S.l.n.d. (Paris, Jean Gemet, 1556 c.1556). Petit in-8 (153 x 99 mm) de 391-(1) ff. (sign. A-X8 z8 Aa-Zz8 AA-DD8), veau fauve marbré, dos lisse orné, pièce de titre en maroquin vert, triple filet doré d’encadrement sur les plats, coupes filetées, bordures intérieures décorées, tranches dorées (reliure du XVIIIe siècle).
Édition unique d'une très grande rareté entièrement rédigée en français dont le titre seul est libellé en latin qui pourrait être ainsi traduit : « Exercices du roi très chrétien Henri pour un gouvernement juste » soit un code royal apocryphe qui prêtait au roi Henri II plus de trois cents arrêts et ordonnances, imaginé par l’avocat Raoul Spifame autodésigné « Dictateur et Garde du Sceau Impérial et Royal », aussitôt proscrit par le Parlement, poursuivi avec acharnement et détruit par les agents du roi.Imprimé clandestinement à un petit nombre d’exemplaires, le titre orné d’un blason royal, ne porte ni nom d’auteur, ni lieu d’impression, ni date : ils furent restitués d'après la mention de la saisie de l'ouvrage effectuée par le Parlement de Paris le 26 août 1556, qui en attribua aussi l'impression au libraire Nicolas de Luyzières, arrêté le 2 septembre 1556 ; les lettrines proviennent de l’atelier de Jean Gemet (ancien matériel d'Olivier Mallard). Le nom de l’auteur est confirmé dans le texte dans l’avis rédigé en vers au verso du deuxième feuillet liminaire Aii («Radelpho Spifama»). Selon P. Ouvarov seulement 12 exemplaires de ce livre nous seraient parvenus (L’urbanisme de Raoul Spifame in Les Histoires de Paris, XVIe-XVIIIe s. Hermann, 2013).« Dans l'intention de Spifame, les Dicaearchiae devaient rassembler cinq cents édits royaux supposés, mais il n'en imagina que 306 dans un premier volume, resté unique, qu'il disposa sans ordre et en traitant de diverses matières, à la manière des ordonnances : 119 sur la justice, 77 sur l'Église, 38 sur la vie économique et sociale, 16 sur le pouvoir royal, 12 sur l'auteur lui-même, 10 sur l'urbanisme, 8 sur l'enseignement et 26 sur des sujets divers. » (Yves Jeanclos). Nombre de ces projets qui pouvaient paraître alors insensés trouveront leur application dès la Révolution Française, deux siècles plus tard : unification des poids et mesures et de la monnaie, impôt sur le revenu généralisé, abolition des privilèges et des justices seigneuriales, uniformisation du droit et de la justice sur l’ensemble du royaume, avocats commis d’office, interdiction du cumul des charges, chambres agraires, spécialisation des hôpitaux, embrigadement des oisifs, un des arrêts prescrit de déposer obligatoirement à la bibliothèque royale trois exemplaires de tout livre publié, réforme du calendrier (il propose de fixer le début de l’année au 1er janvier), translation de siège de l’archevêché de Sens à Paris, etc. D’importants arrêts sont consacrés à Paris, véritable plan de travaux et d’urbanisme, financé et réaliste – « Parce que ville de Paris est plutost pays ou monde que ville... » : élargissement des voies, construction du Pont Neuf, organisation de la circulation fluviale, hygiène, déplacement des bouche ries et abattoirs, sports et espaces verts, enterrement des égouts, éclairage nocturne, commissariats de quartier, etc.« L’une des oeuvres les plus extraordinaires de la Renaissance française », célébrée par Gérard de Nerval dans le chapitre Le Roi de Bicêtre du recueil les Illuminés (1852) : Nerval raconte comment Raoul Spifame, sosie de Henri II fut amené à se prendre pour le roi. Suspendu de ses fonctions d’avocat, puis cité lui-même devant le tribunal « il appela les conseillers nos amis et féaux » puis fut emmener bien gardé à la maison de Bicêtre tandis qu’il distribuait encore sur son passage force salutations «à son bon peuple de Paris». Raoul Spifame, Seigneur des Granges (1500-1563) finit ses jours dans son manoir de Melun.Provenance Paul Lacombe avec ex-libris (catalogue II, 1923, n° 2223) ; Pierre Bergé (sans ex-libris) Collection d'un bibliophile livres & manuscrits précieux 1478-1977, 2018, n°11 ; ex-libris D.C. Très bel exemplaire en veau marbré du XVIIIe siècle, conservé dans une boîte en maroquin vert.Brunet II, 687 et Supplément I, 399 ; Rahir, Bibliothèque de l'amateur, p. 364 ; INED, n° 4242 ; French Vernacular Books, 2007, n° 48470-71 (deux exemplaires recensés dans les bibliothèques publiques : Arsenal et Harvard) ; Jammes, Bûcher bibliographique, 609 ; Jeanclos, Les projets de la réforme judiciaire de Raoul Spifame, Droz, 1977 ; Versins, Encyclopédie de l'utopie, 1984, p. 826.
1775 A Amsterdam et se trouve à Paris, chez Claude-Jacques-Charles Durand, libraire rue du Foin Saint Jacques, au Griffon. 1775. In 8° (200 x 130) en plein veau marbré de l'époque, dos orné de roulettes dorées en place des nerfs, caissons richement ornés de motifs floraux, pièce de titre de maroquin, filets sur les coupes.1f. de faux-titre, 1 f. de titre, 16 pp. : discours préliminaire et table, 275 pp. BEL EXEMPLAIRE. RARE.
La présente édition considérée comme la première est annotée par l'économiste physiocrate Jean Auffray (1733-1788).Gérard de Nerval publie en 1839: " Une biographie singulière, Raoul Spifame, Seigneur des Granges"