Flammarion, 1954, in-12, 234 pp, 4 portraits et 2 fac-similés sur 4 pl. hors texte, biblio, broché, couv. illustrée, bon état
L’énigme de la « comtesse des Ténèbres » est liée à la princesse Marie-Thérèse de France, fille aînée du roi de France Louis XVI et de la reine Marie-Antoinette d’Autriche. La princesse royale Marie-Thérèse, prisonnière au Temple, fut remise le 26 décembre 1795 au gouvernement autrichien en échange de prisonniers français. Dès lors, retrouvant sa famille proche survivante à la cour en exil de Louis XVIII, elle se lie par les liens du mariage à son cousin Louis-Antoine d’Artois, duc d’Angoulême. Duchesse d’Angoulême (1814-1824), dauphine de France (1824-1830), éphémère reine de France et de Navarre (1830), « comtesse de Marnes » (après 1830), Marie-Thérèse vécut en exil au château de Frohsdorf, en Autriche jusqu’à sa mort, se consacrant à l’éducation de son neveu le comte de Chambord (futur « Henri V »). L’identité de Marie-Thérèse et de la duchesse d’Angoulême reste cependant discutée par quelques-uns, arguant que les deux facettes de la princesse seraient en réalité deux femmes différentes. Dès le XIXe siècle, dans des familles souveraines d'Allemagne, apparaît la rumeur selon laquelle une substitution aurait permis à Marie-Thérèse de se retirer du monde, tandis qu’une autre personne aurait pris sa place auprès de Louis XVIII et au sein de la famille royale. L'auteur est convaincu de la substitution. — "Un nouveau « mystère » nous est révélé par M. Frédéric de Saxe-Altenbourg, à propos, cette fois de Madame Royale. Avant sa remise aux Autrichiens, on lui aurait substitué à Huningue, avec la complicité du ministre Benezech et à l'instigation des Bourbons, une amie d'enfance, Ernestine Lambriquet, qui s'identifierait donc avec celle que nous avons toujours cru être la duchesse d'Angoulême. Après un séjour en Suisse, la princesse aurait passé le reste de son existence, calfeutrée dans le duché de Saxe-Hildburghausen, sous la garde d'un riche Hollandais. Le rôle des Bourbons s'expliquerait par le fait que Madame Royale, séduite ou violée au Temple, aurait été enceinte. On ne contestera pas qu'il ait existé une « dame mystérieuse » dans le duché saxon et que divers personnages de l'aristocratie européenne lui aient attribué une royale origine : c'est tout ce qu'on peut retenir pour l'instant d'un invraisemblable roman." (Jacques Godechot, Revue Historique, 1955) — "Voici un petit livre de deux cents pages qui risque fort d'en provoquer plus de deux mille ! Pour son auteur, le prince de Saxe-Altenbourg, celle qu'on connaît dans l'histoire sous le nom de duchesse d'Angoulême ne serait pas la vraie fille de Louis XVI et de Marie-Antoinette, et par conséquent ne serait pas la sœur du Dauphin. Ainsi, le fameux testament dont on attend toujours l'ouverture ne nous apprendrait rien sur l'énigme du Temple... Jusqu'à présent on s'en tenait au fait que la fille de Louis XVI, Marie-Thérèse-Charlotte, appelée Madame Royale, avait été échangée sous la Convention contre d'importants prisonniers français retenus en Autriche, puis envoyée à la Cour de Vienne chez l'empereur François, où elle avait fini par épouser, en 1794, son cousin le duc d'Angoulême. Le prince de Saxe-Altenbourg prétend que la vraie Madame Royale fut séquestrée dans une petite cité allemande et que la duchesse d'Angoulême de l'histoire officielle avait été préfabriquée ! Sans doute, l'auteur n'en apporte pas des preuves matérielles irréfutables, parce que des documents essentiels ont été détruits (systématiquement ?), mais il groupe des témoignages, confronte des écritures et des portraits qui sont pour le moins très troublants. Il y a là une matière historique toute neuve qui risque fort de faire couler autant d'encre que l'affaire Naundorff." (Bernard Simiot, Hommes et mondes, 1954)