Paris : Michel Vascosan, 1543 In-4, (12)-115 pages. Cartonnage du XIXe siècle, titre restauré dans l'angle supérieur droit et en queue, dans les marges.
Première édition, posthume, de cet important traité sur la constitution vénitienne. Gasparo Contarini (1483-1542) débuta sa carrière comme ambassadeur de la Sérénissime auprès de Charles Quint. En 1535, le pape le nomma cardinal pour s'attacher ses services. Contarini devint l'un des membres les plus influents du mouvement des Spirituali, fer-de-lance de la réforme au sein de l'Eglise romaine. Légat du pape à la diète de Ratisbonne (1541), il se consacra en vain à l'impossible réconciliation entre Rome et Luther. II laissa plusieurs ouvrages, dont un traité De immortalitate animas, contre Pomponazzi, qui avait été son maître. De magistratibus et republica Venetorum, composé dès 1523-1525 et achevé vers 1530, ne fut imprimé qu'après la mort de Contarini, à Paris."Apparu dès la fin du XIIIe siècle, enraciné dans la tradition philosophique par les soins de Trébizonde […], le mythe politique de Venise a reçu sa forme définitive des mains de Gasparo Contarini, un patricien de haut rang […]." Dans son De magistratibus, il "décrit avec intelligence et précision les rouages du gouvernement de Venise et s'attache en particulier à expliquer les procédures de vote. L'information ainsi réunie, pour la première fois disponible, fit le succès durable du texte à l'échelle européenne. […] L'ouvrage de Contarini à la fois produit le mythe et en fait partie intégrante. […] De Venise, Contarini dessine une image idéalisée, placée hors du temps. Ce faisant, il diffuse l'idéologie conservatrice du patriciat, accentuée après la crise d'Agnadello, et il semble y donner une adhésion totale […]. Dans la République ainsi décrite, il n'y a nulle place pour le moindre changement social, comme d'ailleurs nulle présence des luttes de pouvoir, des ambitions, des rivalités ou des conflits sociaux. Les seules guerres qui interviennent sont imposées de l'extérieur, et Venise s'y borne à faire son devoir avec justice et mesure. Contarini croit à un monde ordonné et hiérarchisé où chacun satisfait aux obligations de son rang, une vision plus médiévale qu'humaniste…" ( L. Giard, "Histoire de l'université et histoire du savoir : Padoue XIVe-XVIe siècle", in Revue de synthèse, juillet-septembre 1984) Adams C 2565 ; Brunet II, 242.