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‎Sigoyer, Antonin de‎

Reference : 14684

(1860)

‎Consolations poétiques‎

‎Valence Chenevier et Chavet 1860 Valence, Chenevier et Chavet, 1860. 70 pp. - [1] f. - [11] ff. . Demi-basane verte, dos lisse orné de filets et fleurons à l’or, pièce de titre dorée, plats de papier chagriné. Mors supérieur légèrement fendu en tête, coins légèrement frottés. Quelques légères rousseurs. ÉDITION ORIGINALE de l'unique recueil poétique de l'auteur, publié quelques mois avant sa mort. Secrétaire général de la préfecture de la Drôme et collaborateur des Tablettes de la Drôme, Antonin de Sigoyer publia anonymement une brochure contenant deux poèmes, "L'hermite des catacombes" et "L'ange gardien", et fit paraître nombre de ses poèmes dans la presse locale. ENVOI AUTOGRAPHE SIGNÉ : "à Monsieur de Carbonnel Mille remerciements, cher et honorable ami, votre aimable lettre m'a fait tressaillir de plaisir et de vanité, je voudrais y répondre longuement . Mon cruel dépérissement s'y oppose. À défaut, veuillez accepter un exemplaire de mes Consolations, comme un faible témoignage de ma forte amitié. Valence, le 30 septembre 1860 A. de Sigoyer" Corrections autographes à l'encre dans le texte. EXEMPLAIRE ENRICHI D'UNE CORRESPONDANCE M. de Carbonnel a fait relier avec l'ouvrage une copie autographe des quatre lettres louangeuses qu'il a fait parvenir à l'auteur, une copie d'un article sur la poésie Valentinoise et les Consolations paru dans le n°262 du Courrier de la drôme et de l'ardèche (9 novembre 1860), et une lettre autographe de l'auteur. "1ere lettre à M. le Mis de Sigoyer Valence, 25 8bre 1860 J'ai plus d'années que vous et cependant Dieu m'accorde une vieillesse moins douloureuse que la Vôtre. Vos douleurs, Monsieur, ont bien des fois préoccupé mon esprit - si je l'osais, je dirais mon amitié - ma pensée s'est envolée souvent vers votre fauteuil où j'aurais voulu pouvoir apporter quelque adoucissement à vos souffrances..., mais hélas, que pouvais-je y faire ?... Un jour seulement j'ai pu offrir un bras débile à un bras malheureusement plus débile encore... depuis j'ai dû me tourner aux prières. Le moral chez vous, Monsieur, ne souffrait pas de ces états ; L'ami des familles nous a plusieurs fois donné quelques parcelles de vos oeuvres, et toujours l'on remarquait avec étonnement cette verve, cette élévation dépensée, cette piété d'une âme forte et résignée, supérieure aux souffrances du corps. Vous venez, Monsieur, de nous donner une bien petite partie de votre portefeuille, pourquoi ne l'avez-vous pas vidé entièrement ?... Je viens de me procurer ce trop petit volume où j'ai retrouvé quelque chose que je devais déjà à votre aimable souvenir : je suis peu égoïste et voudrais faire partager aux miens la jouissance que ce livre m'a procurée, je le fais voyager vers l'artois, la Flandre, la haute Loire et la Côte d'or. Il n'est pas donné à tout le monde de dire beaucoup de choses en peu de mots, de faire de jolies petites lettres comme celle placée en tête de votre volume ; mais quelque diffuse que soit celle-ci, j'espère que vous ne vous méprendrez pas sur le sentiment qui l'inspire et dont je vous prie d'agréer l'expression. C. C. "2e lettre à M. le Mis de Sigoyer Valence, 30 8bre 1860. Vous exprimer ce que vos Consolations avaient produit dans mon esprit était déjà un bonheur pour moi ; vous avez voulu y ajouter encore en me faisant une réponse que ma faible épître ne méritait pas : vos lignes me sont précieuses, bientôt je les laisserai à mes enfants qui, je l'espère, sauront les apprécier. Merci, Monsieur, pour l'envoi que vous voulez bien me faire de votre oeuvre ; je m'étais déjà procuré cinq exemplaires dont quatre, comme je vous l'ai dit, parcourent le monde ; je vais disposer du cinquième puisque vous voulez bien le remplacer par celui auquel j'attache un prix bien particulier : il figurera honorablement dans les quelques livres que j'appelle ma bibliothèque et ne sera pas la moindre perle de mon écrin : je vous placerai entre Racine et Chateaubriand, voisinage qui vous convient et qui dès lors ne vous déplaira pas. Votre aimable envoi, Monsieur, était une réponse, mais cette réponse m'a tellement flatté que je ne peux résister au désir de vous en adresser mes remerciements. Cependant habiter la même ville et s'écrire peut paraître singulier, mais vous êtes retenu dans votre fauteuil et moi, quoique quittant parfois le mien, je dois m'abstenir de visiter. A notre âge que faut-il ? Oublier le monde que vous et moi avons peut-être trop connu, vivre retirés, confiants dans la providence, entièrement résignés à la volonté de Dieu et aspirant à cet état de quiétude qu'il promet à tout coeur aimant éclairé par la foi. C. C." "3e lettre à M. de Sigoyer Valence le 13 9bre 1860 Dussé-je vous ennuyer, il faut que je vous dise encore un mot. Tel père, tel fils est un proverbe qui n'est pas sans exception. Je ne cite pas ce proverbe en Latin, et pour cause... Ainsi que je vous l'ai dit, Monsieur, vos Consolations voyagent ; mon second fils, qui en a reçu un exemplaire, m'en dit un mot : il me parle du plaisir que la lecture lui a procuré ; il me cite presque entièrement la première et la dernière pièce (Le génie consolé par la religion et Le désir poétique) mais je lui en veux de ne rien dire de la 20e page (Résignation). Je ne crois pas qu'il soit possible de soupirer quelque chose de plus mélancolique ; je donnerai sur les doigts à mon fils pour ne s'y être pas arrêté. Dans les quelques lignes que je tiens de votre indulgente bienveillance, vous me parlez, Monsieur, d'une tendance à la vanité ; l'amour propre, il est vrai, touche à l'orgueil et c'est le premier des graves péchés ; mais un sentiment de satisfaction personnelle est bien permis après une oeuvre bonne ; ne vous en effrayez donc pas, cela est bien pardonnable quand on écrit comme vous. Pardon, Monsieur, pour ce nouveau chiffon que je vous envoie ; je serai heureux cependant s'il pouvait faire un moment diversion à vos douleurs ; et puis vous avez la ressource de le jeter au feu quand vous arrivez de votre lit à votre fauteuil (1) Veuillez agréer la nouvelle expression de mes vieux sentiments. C. C. (1) allusion à la 2e strophe de la 3e pièce p. 20" "De la poésie à Valence. La poésie fleurit-elle à Valence ? Nous avons entendu exprimer quelquefois des doutes sur ce point délicat. On accorde à notre sol le privilège de produire les vins généreux qui flattent les palais des gourmets de l'Europe. On vante la beauté de notre ciel qui se dore déjà des splendeurs de la provence sans en avoir les ardeurs brulantes. Quant à ce produit supérieur que Montaigne appelait la mousse pétillante de l'esprit, on hésite à nous en gratifier. C'est à tort. Valence tient sa place parmi les cités intelligentes du Midi. Un de ses enfants, M. Emile Augier, a tracé un sillon glorieux dans le drame. Son vers vif, net, frappé au coin de Molière, peut lutter avec celui des meilleurs maîtres actuels. Toutes les semaines, l'ami de la famille offre à ses lecteurs une pièce de vers, et nous ne croyons pas être aveuglé par le patriotisme, en disant que quelques une de ces poésies ont une fraicheur et une verve qu'on ne pas toujours chez les grands seigneurs de la versification. Nous n'étonnerons personne en louant les strophes charmantes de l'abbé ange Vigne ; elles s'échappent sans effort et sans vulgarité, toujours pures et harmonieuses, d'une inspiration qui sait se contenir. Monsieur l'abbé Veyrenc a laissé tomber plus d'une fois de sa plume des morceaux remarquables par l'élévation et la correction du style. Nous pourrions aussi lever le voile qui cache l'humble soeur Trinitaire à laquelle une main heureuse dérobe de temps à autre quelques perles de son mystérieux écrin, on les lit rarement sans émotion ; on sent que le vers a jailli du coeur, comme la goutte de rosée qui brille le matin dans la corolle de certaines fleurs. Il vient de paraître à Valence un petit livre intitulé Consolations poétiques, qui confirme admirablement notre assertion. M. le marquis de Sigoyer, après avoir occupé de hautes fonctions administrativement, se délasse comme le génie d'esprit, en cultivant les lettres. Cloué naguère sur son fauteuil par une maladie cruelle, il a éprouvé la muse qui fuit les heureux. Le léger volume qu'il vient de publier contient dix-sept pièces dont quelques-unes sont des petits chefs-d'oeuvre de grâce et de sentiment. M. de Sigoyer est depuis longtemps familier avec tous les secrets de la versification. C'est merveille de voir la facilité avec laquelle il ploie la rime à sa volonté ; elle est chez lui l'esclave soumise de l'idée. La phrase poétique marche sans échasses, sans affectation, sans soubresaut ; rien de heurté ni de prosaïque. Il sait couper le vers avec un bonheur rarement imité de nos jours ; En un mot, M. de Sigoyer a la science de la versification, et il a possède d'autant mieux qu'il la déguise dans le voile de la facilité et d'un naturel exquis. Le mot d'Horace, qui est le désespoir du traducteur et que chacun pourtant comprend si bien, le molle atque facetum, caractérise parfaitement le talent du poète Valentinois. On se rappelle, en le lisant, la jolie expression de Platon qui appelle la poésie une chose ailée. N'allez pas croire que le fond est inférieur à la forme. Ce petit volume respire de nobles sentiments qui élèvent l'âme. La foi l'éclaire, la charité le réchauffe, le sourire et les larmes y sont tempérés par la philosophie, les hautes pensées n'y sont pas rares, témoins la première pièce du recueil : Le génie consolé par la religion. Chose admirable, qui alerte l'immortelle vitalité de l'âme ! Voici un homme déjà avancé dans la vie, le corps abattu par la souffrance, appelant en vain le sommeil, et dont chaque parole est empreinte de vie, de fraicheur, de jeunesse ! Non seulement l'auteur s'est consolé en épanchant ses douleurs, mais il consolera plus d'une âme affligée qui interrogera son livre comme un ami. N'est-ce pas là le privilège des croyants qui portent en eux ce qui ne vieillit point ? Et quasi cursores vitae lampada tradunt. M. de Sigoyer est profondément Chrétien ; il sait souffrir et prier. Il sait à quelle source l'âme puise la jeunesse et l'espérance. De là ce rayon qui dore sa poésie et la fait pénétrer dans le coeur de ceux qui la liront. Aussi a-t-il pris pour devise un mot qui convient parfaitement à son oeuvre : Potius mori quam fdari.Le regard de l'innocence peut, en effet, la parcourir sans trouver une idée ni un mot qui le blessent, quel plus bel éloge et quel noble emploi d'un grand talent ! La meilleure manière de louer les Consolations sera de citer quelques fragments de la pièce intitutlée Mens Blanda une des perles du recueil. (Ici transcription des stances 1, 2, 3, 4 de la page 36.) En lisant des vers comme ceux-là, on a le droit de dire que la Valence possède un vrai poète. Méry-Miller Feuilleton du courrier de la drôme du 9 9bre 1860" "Dernière note à M. de Sigoyer J'ai lu l'article du Courrier de la Drôme sur les Consolations. Je pense que c'est à tort que l'on attribue cet article à M. David ; d'abord il porte une autre signature, ensuite on y mentionne M. l'abbé Vigne, M. l'abbé Veyrenc, l'humble soeur Trinitaire et l'on ne dit rien de M. l'abbé Giely, qui ne méritait pourtant pas un pareil oubli. Cette réserve, cette modestie me porte à croire qu'il est l'auteur de l'article. C. C. La pièce suivante indique que bien peu de temps après la publication des Consolations Dieu rappelait à lui leur auteur... Cette note ne devrait se trouver placée qu'après la pièce suivante." "Valence, le 13 9bre 1860 Cher et très honorable ami, Je suis flatté et touché de vos charmants éloges. Le suffrage d'un homme d'esprit de goût et de bien sera toujours pour moi une véritable couronne. Vous réunifiez éminemment ces trois belles qualités. Jugez donc du plaisir que m'ont procuré vos trois lettres. Je les conserverai comme ces parfums d'Asie qui ne meurent pas. Le suffrage de M. votre fils m'est aussi bien précieux : veuillez l'en remercier pour moi. Je vous envoie le n° 262 du Courrier de la Drôme qui renferme une trop louangeuse appréciation de mes Consolations. C'est parfaitement écrit, j'en suis confus. Mon faible mérite ne s'élève pas si haut. On croit que je dois ces lignes si aimables à M. David, vicaire général. Toujours plus éreinté, plus malingre, il me reste à peine assez de force pour vous offrir, très cher, très honorable ami, le nouvel hommage de mon inaltérable dévouement. A de Sigoyer" 4 exemplaires en bibliothèque : Troisà la BNF (Tolbiac, Arsenal), Valence, Carpentras. Théodomir Geslain. La littérature contemporaine en Province. Paris : Charles Douniol, 1873 Couverture rigide‎


‎Edition originale Signé par l'auteur ‎

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