Superbe lettre. Probablement rédigée en vue de l’organisation d’une exposition ou d’un Salon. Il a reçu deux lettres et en adresse un compte rendu à son « cher Boitard ». « Voici le résumé de deux lettres que je reçois, une de Saintin (le peintre Louis Henri Saintin), une de Delaunay (le peintre Jules-Elie Delaunay). Saintin ne pourra rien envoyer mais il travaille ardemment ses amis pour les faire envoyer. Delaunay m’annonce que Cabanel n’enverra pas le Moise et demande s’il faut lui faire envoyer un Orphée (autre envoi de Rome, moins intéressant). Je réponds oui, il dit que Dubufe (le peintre Edouard Louis Dubufe) enverra probablement un de ses meilleurs portraits d’homme, le portrait de Barre le sculpteur, et qu’il a une odalisque très importante. Dans le genre de la dernière du Salon mais qui appartient aux Goupil (Adolphe Goupil, fondateur de la société internationale Goupil & Cie, l'un des plus gros marchands d'art du XIXe siècle). Ces derniers veulent bien nous la prêter ainsi que plusieurs autres jolis tableaux nouveaux mais à une condition, c’est que nous nous engagions formellement à retourner ces tableaux chez eux pour le 25 Décembre. En voici la raison, ces tableaux sont vendus à un grand marchand anglais qui ouvre une exposition le 1er Janvier. Ils ne peuvent manquer de les lui expédier à cette époque (cette mesure n’est applicable parmi les tableaux des Goupil qu’à l’odalisque de Dubufe et aux quelques tableaux choisis dont je vous ai parlé). Je crois qu’il n’y a pas à hésiter à accepter cette condition qui démontre de la part de Goupil un grand désir de nous être agréables. Mais je ne puis trancher cette question. Répondez donc un mot à ce sujet à Mr Boussod (Léon Boussod), l’associé des Goupil rue Chaptal 9, en lui disant que je viens de vous transmettre l’aimable proposition qu’il avait fait à Delaunay et que vous l’acceptez avec la condition en le remerciant beaucoup. Priez-le alors de vous envoyer à l’avance pour le livret la liste spéciale de ces quelques tableaux… ». Il termine sa lettre en apportant les précisions suivantes « Delaunay remue ciel et terre, il est transformé en homme actif et ardent. Il travaille pour nous faire deux choses, aura-t-il fini ? Dite à Doré (l’illustrateur et peintre Gustave Doré) de le pousser. Gérome (le peintre Jean-Léon Gérome) doit être à Paris, que Doré lui écrive donc pour les Gladiateurs et qu’il insiste à mort. Car Delaunay m’annonce le combat de coqs mais pas un mot des Gladiateurs. Gardez-vous d’en parler aux Goupil. Delaunay espère aussi un tableau de Dupray (le peintre Henri Dupray), un jeune célèbre... ».
Belle lettre indiquant à son « cher ami » le nom des différents sculpteurs et de leurs œuvres données à l’occasion d’une exposition ou d’un Salon. « Voici les sculpteurs qui donnent. Moreau Vauthier (le sculpteur Paul Moreau-Vauthier) m’écrit que Chapu (le sculpteur et médailleur Henri Chapu) nous envoie un cadre de médailles choisies et que s’il avait eu un peu plus de temps il nous eut envoyé une réduction en marbre de sa Jeanne d’Arc. Le plus grand succès du Salon dernier. Je vais le faire foncer et si vous lui écriviez un mot au nom de la Commission en vous appuyant sur moi, peut-être, en lui accordant jusqu’au dernier moment, l’enverrait-il. Ce serait un morceau Capital. Dubois (le sculpteur français Paul Dubois) hésite à envoyer son Narcisse en marbre, une chose superbe. Il faudrait aussi lui écrire et payer l’emballage et les frais. Enfin Delaplanche (le sculpteur Eugène Delaplanche), va nous envoyer une réduction en marbre de son Eve (son grand succès) […] Chargez-vous de lui envoyer l’emballeur ainsi qu’aux deux autres, ils demeurent tous les 3 dans le même quartier et c’est de la crème de sculpteurs ; enfin Mouchot (le sculpteur Louis-Hippolyte Mouchot) va nous envoyer un tableau… ».
Il indique à son correspondant les directives à suivre pour l’organisation du Salon. « Venez demain matin à 9h pas plus tard, en apportant votre second tableau car il faudra vous rendre le porter chez Monsieur Goupil qui a l’autre et se chargera de vous les envoyer tous les deux au Salon ». (Auguste Goupil, fut l'un des plus importants marchands et éditeurs d'art du XIXe siècle).
1 page in8 - adresse au dos - trés bon état -
Il compte sur lui pour aider son ami Paul Baudry "qui est pris dans une faillite avec des complications qui l'ennuie beaucoup" - Il sera ravi de le revoir -
2 pages in8 - trés bon état -
Il a envoyé à Srasbourg sa note et une lettre explicative - Mais il n'a reçu aucun mot de son "abruti de parent qui est probablement trop occupé pour avoir le temps" - "Comment va votre femme ?" - Il a été content de ses dessins - "Il y avait un progrès notable" - Il a un ami qui voudrait placer 100 000 francs - Alors, s'il entend parler d'une propriété "n'importe laquelle, d'un placement avantageux" - "Mes respects à Madame Meys" -
1 page in8 - trés bon état -
Sa femme et lui acceptent "avec le plus grand plaisir" leur invitation -
1 page 1/2 in8 - trés bon état -
Il lui envoie deux cartes pour la durée du salon - Avec ses cartes,il peut entrer le matin à 8 heures - "Vous mettrez vos noms dessus" - Vous pourrez entrer dimanche prochain, jour du vernissage : "c'est la vraie ouverture" -
1 page 1/2 in16 - trés bon état -
Il est arrivé depuis deux jours et n'a pas encore eu le temps de le voir - "J'ai trouvé à mon arrivée des lettres de marchands qui me prennent" - Il a vu "Delaunay qui [lui] a parlé de [son] fils"- Il lui parlera de tout cela en détail et serait bien aise de voir les dessins -
4 pages in12 - trés bon état -
Les visiteurs se succèdent à Blanche Couronne depuis leur départ de Paris - Ils sont de véritables ingrats de ne pas être venu les remercier de leur acceuil - "la pluie tombe par torrents" - Ils préparent les bagages - Il travaillera jusqu'au 16 parce qu'il a fait venir ses modèles de Paris et qu'il veut les utiliser - Puis il lui demande des nouvelles de sa famille -
4 pages in8 - trés bon état -
Il n'a pas écrit, car depuis qu'ils sont à la campagne, "Blanche Couronne est un véritable hopital", sa cuisinière, sa belle mère puis sa mère - Delaunay lui a écrit après sa visite - Il lui a beaucoup plu et "il mettra un grand intérêt à diriger votre petit Marcel" et en fera "un artiste distingué" - Il a reçu une lettre "des pauvres femmes" qui annoncent leur départ pour Strasbourg - Il craint qu'elles ne regrettent Jersey - Il travaille ici sans répit -
4 pages in8 - trés bon état -
Il a fait "une horrible chute de voiture" au début de son séjour: "je suis tombé sur le cervelet" et a été une heure sans connaissance - Il a été un mois sans "pouvoir travailler ni écrire"- Il est fort en retard pour un tableau et "travaille sans perdre haleine pour rattrapper" - Son ami Cléry est venu passer quelques jours - Il aurait bien aimer le recevoir cet été dans son "grand couvent" - Il a abandonné l'idée d'aller à Jersey et pense revenir à Paris vers la fin octobre: "le mois de novembre est trop triste à la campagne" - Il expédie à Brodier le jugement qu'il lui envoie et parle de cette "triste affaire qui suit son cours lentement" - Ils reçoivent souvent des lettres "des pauvres femmes qui ne se trouvent pas bien heureuses dans leur exil" - [Il évoque sans doute des femmes de Jersey ayant trouvé du travail à Strasbourg] -