S.l., Editions Vialetay, (1965). Un vol. au format in-folio (388 x 288 mm) non paginé, en feuilles, sous couverture muette à rabats rempliés de plein papier vert-d'eau et étui-chemise de demi-percaline, dos lisse, titre frappé en long à l'oser bleu.
Tirage unique à 50 exemplaires seulement. Celui-ci, un des 49 du tirage numéroté sur Arches (comptant parmi les 10 hors-commerce à ce titre justifié en chiffres romains ; revêtu des signatures autographes de l'éditeur ainsi que de l'artiste au colophon. L'ouvrage recèle 12 superbes compositions peintes à la main à la gouache et signées par Mireille Berrard à la mine de plomb. ''Mireille Berrard (1930-2005). Peintre française de l'Abstraction lyrique. Son style unique joignant peinture gestuelle et musique lui conféra une renommée internationale. Elle est également connue du monde bibliophilique pour ses illustrations d'Albert Camus, Paul Valéry, Saint-John Perse, Colette, Clavel...'' (Notice extraite du site de l'artiste). Poème le plus célèbre de Valéry se composant de 24 sizains, il épouse la forme d'une méditation métaphysique, abstraite, sensible et parfois sensuelle, tout en revêtant aussi une forme dramatique, présentant en quatre actes une action au sens théâtral du terme. Les quatre premières strophes présentent la mer comme un objet semblable à un néant (la «chose» de Hegel) immuable et inconsciente, auquel s'oppose (strophes 5 à 9) la mobilité de la conscience qui existe dans le temps et que fascine le désir d'être pensée pure ; la confrontation des deux personnages de ce drame fait naître (strophes de 9 à 19), avec l'intervention du corps, une méditation sur la mort : le refus de l'illusion de l'immortalité de l'âme accompagne la tentation de mourir et de faire cesser l'opposition entre conscience et existence. Cette tentation est écartée dans les cinq dernières strophes: repoussant les paradoxes de la pensée pure, le sujet choisit la vie, le mouvement du corps, la création poétique, l'action: «Le vent se lève, il faut tenter de vivre». C'est donc une réflexion sur le temps, la contradiction entre conscience et objet, conscience et corps. Le choix final dépasse cette contradiction mais ne la résout pas. Toutefois, il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'un poème: il est né, de l'aveu de l'auteur, de l'obsession d'un rythme, celui du décasyllabe, et non d'une pensée. Valéry a même souligné, avec peut-être une volonté de paradoxe, que c'était le seul parmi ses poèmes comportant des souvenirs de choses vues. (À sa mort, le cimetière Saint-Charles fut rebaptisé «Cimetière marin» et il y fut enterré). Monod II, Manuel de l'amateur de livres illustrés modernes, 10870. Quelques rousseurs et tâches affectant l'étui-chemise. Claires rousseurs dans le corps d'ouvrage ; davantage marquées aux premiers et derniers feuillets. Du reste, bonne condition.