Association Victor Segalen. 1998. In-8. Br. Cahier Victor Segalen N°4. 99 p.BE.
Rougerie. 1975. In-8. Br. Préface par Annie Joly-Segalen. 113 p. Non coupées. BE.
Paris, le Nouveau Commerce, 1980 ; in-8° broché, sous couverture rempliée orange imprimée en noir formant portefeuille, gardes de papier noir;1 des 1000 exemplaires sur papier offset centaure ivoire.Illustré de dessins et de notes de Ségalen choisis parmi ceux du manuscrit de l' auteur.
Ce Sixième Cahier des notes de Ségalen lors de son voyage en Chine, forme le Supplément aux numéros 45 et 46 de " Le Nouveau Commerce". Très bon état. (GrG)
Pei-King (des presses de Pei T'ang), 1912. 1 vol. (145 x 290 mm) de 102 p., imprimées d'un seul coté : une couverture, faite de deux ais de bois de camphrier et maintenue par deux rubans de soie jaune, enserre une unique feuille de papier impérial de Corée pliée en accordéon et imprimée d'un seul côté. Un des 81 premiers exemplaires sur papier impérial de Coree, « dont aucun n’est commis a la vente », avant environ 200 exemplaires sur papier vélin parchemine – les 21 premiers sur papier fort –, après 2 exemplaires sur Chine et 2 sur Japon, plus un de passe sur Corée, aucun de ces cinq n’étant numéroté. Ce nombre 81 est soigneusement choisi puisqu’il correspond au nombre sacré (9 x 9) des dalles de la troisième terrasse au Temple du Ciel à Pékin. Le format est un modèle réduit exactement proportionné de la stèle nestorienne de Si-ngan- fou. Ces 81 exemplaires étaient destinés a être distribués a ses proches ou aux personnalités que Segalen souhaitait honorer. Nous en avons recensé 24 à ce jour : ceux de Paul Claudel (a qui Steles est dedie), Remy de Gourmont, André Gide, Pierre Loti, Claude Farrere, Claude Debussy, Yvonne Segalen, Natalie Clifford Barney, Édouard Chavannes, Jean Lartigue, Docteur Poupelain, Docteur Robin, Pierre Bons d’Anty, Élémir Bourges, Jules de Gaultier, Auguste Gilbert de Voisins, Edmond Jaloux, Georges-Daniel de Monfreid, Albert de Pouvourville, Saint-Pol-Roux et Jessé-Curély. Yvonne Segalen, plus tardivement, en offrira un à André Malraux et un à Antoine de Saint-Exupéry. Notre exemplaire est celui que Segalen transporte, depuis la Chine, à son futur éditeur français, Georges Crès. Segalen lui offre, dans une dédicace parlante qui fait écho à leur future collaboration, l’exemplaire n° 65. Envoi signé : « à George (sic) Cres, Maitre editeur aux Pays Barbares d’Occident des futures bibliophilies Coreennes – Victor Segalen, Paris, Sept. [19]13 ».
Segalen arrive a Paris par le Transsibérien le 22 juillet 1913 et repart pour la Chine le 17 octobre de la même année ; la rencontre a lieu en septembre par l'intermédiaire de Remy de Gourmont : « Pour la première fois je sors de chez un éditeur non pas enrage, mais enthousiaste. D'un mot, tout ce que je voudrais - il accepterait d'ailleurs un volume sur les raclures d'ongles si je le lui imposais. Il me considère comme un des ‘grands types' a venir, et surtout ne lésine pas dans les arrangements a l'amiable. » (Lettre a Yvonne, restée en Chine, de septembre 1913). Ce passionné du livre, enthousiasmé par le volume que Victor Segalen lui présente, propose alors au poète de diriger une collection dite « coréenne », conçue selon la bibliophilie chinoise dont Stèles serait le premier titre. Elle n'en comprendra que trois : Stèles de Segalen (pour la seconde édition), Connaissances de l'Est de Paul Claudel et Histoire d'Aladin et de la lampe magique de Mardrus. « Georges Crès est né avec la passion du livre : ‘Lire comme on s'intoxique, sans discernement, sans directive'. Il fut employé à 13 ans comme commis libraire à la librairie d'Augustin Challamel, et avait pour principale mission d'aller chercher chez les éditeurs les ‘rassortiments'. Il y apprit pendant dix-sept ans en parfait autodidacte le métier d'éditeur. À l'âge de 18 ans, il collabore et publie quelques articles au Mercure de France sous le pseudonyme de Jean Serc. En 1908, soucieux de procurer à un public assez vaste de lettrés, mais aux moyens limités, des éditions d'oeuvres convenables, bien imprimées, sur un papier solide, il a l'idée de créer la collection ‘Les Maîtres du livre' en collaboration avec Van Bever. Ainsi, en se spécialisant dans l'édition bibliophilique de beaux livres ‘luxe bon marché' de quelques chefs-d'oeuvre de la littérature, véritable succès à l'époque, naquit l'aventure éditoriale de Georges Crès. Il fonda en 1913 une première maison d'édition Crès & Cie, puis en 1918 une nouvelle société sous la dénomination Éditions G. Crès et Cie qu'il dirigea à titre, entre autres, d'administrateur délégué. Il voulait faire de sa maison d'édition un carrefour d'idées, et son catalogue fut une floraison impressionnante de livres, qui se diversifia en publiant entre autres des monographies ainsi que des études générales sur l'art, des collections ‘Théâtre d'Art', ‘Bibliothèque de l'Académie Goncourt'. Entre temps, en juillet 1916, il fonde et ouvre à l'instigation du ministère français des Affaires étrangères, la première librairie française à Zurich ‘Les Éditions françaises', puis à Berne, instrument de propagande (sorte de foyer pour les lettres et l'art français). » (Présentation du fonds Georges Crès, Imec) L'exemplaire porte bien les trois sceaux comme il se doit (certains exemplaires n'en détiennent que deux), en ouverture et en fin de volume : trois sceaux « rouge-cinabre » appliqués à la main, le premier reprenant le titre 古今碑録, soit, selon la traduction de Segalen, « Recueil de stèles anciennes et quotidiennes » ; le second, 秘園之印, se traduit par « sceau de Mi Yuan », « Mi Yuan » signifiant « Jardin mystérieux », nom de lettré que Victor Segalen réservait aux intimes ; le troisième, reprenant l'épigraphe de la première stèle du recueil, 無朝心宣年, se traduit par « Promulgation intime de l'ère Wu-chao », « Wu-chao » signifiant littéralement « sans dynastie ». Les épreuves, corrigées entre mai et juin 1912, témoignent du soin accordé par Victor Segalen au visuel, pointant « le vide désagréable », pesant majuscules et minuscules, s'essayant à l'art calligraphique et s'appliquant dans l'apposition des sceaux qui ouvrent et clôturent le volume. « Une vision de la Chine » et une oeuvre littéraire française capitale du XXe siècle : Segalen, qui avait débuté l'étude du chinois en 1908, séjourna trois fois en Chine : comme explorateur et médecin de 1909 à 1913, et dans le cadre de missions archéologiques en 1913-1914 et en 1917. L'édition française que Crès donnera un an plus tard sera augmentée de 16 poèmes nouveaux et d'une postface de l'auteur, intitulée « Justification de l'édition » ; la diffusion sera élargie à un plus large public avec une édition portée à 640 exemplaires numérotés, dans le respect des strictes conditions souhaitées par Segalen quant aux papiers et techniques de pliage et de présentation, qui continueront de faire de Stèles un livre-objet tout à fait spectaculaire. Sur le même modèle, Crès publiera en 1916 Peintures de Segalen. Le fonds de l'Imec présente un exemplaire sur grand papier de Tribut coréen, imprimé pour Georges Crès et dédicacé par Segalen. C'est en 1862 que l'évêque de Pékin, Louis-Gabriel Delaplace, fit l'acquisition d'une presse à bras pour la publication des documents utiles à son ministère apostolique. Une imprimerie existait néanmoins déjà sur place, depuis l'ancienne Mission de Pékin des Pères jésuites, qui avait fait graver sur planches quelques ouvrages de piété, mais qui ne convenait qu'à l'impression de caractères chinois gravés sur bois. Le besoin d'une véritable imprimerie avec caractères mobiles se faisait d'autant plus sentir que les deux grandes villes de Pékin et de Tientsin en étaient totalement dépourvues. Mgr Delaplace demanda à Paris et obtint deux frères coadjuteurs qui devaient s'occuper exclusivement de l'imprimerie : le frère Auguste Maes, aussitôt sa désignation connue, alla se préparer à son nouvel emploi en travaillant dans l'imprimerie parisienne Chamerol, avant d'arriver à Pékin le 14 mars 1878. L'imprimerie prit son essor grâce à ce religieux énergique qui, durant près de cinquante ans, la dota de nouvelles presses et la développa jusqu'à employer une cinquantaine d'ouvriers. Maes dirigera l'atelier jusqu'en juin 1932. Le prêtre Aymard-Bernard Duvigneau prendra sa suite et dirigera l'imprimerie des Lazaristes pendant encore plusieurs décennies. Stèles est le fruit du choc éprouvé par Segalen lors de sa première expédition en Chine en compagnie d'Auguste Gilbert de Voisins ; le recueil regroupe près de 150 poèmes en prose, avec des épigraphes en calligraphie classique. Dans une lettre adressée à son compagnon de route, le poète explique sa démarche : « Cette édition, avec ses caractères chinois gravés sur bois constituera je crois une nouveauté bibliophilique, car ce n'est pas une plaquette européenne décorée à la chinoise, mais un essai de tirage et de composition dans lequel la bibliophilie chinoise a une part équivalente aux lois du livre européen. » Ainsi, Segalen emprunte à la tradition chinoise le pliage en accordéon et la reliure spécifique des recueils d'estampes faite de deux planchettes de bois de camphrier maintenues par des cordons de soie. Le papier avait choisi par le couple ; Yvonne Segalen se souviendrait auprès de sa fille : « Ce papier de Corée venait bien de Corée. Nous avions acheté les premières feuilles à Pékin pour coller l'hiver au treillage de la classique maison chinoise et ton père avait été frappé de la beauté de ce papier » (Victor Segalen, Correspondance, Paris, Fayard, 2004, t. I, p. 1263). Le format de la page est inspiré des proportions des stèles, ces monuments lapidaires dressés dans la campagne chinoise, au bord des routes, dans les cours des temples, devant les tombeaux : des pages monolithes vantant les vertus d'un défunt, relatant des faits, énonçant des édits ou des résolutions pieuses. S'ensuit un ouvrage alors unique, d'une mise en page non seulement subtile mais d'une incomparable autorité : une des oeuvres phares de la poésie naissante du XXe siècle, « un genre littéraire nouveau » selon les voeux de l'auteur. Une longue ode poétique qui s'égrène sur une feuille unique en accordéon, anopisthographe : la stèle n'a pas d'envers. L'exposition En français dans le texte (Paris, 1990, nº 340) ne dit pas autre chose : « en même temps qu'il écrit sa première stèle, le 24 septembre 1910, Segalen commence à rédiger l'admirable texte préliminaire en s'arrangeant ‘pour que tout mot soit double et retentisse profondément'. Il compose ainsi un très lucide art poétique et, par la formule ‘jour de connaissance au fond de soi', se rattache à la famille des poètes pour qui la poésie est moyen de connaissance et tentative pour forcer les portes du monde. » Stèles s'est depuis imposé comme un des recueils importants du XXe siècle, en marge des mouvements dominants comme le surréalisme, et dans la veine orientaliste de poètes comme Saint-John Perse (Anabase, Amitiés du Prince), Claudel (Connaissance de l'Est) ou Henri Michaux (Un barbare en Asie). Bel exemplaire, sous ses deux ais de bois originaux ainsi que leurs cordons, intacts.
Paris. Editions du Seuil. 1985. In-8. Br. Dédicace d'un des auteurs. BE.
Plon.1967.In-8 toilé avec jaquette ill.278 p.Photos.dessins.TBE.Haut de la jaquette très légèrement frotté.
Fontfroide.1987.In-8,couv.à rabats illustrée.217 p.+ table.Dessins en noir.TBE.
Beaux Livres Grands Amis,Les Bibliophiles de Provence,Décembre 1968. In-4 broché,sous couverture rempliée, chemise et étui,tout en hauteur .Exemplaire n°18/30,typographique;Robert Blanchet a dessiné ,gravé et tiré sur bois de fil,le titre et les 7 grandes inscriptions chinoises.Le montage des feuilles,à la chinoise,a été fait par Bernard Duval,qui a aussi estampé la couverture en papier-fibres japonais sur vergé à la main du moulin Richard de Bas, avec suite en couleurs, des gravures de Friedlaender et des inscriptions chinoises hors-texte.La suite contient des Allocations prononcées à l'occasion de la parution de "Stèles" le 6 Décembre 1968, avec la liste des Sociétaires .Etat neuf
Editions Fata Morgana. 1980. In-8. Br. 127 p. Exemplaire N° 29/30 sur vélin Johannot d'Arches.TBE.
Fontfroide. Bibliothèque Artistique & Littéraire. 1987. In-8 broché, couverture avec rabat. Dessins de Jacques Hérold. 75 p. non coupées. BE.
Rougerie. 1982. In-8. Br. Qlques ills. 95 p.BE. Dos légèrement déchiré.
Paris. georges Crès. le Théatre d'Art. 1921. In-12. Pleine toile verte. Décoré de composition originales gravées sur bois par G.-D. de Monfreid. frontispice d'après Gustave Moreau. 129 p. BE.
Paris. Le Nouveau Commerce. 1980. In-8. En feuillet sous chemise. 77 p. Bon état malgré une déchirure dans le texte.
Les Editions du Pacifique. 1978. In-8. Cartonné. 155 p. Exemplaire N° 1248.Bon état.
Paris, Flammarion, 1975. In-8 (240x155mm) broché, 174 p. Ex libris manuel. Bon état
Paris, Seuil, 1985. Coll. "Le Don des Langues". In-8 broché, 265 p. Correspondance rassemblée, présentée et annotée par Gilles Manceron. Portraits des 2 auteurs en frontispice. Très bon état.
Paris 18 mars 1905, 13,1x20,9cm, 3 pages sur un double feuillet.
Lettre autographe signée de Victor Segalen adressée à Emile Mignard, trois pages rédigées à l'encre noire sur un double feuillet de papier quadrillé. Pliures transversales inhérentes à l'envoi. Une des très rares lettres relatant le rocambolesque sauvetage des oeuvres de Gauguin par son "champion". Emile Mignard (1878-1966), lui aussi médecin et brestois, fut l'un des plus proches amis de jeunesse de Segalen qu'il rencontra au collège des Jésuites Notre-Dame-de-Bon-Secours, à Brest. L'écrivain entretint avec ce camarade une correspondance foisonnante et très suivie dans laquelle il décrivit avec humour et intimité son quotidien aux quatre coins du globe. C'est au mariage de Mignard, le 15 février 1905, que Segalen fit la connaissance de son épouse, Yvonne Hébert. Segalen a quitté Tahiti, après avoir transité par Colombo, Port Saïd et Toulon, il est à Paris pour quelques jours et raconte à son ami les réactions face aux uvres de Gauguin qu'il a fait revenir de Polynésie. La vente aux enchères des biens et des uvres de Gauguin, demeurés dans sa Maison du Jouir après sa mort, se déroula à l'automne 1903. L'un des rares acquéreurs présents lors de cette liquidation fut Victor Segalen qui permit ainsi le sauvetage de plusieurs pièces capitales du peintre qui risquaient d'être détruites dans l'indifférence générale. Segalen, qui avait espéré arriver à temps pour rencontrer Gauguin, ravive sa mémoire en tentant - malgré sa faible solde - d'acquérir un maximum d'uvres de son défunt mentor. Il relate dans son «Hommage à Gauguin» (préface desLettres de Paul Gauguin à Georges-Daniel de Monfreid, 1918) cette dispersionaujourd'hui incroyable : «Puis s'accomplit la vente judiciaire, sous les formes les plus légales, les plus sordides. On liquida sur place les objets «utiles», vêtements, batterie de cuisine, conserves et vins. Une autre adjudication eut lieu à Papéété, et comprenait quelques toiles, deux albums, l'image de Satan et de la concubine Thérèse, le fronton et les panneaux de la Maison du Jouir, la canne du peintre, sa palette. Pour acquéreurs: des marchands et des fonctionnaires; quelques officiers de marine; le Gouverneur régnant à cette époque; des badauds, un professeur de peinture sans élèves devenu écrivain public. [...] La palette m'échut pour quarante sous. J'acquis au hasard de la criée tout ce que je pus saisir au vol. Une toile [Village breton sous la neige], présentée à l'envers par le commissaire-priseur qui l'appelait «Chutes du Niagara» obtint un succès de grand rire. Elle devint ma propriété pour la somme de sept francs. Quant aux bois - fronton et métopes de la Maison du Jouir, personne ne surmonta ma mise de...cent sous! Et ils restèrent à moi. [...] Les bois de la Maison du Jouir, je les destinai dès lors, à l'autre extrémité du monde, à ce manoir breton que Saint-Pol-Roux se bâtissait, lui aussi, comme demeure irrévocable, dominant la baie du Toulinguet, sur la presqu'île atlantique. La palette, je ne pus décemment en faire mieux hommage qu'au seul digne de la tenir, - non pas entre ses doigts, comme une relique dont on expertise avec foi l'origine, - mais passant dans l'ovale au double biseau le pouce qui porte et présente le chant des couleurs, ...à Georges Daniel de Monfreid.[...] Cette toile [Village breton sous la neige], je l'ai gardée. Le don même en serait injurieux. Gauguin mourut en la peignant, c'est un legs. » La biographie de Gauguin par David Haziot, dresse l'inventaire précis des uvres achetées par Segalen: «Segalen put acquérir sept toiles sur dix. Parmi elles l'autoportraitPrès du Golgotha[aujourd'hui au musée d'art de Saõ Paulo]. Les sculpturesPère PaillardetThérèsepartirent, ainsi qu'une seconde version des trois femmes au bord de la mer dont une allaitant à leurs pieds. [...] Segalen [...] emporta le carnet de dessins d'Auckland, quatre des cinq panneaux de bois qui ornaient la porte de la Maison du Jouir (pour 100 sous!), les photographies d'Arosa avec notamment les images de Borobudur et du Parthénon, et leVillage breton sous la neigepeint après la catastrophe de Concarneau et que Gauguin avait emporté avec lui.» Ces uvres, parmi les plus célèbres de notre patrimoine artistique, sont aujourd'hui conservées au Musée d'Orsay (Paris) et dans d'autres grandes institutions mondiales. «Gros succès avec mon déballage Gauguin. Certains qui ricanaient à Tahiti s'interloqueront du seul argument qui vaille pour eux: la valeur commerciale. Elle est importante. Néanmoins je compte tout ramener, y compris surtout le Sandwich que nous avons pieusement décollé et qui donne, dans l'uvre complète, une admirable note. Formule générale: Gauguin ne fut pas «peintre» mais Décorateur.» Le «Sandwich» dont il est ici question semble être Près du Golgotha, autoportrait de Gauguin qui, en très mauvais état, avait été contrecollé (en sandwich donc) pour le protéger durant le transport de Tahiti vers la France. Ce bref séjour à Paris est enfin l'occasion pour Segalen de rencontrer Georges-Daniel de Monfreid avec lequel il a correspondu depuis Tahiti. C'est probablement lui qui fait prendre conscience au jeune docteur de la valeur des uvres rapportées de Polynésie, comme en témoigne une lettre de Segalen écrite à sa mère le même jour que la nôtre: «Il se peut que je retire d'importants avantages pécuniaires de mon déballage Gauguin. [...] Je ne perds pas une minute, aidé par un vieux peintre [G.-D. de Monfreid, 49 ans!], disciple de Gauguin, et avec lequel je cours les musées.» Le «vieux peintre» note d'ailleurs dans ses Carnets à la date du 16 mars 1905: «Visite du Dr Segalen qui nous a prévenus par télégramme le matin. Il arrive très ponctuellement à 11h1/2 et déjeune avec nous. Ensuite, il m'emmène chez lui où il me fait voir ce qu'il rapporte. Enfin, nous portons rue Guénégaud, chez Tisserand, la toile (portrait de Gauguin) [Le fameux «Sandwich»] la plus abîmée, et je le quitte à 5h au Luxembourg.» Segalen ne perd pas de temps à Paris et entreprend un véritable marathon culturel: «Entendu: Chez [André] Antoine: Les Avariés. Deux actes très scéniques suivis d'un troisième plutôt conférentiel et assommant. Hier au Gymnase: Le Retour de Jérusalem, et une admirable silhouette de Juive qui serait froidement nietzschéenne. Ce soir, «notre» Lohengrin, demain Tannhauser. Je ne crois pouvoir terminer mes explorations diverses avant Mardi et Mercredi. Ne pas m'attendre avant Jeudi.» Il en profite également pour visiter la rédaction du Mercure de France dans lequel il a publié en juin 1904 un intéressant article intitulé «Gauguin dans son dernier décor»: «J'ai déjà liquidé la série «Mercurielle»: de Gourmont, toujours aimable mais empâté et, de symboliste devenu «biologiste» enragé. Ce que Morache en jubilerait! Vu [Alfred] Vallette, «mon» directeur qui m'a réclamé des études. Promis. Donc, placements assurés, et puis, ça m'est égal, j'écris pour écrire et pour quelques amis.» Exceptionnelle et rarissime lettre de Victor Segalen évoquant le rapatriement et la révélation à Monfreid et quelques initiés, des dernières oeuvresde Gauguin. - Photos sur www.Edition-originale.com -
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Paris Georges Crès et Cie Collection "Artistes d'hier et d'aujourd'hui" 1920 In-12 Broché Edition originale.
Longue préface de Victor Ségalen (p. 1 à 77). Hors texte, 8 reproductions en phototypie d'oeuvres de Gauguin. Mention d'éditionDos recollé, mais bon exemplaire. Le texte de Ségalen est l'un de ses derniers écrits - les corrections des dernières épreuves et le bon à tirer furent confiés à son épouse - et l'un de ses ultimes travaux littéraire qu'il commença en 1913, reprit plusieurs fois en 1916 et 1917, à Nankin notamment, et tremina en 1919 peu de temps avant sa mort. (Pierre Saunier. Victor Segalen, l'exote). Bon exemplaire 0
Nouméa 3 & 6 mai 1903, 9,2x12,2cm, 4 pages sur une carte lettre.
Lettre autographe signée de Victor Segalen adressée à Emile Mignard. Quatre pages rédigées à l'encre noire sur une carte lettre. Monogramme de Victor Segalen, créé par lui et tracé de sa main en bas à gauche de l'adresse. Emile Mignard (1878-1966), lui aussi médecin et brestois, fut l'un des plus proches amis de jeunesse de Segalen qu'il rencontra au collège des Jésuites Notre-Dame-de-Bon-Secours, à Brest. L'écrivain entretint avec ce camarade une correspondance foisonnante et très suivie dans laquelle il décrivit avec humour et intimité son quotidien aux quatre coins du globe. C'est au mariage de Mignard, le 15 février 1905, que Segalen fit la connaissance de son épouse, Yvonne Hébert. Dans une lettre du 25 mars 1903, Segalen avait parlé à Mignard de la probable création d'un poste de médecin en Polynésie: «Le Gouverneur de Tahiti a demandé en France, par le précédent courrier, des médecins de renfort pour les îles Gambier, l'archipel de la Société et les Pomotous. Ces médecins seraient en même temps administrateurs.» Cette nouvelle lettre, rédigée un peu plus d'un mois plus tard, nous apprend l'avortement de ce projet: «Je devais t'avertir, mon bien cher Emile, des débouchés possibles. Je l'ai fait; en te les déconseillant sous la forme de fonctions d'administrateur colonial. Je t'en dissuade d'autant plus maintenant que l'on m'apprend le rappel en France du Gouverneur de Tahiti. Avec lui sombrera sans doute son projet. Tu n'as pas à le regretter.» Segalen, présent en Polynésie depuis fin janvier 1903 est désormais bien intégré aux colons et aux indigènes, avec lesquels il pratique désormais la chasse:«Pourtant je te dirai avoir pris quelque plaisir à chasser, sur un grand pied, le cerf. Comme rabatteurs: des chiens, des gendarmes, des canaques. Comme armes: des mousquetons Lebel dont nous avions limé les balles pour les transformer en dum-dum [balle destinée à s'écraser dans le corps de l'animal sans le traverser] Comme gibier, une dizaine de cerfs acculés dans une presqu'île.» En dépit de ces loisirs très pittoresques, Segalen songe toujours à la création romanesque: «Néanmoins j'ai besoin de moins de remue-ménage pour m'attaquer à ce qui me hante. Et mon Promeneur de nuit m'obsède. Pendant mes quinze jours de mer je vais avancer ma documentation pour pouvoir dès mon arrivée à Tahiti, me mettre à l'ouvrage.» L'ouvrage portera finalement le titre Les Immémoriaux et paraîtra en 1907 au Mercure de France sous le pseudonyme de Max-Anély (Max en hommage à Max Prat et Anély, l'un des prénoms de sa femme), Segalen n'étant pas autorisé, en sa qualité de médecin militaire, à signer une uvre fictionnelle de son patronyme. Pour l'heure, Segalen est prêt à tous les sacrifices pour se consacrer à ce travail qui l'obsède: «Je liquide ma femme comme trop absorbante et pas assez maorie: j'ai changé de case et je vais loger face récif.» Belle lettre évoquant l'obsédante création des Immémoriaux, superbe hommage de Victor Segalen à la civilisation maorie. - Photos sur www.Edition-originale.com -
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Brest 3 Octobre 1899, 11x17cm, 1 page et demi sur un feuillet double.
Lettre autographe datée et signée de Victor Segalen adressée à Emile Mignard, une page et demi (24 lignes) rédigée à l'encre noire sur un double feuillet. Traces de pliures transversales inhérentes à l'envoi postal. Trace d'onglet de papier blanc. Emile Mignard (1878-1966), lui aussi médecin et brestois, fut l'un des plus proches amis de jeunesse de Segalen qu'il rencontra au collège des Jésuites Notre-Dame-de-Bon-Secours, à Brest. L'écrivain entretint avec ce camarade une correspondance foisonnante et très suivie dans laquelle il décrivit avec humour et intimité son quotidien aux quatre coins du globe. C'est au mariage de Mignard, le 15 février 1905, que Segalen fit la connaissance de son épouse, Yvonne Hébert. C'est en 1899, que se manifestent chez Victor Segalen ses premiers troubles nerveux qui ne feront que s'aggraver à mesure qu'il avance en âge. Inquiets pour sa santé déjà vacillante, ses amis et proches veulent prendre de ses nouvelles, ce qui l'exaspère parfois :"Faire comprendre à Mlle D. qu'il me serait extrêmement pénible de répondre à ses lettres, qui ne pourraient être que de condoléances...autant celles d'amis comme toi me seraient apaisantes, autant des consolations féminines, même bien intentionnées, je n'en doute pas, me seraient insupportables..." Victor Segalen déclare ainsi sa profonde intimité avec Emile Mignard, avec qui il a entrepris la même année une randonnée cycliste en Bretagne, et à qui il se confie pleinement. Fuyant certaines relations, il désire entretenir, malgré sa maladie, son amitié priviligiée avec ce dernier : "... ne reviendrai qu'après un détour dont je ne prévois pas la durée... Mais j'ai le temps et le désir d'avoir de tes nouvelles." Sachant son ami compréhensif et respectueux de sa pudeur, le convalescent Victor Segalen ne se veut s'étendre davantage sur le mal qui le ronge déjà : "Tu sens que je ne puis en écrire plus long, n'ayant, en ce moment, pas le choix des sujets, mais tu ne m'en voudras j'en suis sûr pas." Les lettres autographes de Victor Segalen sont d'une grande rareté. - Photos sur www.Edition-originale.com -
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