Transparaît également son amour des voituresà travers la mise en scène d'un «type qui rentre par le fond de la scène dans un bruit effrayant, avec sa traction (une calandre ou un moteur sous le bras) ...» Visionnaire, Vian? Ce texte est en tout cas empreint d'une conscience écologique: «Le professeur insiste sur le gâchis qui caractérise la société actuelle et l'intérêt, par conséquent, d'un cours de récupération des produits inutilisés.» Le génial inventeur envisage en tout cas de présenter une «machine» de recyclage à ses spectateurs. Il dénonce également, sous couvert d'humour, la pénurie des logement parisiens et leur mauvais agencement: «on ne trouvait pas d'appartement à cause des collectionneurs d'appartements [...] Ce qui est difficile c'est de vivre dans les appartements qu'on vous propose; mais quelques-uns de nos anciens élèves qui ont eu la chance de faire un stage dans un immeuble d'essai construit par Le Cornemusier vont vous faire une démonstration. [...] façon de vivre en rampant en rampant dans les appartements extrêmement bas de plafond.» Il faut dire que Boris était un expert de l'ergonomie des espaces, en témoigne l'agencement de son petit appartement de la Cité Véron. Point d'orgue du manuscrit, Vian livre un superbe passage sur la vieillesse: «Enfin, le secret de la réussite: la vieillesse. Sketch: quelques jeunes, se disant «place aux jeunes» échouent car trop de vieux barrent la route. Ils kidnappent, pour se venger, quelques vieux. On met les vieux au régime le plus mauvais pour eux: beaucoup manger, beaucoup boire, beaucoup baiser, beaucoup danser. Finalement, ils séduisent les petites amies des jeunes et s'en vont avec elles. A la suite de quoi les jeunes décident de se vieillir artificiellement: s'opèrent mutuellement en s'arrachant les cheveux, en se teignant, se ridant, etc... Devenus vieux, ils trouvent tout, leurs amies reviennent et chur d'apothéose.» Ironie du sort pour Boris qui se savait, dès son plus jeune âge condamné et qui s'éteindra à 39 ans. - Photos sur www.Edition-originale.com -
Timbrée, datée 17 juillet 1904, Nacqueville, Manche, à un destinataire Caennais. Inscription ancienne à la mine de plomb sur le recto « [Chalets le Costil] - parents de Boris Vian «, plus un paraphe de l'expéditeur à l'encre.
"Landemer, ça s'appelait. Dix-sept habitants. On avait des petites baraques là-bas. [...] Un chouette merveilleux pays." (in Journal intime, 1953). Le chalet d'enfance de Vian, c'est le Costil, où il venait passer ses vacances au cours de son enfance, jusqu'à la guerre : « La Maison, j'adorais la maison tout en bois de Norvège, verni à l'intérieur ; la mer, un balcon tout autour d'où on la voyait. » Landemer se trouve à quelques kilomètres à l'ouest de Cherbourg et d'Urville-Nacqueville, en allant vers Omonville-la-Petite, future résidence d'un futur voisin de Vian à la Cité Véron (Paris), Jacques Prévert. Pour la famille Vian, Landemer est synonyme de vacances. Dans les années 20 et 30, celles-ci, petites ou grandes, sont l'occasion de s'échapper de Ville-d'Avray pour venir dans le Cotentin. Parmi les cactus, hortensias, fougères, au milieu desquels coule la Hu-Bihan qui se jette dans la mer, les grands-parents maternels de Boris, les Ravenez, ont construit trois chalets au début du siècle. En bois de Norvège, peints en vert à l'extérieur, toits de tuile. Les trois chalets ont été détruits pendant la guerre pour permettre la construction du Mur de l'Atlantique, et Boris Vian ne revient pas à Landemer de sitôt. "Jamais encore j'ai osé y retourner", écrit-il dans son journal. "J'ai les foies, ils ont tout rasé, moi je vais chialer comme un môme." Il reproduit dans L'arrache-coeur (publié en 1953) le décor de Landemer ; ce n'est qu'en janvier 1958, après un oedème pulmonaire, qu'il revient dans la région pour un séjour de repos à l'Hôtel de la Mer, à Goury, au cap de la Hague. Ce sera l'occasion d'une dernière visite à Landemer. Rarissime document ; quelques petites pertes de papier en marge droite et inférieure.
S.n. (chezl'auteur), s.l. s.d. [1952], 21x27cm , 20 feuillets agrafés.
Ronéotyperéalisé par Boris Vian de son manuscrit original, avec ajout autographe du titre : "L'amour est aveugle",nouvelleinitialement parue dans la revue Paris-Tabou n°1de 1949, puis publiéedans le recueil posthume Le Loup-Garou en 1970. "Une des meilleures nouvelles de Boris vian, mélant érotisme et science-fiction" Sans doute réalisé pour conserver une copie de sa nouvelle, avant l'envoi à la revue Paris-Tabou,ce ronéotype du manuscrit originale signé a été conservé dans les archives de l'écrivain jusqu'à sa mort. Ecrit d'un seul jet et comportant très peude corrections,il témoigne de la créativité de l'écrivain et de son univers onirique hors du commun. "It is worth noting that it was to this Saint-Germain-des-Prés based review that Vian first sent one of his best short stories, one combining eroticism and science fiction: "L'Amour est aveugle" ("Love is Blind")." (Cf. Christelle Gonzalo,François Roulmann, If I Say If : The Poems and Short Stories of Boris Vian.") Provenance : Fondation Boris Vian. - Photos sur www.Edition-originale.com -