1918 Paris, Crès, 1918, in 12 broché, 359 pages.
Avec 8 reproductions en phototypie. ...................... Photos sur demande ..........................
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Cognac, Le Temps Qu'Il Fait, 1996, in 8° broché, 109 pages ; couverture illustrée.
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1981 Mortemart, Rougerie, 1981, in 8° broché, 138 pages.
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Mortemart, Rougerie, 1981 ; in-8, 139 pp., broché. Deuxième édition sur papier bouffant Afnor. Présentation d’Henry Bouillier. Très bon état.
P., Plon, 1929, in 12 broché, X-241 pages ; papier terni ; quelques piqûres à la couverture.
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Paris 18 mars 1905, 13,1x20,9cm, 3 pages sur un double feuillet.
Lettre autographe signée de Victor Segalen adressée à Emile Mignard, trois pages rédigées à l'encre noire sur un double feuillet de papier quadrillé. Pliures transversales inhérentes à l'envoi. Une des très rares lettres relatant le rocambolesque sauvetage des oeuvres de Gauguin par son "champion". Emile Mignard (1878-1966), lui aussi médecin et brestois, fut l'un des plus proches amis de jeunesse de Segalen qu'il rencontra au collège des Jésuites Notre-Dame-de-Bon-Secours, à Brest. L'écrivain entretint avec ce camarade une correspondance foisonnante et très suivie dans laquelle il décrivit avec humour et intimité son quotidien aux quatre coins du globe. C'est au mariage de Mignard, le 15 février 1905, que Segalen fit la connaissance de son épouse, Yvonne Hébert. Segalen a quitté Tahiti, après avoir transité par Colombo, Port Saïd et Toulon, il est à Paris pour quelques jours et raconte à son ami les réactions face aux uvres de Gauguin qu'il a fait revenir de Polynésie. La vente aux enchères des biens et des uvres de Gauguin, demeurés dans sa Maison du Jouir après sa mort, se déroula à l'automne 1903. L'un des rares acquéreurs présents lors de cette liquidation fut Victor Segalen qui permit ainsi le sauvetage de plusieurs pièces capitales du peintre qui risquaient d'être détruites dans l'indifférence générale. Segalen, qui avait espéré arriver à temps pour rencontrer Gauguin, ravive sa mémoire en tentant - malgré sa faible solde - d'acquérir un maximum d'uvres de son défunt mentor. Il relate dans son «Hommage à Gauguin» (préface desLettres de Paul Gauguin à Georges-Daniel de Monfreid, 1918) cette dispersionaujourd'hui incroyable : «Puis s'accomplit la vente judiciaire, sous les formes les plus légales, les plus sordides. On liquida sur place les objets «utiles», vêtements, batterie de cuisine, conserves et vins. Une autre adjudication eut lieu à Papéété, et comprenait quelques toiles, deux albums, l'image de Satan et de la concubine Thérèse, le fronton et les panneaux de la Maison du Jouir, la canne du peintre, sa palette. Pour acquéreurs: des marchands et des fonctionnaires; quelques officiers de marine; le Gouverneur régnant à cette époque; des badauds, un professeur de peinture sans élèves devenu écrivain public. [...] La palette m'échut pour quarante sous. J'acquis au hasard de la criée tout ce que je pus saisir au vol. Une toile [Village breton sous la neige], présentée à l'envers par le commissaire-priseur qui l'appelait «Chutes du Niagara» obtint un succès de grand rire. Elle devint ma propriété pour la somme de sept francs. Quant aux bois - fronton et métopes de la Maison du Jouir, personne ne surmonta ma mise de...cent sous! Et ils restèrent à moi. [...] Les bois de la Maison du Jouir, je les destinai dès lors, à l'autre extrémité du monde, à ce manoir breton que Saint-Pol-Roux se bâtissait, lui aussi, comme demeure irrévocable, dominant la baie du Toulinguet, sur la presqu'île atlantique. La palette, je ne pus décemment en faire mieux hommage qu'au seul digne de la tenir, - non pas entre ses doigts, comme une relique dont on expertise avec foi l'origine, - mais passant dans l'ovale au double biseau le pouce qui porte et présente le chant des couleurs, ...à Georges Daniel de Monfreid.[...] Cette toile [Village breton sous la neige], je l'ai gardée. Le don même en serait injurieux. Gauguin mourut en la peignant, c'est un legs. » La biographie de Gauguin par David Haziot, dresse l'inventaire précis des uvres achetées par Segalen: «Segalen put acquérir sept toiles sur dix. Parmi elles l'autoportraitPrès du Golgotha[aujourd'hui au musée d'art de Saõ Paulo]. Les sculpturesPère PaillardetThérèsepartirent, ainsi qu'une seconde version des trois femmes au bord de la mer dont une allaitant à leurs pieds. [...] Segalen [...] emporta le carnet de dessins d'Auckland, quatre des cinq panneaux de bois qui ornaient la porte de la Maison du Jouir (pour 100 sous!), les photographies d'Arosa avec notamment les images de Borobudur et du Parthénon, et leVillage breton sous la neigepeint après la catastrophe de Concarneau et que Gauguin avait emporté avec lui.» Ces uvres, parmi les plus célèbres de notre patrimoine artistique, sont aujourd'hui conservées au Musée d'Orsay (Paris) et dans d'autres grandes institutions mondiales. «Gros succès avec mon déballage Gauguin. Certains qui ricanaient à Tahiti s'interloqueront du seul argument qui vaille pour eux: la valeur commerciale. Elle est importante. Néanmoins je compte tout ramener, y compris surtout le Sandwich que nous avons pieusement décollé et qui donne, dans l'uvre complète, une admirable note. Formule générale: Gauguin ne fut pas «peintre» mais Décorateur.» Le «Sandwich» dont il est ici question semble être Près du Golgotha, autoportrait de Gauguin qui, en très mauvais état, avait été contrecollé (en sandwich donc) pour le protéger durant le transport de Tahiti vers la France. Ce bref séjour à Paris est enfin l'occasion pour Segalen de rencontrer Georges-Daniel de Monfreid avec lequel il a correspondu depuis Tahiti. C'est probablement lui qui fait prendre conscience au jeune docteur de la valeur des uvres rapportées de Polynésie, comme en témoigne une lettre de Segalen écrite à sa mère le même jour que la nôtre: «Il se peut que je retire d'importants avantages pécuniaires de mon déballage Gauguin. [...] Je ne perds pas une minute, aidé par un vieux peintre [G.-D. de Monfreid, 49 ans!], disciple de Gauguin, et avec lequel je cours les musées.» Le «vieux peintre» note d'ailleurs dans ses Carnets à la date du 16 mars 1905: «Visite du Dr Segalen qui nous a prévenus par télégramme le matin. Il arrive très ponctuellement à 11h1/2 et déjeune avec nous. Ensuite, il m'emmène chez lui où il me fait voir ce qu'il rapporte. Enfin, nous portons rue Guénégaud, chez Tisserand, la toile (portrait de Gauguin) [Le fameux «Sandwich»] la plus abîmée, et je le quitte à 5h au Luxembourg.» Segalen ne perd pas de temps à Paris et entreprend un véritable marathon culturel: «Entendu: Chez [André] Antoine: Les Avariés. Deux actes très scéniques suivis d'un troisième plutôt conférentiel et assommant. Hier au Gymnase: Le Retour de Jérusalem, et une admirable silhouette de Juive qui serait froidement nietzschéenne. Ce soir, «notre» Lohengrin, demain Tannhauser. Je ne crois pouvoir terminer mes explorations diverses avant Mardi et Mercredi. Ne pas m'attendre avant Jeudi.» Il en profite également pour visiter la rédaction du Mercure de France dans lequel il a publié en juin 1904 un intéressant article intitulé «Gauguin dans son dernier décor»: «J'ai déjà liquidé la série «Mercurielle»: de Gourmont, toujours aimable mais empâté et, de symboliste devenu «biologiste» enragé. Ce que Morache en jubilerait! Vu [Alfred] Vallette, «mon» directeur qui m'a réclamé des études. Promis. Donc, placements assurés, et puis, ça m'est égal, j'écris pour écrire et pour quelques amis.» Exceptionnelle et rarissime lettre de Victor Segalen évoquant le rapatriement et la révélation à Monfreid et quelques initiés, des dernières oeuvresde Gauguin. - Photos sur www.Edition-originale.com -
Paris Georges Crès et Cie Collection "Artistes d'hier et d'aujourd'hui" 1920 In-12 Broché Edition originale.
Longue préface de Victor Ségalen (p. 1 à 77). Hors texte, 8 reproductions en phototypie d'oeuvres de Gauguin. Mention d'éditionDos recollé, mais bon exemplaire. Le texte de Ségalen est l'un de ses derniers écrits - les corrections des dernières épreuves et le bon à tirer furent confiés à son épouse - et l'un de ses ultimes travaux littéraire qu'il commença en 1913, reprit plusieurs fois en 1916 et 1917, à Nankin notamment, et tremina en 1919 peu de temps avant sa mort. (Pierre Saunier. Victor Segalen, l'exote). Bon exemplaire 0
Nouméa 3 & 6 mai 1903, 9,2x12,2cm, 4 pages sur une carte lettre.
Lettre autographe signée de Victor Segalen adressée à Emile Mignard. Quatre pages rédigées à l'encre noire sur une carte lettre. Monogramme de Victor Segalen, créé par lui et tracé de sa main en bas à gauche de l'adresse. Emile Mignard (1878-1966), lui aussi médecin et brestois, fut l'un des plus proches amis de jeunesse de Segalen qu'il rencontra au collège des Jésuites Notre-Dame-de-Bon-Secours, à Brest. L'écrivain entretint avec ce camarade une correspondance foisonnante et très suivie dans laquelle il décrivit avec humour et intimité son quotidien aux quatre coins du globe. C'est au mariage de Mignard, le 15 février 1905, que Segalen fit la connaissance de son épouse, Yvonne Hébert. Dans une lettre du 25 mars 1903, Segalen avait parlé à Mignard de la probable création d'un poste de médecin en Polynésie: «Le Gouverneur de Tahiti a demandé en France, par le précédent courrier, des médecins de renfort pour les îles Gambier, l'archipel de la Société et les Pomotous. Ces médecins seraient en même temps administrateurs.» Cette nouvelle lettre, rédigée un peu plus d'un mois plus tard, nous apprend l'avortement de ce projet: «Je devais t'avertir, mon bien cher Emile, des débouchés possibles. Je l'ai fait; en te les déconseillant sous la forme de fonctions d'administrateur colonial. Je t'en dissuade d'autant plus maintenant que l'on m'apprend le rappel en France du Gouverneur de Tahiti. Avec lui sombrera sans doute son projet. Tu n'as pas à le regretter.» Segalen, présent en Polynésie depuis fin janvier 1903 est désormais bien intégré aux colons et aux indigènes, avec lesquels il pratique désormais la chasse:«Pourtant je te dirai avoir pris quelque plaisir à chasser, sur un grand pied, le cerf. Comme rabatteurs: des chiens, des gendarmes, des canaques. Comme armes: des mousquetons Lebel dont nous avions limé les balles pour les transformer en dum-dum [balle destinée à s'écraser dans le corps de l'animal sans le traverser] Comme gibier, une dizaine de cerfs acculés dans une presqu'île.» En dépit de ces loisirs très pittoresques, Segalen songe toujours à la création romanesque: «Néanmoins j'ai besoin de moins de remue-ménage pour m'attaquer à ce qui me hante. Et mon Promeneur de nuit m'obsède. Pendant mes quinze jours de mer je vais avancer ma documentation pour pouvoir dès mon arrivée à Tahiti, me mettre à l'ouvrage.» L'ouvrage portera finalement le titre Les Immémoriaux et paraîtra en 1907 au Mercure de France sous le pseudonyme de Max-Anély (Max en hommage à Max Prat et Anély, l'un des prénoms de sa femme), Segalen n'étant pas autorisé, en sa qualité de médecin militaire, à signer une uvre fictionnelle de son patronyme. Pour l'heure, Segalen est prêt à tous les sacrifices pour se consacrer à ce travail qui l'obsède: «Je liquide ma femme comme trop absorbante et pas assez maorie: j'ai changé de case et je vais loger face récif.» Belle lettre évoquant l'obsédante création des Immémoriaux, superbe hommage de Victor Segalen à la civilisation maorie. - Photos sur www.Edition-originale.com -
Brest 3 Octobre 1899, 11x17cm, 1 page et demi sur un feuillet double.
Lettre autographe datée et signée de Victor Segalen adressée à Emile Mignard, une page et demi (24 lignes) rédigée à l'encre noire sur un double feuillet. Traces de pliures transversales inhérentes à l'envoi postal. Trace d'onglet de papier blanc. Emile Mignard (1878-1966), lui aussi médecin et brestois, fut l'un des plus proches amis de jeunesse de Segalen qu'il rencontra au collège des Jésuites Notre-Dame-de-Bon-Secours, à Brest. L'écrivain entretint avec ce camarade une correspondance foisonnante et très suivie dans laquelle il décrivit avec humour et intimité son quotidien aux quatre coins du globe. C'est au mariage de Mignard, le 15 février 1905, que Segalen fit la connaissance de son épouse, Yvonne Hébert. C'est en 1899, que se manifestent chez Victor Segalen ses premiers troubles nerveux qui ne feront que s'aggraver à mesure qu'il avance en âge. Inquiets pour sa santé déjà vacillante, ses amis et proches veulent prendre de ses nouvelles, ce qui l'exaspère parfois :"Faire comprendre à Mlle D. qu'il me serait extrêmement pénible de répondre à ses lettres, qui ne pourraient être que de condoléances...autant celles d'amis comme toi me seraient apaisantes, autant des consolations féminines, même bien intentionnées, je n'en doute pas, me seraient insupportables..." Victor Segalen déclare ainsi sa profonde intimité avec Emile Mignard, avec qui il a entrepris la même année une randonnée cycliste en Bretagne, et à qui il se confie pleinement. Fuyant certaines relations, il désire entretenir, malgré sa maladie, son amitié priviligiée avec ce dernier : "... ne reviendrai qu'après un détour dont je ne prévois pas la durée... Mais j'ai le temps et le désir d'avoir de tes nouvelles." Sachant son ami compréhensif et respectueux de sa pudeur, le convalescent Victor Segalen ne se veut s'étendre davantage sur le mal qui le ronge déjà : "Tu sens que je ne puis en écrire plus long, n'ayant, en ce moment, pas le choix des sujets, mais tu ne m'en voudras j'en suis sûr pas." Les lettres autographes de Victor Segalen sont d'une grande rareté. - Photos sur www.Edition-originale.com -
Papeete 7 & 15 décembre 1903, 11,3x15,4cm et 11,3x17,7cm, 9 pages et quelques lignes sur 2 feuillets doubles et un feuillet simple.
Double lettre autographe signée de Victor Segalen adressée à Emile Mignard. Neuf pages et quelques lignes rédigées à l'encre noire sur deux feuillets doubles et un feuillet simple.Pliures transversales inhérentes à l'envoi. Emile Mignard (1878-1966), lui aussi médecin et brestois, fut l'un des plus proches amis de jeunesse de Segalen qu'il rencontra au collège des Jésuites Notre-Dame-de-Bon-Secours, à Brest. L'écrivain entretint avec ce camarade une correspondance foisonnante et très suivie dans laquelle il décrivit avec humour et intimité son quotidien aux quatre coins du globe. C'est au mariage de Mignard, le 15 février 1905, que Segalen fit la connaissance de son épouse, Yvonne Hébert. Longue lettre évoquant l'avancement des Immémoriaux et une gravure de Paul Gauguin. Segalen poursuit la rédaction de sa grande fiction, Les Immémoriaux, qui paraîtra en 1907 au Mercure de France sous le pseudonyme de Max-Anély (Max en hommage à Max Prat et Anély, l'un des prénoms de sa femme), Segalen n'étant pas autorisé, en sa qualité de médecin militaire, à signer une uvre fictionnelle de son patronyme. «Je me suis décidément attelé à la partie active de mon travail. Là encore, si les sources abondent, il me manque l'auditeur sympathique et avisé auquel je soumettrais, page par page, ma copie. Si je le mène à bonne fin je n'aurai qu'à me louer de ma campagne, ayant résisté à l'enlisement intellectuel prédit.[...] Enfin réussirai-je à terminer quelque chose, à tirer de moi autre chose qu'un désir fou d'uvrer, je commence à croire que oui. Je pars pour une tournée de trois semaines, calme, en des pays déjà connus, avec une formidable bibliothèque Polynésienne; j'en reviendrai peut-être avec Œ matériellement achevé.J'ai moins qu'autrefois l'obsession du verbe et j'écris avec plus de calme. » Mais il n'y a pas que l'écriture des Immémoriaux qui accapare Segalen. Entre temps, en octobre 1903, il a fait l'acquisition d'uvres et d'objets ayant appartenu au peintre Paul Gauguin qui venait de disparaître aux Marquises. Dans une lettre du 2 octobre 1903, il écrivait à Emile Mignard: «Je viens de gagner 450f dont 250 pour un accouchement assez ennuyeux. Sur ces 450 j'en ai consacré 200f à l'achat de toiles, bois sculptés, croquis, album, du peintre Paul Gauguin, l'un des meilleurs Impressionnistes, qui, réfugié aux Marquises, vient d'y mourir. J'ai acquis à bas prix, à la vente publique, d'admirables choses: deux portraits de lui, une grande toile où défilent des Tahitiens, des bois sculptés dont je ferai tirer des épreuves, des croquis, des notes... Je m'étais fait son champion, ici, car très ingrat, très isolé, haineux même, il était généralement détesté dans la colonie.» La vente aux enchères des biens et des uvres de Gauguin, demeurés dans sa Maison du Jouir après sa mort, eut lieu à l'automne 1903. L'un des rares acquéreurs présents lors de cette liquidation fut Victor Segalen qui permit ainsi le sauvetage de plusieurs pièces capitales du peintre qui risquaient d'être détruites dans l'indifférence générale. Segalen, qui avait espéré arriver à temps pour rencontrer Gauguin, ravive sa mémoire en tentant - malgré sa faible solde - d'acquérir un maximum d'uvres de son défunt mentor. Il évoque d'ailleurs ici une gravure du peintre: «T'expédie, en à propos de la mort de Gauguin, simplement, une gravure sur bois de lui, en double exemplaire, dont un pour l'ami Max [Prat] [...] C'est une idole monstrueuse et repue, dans un ciel tourmenté d'une coupée de grande vallée tahitienne. Le mot «Maruru» (prononcer: Maourourou) signifie: merci je suis content.» Segalen possédait en effet plusieurs épreuves de cette gravure représentant la divinité Hina; un fragment de l'une d'entre elles était collé sur la page de garde de son Journal de voyage et on retrouvera la même silhouette de l'idole sur la couverture du manuscrit des Immémoriaux. Cette déférence pour Gauguin est également visible à travers un autre projet, la rédaction d'un article lui rendant hommage: «J'écris à Morache. J'ai eu tort de ne rien envoyer au Mercure à propos de la fin de Gauguin.» Et en effet, un article apologétique intitulé «Gauguin dans son dernier décor» paraîtra en juin 1904 dans le Mercure de France. Segalen y décrit les derniers jours du peintre dans sa Maison du Jouir. Comme en témoigne notre lettre, cet article a peut-être été écrit sous l'impulsion de Saint-Pol-Roux: «J'ai reçu de Saint-Pol-Roux une bonne et encourageante lettre.» Dans cette lettre, datée du 15 octobre 1903, le poète symboliste le questionne: «Que devenez-vous, mon bien cher ami? Malgré le silence - qui au fond n'est le silence que pour les imbéciles - vous êtes de ceux qui habitent ma quotidienne pensée. [...] Votre image y fut plus particulièrement évoquée ces temps-ci de par la mort de Paul Gauguin décédé à Papeete. L'avez-vous assisté? Sans doute, n'est-ce pas? Car vous l'avez dû connaître. Oh dites-nous quelque chose sur ce malheureux de la Destinée qui fut souvent un grand artiste, et à sa manière un Maître. Comment se fait-il que vous n'ayez pas adressé quelque relation sur cette mort au Mercure de France qui l'eût accueillie avec enthousiasme ? ...» Cet oubli sera donc doublement réparé: en sus de la publication de l'article tant sollicité, Segalen fera don du fronton et des panneaux de la Maison du Jouir à son ami poète pour son manoir breton. Ces superbes décorations sont aujourd'hui conservées au Musée d'Orsay. - Photos sur www.Edition-originale.com -
[SEGALEN Victor] MONFREID George-Daniel de d'après GAUGUIN Paul
Reference : 78777
(1907)
s.d. (1907), sujet : 12,4x18,9cm, planche : 15,1x20,9cm, une feuille.
Epreuve originale en couleur d'un bois inspiré de l'uvre de Gauguin et gravé par George-Daniel de Monfreid pour un projet de frontispice, demeuré inédit, des Immémoriaux de Victor Segalen. Seule une autre épreuve originale en couleur et une épreuve d'essai, en noir, sont connues à ce jour. Tirage en deux tons, vert et brun, sur japon ancien et rehaussé à la peinture dorée par l'artiste. Ce bois gravé devait illustrer, en frontispice, l'édition originale des Immémoriaux, de Segalen, roman ethnographique, directement inspiré de son voyage en Polynésie sur les traces de Gauguin. Segalen en demande donc la réalisation au disciple et plus proche ami du peintre, auquel il a d'ailleurs offert Noa Noa acheté à Papeete lors de la vente à l'encan des biens de Gauguin. Une amitié et une admiration mutuelles naissent dès lors entre Segalen et Monfreid sous l'égide tutélaire du peintre disparu. C'est d'ailleurs en constante référence au Maître, que les deux amis évoque la réalisation de ce frontispice, auquel Segalen attachait une grande importance mais qu'il sera obligé d'abandonner pour des raisons de coût d'édition: «Voici beaucoup plus intéressant pour moi : quoi me ferez-vous pour mon hors-texte ? Si j'osais imaginer quelque chose, ce serait une rude figure de face, très sobre, très fruste, et d'un androgynat à tendances mâles, bref le type maori décrit par Gauguin dans son Noa Noa et réalisé par lui dans le bois sculpté qui est demeuré à Tahiti (visage de femme analogue à celui que vous possédez) et dont je vous ai donné je crois une photographie. (...) Êtes-vous d'avis de réserver votre Illustration de début aux exemplaires de luxe et d'amis ou bien de la prostituer dans les exemplaires courants? Je me permets de renouveler un timide désir, exprimé chez Vollard à votre exposition: si vous tirez quelques épreuves encore de vos estampes en couleurs, au pochoir, ne m'oubliez pas.» (Brest, le 2 novembre 1906). Réponse de Monfreid,le 8 janvier 1907 : «J'ai commencé à chercher votre hors-texte. Ah! je ne vous le décrirai point encore: il ne vient pas selon ce que votre livre devrait évoquer. Du reste je ne suis pas riche en imagination, encore moins en «symbolisme» je reste - vous vous en êtes aperçu- un «naturaliste» (mais non un «réaliste») et pour résumer l'impression de vos Immémoriaux, il faudrait être Gauguin. Enfin je ne désespère pas de faire quelque chose tout de même; seulement il faut encore un peu de temps pour l'étudier...». Monfreid réalisera deux bois d'essais - dont les formats (22x12 et 23x16) n'étaient pas adaptés à l'édition - reprenant chaque fois les mêmes figures, rudes et frustres, souhaitées par Segalen. Notre bois semble être la version finale de ces études, parfaitement adapté au format in-12 du Mercure de France. Cependant, l'illustration comporte le nom de l'auteur en tête, or Segalen, officier de marine, ne pouvait signer une uvre romanesque et dut choisir un pseudonyme, Max-Anély. Cette contrainte contribua peut-être à l'abandon de ce frontispice tant désiré et, selon toute vraisemblance, validé par les deux bois d'essais. Monfreid réutilisera d'ailleurs le même visage masculin pour réaliser l'ex-libris sollicité par Segalen. Dans sa lettre du 2 novembre, le poète imaginait déjà un tirage confidentiel pour l'uvre de Monfreid. Seuls deux exemplaires de l'épreuve en couleur, réhaussée à l'or, semblent avoir été finalement conservés, le second étant aujourd'hui dans les collections du Musée Maurice Denis à Saint-Germain-en-Laye. L'artiste en avait sans doute tiré un pour lui et offert l'autre à Segalen qui rêvait de posséder une estampe de celui qu'il nommait son « Patron » et auquel il dédiera son recueil de poèmes, Peintures. - Photos sur www.Edition-originale.com -
Tahiti 4 mars 1903, 14x9cm, une carte postale.
Carte postale autographe signée de Victor Segalen, envoyée depuis Tahiti et adressée à Emile Mignard. Quelques lignes rédigées à l'encre noire autour de la reproduction photographique en noir et blanc d'une vue de Bora-Bora, adresse manuscrite du correspondant au verso. Quelques taches sans gravité, un coin coupé sans doute pour prélever le timbre. Moins de deux mois après son arrivée en Polynésie, le Docteur Segalen semble avoir pris femme : "Un mot de mon épouse à ton adresse : [de la main de ladite épouse] iaorana fetii Tepeva te here neivou ia se no te mea e fetii no Tapeva Maraca Vahine. [de la main de Segalen de nouveau] Ce qui veut dire : je te salue ami de Tépéva (Tépéva c'est mon nom tahitien), et j'aime toi parce que tu es l'ami de Tépéva. signé Maraéa-femme." La biographie de Segalen ne fait aucune mention de cette exotique épouse.Laurence Cachot dans son étude intituléeLa Femme et son image dans l'uvre de Victor Segalen, souligne la fascination de l'écrivain pour le beau sexe, «source de beauté et de plaisir pour l'homme, [ou] cause première de ses maux». L'attrait de Segalen pour la beauté maori est, selon elle, indissociable de son admiration pour les femmes tahitiennes peintes par Paul Gauguin: «L'écriture de V. Segalen est, en quelque sorte, au service de la peinture de P. Gauguin, car les tableaux littéraires sont le pendant des tableaux picturaux. Même lorsque V. Segalen décrit les femmes réelles de Tahiti, ses descriptions du corps, des traits, des qualités physiques et du maintien des vahinés, doivent beaucoup au regard de P. Gauguin.» (op. cit.) Emile Mignard (1878-1966), lui aussi médecin et brestois, fut l'un des plus proches amis de jeunesse de Segalen qu'il rencontra au collège des Jésuites Notre-Dame-de-Bon-Secours, à Brest. L'écrivain entretint avec ce camarade une correspondance foisonnante et très suivie dans laquelle il décrivit avec humour et intimité son quotidien aux quatre coins du globe. C'est au mariage de Mignard, le 15 février 1905, que Segalen fit la connaissance de son épouse, Yvonne Hébert. - Photos sur www.Edition-originale.com -
s.d. (1907), sujet : 12,4x18,9cm, planche : 18,5x26,9cm, une feuille.
Bois dessiné et gravé par Georges-Daniel de Monfreid, en noir et blanc sur papier pelure. Épreuve probablement unique. Annotation manuscrite de l'artiste ("état 5") en marge basse au crayon. Epreuve originale d'essai en noir d'un bois inspiré de l'uvre de Gauguin et gravé par George-Daniel de Monfreid pour un projet de frontispice, demeuré inédit, des Immémoriaux de Victor Segalen. Seule deux autres épreuves originales définitives en couleur sont connues à ce jour. Ce bois gravé devait illustrer, en frontispice, l'édition originale des Immémoriaux, de Segalen, roman ethnographique, directement inspiré de son voyage en Polynésie sur les traces de Gauguin. Segalen en demande donc la réalisation au disciple et plus proche ami du peintre, auquel il a d'ailleurs offert Noa Noa acheté à Papeete lors de la vente à l'encan des biens de Gauguin. Une amitié et une admiration mutuelles naissent dès lors entre Segalen et Monfreid sous l'égide tutélaire du peintre disparu. C'est d'ailleurs en constante référence au Maître, que les deux amis évoquent la réalisation de ce frontispice, auquel Segalen attachait une grande importance mais qu'il sera obligé d'abandonner pour des raisons de coût d'édition: «Voici beaucoup plus intéressant pour moi : quoi me ferez-vous pour mon hors-texte ? Si j'osais imaginer quelque chose, ce serait une rude figure de face, très sobre, très fruste, et d'un androgynat à tendances mâles, bref le type maori décrit par Gauguin dans son Noa Noa et réalisé par lui dans le bois sculpté qui est demeuré à Tahiti (visage de femme analogue à celui que vous possédez) et dont je vous ai donné je crois une photographie. (...) Êtes-vous d'avis de réserver votre Illustration de début aux exemplaires de luxe et d'amis ou bien de la prostituer dans les exemplaires courants? Je me permets de renouveler un timide désir, exprimé chez Vollard à votre exposition: si vous tirez quelques épreuves encore de vos estampes en couleurs, au pochoir, ne m'oubliez pas.» (Brest, le 2 novembre 1906). Réponse de Monfreid,le 8 janvier 1907 : «J'ai commencé à chercher votre hors-texte. Ah! je ne vous le décrirai point encore: il ne vient pas salon ce que votre livre devrait évoquer. Du reste je ne suis pas riche en imagination, encore moins en «symbolisme» je reste - vous vous en êtes aperçu- un «naturaliste» (mais non un «réaliste») et pour résumer l'impression de vos Immémoriaux, il faudrait être Gauguin. Enfin je ne désespère pas de faire quelque chose tout de même; seulement il faut encore un peu de temps pour l'étudier...». Monfreid réalisera deux bois d'essais - dont les formats (22x12 et 23x16) n'étaient pas adaptés à l'édition - reprenant chaque fois les mêmes figures, rudes et frustres, souhaitées par Segalen. Notre bois semble être la version finale de ces études, parfaitement adapté au format in-12 du Mercure de France. Cependant, l'illustration comporte le nom de l'auteur en tête, or Segalen, officier de marine, ne pouvait signer une uvre romanesque et dut choisir un pseudonyme, Max-Anély. Cette contrainte contribua peut-être à l'abandon de ce frontispice tant désiré et, selon toute vraisemblance, validé par les deux bois d'essais. Monfreid réutilisera d'ailleurs le même visage masculin pour réaliser l'ex-libris sollicité par Segalen. Dans sa lettre du 2 novembre, le poète imaginait déjà un tirage confidentiel pour l'uvre de Monfreid. Ce ne sont finalement que trois exemplaires qui seront conservés, un tirage d'essai en noir et deux tirages définitifs en couleur, réhaussés à l'or. Monfreid en conserva probablement une et offrit l'autre àSegalen qui rêvait de posséder une estampe de celui qu'il nommait son « Patron » et auquel il dédiera son recueil de poèmes, Peintures. - Photos sur www.Edition-originale.com -
Pei-King, des presses de Pei-T'ang, 1912. In-4 étroit, imprimé d'un seul côté sur des feuilles pliées formant 102 pages, couverture de papier grise muette. Chemise au dos rond de maroquin noir à grains longs, plats de papier marbré noir et gris, étui de même. La chemise-étui est signée Lavaux.The folder-case is signed by Lavaux.
Orné de calligraphies chinoises gravées dans le texte, dont six stèles en pleine pages. Trois sceaux de cinabre rouge impérial apposés à la main: le premier à la justification du tirage, reproduit le titre du recueil. Le deuxième, sur la page en regard est la cachet familier de l'auteur: le «sceau de Mi Yuan», Yuan étant le nom réservé aux amis. Comme l'indiquera Segalen dans ses notes bibliophiliques sur l'édition de Stèles, Mi Yuan signifie également «Jardin mystérieux». Le troisième [sceau] se trouve à la fin des Stèles et doit se déchiffrer ainsi: «Wou-tch’ao Sin-siuan nien tsiuan», et promulgue , à la fin de tout, ce que la première des Stèles «Sans marque des Règne» annonçait. On peut traduire: «Composé durant la période Promulgation de l’Empire du Coeur de la dynastie Sans avènement dynastique». Edition originale, un des 200 exemplaires sur vélin parcheminé (seul tirage mis dans le commerce), n° 227, pour un total d'exemplaires estimé à 286. Donc rare. Nous ne pouvons que vous recommander la lecture du catalogue de notre excellent confrère Pierre Saunier, cité ci-dessus, entièrement consacré à Victor Segalen, pour notre plus grand plaisir. Pierre Saunier, Victor Segalen, l'exote, 2010.In-4 narrow, printed on only one side on folded sheets forming 102 pages, mute cover of gray paper. Folder with round back of straight grained black morocco, sides of black and gray marbled paper, case similar. Adorned with 7 large full-page calligraphies and small in-text ideograms; three seals of imperial red cinnabar affixed by hand.First edition, one of 200 copies on parchment vellum (only commercial print), #227, for a total of copies estimated at 286. Therefore rare.We can only recommend you to read the catalog of our excellent colleague Pierre Saunier, cited above, entirely devoted to Victor Segalen, for your greatest pleasure: Pierre Saunier, Victor Segalen, l'exote, 2010.
Paris, Association Victor Segalen, 1992, in-8, broché, couverture illustrée, 67 pages. Edition originale. Avec des inédits de Segalen:Commentaire sur la haute peinture chinoise – Extraits de lettres de Segalen traitant de l’élaboration et de la publication de Peintures. Contributions de Jeanne Perdriel-Vaissière, Souvenir d’une lecture par Victor Segalen du manuscrit de Peintures – Lettre de Jules de Gaultier à Segalen en réponse à l’envoi de Peintures – W. Geiger, V.S et l’herméneutique interculturelle aujourd’hui - F. Bianchi, Le palimpseste de V. S. à Marguerite Yourcenar – M. Berne, L’unité du livre chez V.S. et Le fonds Segalen à la B.N. Etat de neuf.
San Francisco jeudi 8 et samedi 11 janvier 1903, 13x20cm, 6 pages sur 3 feuillets.
Double lettre autographe signée de Victor Segalen adressée à Emile Mignard, six pages rédigées à l'encre noire sur trois feuillets de papier blanc.Pliures transversales inhérentes à l'envoi. Traces d'onglets de papier blanc. Emile Mignard (1878-1966), lui aussi médecin et brestois, fut l'un des plus proches amis de jeunesse de Segalen qu'il rencontra au collège des Jésuites Notre-Dame-de-Bon-Secours, à Brest. L'écrivain entretint avec ce camarade une correspondance foisonnante et très suivie dans laquelle il décrivit avec humour et intimité son quotidien aux quatre coins du globe. C'est au mariage de Mignard, le 15 février 1905, que Segalen fit la connaissance de son épouse, Yvonne Hébert. Segalen, parti du Havre le11 octobre 1902 en direction de Tahiti, voit son voyage interrompu par la contraction de la fièvre typhoïde qui l'immobilisera finalement deux mois à San Francisco. Cette convalescence, qui durera jusqu'à début janvier 1903 fut l'occasion pour Segalen de découvrir China Town.Dans cette lettre, la dernière que le médecin adressera à son ami depuis la Californie, il est l'heure du bilan: «Je laisse ici à défaut d'Amis, nom que je ne prodigue plus, de très bons camarades et de très bienveillants patrons. [...] Je ne quitte pas sans une pointe de tristesse une ville amusante et trouble et quelques braves gens.Je promets des retours auxquels je ne crois pas et des souvenirs dont plusieurs s'effaceront. » Segalen revient cependant sur sa conquête américaine, déjà évoquée dans sa lettre de fin décembre: «Je n'omets pas dans le protocole des adieux une séance opératoire soignée sur mon sujet Miss Rachel qui m'est restée bien amusante pendant mon mois supplémentaire. Quel joli petit animal! Je me suis donné le malin plaisir de réunir en un même dîner plusieurs compétiteurs de ce très succulent morceau.» On découvre ici qu'il ne s'en est pas tenu à cette unique fréquentation sensuelle: «Ayant satisfait aux lois de l'esthétique en la personne de ma petite Juive, vraiment tentante, j'ai trouvé intéressant et bon de m'occuper de son extrême parmi la cohorte des nurses; une petite béarnaise échouée ici, laide sans trop, d'une laideur suffisante pour l'isoler, la priver de sortie à deux. Je lui donne volontiers de longues heures de causeries et l'illusion brève d'épanchements nouveaux; sans plus d'ailleurs car ma sexualité est infiniment occupée par ma vorace Israélite.» C'est ici pour Segalen l'occasion de se livrer à un compte-rendu anthropologique de la femme américaine: «La «girl» est ici cet être américain qui peut être millionnaire ou employée de téléphone, noceuse ou rigide. Pas de catégories tranchées comme en France. Elle est souvent de bonne humeur, mange bien, boit plus encore et s'enivre carrément.» Les lettres autographes de Victor Segalen sont d'une grande rareté. - Photos sur www.Edition-originale.com -
San Francisco dimanche 22 novembre 1902, 13,7x18cm, 4 pages sur un feuillet double.
Lettre autographe signée de Victor Segalen adressée à Emile Mignard, quatre pages rédigées à l'encre noire sur un double feuillet de papier à lettre bleu.Pliures transversales inhérentes à l'envoi. Trace d'onglet de papier blanc. Emile Mignard (1878-1966), lui aussi médecin et brestois, fut l'un des plus proches amis de jeunesse de Segalen qu'il rencontra au collège des Jésuites Notre-Dame-de-Bon-Secours, à Brest. L'écrivain entretint avec ce camarade une correspondance foisonnante et très suivie dans laquelle il décrivit avec humour et intimité son quotidien aux quatre coins du globe. C'est au mariage de Mignard, le 15 février 1905, que Segalen fit la connaissance de son épouse, Yvonne Hébert. Segalen, parti du Havre le11 octobre 1902 en direction de Tahiti, voit son voyage interrompu par la contraction de la fièvre typhoïde qui l'immobilisera finalement deux mois à San Francisco: «Pleine convalescence mon cher Emile. [...] Aucune complication. Ma fièvre aura été de type «ambulant» car j'ai promené tout mon premier septénaire en sleeping. [...] J'ai renoncé à prendre le paquebot du 6 Décembre. Une rechute à bord et je ferais immanquablement connaissance avec les bas-fonds du Pacifique. Je partirai seulement le 11 Janvier. L'hiver est très doux à S[an] Franc[isco]. Dans 10 à 12 jours je m'installerai en ville.[...] New-York m'eût été infâme pour un séjour d'un mois. San Fr[ancisco] m'agrée. » Après avoir fait part à son correspondant de ses sentiments à l'approche d'un éventuel décès («[...] je cherche à définir mon état d'esprit, quand, lucide j'ai appris que j'avais 41° et plus, la réaction de Vidal et des taches rosées lenticulaires. J'ai envisagé froidement l'éventualité d'une issue fatale. Au point de vue religieux siccité absolue.Tout s'est reporté sur mes parents, mes amis. »), Segalen - toujours très intéressé par la gent féminine - livre à son ami médecin des détails sur les infirmières de l'hôpital: «Etonnement de trouver un Hôpital Français en ce répertoire cosmopolite du Grand Océan. Etonnement d'y voir comme personnel une quarantaine de «nurses», 20 à 25 ans, jolies parfois, toutes munies de brevets littéraires, «graduées» comme on dit ici, dont une attachée à ma personne, me baignant, me lotionnant, me frictionnant de mains adroites, couchant en long peignoir bleu et les cheveux défaits dans ma chambre, me parlant de Rudyard Kipling, Tennyson, écrivant entre deux bains froids à ses «amis»...» Cette convalescence, qui durera jusqu'à début janvier 1903 sera l'occasion pour Segalen de découvrir China Town. Les lettres autographes de Victor Segalen sont d'une grande rareté. - Photos sur www.Edition-originale.com -
San Francisco dimanche 28 et lundi 29 décembre 1902, 13x20cm, 8 pages sur 2 feuillets doubles.
Lettre autographe signée de Victor Segalen adressée à Emile Mignard, huit pages rédigées à l'encre noire sur deux doubles feuillets de papier blanc.Pliures transversales inhérentes à l'envoi. Trace d'onglet de papier blanc. Une petite tache en marge basse du dernier feuillet. Emile Mignard (1878-1966), lui aussi médecin et brestois, fut l'un des plus proches amis de jeunesse de Segalen qu'il rencontra au collège des Jésuites Notre-Dame-de-Bon-Secours, à Brest. L'écrivain entretint avec ce camarade une correspondance foisonnante et très suivie dans laquelle il décrivit avec humour et intimité son quotidien aux quatre coins du globe. C'est au mariage de Mignard, le 15 février 1905, que Segalen fit la connaissance de son épouse, Yvonne Hébert. Segalen, parti du Havre le11 octobre 1902 en direction de Tahiti, voit son voyage interrompu par la contraction de la fièvre typhoïde qui l'immobilisera finalement deux mois à San Francisco. Cette convalescence, qui durera jusqu'à début janvier 1903 sera l'occasion pour Segalen de découvrir China Town. Pour l'heure, il écrit à Mignard cette longue lettre dans laquelle il lui fait part de rêves prémonitoires d'amis communs quant à sa maladie: «J'ai reçu à 24 d'intervalle les deux récits suivants: de Max [Prat]: a rêvé dans la nuit du 26 au 27 Nov[embre] de moi - m'a vu la tête entourée de bandelettes. Cauchemar et impression pénible persistante. Apprenait le jour même par une carte de ma famille, chez qui la nouvelle était arrivée le 26 au soir, ma maladie. De Madame Varenne; a rêvé du 1er au 4 Déc[embre] environ, de façon obsédante de moi. [...] Le 5 je crois lui arrivait l'avis de mon incident typhique.» Très rationnel, Segalen conclut: «Tout ça pour mémoire seulement, car ça manque de rigueur. Les rêves télépathiques auraient coïncidé plutôt avec les nouvelles de ma maladie, qu'avec l'exacerbation de ma fièvre elle-même.» Désormais tout à fait remis de sa maladie, le jeune médecin poursuit: «Mon séjour Franciscain continue a être des plus «confortable» et complet. Je fais du cheval au Park, des poids et de la natation à L'Olympic club [...]» Il s'adonne également à un sport beaucoup plus charnel et «exécute des travaux pratiques sur la personne d'un sujet américain, prélevé avant [son] départ de l'hôpital parmi les très appétissantes «nurses»». Pas avare de détails, il s'épanche sur cette nouvelle conquête: «Ledit sujet est une petite juive de 18 ans, métissée de Mexicain avec une pointe d'origine Allemande. Le résultat de ces croisements invraisemblables est purement exquis. [...] Moyenne de taille, très souple, des yeux et des cheveux d'un noir invraisemblable, très câline et très en-train. C'est tout. Rien en dessous, et, dans ce cur habillé d'un si joli manteau de chair, une néance absolue de nos plus élémentaires sentiments. C'est un type de maîtresse-camarade complet. Nos embrassements sont forcément polyglottes: elle pimente nos spasmes d'un «che t'aime» hébraïque et très joliment murmuré. Et je lui réponds des mots d'amour pêchés le matin dans Tennyson ou dans mes souvenirs. Je l'ai sous la main aux heures voulues. Elle fume énormément, adore l'eau de Seltz pure (!) et se tord à mes plaisanteries Franco-Américaines et à mes envolées audacieuses dans la langue du président Roosevelt.» Les lettres autographes de Victor Segalen sont d'une grande rareté. - Photos sur www.Edition-originale.com -
Manga-Reva & Tahiti 22 février & 1er mars 1903, 11,2x17,7cm, 6 pages 1/2 sur 2 doubles feuillets.
Double lettre autographe de Victor Segalen adressée à Emile Mignard. Six pages et demie rédigées à l'encre noire sur deux doubles feuillets.Pliures transversales inhérentes à l'envoi. Emile Mignard (1878-1966), lui aussi médecin et brestois, fut l'un des plus proches amis de jeunesse de Segalen qu'il rencontra au collège des Jésuites Notre-Dame-de-Bon-Secours, à Brest. L'écrivain entretint avec ce camarade une correspondance foisonnante et très suivie dans laquelle il décrivit avec humour et intimité son quotidien aux quatre coins du globe. C'est au mariage de Mignard, le 15 février 1905, que Segalen fit la connaissance de son épouse, Yvonne Hébert. Belle lettre relatant la découverte de Manga-Reva et les jouissances polynésiennes de Segalen. De retour du sauvetage des Îles Pomotou, dévastées par un cyclone, Segalen découvre de nouvelles terres polynésiennes, notamment l'archipel des Gambier et l'île de Manga-Reva: «Manga-Reva mon bien cher Emile, c'est la terre capitale du groupe des Gambier. Enfin, ça nous change après notre périple funèbre à travers les Pomotou dévastées, de voir des arbres qui sont encore debout, et des cases intactes: puis, pour les natifs des Îles Basses que nous avons à bord, c'est un étonnement que d'apercevoir une montagne, des lignes ondulées d'horizon. En effet: schéma des Pomotou: [un petit dessin de la main de Segalen figurant une plaine et des cocotiers]Manga-Reva au contraire dresse deux pics de 400 m (presque le Menez Hom! [L'un des points culminants de la Bretagne avec ses 330 mètres d'altitude]) au bas desquels nous avons mouillé hier. » Segalen semble enchanté de la découverte de ce nouveau territoire(«Pas de confrères, en ces terres paradoxales; les indigènes-clients sont nombreux; dociles et respectueux.») et des ressources dont il regorge: «Ce tout petit patelin ne manque pas de charmes. Un climat très tempéré et des fruits en surabondance. Bananes. Mangues. Oranges. Ananas. J'approvisionne le carré de desserts abondants, honoraires de mes consultations.» Mais le jeune européen s'est pris de passion pour une autre richesse polynésienne:«Une nouvelle passion: les Perles. En France, elles semblent mortes, pâles. Ici, on les palpe, on les malaxe, on les caresse avec une certaine volupté. On les connaît comme des personnes, les belles Perles de la colonie. Elles ont leurs étapes, leurs files d'acquéreurs; leur vie propre, aussi, car certaines meurent, littéralement. J'ai été heureux, pour mes débuts; j'ai acheté pour 15 piastres chiliennes, soit 30 f, une jolie petite perle de un carat que l'on m'a estimée, au cours de Paris, au bas mot 150 f. C'est au fond une façon de ne pas mal placer son argent. Mais celle-là et ses futures congénères, je m'en séparerai peu probablement. Ce sera très suave, au retour, de faire monter cela finalement chez l'ami Lalique. Ou encore, de confier aux frères Hamms une grande nacre opalescente pour monter sur étain, en coupe à fruits.» Dans la seconde partie de cette lettre, rédigée depuis Tahiti où il est revenu, Segalen décrit ses journées après ce retour au calme: «Me suis définitivement installé à terre. Jusqu'à présent, pas encore l'aveulissement colonial: j'achève, pour le Gouverneur qui le destine à Armée et Marine un récit du cyclone et de la tournée de la Durance.» Le 12 avril 1903 paraîtra en effet un long article intitulé «Vers les sinistrés - Cyclone des Îles Tuamotou 7 janvier 1903» et dont voici un extrait: «Ainsi, l'Europe casanière apprendra que les îles Pomotou existent, puisqu'elles viennent d'être dévastées; que des gens y habitent, puisque l'on compte, en une seule d'entre elles, près de quatre cents morts; que la pêche des perles et des nacres y était fructueuse, puisque les pêcheries sont ensablées, ruinées pour longtemps.» Cette rédaction studieuse s'accompagne d'un apprentissage: «Je travaille ferme mon Tahitien. Pas ce sabir informe qu'on éructe à tort et à travers, mais l'ancien langage Maori. Mara, mon indigène épouse, et qui ignore absolument le Français, me sert de professeur authentique.» L'évocation de cette vahiné, avec laquelle il entretient une relation depuis son arrivée en Polynésie, est là encore l'occasion d'allusions grivoises et sensuelles: «J'aspire néanmoins, de temps à autre à enfin embrasser une femme autrement qu'en Anglais, qu'en Canaque...N'importe: elle ne détonne pas de mon cadre exotique. Je la possède avec une jouissance éprouvée à boire un coco frais ou à peler une mangue. Elle sent d'ailleurs le fruit. Ni plus, ni moins. Je souhaite la garder longtemps car, eu égard aux vahinés des camarades, soûlardes, tarées, phtisiques, c'est une excellente acquisition.» Très belle et longue lettre, important témoignage des débuts de Segalen en Polynésie. - Photos sur www.Edition-originale.com -
Îles Pomotou 2 & 21 janvier 1904, 11,5x15,4cm, 4 pages sur un double feuillet.
Double lettre autographe signée de Victor Segalen adressée à Emile Mignard. Quatre pages rédigées à l'encre noire sur un double feuillet.Pliures transversales inhérentes à l'envoi, une infime déchirure sans manque de texte à la pliure du premier feuillet. Emile Mignard (1878-1966), lui aussi médecin et brestois, fut l'un des plus proches amis de jeunesse de Segalen qu'il rencontra au collège des Jésuites Notre-Dame-de-Bon-Secours, à Brest. L'écrivain entretint avec ce camarade une correspondance foisonnante et très suivie dans laquelle il décrivit avec humour et intimité son quotidien aux quatre coins du globe. C'est au mariage de Mignard, le 15 février 1905, que Segalen fit la connaissance de son épouse, Yvonne Hébert. Lettre écrite en mer alors que le docteur Segalen s'apprête à effectuer une nouvelle tournée médicale aux Îles Pomotou et revient de l'archipel des Gambier: «Nous venons, mon bien cher Emile, de passer cinq jours aux Gambier; climat plus tempéré, par la latitude plus basse et les alizés immuables.Je suis, en ces tournées, le gros indépendant du bord, choyé des terriens qui ont besoin de moi car pas de médecin, et libre du bateau, mes vingt minutes de visite passées. Tous les matins un cheval m'attend à terre; un étrange et solide cheval cagneux, museau court, petit et rond, d'une allure inconnue à Tahiti, et qui m'emmène avec un courage et une sûreté incroyables à travers la montagne. Étonné, je demande ses ascendants: c'est une bête de l'île de Pâques, venue jadis du Chili, un vrai «mustang»de prairies. » Segalen évoque dans cette lettre l'évangélisation des Gambier au milieu du XIXème siècle: «Manga Reva, aux Gambier, ce fut la honte de la mission catholique. Et le despotisme inquisitorial des premiers missionnaires, les P. Laval et Caret, des Picputiens (sic), y a laissé de profondes empreintes. Actuellement encore l'élément religieux y est louche.» Les Picpuciens furent envoyés par le Vatican afin de défaire les Polynésiens de l'influence des pasteurs protestants. A Mangareva, ils établirent une théocratie despotique dont les derniers feux flambent encore lors de la visite de Segalen: «Et j'ai dû, prévenu par le résident, procéder à l'enlèvement sur la Durance, sous couvert médical, d'une religieuse brimée, affamée, éreintée par sa supérieure.» Hormis ses tournées médicales, le docteur Segalen continue de se consacrer à la composition de ses Immémoriaux: «J'en ai fini avec ma période d'incubation Polynésienne. Parfois je m'exerce à penser en Tahitien. Puis je vérifie le degré de probabilisme sur les indigènes. Je vais avoir deux mois de tranquillité et vais donner un sérieux coup de collier.À mon départ pour Nouméa j'aurai terminé le 1/3 de mon livre, la partie fêteuse, guerrière, vrai-Maorie de l'ancien Tahiti. Je t'en enverrai, comme primeur, quelques chapitres. » Segalen est également sur le point d'expédier l'article sollicité par Saint-Pol-Roux dans sa lettre du 15 octobre 1903 («Oh dites-nous quelque chose sur ce malheureux de la Destinée qui fut souvent un grand artiste, et à sa manière un Maître. Comment se fait-il que vous n'ayez pas adressé quelque relation sur cette mort au Mercure de France qui l'eût accueillie avec enthousiasme ? ...»): «D'ici demain, pas un instant; suis obligé de mener de front: un articulet à expédier au Mercure sur Gauguin, mon courrier et un accouchement interminable qui me vole mes nuits.» Un article apologétique intitulé « Gauguin dans son dernier décor » paraîtra effectivement en juin 1904 dans le Mercure de France. Segalen y décrit les derniers jours du peintre dans sa Maison du Jouir. - Photos sur www.Edition-originale.com -
Tahiti 20 & 25 juillet 1903, 10x15,5cm, 7 pages sur 2 doubles feuillets.
Double lettre autographe de Victor Segalen adressée à Emile Mignard. Sept pages rédigées à l'encre noire sur deux doubles feuillets.Pliures transversales inhérentes à l'envoi. Emile Mignard (1878-1966), lui aussi médecin et brestois, fut l'un des plus proches amis de jeunesse de Segalen qu'il rencontra au collège des Jésuites Notre-Dame-de-Bon-Secours, à Brest. L'écrivain entretint avec ce camarade une correspondance foisonnante et très suivie dans laquelle il décrivit avec humour et intimité son quotidien aux quatre coins du globe. C'est au mariage de Mignard, le 15 février 1905, que Segalen fit la connaissance de son épouse, Yvonne Hébert. Longue lettre évoquant le 14 juillet à Tahiti et les murs amoureuses des femmes tahitiennes. «Ce n'est pas un 14 Juillet qu'on célèbre aussi; mais cette mémorable journée dure 8 jours. C'est horriblement Européanisé; n'importe, c'est un prétexte à s'extérioriser et pendant de longues promenades, de garden-party, à se frôler à des tas de jeunes corps, souples, légèrement ambrés de par leur hérédité semi-canaque...» On décèle ici l'importance des idées de pureté raciale chez Victor Segalen qui prolongera dans les Immémoriaux et dans sa nouvelle intitulée La Marche du feu ses théories concernant le métissage, selon lui dernier fruit de la conquête coloniale. Il ne semble cependant pas appliquer à lui-même les principes ethnographiques qu'il développe et s'étend, comme à son habitude, sur ses aventures sexuelles avec les indigènes: «Car j'ai quitté pour un temps la Vahiné Tahitienne pur-sang, comme beaucoup trop lointaine de notre race.» Depuis son arrivée à Tahiti en janvier 1903, Segalen entretenait en effet une relation avec une jeune tahitienne du nom de Mara. Leur relation est arrivée à son terme: «Ma première épouse [Mara] ayant été expédiée dans son île - et y étant restée - j'ai hospitalisé durant une quinzaine une petite fille perdue, noceuse, éreintée de spasmes, d'alcool et de phtisie prochaine. [...] Puis je l'ai, elle aussi expédiée aux Pomotou où elle avait, comme maîtresse de négociant, une situation beaucoup plus stable à posséder.» Ce passage s'avère également être un document précieux concernant les murs sexuelles des Tahitiennes: «Je n'ai trouvé qu'une seule fois en rentrant chez elle, un canaque couché dans son lit. Je lui en ai fait doucement l'observation: elle m'a répondu que j'avais une demi-heure de retard, qu'elle était persuadée que je l'avais moi aussi trompée, et tenait à me le rendre immédiatement; et qu'enfin elle ne s'était pas mise nue pour se donner à lui, mais avait gardé sa chemise, ce qui est ici une marque de haute décence. Je n'avais donc absolument rien à dire.» Segalen déplore pourtant le manque de docilité et l'émancipation de la gent féminine locale, rendue possible par la présence des colons: «Elles seraient parfaites, ces filles brunes à longs cheveux lisses, aux longs cils, à la peau veloutée, si, au lieu d'un siège en règle, de pourparlers et d'atermoiements, elles vous suivaient d'un geste, ainsi qu'autrefois elles s'exécutaient. Mais nos prédécesseurs les ont beaucoup trop gâtées. Elles sont de strictes maîtresses, afidèles (alpha privatif), fausses, égoïstes, et, cela va sans dire, fort peu intellectuelles, voire même intelligentes. A quoi bon, dès lors, avoir pour eux [sic] les égards qui seyent [sic] à une amante toute proche de nous, soumise, dévouée, comme on est plus certain de trouver dans les Espèces féminines moins éloignées de la nôtre.» - Photos sur www.Edition-originale.com -
Tahiti 7 & 9 novembre 1903, 12x19,8cm, 6 pages sur 3 feuillets.
Double lettre autographe signée de Victor Segalen adressée à Emile Mignard. Six pages rédigées à l'encre noire sur trois feuillets lignés.Pliures transversales inhérentes à l'envoi, déchirure angulaire au premier feuillet (sans perte de texte), quelques restaurations à l'aide de bandes de papier. Emile Mignard (1878-1966), lui aussi médecin et brestois, fut l'un des plus proches amis de jeunesse de Segalen qu'il rencontra au collège des Jésuites Notre-Dame-de-Bon-Secours, à Brest. L'écrivain entretint avec ce camarade une correspondance foisonnante et très suivie dans laquelle il décrivit avec humour et intimité son quotidien aux quatre coins du globe. C'est au mariage de Mignard, le 15 février 1905, que Segalen fit la connaissance de son épouse, Yvonne Hébert. Belle lettre sur l'amour, conjugué au passé, présent et futur. Segalen annonce à son ami le mariage d'une connaissance passée: «Une se marie qui nous eût été chère, mon cher petit. Car c'est d'elle que tu voulais me parler n'est-ce pas: Alice épouse ou épousera un juge de Châteaulin. Pendant ma fièvre, à San Francisco, m'avait obsédé l'idée qu'elle serait peut-être un jour ma femme; alors qu'au départ nous étions certes sans une arrière-pensée.» Malgré sa vie sentimentale actuellement instable, il déclare solennellement: «J'ai confiance, forcément, pour nous, en l'avenir. Elle viendra, cette Désirée que nous attendons tous les deux. Alors nous serons plus forts, plus dignes d'Elle. Chaque «mieux» constaté en moi-même je le leur reporte en offrande.» Cette «Désirée», Victor la trouvera en la personne d'Yvonne Hébert, justement rencontrée par le biais d'Emile Mignard et qu'il épousera le 2 juin 1905. Quelques semaines après leur rencontre, il lui offrira un exemplaire de sa thèse enrichi d'un très bel envoi autographe qui n'est pas sans faire écho à notre lettre: « Pour ma fiancée aimée, mon Yvonne. Pour celle que j'ai toujours cherchée. En merci d'Elle même & en certitude d'affection infinie. 5 avril 1905». Mais revenons à Tahiti, où le docteur Segalen, après avoir vécu plusieurs relations quasiment maritale a pris des résolutions: «Complètement affranchi des Tahitiennes, j'ai trouvé bien plus intelligent, au lieu de m'asservir au sexe faible, de m'en servir sans plus de sentimentalité. Je dois avouer que Tahiti ne m'offre à vrai dire aucun type de femme vraiment et totalement désirable.» Il s'indigne même du comportement des nouveaux arrivants européens: «C'est ainsi d'ailleurs que le comprend mon médecin de division, le Dr Michel du Protet, le croiseur qui nous gère. Sitôt débarqué, il m'a demandé «des femmes». J'ai pu noter, de sang froid et repu moi-même, les ruts terribles et comiques d'un état-major qui vient de faire 15 jours de mer. Papeete n'ayant pas de ces Maisons Hospitalières que..., ils ont failli violer quantité d'«honnêtes femmes». Ainsi de même étions-nous, sans nous en rendre compte, à notre arrivée à Nouméa.» Les divagations amoureuses laissent cependant place au travail: «Je travaille. J'ai partagé ma maison en: deux pièces où j'habite et deux autres où j'opère avec Dufour, mon camarade de la Zélée. Ca devient une petite clinique. [...] Nous avons ce mois-ci enlevé: deux lipomes de la nuque, un sarcome de l'orbite, et opéré une appendicite enkystée.» Le docteur poursuit également, dans son temps libre, la rédaction de ses futurs Immémoriaux: «Tous les soirs j'ai un gros moment d'hésitation: entre une promenade en cotre, autour des îlots de la rade, par des clairs de lune blancs, avec de jolies petites filles caressantes; et le retour solitaire à mon «dormir», et les 3 ou 4 h passées en face de grandes feuilles de papier blanc, où doivent se formuler les aventures de mon Promeneur-de-Nuit en quête d'une Bible maorie...» L'ouvrage paraîtra finalement en 1907 au Mercure de France sous le pseudonyme de Max-Anély (Max en hommage à Max Prat et Anély, l'un des prénoms de sa femme), Segalen n'étant pas autorisé, en sa qualité de médecin militaire, à signer une uvre fictionnelle de son patronyme. - Photos sur www.Edition-originale.com -
Nouméa 15 juin 1904, 14x9cm, une carte postale.
Carte postale autographe signée de Victor Segalen, envoyée depuis Nouméa et adressée à Emile Mignard. Quelques lignes rédigées à l'encre noire en dessous de la reproduction photographique en noir et blanc d'une scène de danse guerrière auxNouvelles-Hébrides, adresse manuscrite du correspondant au verso. Quelques taches sans gravité. Emile Mignard (1878-1966), lui aussi médecin et brestois, fut l'un des plus proches amis de jeunesse de Segalen qu'il rencontra au collège des Jésuites Notre-Dame-de-Bon-Secours, à Brest. L'écrivain entretint avec ce camarade une correspondance foisonnante et très suivie dans laquelle il décrivit avec humour et intimité son quotidien aux quatre coins du globe. C'est au mariage de Mignard, le 15 février 1905, que Segalen fit la connaissance de son épouse, Yvonne Hébert. Segalen complète avec humour la légende de cette carte postale : "[Danse guerrière] ...sur commande, bien entendu. Affectueusement, Victor Segalen Nouméa 15 juin 1904" En 1904, Segalen profite d'un court séjour à Nouméa pour poursuivre l'écriture desImmémoriaux, roman dénonçant l'agonie de lacivilisationmaoriedécimée par la présence européenne,qui paraîtra sous le pseudonyme de Max-Anély en 1907. - Photos sur www.Edition-originale.com -
San Francisco jeudi 10 décembre 1902, 11,2x17cm, 2 pages sur un feuillet.
Lettre autographe signée de Victor Segalen adressée à Emile Mignard, deux pages rédigées à l'encre bleue sur un feuillet de papier à lettre de papier bois asiatique imprimé en marge de silhouettes et paysages asiatiques bleus. Emile Mignard (1878-1966), lui aussi médecin et brestois, fut l'un des plus proches amis de jeunesse de Segalen qu'il rencontra au collège des Jésuites Notre-Dame-de-Bon-Secours, à Brest. L'écrivain entretint avec ce camarade une correspondance foisonnante et très suivie dans laquelle il décrivit avec humour et intimité son quotidien aux quatre coins du globe. C'est au mariage de Mignard, le 15 février 1905, que Segalen fit la connaissance de son épouse, Yvonne Hébert. Segalen, parti du Havre le11 octobre 1902 en direction de Tahiti, voit son voyage interrompu par la contraction de la fièvre typhoïde qui l'immobilise deux mois à San Francisco. Ce sera l'occasion pour le jeune homme de découvrir China Town, le quartier asiatique qu'il évoque dans cette lettre : "Je t'ai déniché chez un petit singe à figure jaune du quartier japonais un petit porte-carte qui aura toujours, à défaut d'autre chose, l'intérêt de "venir de loin" et de son authenticité...et aussi peut-être celui d'être donné avec la plus profonde affection que je puisse dédier à un Ami."Segalen quittera San Francisco pour Tahiti le 11 janvier 1903. Les lettres autographes de Victor Segalen sont d'une grande rareté. - Photos sur www.Edition-originale.com -
Georges Crès & Cie. 1922. In-8° broché. Couverture rempliée. Portrait de Victor Segalen en frontispice. 147 pages. E.O. 1/1.000 sur alfa. [6 hollande / 25 pur fil / 1.000 alfa].
Exemplaire signé par Yvon Victor Segalen, fils de Victor Segalen. Bon état.