En août 1951 Maurras est transféré de la prison de Clairvaux à l'Hôtel Dieu de Troye en raison de son état de santé. C'est de là qu'il écrit à Henri Massis à propos du livre "Maurras et notre temps" qu'il vient de faire paraître. Maurras lui adresse son immense gratitude, mais lui demande aussi des précisions sur les phrases ou expressions qu'il ne se souvient pas d'avoir employées ; il souligne le bien fondé de telle ou telle mise en lumière d'épisode politique et évoque quelques souvenirs personnels. Il termine par ces mots : "Que nous aurions de choses à nous dire, mon cher ami ! D'ouvertures mutuelles à nous donner ! Cette jeune génération que j'ai à peine entrevue et que vous avez suivie, que vous pressez encore de la pointe du fer sacré, vous m'en feriez une seconde révélation, à laquelle ma vieille tête aimerait rêver longtemps prise entre les meminisse juvabit et des vues d'avenir qui sortent d'elles-mêmes, toutes nues ou long voilées, des plages perdues du passé ! Enfin ce sera peut-être pour bientôt. Soit que les portes s'ouvrent, soit que vous les perciez de votre fer de lance, je vous dis de toute façon à bientôt, au milieu de tous les mercis explosifs et inarticulés qui ont dû échapper de ce papier dès que vous l'avez ouvert" Il signe "Charles Maurras, Vieillard de Troie". Cette lettre a paru dans l'ouvrage réalisé également par Henri Massis : "Lettres de prison", sélection de lettres rédigées entre le 8 septembre 1944 et le 16 novembre 1952, et publiée par Gallimard en 1958 (pages 194-196, dont nous donnons la copie).