Nohant 21 décembre 1867, 13,4x20,7cm, deux feuillets sous chemise et étui.
Lettre autographe de George Sand adressée à Gustave Flaubert datée du 21 décembre 1867, 8 pages sur deux feuillets rempliés. Publiée dans la Correspondance, XX, pp. 642-645. Issue d'une des plus belles correspondances littéraires du siècle, cette lettre écrite à la veille de Noël 1867 est un sublime témoignage de la franche amitié entre George Sand, le «?vieux troubadour?» et Gustave Flaubert baptisé «?cul de plomb?» après avoir décliné son invitation à Nohant pour achever l'Éducation sentimentale. Malgré les dix-sept ans qui les séparent, leurs tempéraments opposés et leur conception de la vie divergentes, le lecteur est saisi par la tendresse mais aussi l'étonnante verdeur de cette longue confidence de George Sand. Alors au faîte de sa gloire littéraire et à la joie de son théâtre de Nohant, Sand s'entretient longuement de politique, de leur séparation, de leur conception du travail d'écrivain, de la vie même. Dans cette lettre à l'allure de «?courant de conscience?», Sand couche naturellement et librement sur le papier huit pages de conversations avec l'écrivain, qui ne fait que de trop rares et brèves apparitions à Nohant?: «?Mais comme je bavarde avec toi?! Est-ce que tout ça t'amuse' Je le voudrais pour qu'une lettre de causerie te remplaçât un de nos soupers que je regrette aussi, moi, et qui seraient si bons ici avec toi, si tu n'étais un cul de plomb qui ne te laisses pas entraîner, à la vie pour la vie?», tandis que chez Flaubert, alors plongé dans l'écriture de l'Éducation sentimentale, la devise est plutôt l'art pour l'art. Cette fin d'année 1867 est marquée par la douleur de la disparition d'un «?presque frère?», François Rollinat, que Sand apaise par ses lettres à Flaubert et les soirées animées à Nohant?: «?Voilà comme je vis depuis 15 jours que je ne travaille plus. [...] Ah'?! quand on est en vacances, comme le travail, la logique, la raison semblent d'étranges balançoires?». Sand lui reprochait volontiers de travailler sans relâche dans sa robe de chambre, «?l'ennemi de la liberté?», alors qu'elle, courait par monts et par vaux, de Cannes à la Normandie, jusque sur les terres de l'écrivain qu'elle avait visitées en septembre. À cette occasion, Sand avait relu avec bonheur Salammbô dont quelques lignes se retrouvent dans Mademoiselle Merquem, sa dernière uvre en date. Leur amitié littéraire et virile, comme celle avec Rollinat, défia toute la vieille garde des littérateurs qui affirmaient l'impossibilité d'une liaison sincère entre l'homme et la femme. Sand, qu'on a tour à tour qualifié de lesbienne, de nymphomane, rendue célèbre pour ses amours retentissantes et si diverses, entame une longue et riche correspondance avec Flaubert pour qui elle est une mère et un vieil ami. Le «?vieux troubadour?» ou «?vieux cheval?» ne se considérait même plus comme femme, mais comme un être quasi-homme, rappelant ses travestissements de jeunesse et son formidable mépris des barrières entre les sexes. À Flaubert qui avait écrit à celle qu'on surnomma la «?papesse des gynandres?»?: «?Pour mieux tirer à l'arc, elles s'écrasaient le téton?», en évoquant les Amazones?; Sand répond «?Je ne suis pas dans ton idée qu'il faille supprimer le sein pour tirer l'arc. J'ai une croyance tout à fait contraire pour mon usage et que je crois bonne pour beaucoup d'autres, probablement pour le grand nombre?». Guerrière certes, mais guerrière pacifique, Sand a volontiers adopté les usages d'un monde de lettrés misogynes, tout en ayant su rester elle-même?: «?Je crois que l'artiste doit vivre dans sa nature le plus possible. À celui qui aime la lutte, la guerre?; à celui qui aime les femmes, l'amour?; au vieux qui, comme moi, aime la nature, le voyage et les fleurs, les roches, les grands paysages, les enfants aussi, la famille, tout ce qui émeut, tout ce qui combat l'anémie morale.?» ajoute-t-elle ensuite. Belle évocation de sa «?période verte?», ce passage consacre le temps des romans champêtres de Sand, qui, assagie par les années, s'était tout entière livrée à la contemplation pour l'écriture de François le Champi, La Mare au diable, et La Petite Fadette. Mais son amour de la nature ne l'a pas empêché de conquérir sur les hommes le terrain du langage, elle qui encore à 63 ans «?scandalisait les inscandalisables?», selon les frères Goncourt. Fidèle à ses idéaux socialistes, elle laisse libre cours à son aversion pour Adolphe Thiers «?Étroniforme est le mot sublime qui classe cette espèce de végétaux merdoïdes [...] Oui, tu feras bien de disséquer cette âme en baudruche et ce talent en toile d'araignée?!?». Devenu le chef de l'opposition libérale au Second Empire de Napoléon III, Thiers venait de prononcer un discours affirmant la défense des États pontificaux et faisant volte-face à Garibaldi, futur père de la patrie italienne. On avait en effet bien ri à Nohant de la logorrhée de Flaubert, envoyée trois jours auparavant?: «?Rugissons contre Monsieur Thiers?! Peut-on voir un plus triomphant imbécile, un croûtard plus abject, un plus étroniforme bourgeois?!?» écrit-il. Sand renchérit sur le même ton et décline le néologisme?: «?Maurice trouve ta lettre si belle [...] Il n'oubliera pas étroniforme, qui le charme, étronoïde, étronifère?». Dans ce contexte d'intense polémique, Sand met également en garde Flaubert, qui court le risque de reléguer son uvre au statut de roman de circonstance en incluant sa critique de Thiers dans l'Éducation sentimentale?: «?Malheureusement quand ton livre arrivera, il sera peut-être claqué et peu dangereux, car de tels hommes ne laissent rien après eux. Mais peut-être aussi sera-t-il au pouvoir. On peut s'attendre à tout. Alors, la leçon sera bonne.?» Leurs aspirations socialistes et leur anticléricalisme ne les empêchent pas d'entretenir des avis très divergents sur l'essence du roman et le travail de l'écrivain?: «?l'artiste est un instrument dont tout doit jouer avant qu'il joue des autres. Mais tout cela n'est peut-être pas applicable à un esprit de ta sorte qui a beaucoup acquis et qui n'a plus qu'à digérer.?». Le détachement de Flaubert, son cynisme affiché pour ses personnages à l'instar de Madame Bovary, sévèrement jugée par le narrateur, se distinguait nettement du rapport affectif et personnel de Sand à l'écriture. Cette attitude presque schizophrène de Flaubert la confond volontiers et lui fait craindre pour sa santé mentale?: «?Je n'insisterais que sur un point, c'est que l'être physique est nécessaire à l'être moral et que je crains pour toi un jour ou l'autre une détérioration de la santé qui te forcerait à suspendre ton travail et à le laisser refroidir.?» Flaubert ne se trahit et ne se révèle jamais à travers ses romans, au contraire de Sand, qui se jette corps et âme dans ses uvres?: «?Je crois que l'art a besoin d'une palette toujours débordante de tons doux ou violents suivant le sujet du tableau?». Alors que Flaubert, besogneux et pétri d'angoisses littéraires, est reclus à Croisset, Sand jouit cependant de sa liberté à Nohant, lieu de félicité familiale mais aussi de vie égalitaire où elle «?[s']amuse à en être éreintée?». Elle troque volontiers les séances de tête à tête avec l'encrier pour les planches du petit théâtre à Nohant?: «?Ces pièces-là durent jusqu'à 2 h du matin et on est fou en sortant. On soupe jusqu'à 5 h. Il y a représentation deux fois par semaine et le reste du temps, on fait des trucs, et la pièce (qui) continue avec les mêmes personnages, traversant les aventures les plus inouïes. Le public se compose de 8 ou 10 jeunes gens, mes trois petits-neveux et les fils de mes vieux amis. Ils se passionnent jusqu'à hurler.?». Persévérante, elle incite une nouvelle fois son «?cul de plomb?» à sortir de sa retraite forcée?: «?Je suis sûre que tu t'amuserais follement aussi, car il y a, dans ces improvisations, une verve et un laisser-aller splendides, et les personnages sculptés par Maurice ont l'air d'être vivants, d'une vie burlesque, à la fois réelle et impossible?; cela ressemble à un rêve.?» Deux ans plus tard, Flaubert fera une entrée fracassante à Nohant et Sand en sortira «?courbaturée?» après des jours de fête. Le Normand fit la lecture intégrale de son Saint-Antoine et dansa la cachucha habillé en femme?! Exceptionnelles pages de George Sand en communion spirituelle avec son illustre confrère?; Flaubert fut l'un des seuls à qui elle s'adressa aussi librement, crûment, mais tendrement, scellant par les mots sa profonde amitié avec le «?grand artiste [...] du petit nombre de ceux qui sont des hommes?» (lettre à Armand Barbès, 12 octobre 1867). Notre lettre est présentée sous une chemise en demi maroquin noir, plats de papier caillouté, contreplat d'agneau velours noir et en regard garde de plexiglas protégeant la lettre, étui bordé de maroquin noir, plats de papier caillouté, ensemble signé P.Goy & C. Vilaine. - Photos sur www.Edition-originale.com -
1858 Paris, A. Morel et Cie, 1858. In-folio (288 X 395 mm) percaline violine, dos lisse muet, double encadrement avec écoinçons à froid sur les deux plats, auteur, titre et illustrateur dorés au centre du premier plat, grand fleuron à froid au centre du second plat, tranches dorées (reliure de l'éditeur) ; (2) ff. de faux-titre et titre illustré, VII pages (table des matières, fac-similé d'une lettre de George Sand à Maurice Sand et avant-propos), 48 pages et 12 planches hors-texte.
ÉDITION ORIGINALE du texte et premier tirage du titre illustré et des DOUZE STUPÉFIANTES COMPOSITIONS dessinées par Maurice SAND. Elles ont été lithographiées par E. Vernier, tirées sur Chine en fond teinté ; le titre a été lithographié par Rambert. Maurice SAND (1823-1889), dessinateur et peintre, est le fils de George Sand dont il a adopté le pseudonyme. Ses dessins sont un curieux mélange de romantisme bizarre et de noirceur fantastique, tout en restant empreints d'une « charmante naïveté d'invention », selon l'expression de son maître Eugène Delacroix. CONTES D'INSPIRATION FANTASTIQUE, ces "Légendes Rustiques" se présentent comme un parcours en douze récits, chaque chapitre étant consacré à un lieu ou à un personnage mystérieux : loup-garou, pierres vivantes, moine des marais, lavandières infanticides, etc. Parallèlement au conte pour enfant, la lecture montre aussi combien ces légendes étaient le quotidien des habitants de la région, mêlant foi chrétienne apotropaïque et superstitions effrayantes. On retiendra notamment le chapitre dans lequel on apprend à distinguer les lubins des lupins, les lubins étant des « Esprits chagrins, rêveurs et stupides, [qui] passent leur vie à causer dans une langue inconnue, le long des murs des cimetières. En certains endroits on les accuse de s'introduire dans le champ du repos et d'y ronger les ossements. Dans ce dernier cas, ils appartiennent à la race des lycanthropes et des garous, et doivent être appelés Lupins ». L'intérêt de George Sand pour le fonds culturel et linguistique berrichon s'inscrit d'abord dans le développement de l'ethnographie nationale en Europe au XIXe siècle. En effet, dans un style et une langue qui évoquent le parler populaire sans jamais se laisser aller au pastiche, George Sand a recréé, avec respect et amour, des vieilles légendes du Berry, tour à tour drôles, étranges et naïves. Avec ce recueil, elle participait activement - aux côtés des romantiques, Nerval, Paul Lacroix et d'autres - au premier mouvement de sauvegarde de ce patrimoine culturel que représentaient les contes et les chansons populaires menacés d'oubli ; elle en révélait ainsi les profondes valeurs poétiques. (Séverine MARÉCHAL, "Les Beaux esprits se rencontrent" - Éric BORDAS, "Les Histoires du terroir à propos des Légendes Rustiques de George Sand" - VICAIRE, VII, 262). BEL EXEMPLAIRE, très frais, de ce merveilleux album romantique, conservé dans son solide cartonnage éditeur en PARFAIT ÉTAT. NICE COPY. PICTURES AND MORE DETAILS ON REQUEST.
Phone number : 06 21 78 12 79
Barry Joseph,Bonsirven-Fontana Marie-Louise,Chalon Jean,Ferra Bertomeu,Sand George
Reference : vt212
Flammarion, Seuil, Les Belles éditions, Editions Pastorelly, Palma de Mallorca Broché "Lot de 6 ouvrages de et sur George Sand : 1. ""Un Hiver à Majorque (1838-1939)"" par George Sand (in-12, broché, 183 pp., 1978 ; volume bruni, coin inférieur des plats cornés, assez bon état) // 2. ""Valentine"" par George Sand (in-12, broché, 256 pp., s.d., Les Belles Editions ; pliures au dos, rousseurs aux plats, éraflures au papier reliure au quatrième plat, par ailleurs assez bon état général) // 3. ""Chopin et George Sand à Majorque"" par Bartomeu Ferra (in-12, broché, 80 pp., 1960, Palma de Mallorca ; mouillures brunies aux plats et au dos, par ailleurs assez bon état général) // 4. ""Chère George Sand"" par Jean Chalon (in-8, dos carré collé, 474 pp., 1991, Flammarion ; très bon état général) // 5. ""Dans l'ombre de George Sand"" par Marie-Louise Bonsirven-Fontana (in-8, broché, 304 pp., 1980, Editions Pastorelly, envoi de l'auteur ; pliure au dos, quelques traces sur les plats, assez bon état) // 6. ""George Sand ou le scandale de la liberté"" par Joseph Barry (in-8, dos carré collé, 424 pp., 1982, Editions du Seuil ; pliures aux plats, frottements et pelliculage fendu au mors supérieur, quelques taches sur les tranches et gardes, en l'état). Livraison a domicile (La Poste) ou en Mondial Relay sur simple demande."
2 volumes in-8 (207 x 122 pp) de 4 ff.n.ch. (faux-titre, titre, dédicace, exergue) et 350 pp. pour le premier volume ; 3 ff.n.ch. (faux-titre, titre, vers d Alfred de Musset) et 383 pp. pour le second (comme dans la plupart des exemplaires reliés à l époque, le relieur a supprimé le dernier feuillet blanc du tome I et le premier feuillet blanc du tome II) ; demi-veau fauve, dos lisses, compartiments de filets et chaînettes ornés de grands fleurons géométriques dorés, roulette en pied, plats recouverts de papier marbré, tranches marbrées dans les mêmes tons (reliure de l époque).
Édition originale. L’un des chefs-d’œuvre de George Sand, un récit d’un lyrisme et d’un symbolisme échevelés. Admiré, critiqué, honni et mis à l’Index, ce roman-poème connut un grand succès de scandale. Se risquant sur les chemins ouverts par Nodier, Senancour, Chateaubriand et Madame de Staël – mais aussi Goethe et Byron –, George Sand provoqua la surprise dans les milieux littéraires. «Avec la “grande Lélia”, sorte de Byron de l’autre sexe, impérieuse mais clamant son impuissance et son mal du siècle, souffrante mais rebelle, se livrant à des confidences impudiques sur sa sexualité qui rendent un son trop vrai pour n’être que littérature, c’est en d’autres parages du féminin, bien plus modernes, que Sand a voulu se risquer. De quoi s’adresser au meilleur de sa “génération”, en explorant à sa façon le paradigme du romantisme du désenchantement. De quoi s’adresser également à nos contemporains du xxie siècle – eux aussi conviés à se risquer à Lélia, excités plus que rebutés, gageons-le, par les difficultés d’une telle lecture –, et leur parler au plus intime. » (José-Luis Diaz) L’exemplaire est enrichi d’un très beau dessin original signé de George Sand. La composition (90 × 106 mm), signée en bas à droite des initiales « G. S. » et protégée d’une fine serpente, a été montée à l’époque sur un feuillet de papier orné au recto d’un décor de feuillage bleu pâle finement gaufré, et insérée dans le tome I entre les feuillets de dédicace et d’exergue. Ce dessin au lavis de brun délicatement rehaussé à l’encre de Chine et à la gouache blanche – une version primitive de « dendrite » – montre une clairière entourée d’arbres et de rochers qu’un ciel tourmenté surplombe ; un rayon de lune perce les nuages en éclairant une scène étrange : un chien aboyant devant un calvaire ; l’atmosphère est mystérieuse, oppressante et onirique. George Sand dessinatrice : les « dentrites ». Romancière et épistolière de génie – ses œuvres très nombreuses et sa correspondance monumentale forment un saisissant tableau de la génération romantique au féminin –, George Sand fut aussi une dessinatrice talentueuse et, sur certains points, singulière. La question de l’art l’a toujours occupée (elle hantait les musées et les salons de peinture) et, depuis ses plus jeunes années, elle maniait avec passion la mine de plomb et le pinceau, aussi bien au couvent des Augustines anglaises que dans la demeure familiale de Nohant. Un talent hérité de sa mère et encouragé par sa grand-mère, qu’elle-même suscitera et contribuera à développer chez son fils, Maurice. Au début des années 1830, alors qu’elle venait de se séparer de son mari, George Sand fit même de son goût pour le dessin et la miniature un métier destiné à lui assurer, pour un temps, son autonomie financière. (Elle prit des cours avec Jules Decaudin en 1831 afin d’affermir sa technique et s’initier à l’aquarelle.) Plus tard, tout au long des années de la retraite berrichonne, le dessin et l’aquarelle deviendront une activité quasi quotidienne, ainsi qu’elle le confie dans une lettre datée de 1874. Une technique particulière, la « dendrite », est attachée à son nom. Elle consiste à appliquer sur une feuille, préalablement tachée de couleur, un papier épais ou un carton absorbant (« écrasage »), obtenant par cette manière de monotype des formes mousseuses et nervu- rées qui sont ensuite retravaillées à l’encre, à l’aquarelle ou à la gouache. Ces compositions évoquent parfois des paysages fantastiques – landes et marécages désolés –, très roman- tiques. George Sand a souvent associé son fils Maurice à ses expérimentations graphiques et chromatiques ; un témoignage éclatant de leur collaboration verra le jour en 1858 sous le titre de Légendes rustiques. Les surréalistes, et tout particulièrement Max Ernst, se souviendront des innovations de George Sand, dont ils adapteront la technique mêlant dessin conscient et aléatoire dans quelques-unes de leurs œuvres. Exemplaire avec de grandes marges, dans une belle reliure de l’époque. La structure du décor et les fers employés, ainsi que des détails de dorure – le point après le nom de l’auteur et la faute « L’Élia » dans le titre – semblent prouver que cette reliure n’a pas été réalisée en France, mais plutôt dans l’aire germanique, très probablement en Suisse. Rousseurs éparses et inégalement prononcées; tampon anciennement et soigneusement effacé sur le feuillet de dédicace du tome I ainsi que sur quelques autres feuillets (peut-être la marque d’un cabinet de lecture) ; petit manque de cuir au mors inférieur du tome I, en pied. Références : G. Sand, Romans, I, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2019, notice de J.-L. et B. Diaz, pp. 1587-1621. – N. Savy, « Une table à dessin ou un bureau ? George Sand et les arts visuels (1804-1837)», inMémoires en hommage à Françoise Cachin, Gallimard-RMN, 2002. – Clouzot, p. 242 : « rare et très recherché ».
Nohant 3 juin 1858, 13,4x20,9cm, 4 pages sur un feuillet remplié.
Lettre autographe signée de George Sand adressée à son amie Stéphanie Bourjot, fille d'Étienne Geoffroy-Saint-Hilaire. Quatre pages rédigées à l'encre bleue sur un feuillet remplié au chiffre de George Sand. Pliures inhérentes à l'envoi. Cette lettre a été partiellement publiée dans Correspondance, t. XIV, n° 7846. Très belle lettre, en partie inédite, dans laquelle George Sand évoque l'ouvrage de Marie Pape-Carpantier et l'éducation de sa jeune servante Marie Caillaud?: «?C'est un excellent livre, dans lequel j'apprends à lire à ma jeune servante, une fille extraordinairement intelligente et dont ce livre ouvre l'esprit à toutes sortes de bonnes notions. Ç'a été pour moi une éducation à part que celle de cet enfant de 18 ans qui n'en avait que 2, il y a six mois, et qui a maintenant son âge, avec toute la candeur de l'enfance conservée. Donc tous les soirs, nous lisons les historiettes de Marie Carpentier, et je m'y intéresse autant que mon élève.?» Marie Caillaud n'a que onze ans lorsque George Sand la fait entrer à son service afin de s'occuper de la vaisselle et du poulailler, ce qui lui vaudra le sobriquet de «?Marie des poules?». Mais l'écrivaine repère bien vite l'intelligence de la jeune paysanne?: elle en fait rapidement sa gouvernante et à partir de 1856, la jeune fille participe aux séances du petit théâtre de Nohant. C'est au début des années 1858 que l'on trouve mention de son apprentissage notamment dans une lettre de George Sand à son ami Charles Duvernet?: «?Dans mes soirées d'hiver, j'ai entrepris l'éducation de la petite Marie, celle qui jouait la comédie avec nous. De laveuse de vaisselle qu'elle était, je l'ai élevée d'emblée à la dignité de femme de charge que sa bonne cervelle la rend très apte à remplir. Mais un grand obstacle, c'était de ne pas savoir lire. Ce grand obstacle n'existe plus. En trente leçons d'une demi-heure chacune, total quinze heures en un mois, elle a su lentement, mais parfaitement toutes les difficultés de la langue. Ce miracle est dû à l'admirable méthode Laffore, appliquée par moi avec une douceur absolue sur une intelligence parfaitement nette.?» (16 février 1858) Intime de l'écrivaine, Marie Caillaud deviendra finalement une comédienne influente de la scène de Nohant et côtoiera les illustres invités de George Sand?: Delacroix, Gautier, Dumas, le prince Jérôme Bonaparte... Mais Marie ne fut pas la première élève de George Sand, qui demeura toute sa vie durant intéressée par la question de la pédagogie et apprit à lire non seulement à ses enfants, mais aussi à ses petits-enfants et à plusieurs personnes de son entourages (domestiques, paysans). Cette lettre montre toute l'implication qu'elle eut dans son rôle de maîtresse, réfléchissant sans cesse à des manières pertinentes et efficaces d'enseigner?: «?Mais ce qui manque, du moins à ma connaissance, c'est une méthode de lecture. J'en ai fait une (pour mon usage, je ne l'ai pas écrite.) tirée d'abord de celle de Laffore, et modifiée à mon idée. Mais ce que je n'ai pas trouvé dans les manuels à l'usage de l'enfance et des écoles primaires, c'est un livre d'exercices bien faits pour apprendre à lire logiquement tout en se rendant compte de l'orthographe des mots. Ce livre existe-t-il??» Loin d'être un simple passe-temps, l'éducation revêtit pour George Sand une importance capitale et, comme le souligne Georges Lubin, elle ne se borna donc pas à alphabétiser les plus jeunes. Il faut dire que la mère de Sand lui apprit elle-même à écrire dès l'âge de cinq ans?: «?Elle se rendit compte très tôt que la seule voie pour atteindre à l'égalité était l'émancipation intellectuelle. L'ignorance où les femmes étaient tenues était la cause de leur esclavage. L'ignorance où le peuple était tenu était le fondement de l'inégalité qui régnait entre les classes. L'éducation était le sésame qui ouvrirait les portes fermées.?» («?George Sand et l'éducation?» in Nineteenth-Century French Studies, 1976) Beau et important témoignage du combat sans relâche que mena George Sand pour l'émancipation féminine par l'éducation. - Photos sur www.Edition-originale.com -
s.d. (23 février 1838), 11x20,4cm, 1 page sur feuillet.
| Sand publie sa riposte à Lerminier |<br>* Lettre autographe signée de George Sand adressée à François Buloz. Une page à l'encre noire sur un feuillet. Traces de plis, feuillet renforcé par un papier au verso. Publiée dans sa correspondance (éd. Georges Lubin), t. IV, p. 331-332. Exaspérée par l'attitude de la Revue des deux mondesde son ami Buloz, George Sand décide de prendre la défense dupenseur progressiste Félicité Lammenais, visé par une critique cinglante publiée dans la revue. Elleprend ici sa plume et ordonne à Buloz de publier son article de riposte, sans en changer une ligne. Mon cher Buloz, voici la lettre à M. Lerminiern'y changez rien. Relisez-en vous même et vous seull'épreuve. Corrigez les fautes de typographie. Veuillez à la ponctuation et aux guillemets. Il va sans dire que les blancs de mon manuscrits sont le résultat de coupureset de transcriptions que j'ai faites, et ne demandent que de simples alinéas. Bonjour et amitié, George Cette lettre constitue la parfaite illustration de lacollaboration aussi houleuse que fructueuse qui unitFrançois Buloz et George Sand. Ce dernierdonnependant de nombreuses années à Sand une tribune et un moyen de vivre de sa plume. Elle publiedans la Revueun grand nombre de chefs-d'oeuvre, dont Lettres d'un voyageur (1834-1836), Mauprat (1837), Spiridion (1839), Gabriel (1839), Mademoiselle La Quintinie (1863), Césanne Dietrich (1870). Par son biais, elleparticipe aussiactivement aux débats politiques de son temps. En 1838, Buloz est le grand orchestrateur d'unduel idéologique lorsque Sand"décide de prendre à partie le critique Lerminier, qui venait de faire dans la revueune analyse très critique du Livre du peuple, Buloz par désir de publicité permet à ses deux collaborateurs d'échanger publiquement leurs coups dans la revue. Par l'intermédiaire de Lerminier et de son ton supérieur, la revue dévoile alors sa vision plutôt misogyne de la littérature et de la philosophie : « le temps est venu pour vous de donner à vos opinions philosophiques plus de consistance et d'étendue car vous entrez dans une nouvelle phase de la vie et du talent. L'inspiration et la fantaisie vous ont élevée à une hauteur où elles ne suffiraient pas à vous maintenir. Puisez maintenant, madame, de nouvelles forces dans la réflexion et la science » (Marie-Eve Thérenty, George Sand, François Buloz et la Revue des Deux Mondes). Sand réagit aussitôt et envoieson article de riposte accompagnédecette missive comminatoire, ordonnant à Buloz depublier son texte en l'état. Lamennais sera très touché de son geste :« Je compterai toujours parmi les circonstances heureuses de ma vie, où je n'en compte pas beaucoup, d'avoir été défendu par vous. En publiant mon dernier livre, je savais bien qu'il choquerait à peu près tout le monde, légitimistes, juste-milieu, catholiques, républicains même, ceux du moins qui ne veulent ni de Dieu ni de la liberté, et le nombre en est grand, et ils ont une terrible foi en eux-mêmes. Je n'ai espéré que dans le peuple qui ne fait pas de systèmes, et qui, sous l'influence des instincts humains primitifs et impérissables, juge par le coeur, et juge seul infailliblement. Sans lui je ne sais ce que deviendrait la liberté sur la terre. M. Lerminier et bien d'autres se figurent que je parle au hasard, selon que m'importe l'idée du moment. Ils se trompent » (Yves Chastagnaret, George Sand, Lerminier et le Livre du Peuple de Félicité Lamennais). Volantau secours d'un défenseur du peuple, Sand rédige cette cinglante missiveà un moment clé de sa relation tumultueuse avecBuloz. - Photos sur www.Edition-originale.com -
Nohant 16 août [18]59, 13,5x20,9cm, 4 pages sur un double feuillet.
Lettre autographe signée de George Sand adressée à Ernest Feydeau. Quatre pages rédigées à l'encre bleue sur un double feuillet présentant, en tête de la première page, le timbre à sec de l'expéditrice. Cette lettre a été publiée dans la correspondance complète de George Sand établie par Georges Lubin. Belle et longue lettre évoquant la littérature et l'amitié entre écrivains. D'abord courtier en bourse et spécialiste de l'Antiquité, Ernest Feydeau se lança sur le tard dans la fiction. Soucieux d'occuper un espace littéraire dans lequel il ne s'estimait pas justement apprécié, il fit jouer ses relations et entretint une relation épistolaire suivie avec d'illustres correspondants tels que Gustave Flaubert, Sainte-Beuve ou encore George Sand auxquels il adressa les ébauches de ses romans et dont il sollicita les avis. La présente lettre constitue une réponse de Sand qui vient d'achever la lecture de Daniel, deuxième roman de Feydeau. George Sand, alors à l'apogée de sa carrière littéraire, se décrit ainsi: «Je suis bien d'âge à être votre mère, car j'ai 55 ans, et j'ai de bonnes mains bien adroites, mais pas belles du tout. J'ai acquis le droit de n'être plus coquette, on m'a fait un assez grand reproche de ne l'avoir jamais été. Je vous dirai de moi tout ce que vous voudrez.» Comme à son habitude, très sollicitée par ses pairs, elle livre une critique très détaillée du texte que lui soumet son confrère: «Je ne suis pas contre les phrases qui détonnent, là où il faut qu'elles détonnent, mais je ne suis pas pour que l'harmonie soit sacrifiée au rythme. Je ne suis pas non plus pour le contraire. Comprenez-moi bien, je ne blâme que ce qui s'aperçoit trop, que ce qui révèle le procédé. Ne touchez pas aux passages dont vous me parlez, ils sont excellents. Et, en somme, je n'insisterai pas furieusement sur la question de forme dans le style, vu que si les qualités du vôtre devraient s'en aller avec ce qui me semble parfois un défaut, je serais au désespoir d'avoir signalé le défaut.» Elle-même très proche de Flaubert qu'elle surnommait son «?cul de plomb?», Sand semble ravie que les deux hommes se connaissent: «Je n'ai pas le temps. Mais j'aurai celui de vous recevoir quand vous serez libre, il faudra venir avec Flaubert qui a aussi en moi un lecteur enchanté et un ami littéraire de tout cur. Je ne le savais pas votre ami, et je suis contente qu'il le soit.» L'amitié va si loin que Sand bientôt réunit les deux écrivains, les mettant sur un total pied d'égalité: «Ce n'est pas un malheur pour vous, pas plus que pour Flaubert, d'appartenir à la race des voyants.» S'installe alors une forme de solidarité face à l'adversité de la critique: «Tout cela se sent mieux qu'on ne peut le dire, et c'est pour cela que la critique déraisonne les trois quarts du temps.» Car la critique a eu le malheur de taxer Feydeau, comme elle l'a fait avec Flaubert, de réaliste: «On s'est mêlé de baptiser votre manière et la sienne de réalisme. Je ne sais pas pourquoi ; à moins que le réalisme ne soit tout autre chose que ce que les premiers adeptes ont tenté de nous expliquer. Je soupçonne, en effet, qu'il y a une manière d'envisager la réalité des choses et des êtres, qui est un grand progrès, et vous en apportez la preuve triomphante. Mais le nom de réalisme ne convient pas, parce que l'art est une interprétation multiple, infinie. C'est l'artiste qui crée le réel en lui-même, son réel à lui, et pas celui d'un autre. Deux peintres font le portrait de la même personne. Tous deux font une uvre qui représente la personne, si ce sont deux maîtres. Et pourtant les deux peintures ne se ressemblent pas. Qu'est devenue la réalité ?» Cette longue diatribe - véritable manifeste - constitue un puissant témoignage de la répulsion de George Sand et Flaubert pour les théoriciens, obsédés par l'idée de classer la littérature selon un «système qui [...] aveugle». - Photos sur www.Edition-originale.com -
Album composé de 50 gravures rehaussées en couleurs (gouache) representant les costumes du theatre italien , dessiné par Maurice SAND et graves par Alex. Manceau ( 1858 pour les dessins 1859 pour les gravures )tres bel album relié demi-veau , parfait etat , photos sur demande
Maurice SAND : Jean-François-Maurice-Arnauld, baron Dudevant, dit Maurice Sand, né le 30 juin 1823 à Paris et mort le 4 septembre 1889 à Nohant-Vic, est un dessinateur et auteur français.Maurice Dudevant est le fils de la romancière et écrivaine George Sand, dont il a adopté le pseudonyme. Très attaché à sa mère, il vivra toujours auprès d'elle. Maurice Sand a touché à plusieurs domaines : le dessin, la peinture (il a été l’élève de Delacroix), la littérature, la géologie et les sciences. Auteur de romans, il est surtout connu pour l’étude monumentale qu’il a rédigée sur la commedia dell'arte : Masques et bouffons (comédie italienne) (1860).ALEX MANCEAU: Élève de Sixdeniers, graveur sur cuivre, artiste au talent reconnu, il exposa régulièrement au Salon à partir de 1842. Convié par Maurice, le fils de George Sand, pour fêter Noël 1849 à Nohant, il y resta quinze ans. Il devint le secrétaire, l’amant, le compagnon, l’homme lige de George Sand. Il aimait le théâtre et avait sans doute acquis à Paris une expérience de comédien amateur. Il prit rapidement une place prépondérante dans les activités du grand théâtre de Nohant qui se développa considérablement à partir de cette époque. Il continua dans le même temps son travail de graveur.Ray bibli cord A2*
George Sand, en réponse à Clément Renoux qui souhaiterait quelle intervienne auprès de léditeur Michel Lévy pour publier son manuscrit, précise …Mr Michel Lévy nest pas à Paris. Dès que je le saurai de retour, je lui présenterai votre requête, mais sans me flatter pourtant dun crédit que je nai pas. Nimporte. Comptez que je ferai mon possible. Permettez-moi de ne pas lire de manuscrit cela mest tout à fait impossible en ce moment…George Sand avait déjà recommandé en 1860, un roman de Renoux « Homme très pauvre ». Sagit-il cette fois du roman « Terrible » dont Sand parle dans une lettre ultérieure à Noël Parfait, bras-droit de Lévy ? Clément Renoux avait été recommandé à G. Sand par Jules Favre en février 1860, et avait même fait le voyage à Palaiseau, où résidait Sand, le 6 juillet 1864. George Sand était à ce moment très inquiète au sujet de la santé de son petit-fils Marc (dit Cocoton) que la maladie allait emporter le 21 juillet.
Charmant billet de George Sand au futur éditeur de ses ŒUVRES COMPLÈTES : ...A la bonne heure, voilà ce qui sappelle un Editeur. Décidément Buloz est un butor, il ne ma pas donné une praline. Mais jai un reproche à vous faire, cest de ne pas avoir apporté les bonbons vous-même... Fils du baron Bonnaire (un député du Cher, ami de Fouché, préfet dEmpire), Pierre-Félix, aidé de ses deux frères, assurèrent grâce à la fortune de leur père le lancement par Buloz de la Revue des Deux Mondes en 1832. Mais cest en tant que co-directeur de la Revue de Paris quil édita la première édition française des "Œuvres complètes de George Sand » (27 volumes entre 1837 et 1842). Quant à François Buloz (né en 1803), il se fit connaître grâce à la spectaculaire transformation quil opéra sur une petite revue moribonde qui devint une des plus célèbres de son temps : La Revue des Deux Mondes. Buloz jouera un rôle considérable dans la littérature française pendant près de quarante ans. Ayant attiré George Sand dès 1832, il publia delle de nombreux romans, avant une brouille qui dura de nombreuses années. Cependant, George Sand fera paraître dans la revue de Buloz une trentaine de romans et quantité de contes et nouvelles, récits de voyages, articles et comédies. ANCIENNE COLLECTION JEAN DEPRUNEAUX : larrière-grand père du bibliophile Jean Depruneaux avait connu George Sand à La Châtre. Jean fut un ardent défenseur du Berry et de lauteur de « Lélia », premier roman de Sand écrit à La Châtre. Faisant de La Châtre, la seconde ville de la romancière après Nohant, il y créa un musée dans sa propre demeure, un donjon du XVe siècle quil restaura pour y installer ses collections de lettres, manuscrits, et portraits de George Sand. Bibliographie : Correspondance, Tome II, n° 873.
27 juillet 1861, 13,3x21cm, 4 pages sur un feuillet remplié.
Lettre autographe signée de George Sand à François Buloz, 83 lignes écrites à l'encre bleue, enveloppe jointe. Quelques ratures et soulignements de la main de George Sand. Paraphe autographe de François Buloz. Tampon des « Archives et collections de J. L. Debauve ». Bavures sans incidence sur la lettre. Longue lettre autographe signée de George Sand à François Buloz, l'un des fondateurs de la Revue des Deux Mondes et l'éditeur, en pré-originale, des Fleurs du Mal. La femme de lettres y évoque le théâtre de Nohant ainsi qu'Alexandre Dumas Fils, faisant montre de toute l'influence dont elle dispose dans le milieu littéraire du milieu du xixème siècle. En grande habituée de la presse - elle y a publié la quasi-totalité de ses romans en feuilletons et lui a donné un grand nombre d'articles - George Sand commente dans cette lettre les choix éditoriaux de son ami François Buloz : « Je me décide à vous envoyer une espèce de proverbe qu'on était en train de publier sur notre théâtre de Nohant [...] Ça vaudra toujours mieux que celui de votre dernier n[umér]o, qui, bien que d'un homme de mérite et de talent n'est pas du tout réussi. » L'« homme de mérite » dont il est ici question n'est autre que Tourgueniev. En véritable patronne du théâtre de Nohant, elle dirige l'écriture des scènes et leur éventuelle publication, allant jusqu'à faire la promotion des textes de ses protégés : « Alexandre Dumas fils qui est ici, nous a fait trois scènes charmantes qu'on répète en ce moment. Il vous serait peut-être agréable de les publier dans la revue et c'est un nom. » Elle ironise même « ce sont d'ailleurs des scènes naïves, toute de sentiment, et qui iraient fort bien à la revue ». Protectrice avec Dumas Fils, qui l'appelait d'ailleurs « maman » dans ses lettres, elle procède comme à son habitude et le recommande en secret : « Je n'ai pas voulu lui en parler avant de savoir si vous direz oui, car je crois qu'un refus lui serait désagréable. » Figure aguerrie de la littérature et consciente sans doute de la teneur de la « bluette » de son protégé, qui a pourtant publié sa célèbre Dame aux camélias il y a plusieurs années déjà, elle relativise : « Je ne lui [...] ai rien dit, ignorant s'il voudra débuter dans la revue par une bluette. Mais quelquefois les bluettes que l'on fait sans songer au public sont très heureuses, et la sienne [...] est dans ce cas. » Les demandes de George Sand montrent les rouages de l'industrie éditoriale du xixème siècle, époque à laquelle les recommandations entre écrivains prenaient toute leur importance : « Encore un mot sur Dumas. Il est occupé à faire un roman. Faut-il le pousser à vous l'offrir ou faut-il ne pas lui en parler ? [...] Il a énormément d'esprit et de talent. Ce serait une bonne acquisition pour la revue. Quel prix lui donneriez-vous ? » En dépit de cette recommandation de George Sand et de l'intérêt de Buloz pour ses publications, Dumas Fils ne donnera pas suite à ces ouvertures. - Photos sur www.Edition-originale.com -
Michel Lévy frères, Paris 1864, 14,5x23cm, relié.
Édition originale de l'adaptation théâtrale. Reliure en demi maroquin rouge à coins, dos à cinq nerfs sertis de filets dorés orné de doubles caissons dorés et décorés, filets dorés en encadrement des plats de papier marbré, gardes et contreplats de papier peigné, tranches peignées, reliure de l'époque. Quelques taches sur les plats, exemplaire exempt de rousseur. Envoi autographe signé de George Sand à l'acteur Fresne?: «?à monsieur Fresne, souvenirs affectueux. G. Sand.?» Fresne avait joué dans sa pièceMolièrelors de sa création à la Gaîté en 1851. «?Le 1er mars 1864, en effet, se déroule l'événement théâtral de l'année?: la première du Marquis de Villemer. L'Odéon, gardé par des cordons de police, est pris d'assaut par les étudiants qui campent sur la place depuis dix heures du matin. Dans la salle, les trépignements, les hurlements, les applaudissement interrompent les acteurs. La claque est débordée. On a refusé 3000 à 4000 personnes faute de place. La famille impériale applaudit, l'empereur pleure ouvertement, Flaubert est en larmes, le Prince Napoléon hurle son enthousiasme. C'est un triomphe. Deux cents personnes entourent George et l'embrassent au foyer. Les étudiants l'escortent jusqu'à son domicile aux cris de «?Vive George Sand?! Vive Mademoiselle La Quintinie?! à bas les cléricaux?!?» La police disperse la manifestation dans la nuit. Ces démonstrations anticléricales sont d'autant plus étonnantes que rien dans la pièce n'y fait allusion. Il s'agit d'un mélodrame, très réussi, dans lequel l'amour triomphe des préjugés sociaux. Le premier acte qui a bénéficié de l'esprit de Dumas fils est brillant. La pièce met en scène deux frères dont l'un, très proche de sa mère, introverti et sérieux, refuse de se marier... Il finira par épouser la dame de compagnie, une jeune femme vertueuse et droite. L'autre, un libertin sympathique et spirituel de quarante ans, se mariera avec une héritière tout juste sortie du couvent. Le rythme est enlevé, les caractères bien dessinés. La pièce jouit de l'aura de George Sand. Le succès se reproduit tous les jours. Les recettes sont fabuleuses. Le Quartier latin est méconnaissable. Les ruelles autour de l'Odéon, bien éloigné des grands boulevards élégants, sont obstruées par les équipages de luxe. Les belles dames font la queue dès le matin à la location. L'Odéon, ce théâtre «?sale, froid, loin de tout, désert, misérable?» (Lettre à Maurice et Lina Dudevant-Sand, 5 mars 1864), est illuminé tous les soirs.?» (Evelyne Bloch-Dano, Le Dernier Amour de George Sand, 2010) - Photos sur www.Edition-originale.com -
Michel Lévy frères, Paris 1867, 11,5x18,5cm, relié.
Nouvelle édition. Reliure de l'époque en demi chagrin vert, dos à quatre nerfs sertis de pointillés dorés filets dorés et fleurons dorés en écoinçons, multiples encadrements à froid sur les plats, gardes et contreplats de papier blanc moiré, toutes tranches dorées. Certains feuillets plus courts en marge basse. Envoi autographe signé de George Sand sur la première garde?: «?à mon bon ami Edmond Plauchut. G. Sand.?» Aujourd'hui le seul étranger à la famille inhumé dans le cimetière de la maison de Nohant, Lucien-Joseph-Edmond Plauchut (1824-1909) entama une relation épistolaire avec George Sand à l'automne 1848 alors qu'il était expatrié volontaire après la chute de la République. Parti vers Singapour, il fit naufrage au large des îles du Cap-Vert et ne put sauver qu'une cassette contenant les lettres de Sand qu'il avait précieusement faites relier. Ces missives furent son salut?: elles lui permirent d'être recueilli, nourri et blanchi par un riche Portugais admirateur de la dame de Nohant, Francisco Cardozzo de Mello. Après plusieurs voyages vers l'Extrême-Orient, et de nombreux cadeaux exotiques expédiés à sa lointaine et pourtant si proche amie, Plauchut rencontra finalement George Sand en 1861. En 1870, elle lui rendit un vibrant hommage dans la préface de son roman Malgrétout, narrant le naufrage dont il fut victime et exprimant avec émotion son amitié pour ce courageux ami. Plauchut, très aimé de la famille Sand - et particulièrement des petites-filles de George qui le surnommaient «?L'Oncle Plauchemar?» - en fit partie intégrante jusqu'à sa mort en janvier 1909. Les envois autographes signés sur La Mare au Diable sont très rares, celui-ci est d'une superbe provenance. - Photos sur www.Edition-originale.com -
s.d. (mai 1868), 13,5x20,7cm, 2 pages sur un double feuillet.
Lettre autographe signée de George Sand adressée à Alphonse Peyrat, deux pages rédigées à l'encre noire sur un double feuillet.Pliures transversales inhérentes à l'envoi. Intéressante lettre évoquant l'un de ses fidèles ami : Jean Patureau-Francoeur. George Sand avait fait publier un long article nécrologique en hommage à ce proche dansL'Avenir nationaldu 2 mai 1868. Elle y décrivait son défunt ami avec beaucoup de tendresse: «C'était un simple paysan, un vigneron des faubourgs de Châteauroux. Il avait appris tout seul à écrire, et il écrivait très remarquablement, avec ces naïves incorrections qui sont presque des grâces, dans un style rustique et spontané. [...] Ce petit homme robuste, à grosse tête ronde, au teint coloré, à l'il bleu étincelant et doux, était doué d'une façon supérieure. Il voyait la nature, il l'observait, il l'aimait et il la savait. [...] Son existence parmi nous fut pénible, agitée, méritante. Naturellement un esprit aussi complet que le sien devait se passionner pour les idées de progrès et de civilisation. Il fut, avant la Révolution, le représentant populaire des aspirations de son milieu, et il travailla à les diriger vers un idéal de justice et d'humanité. [...]» En 1848, Patureau fut élu maire de Châteauroux et devint le porte-parole des ouvriers de sa commune. «Au moment du coup d'État, il fut poursuivi, mais il se cacha dans des familles amies et échappa à la police. George Sand obtint, difficilement, sa grâce, ce qui lui permit de regagner Châteauroux. Il fut arrêté en janvier 1858, à la suite de la loi de sûreté générale. « Il resta un mois au cachot sur la paille en plein hiver. Quand on le mit dans la voiture cellulaire qui le dirigeait vers l'Afrique, il était presque aveugle, et, depuis, il a toujours souffert cruellement des yeux » (George Sand). En septembre 1858, à la suite d'une démarche de George Sand auprès de son ami Jérôme-Napoléon, le cousin de Napoléon III, il fut libéré mais resta soumis à surveillance. Il se fixa en Algérie, après avoir obtenu la permission de venir à Châteauroux pour vendre sa maison et sa vigne et pour y chercher sa famille. En Algérie, il vécut de son métier de vigneron, fit partie de la Société d'agriculture de Philippeville et écrivit un traité de viticulture.» (Maintron) «A présent, je viens vous demander de me payer ce petit article le plus cher que vous pouvez et d'envoyer le prix directement à Joseph Patureau, rue de cluis n°7 à Châteauroux. Indre. Et cela, le plus tôt possible.» Joseph, fils de Jean Patureau «est un vigneron très pauvre, très honnête et très digne, qui n'a pas de quoi faire le voyage.» «Il faut que le fils aîné de Patureau [...] aille bien vite à Gastonville pour aider ses frères mineurs à régler leurs affaires de famille. Je lui ai fait accepter le prix de l'article sur son père, ce qui joint à quelques économies, lui permettra d'aller remplir son devoir et surveiller ses intérêts.» Intéressant témoignage de la générosité et de l'indéfectible engagement de George Sand en faveur de la justice sociale. - Photos sur www.Edition-originale.com -
Nohant 19 semptembre 1872, 13,2x20,6cm, 20 pages 1/2 sur 21 feuillets.
Manuscrit autographe signé de George Sand rédigé à l'encre noire sur 21 feuillets de papier blanc. Ratures et corrections. Une page du manuscrit semble avoir été égarée. La version finale de cette chronique, dont le texte est conforme au manuscrit que nous proposons, a été publiée dansImpressions et souvenirs(Paris, M. Lévy, 1873). George Sand consacrera un autre article au roman de son fils dansQuestions d'art et de littératureen 1878. L'édition originale duCoq aux cheveux d'orde Maurice Sand a été publiée par Lacroix et Verboeckhoven en 1867. - Photos sur www.Edition-originale.com -
[ Bureaux de la Revue de Paris,] - Collectif ; BALZAC, Honoré de ; DOSTOIEVSKY ; VIOLLET LE DUC ; MERIMEE, Prosper ; SAND, George ; DAUDET, Ernest ; MAUPASSANT, Guy de ; TOURGUENIEV ; GONCOURT, Edmond de
Reference : 58665
(1896)
6 vol. in-8 reliure de l'époque demi-chagrin brun, dos à 5 nerfs, Bureaux de la Revue de Paris, Paris, 1896. Rappel du titre complet : La Revue de Paris. Année 1896 - Troisième Année (6 Tomes - Complet) [ Contient notamment : ] Lettres à l'Etrangère par Honoré de Balzac [ Suite, Edition pré-originale ]Madame Alphonse Daudet ("Notes sur Londres"), Duc de Persigny ("Conversations avec M. de Bismarck"), George Sand ("Lettres à Ernest Feydeau", "Lettres à Sainte-Beuve"), Maréchal de Castellane ("Le Siège d'Anvers"), Barras ("Les préliminaires du 18 Brumaire"), George Duruy ("Barras et le 18 Brumaire"), Maurice Paléologue ("Une Patricienne de la Renaissance"), Léon Dierx ("Le Dieu futur"), Robert de Montesquiou-Fezensac ("Hortensias bleus"), Darmsteter ("Dante Gabriel Rossetti"), Victor Hugo ("Des Vers"), Eugène Manuel ("Un philosophe d'autrefois"), Voltaire ("Lettres à la Comtesse de Bentinck"), Prince Henri d'Orléans ("Sur le Haut-Mékong"), Emile Zola ("A M. le Docteur Toulouse"), Barbès ("Lettres à George Sand"), Camille Saint-Saëns ("Orphée"), Paul Claudel ("En Chine"), Pierre de Nolhac ("La présentation de Madame du Barry")
Exemplaire bien complet des 6 tomes de la seconde année, en reliure uniforme. C'est en 1895 qu'Edmond de Fels relança la "Revue de Paris" qui avait été supprimée par le gouvernement en 1858 avant de reparaître de manière éphémère et d'être absorbée par la Revue Française en 1865. Etat très satisfaisant (dos passés, papier des plats parfois gondolé, bon état par ailleurs). La série contient la suite de la première publication des "Lettres à l'étrangère" (correspondance de Balzac avec Eve Hanska) mais aussi de beaux écrits, parfois en version pré-originale, de Madame Alphonse Daudet ("Notes sur Londres"), Duc de Persigny ("Conversations avec M. de Bismarck"), George Sand ("Lettres à Ernest Feydeau", "Lettres à Sainte-Beuve"), Maréchal de Castellane ("Le Siège d'Anvers"), Barras ("Les préliminaires du 18 Brumaire"), George Duruy ("Barras et le 18 Brumaire"), Maurice Paléologue ("Une Patricienne de la Renaissance"), Léon Dierx ("Le Dieu futur"), Robert de Montesquiou-Fezensac ("Hortensias bleus"), Darmsteter ("Dante Gabriel Rossetti"), Victor Hugo ("Des Vers"), Eugène Manuel ("Un philosophe d'autrefois"), Voltaire ("Lettres à la Comtesse de Bentinck"), Prince Henri d'Orléans ("Sur le Haut-Mékong"), Emile Zola ("A M. le Docteur Toulouse"), Barbès ("Lettres à George Sand"), Camille Saint-Saëns ("Orphée"), Paul Claudel ("En Chine"), Pierre de Nolhac ("La présentation de Madame du Barry")
Paris, 1855. Leipzig, chez Wolfgang Gerhard [Typographie de L. Schnauss] 13 tomes reliés en 6 volumes petits in-12 (14 x 10 cm) de 162, 166, 147, 171-(1), 164, 160, 160, 160, 164, 160, 160, 160 et 154-(6) pages. Collationné complet. Reliure demi-basane maroquinée bleue nuit, dos lisses ornés de filets dorés en guise de faux-nerfs, auteur, titre et tomaisons dorés, plats de papier marbré. Reliures homogènes, décoratives et solides. Quelques légers frottements, intérieurs frais en dépit de rousseurs et brunissures du papier localisées essentiellement aux premiers et derniers feuillets. Bon papier pour l'ensemble de la série. Très rare édition non autorisée ou préfaçon publiée à Leipzig très peu de temps après le lancement de l'édition française en volumes à Paris par Lecou (1854-1855, 20 volumes in-8). La plupart des bibliophiles peuvent abandonner l'idée de trouver à bon compte et en belle condition d'époque la très rare édition originale publiée entre 1854 et 1855 en 20 volumes in-8 à Paris chez Lecou. L'édition primitive et la seule que l'on rencontre assez souvent, elle celle donnée l'année suivante (1856) en 10 volumes in-18 par Michel Lévy frères. Le texte d'Histoire de ma vie avait été publié en feuilleton dans La Presse entre le 5 octobre 1854 et le 17 août 1855 (138 numéros). L'édition dont nous donnons ici le descriptif est une édition non autorisée (clandestine ou contrefaçon pourrait convenir) dont l'histoire et le détail mérite d'être donné, tant pour sa rareté avérée que pour ses particularités bibliographiques. Voici quelques éléments qui permettent de situer dans le temps ce tirage spécial de Leipzig. On trouve dans notre exemplaire, et ce uniquement à partir du quatrième tome, un timbre encré circulaire portant mention "SAECHS. FRANZOES. VERTRAG. 1856" qui signifie : traité conclu entre la Saxe et la France. Ce cachet signifie que les volumes sur lesquels il est apposé ont été soumis aux stipulations du traité conclu en 1856 entre la Saxe et la France sur la propriété littéraire. Ce traité a été promulgué le 14 juin 1856. En résumé il s'agit d'un traité qui protège l'un et l'autre pays, France et Saxe, contre les contrefaçons (éditions non autorisées) et ce de manière bilatérale. A cette époque, Leipzig, comme d'autres villes d'Europe (Bruxelles notamment), est un véritable centre de la contrefaçon en matière d'édition des auteurs, français notamment. Plutôt que de détruire les éditions lancées sur la marché avant le printemps 1856, il a été décidé de faire un inventaire complet des fonds des libraires de Leipzig et des autres villes de Saxe afin de recenser ces éditions non autorisées. Plutôt que de les détruire (au détriment des libraires et imprimeurs locaux) il a été décidé de faire apposer systématiquement ce cachet encré, stigmatisant ainsi de manière claire et nette tout volume publié sans l'accord de l'auteur. Les exemplaires non revêtus de ce timbre encré étaient passibles de confiscation et de destruction tant chez les imprimeurs et libraires-éditeurs. De ceci découlait une taxation à l'importation sur le sol français (20 francs pour 100 kg pour les livres et brochures). Tout finit toujours par s'acheter ... y compris les droits d'auteurs ... au kilo ! De ce fait, les exemplaires de cette édition (dont nous ne savons pas le chiffre du tirage) ont dû être assez peu répandus sur le sol français. Sans doute même de très nombreux exemplaires, non revêtus du timbre encré, ont-ils été détruits par l'administration française. Tous ces éléments font que cette série, complète en 13 tomes, est devenue fort rare. Il fait maintenant nous arrêter au contenu de ces 13 tomes. Nous avons comparé minutieusement le détail des chapitres entre l'édition définitive de 1876 (la dernière revue par l'auteur), l'édition originale de 1855 en 20 volumes in-8 (Lecou) et notre édition de 1855 (Leipzig). Il s'avère que plusieurs différences notables sont à signaler. Le découpage des parties est différent (pour s'adapter matériellement au format de l'édition de Leipzig, en 13 volumes contre 20 volumes pour l'originale). Par ailleurs, on constate dans l'édition de Leipzig (1855) la suppression du chapitre VI (première partie), chapitre consacré au Maréchal de Saxe (ce n'est sans doute pas un hasard si ce chapitre a été supprimé de cette édition ... de Saxe). Il faut remarquer ensuite, chapitres après chapitres, de nombreuses suppressions de paragraphes (notamment et plus particulièrement aux chapitres VII, VIII, IX, X, XI, XII, et plusieurs autres. Ces suppressions sont-elles dues à une auto-censure de l'éditeur de Leipzig ou bien un allègement du texte (pour gagner du volume ...) concernant des chapitres jugés "non essentiels". L'affaire serait à creuser et mérite toute l'attention des bibliographes à naître. Quoi qu'il en soit, il en résulte que cette édition de Leipzig présente donc un texte allégé de plusieurs chapitres et paragraphes. Difficile d'imaginer que George Sand n'ait pas eu vent de cette édition "pirate" venue de Saxe. Qu'en a-t-elle pensé ? écrit ? dit ? Peut-être sa correspondance en fait-elle mention ? Nous n'avons rien trouvé à ce sujet. Nous avons trouvé trace d'une édition de Berlin (F. Schneider, [ca 1855], 20 tomes - CCfr, B.M. Rennes, cote HP 4604/1-20), et une autre aussi à Leipzig (chez Auguste Schnee) en 11 vol. in-16 donnée comme la pré-façon (pré-originale de l'édition Lecou). Ces trois éditions de Leipzig et Berlin, trois préfaçons, montrent assez l'engouement pour ce texte dès sa publication dans La Presse. Histoire de ma vie n'est pas une biographie linéaire. C'est un choix de morceaux de la vie de George Sand. Les premiers volumes sont tout entiers consacrés à l’ascendance de bonne dame de Nohant. Sa famille, ses relations, ses émotions, sa jeunesse. Il faut d'ailleurs attendre longtemps au fil des pages avant même d'avoir la naissance de l'auteur de la Mare au diable. Les derniers volumes contiennent l'histoire de George Sand écrivain, du milieu littéraire dans lequel elle a évolué. Rédigée à partir de 1847, cette Histoire de ma vie sera reprise et abandonnée cent fois jusqu'à sa publication en 1854-1855. Ses relations avec Balzac, Sainte-Beuve, Delacroix, etc., sont l'occasion de récits vifs, enjoués et naturels. George Sand a placé en exergue de ces volumes les vers suivants : "Charité envers les autres ; Dignité envers soi-même ; Sincérité devant Dieu." On regrettera simplement que sa sincérité devant Dieu ne lui ait pas permis (autorisé) de publier quelques belles pages de ses amours tumultueuses (charité envers les autres ou dignité envers soi-même ?). "Lorsqu’en 1847 George Sand, qui a déjà fait paraître ses plus grands romans, entreprend à quarante-trois ans son Histoire de ma vie, elle définit ainsi son futur livre : « C’est une série de souvenirs, de professions de foi et de méditations dans un cadre dont les détails auront quelque poésie et beaucoup de simplicité. Ce ne sera pourtant pas toute ma vie que je révélerai. » Son modèle n’est pas Rousseau, ni d’ailleurs les Mémoires d’outre-tombe qui vont commencer à être publiés et où elle voit trop de pose et de drapé. Son ambition n’est pas d’inscrire sa vie dans le mouvement de l’Histoire, mais d’offrir le récit d’une existence de femme et d’écrivain qui côtoie rapidement Balzac et Sainte-Beuve, l’abbé de Lamennais et le socialiste Pierre Leroux – et bien sûr Musset et Chopin. [...] si d’autres femmes, avant Sand, ont écrit des mémoires, la singularité de son Histoire de ma vie est qu’on y découvre pour la première fois le récit de formation d’une jeune fille qui a voulu être artiste – mais un récit sans égotisme parce que au miroir de sa propre existence elle désire que se retrouvent tous les autres enfants du siècle : « Ecoutez ; ma vie, c'est la vôtre. »" (Brigitte Diaz, Histoire de ma vie, édition Classiques, Le Livre de Poche, 2004). Sauf erreur de notre part, aucun exemplaire de cette préfaçon (Leipzig, Wolfgang Gerhard, 1855) ne se trouve répertorié au Catalogue Collectif des Bibliothèques de France (CCfr). Ce morceau d'histoire de sa vie est un texte majeur de la littérature intimiste du XIXe siècle. Très rare édition. Bel exemplaire en agréable condition d'époque.
Phone number : 06 79 90 96 36
Paris, G. Charpentier / Coll. ''Petite Bibliothèque-Charpentier'', 1878. Un vol. in-32 (113 x 76 mm) de 1 f. bl., 2 ff. n.fol., 339 pp. et 1 f. bl. Reliure de l'époque de demi-maroquin fauve à grains longs à coins, filets à froid portés sur les plats, dos à nerfs orné de filets gras et maigres à froid, titre doré, date dorée en queue, tête dorée.
Ravissant et désirable "petit" exemplaire (113 x 76 mm). Les deux compositions de Rochegrosse annoncées font ici défaut. Non content de voir le rôle qu'attribua Sand à Musset dans son autobiographie parue six mois plus tôt, Paul de Musset rédigea cette biographie visant à la réhabilitation de son frère disparu deux ans plus tôt. Après Jules Sandeau, et une aventure brève et malheureuse avec l'écrivain et archéologue Prosper Mérimée, sa liaison suivante fut avec le jeune Alfred de Musset, de dix ans son cadet. Leur relation, houleuse, passionnée, agrémentée de trahisons (le fameux séjour à Venise où Musset courra les grisettes pendant que George Sand était malade et où George Sand guérie trompa Musset malade avec son médecin Pietro Pagello) et de ruptures, donna lieu à une intense correspondance qui compte des lettres d'amour parmi les plus belles de la langue française. Après la mort d'Alfred de Musset, George Sand fit paraître Elle et lui, narrant leur histoire. Vicaire V, Manuel de l'amateur de livres du XIXème, 1320. Très légères marques d'usage affectant la reliure. Du reste, très belle condition.
1846 A Paris, Au Bureau de la Société de l'Industrie Fraternelle, 1846, in-8 de 2 ff.n.ch., pp. [V] à XLIII, 440 pp., musique notée, demi-chagrin tabac, dos à nerfs, caissons décorés, Rel. de l'époque, rouss. sans gravité. Vicaire VI, 761. Édition non citée par Polak.Nouvelle édition en partie originale. Les oeuvres d'un poète ouvrier fort goûté par George Sand, employé dans les chantiers navals de Toulon. Les pages liminaires en chiffres romains contiennent la biographie de l'auteur par Ortolan,avec une préface signée : George Sand 1844, pour Le Chantier (p.191 à 213). Parmi les poèmes: A Toulon, Mon Rocher et la Yole, A M. Arago, Trombe marine, A un vaisseau de cent vingt en démolition, A George Sand, Byron, La Chaloupe, Le Forçat, Le Forçat poitrinaire, Carénage d'un brick marchand, Nuit en mer, Aux maçons, La Mort d'un galérien, Portrait d'un forçat à vie, Sur le bal donné aux Anglais à Toulon en 1838, Du Lazaret de Toulon, Influence du Tabac sur ma poésie, etc., etc...premier livre de Charles Poncy, « maçon de Toulon, poète prolétaire (1821-1891), avec qui George Sand se lia en 1842, le sacrant « grand poète », le plus inspiré et le mieux doué « des poètes prolétaires » pour son recueil Marines. Elle lui écrivit de nombreuses lettres conservées à la British Library à Londres, l'encouragea et l'aida de sa bourse pendant de longues années » (George Sand, visages du romantisme, B.N. 1977, p. 64). Bon exemplaire, bien relié.
Palma de Mallorca, 1960, 2 vol. in-8 br. (13,5 x 20), 126 p. / 81 p., illustrés de planches h.-t. et de dessins, bon état.
Le recueil "Lettres de Chopin et de George Sand" (non daté) est établi, traduit et annoté par Bronislas-Edouard Sydow, Denise Colfs-Chainaye et Suzanne Chaynaye, avec une introduction par les deux dernières citées. Le volume "Chopin et Georges Sand à Majorque" est présenté dans sa version française par Alfred Rosset ; il est précédé d'un extrait des "Souvenirs d'Aurore Sand". Voir le sommaire sur photos jointes.
Paris A. Morel et Cie 1858 in-folio cartonnage éditeur Paris, A. Morel et Cie, 1858. 39,5 x 28,5 cm (R), in-folio, VII - 48 pp. - titre-frontispice, 12 planches hors texte et fac-similé d'une lettre de l'auteur à son fils, cartonnage de l'éditeur de pleine percaline rouge estampée à froid, titre doré au premier plat, toute tranches dorées.
Edition originale de ces 12 nouvelles et premier tirage des puissantes compositions fantastiques de Maurice Sand, lithographiées par Vernier et tirées sur Chine à fond teinté. Ex-libris Carlo de Poortere. Manque de 4 cm à la percaline, en coiffe de queue, petite tache au premier plat et rousseurs éparses, touchant essentiellement les premiers et les derniers feuillets (et donc le titre-frontispice). (VICAIRE, VII, 262) Assez bon
Presses Universitaires de Grenoble et Association pour l'Etude et la Diffusion de l'Oeuvre de George Sand , Editions Critiques Originales Malicorne sur Sarthe, 72, Pays de la Loire, France 1978 Book condition, Etat : Bon broché, sous couverture imprimée éditeur blanche, illustrée d'une gravure en noir et blanc grand In-8 1 vol. - 302 pages
1 fac-similé de manuscrit en frontispice, quelques illustrations en noir et blanc nouvelle édition, 1978 Contents, Chapitres : Présentation de 20 pages de Simone Vierne et une vingtaine de pages d'annexes en fin d'ouvrage - Jeanne est un roman publié par l'écrivaine française George Sand en 1844, d'abord sous forme de feuilleton dans le journal Le Constitutionnel, puis en volume. Situé dans la Creuse, il a pour personnage principal une jeune paysanne très attachée aux légendes locales et à laquelle trois messieurs de la ville s'intéressent à divers degrés. Accueilli par des avis très partagés des critiques dans la presse littéraire, Jeanne est néanmoins apprécié par plusieurs écrivains en France et ailleurs, et il est remarqué par le critique Sainte-Beuve comme le premier roman de George Sand à s'intéresser au monde paysan, quelques années avant ses « romans champêtres » comme La Mare au diable ou La Petite Fadette. Tombé dans l'oubli quelque temps après la mort de George Sand, Jeanne est redécouvert à la faveur de rééditions critiques dans les années 1970. Cela amène les universitaires à s'intéresser à la façon dont le roman emprunte aux codes de plusieurs genres romanesques : roman-feuilleton et roman paysan, il annonce aussi les romans sociaux publiés par Sand dans les années 1840-1850, et préfigure par certains aspects l'esthétique symboliste. (source : Wikipedia) couverture à peine jaunie, avec de legeres traces de pliures aux coins du plat supérieur, une micro déchirure à la coiffe inférieure, intérieur sinon propre, quelques rousseurs sur la tranche centrale n'affectent pas l'intérieur, cela reste un bon exemplaire
Vatan (Indre), chez l'auteur, Edition Spéciale pour les journaux de la Société des Gens de Lettres, 1901, 1 br. in-12 de 26 pp. ;
Nouvelles parues dans le "Progrés de Montélimar".Contes pour les riches et les gueux "La tristesse de Gustave". - "Stances à George Sand", poésie dite par l'auteur, à Gargilesse à l'occasion de l'inauguration d'une plaque sur la maison de George Sand. - La grande berrichonne (George Sand). - La bonne dame de Pierrefonds (George Sand). - "Apothéose", à propos en vers dit par Mme Barretta-Worms, avant la représentation de François le Champi.
Phone number : 06 80 15 77 01
BELLE LETTRE DANS LAQUELLE GEORGE SAND APPORTE SON SOUTIEN À ERNEST FEYDEAUGeorge Sand répond aux trois articles que Feydeau venait de faire paraître dans La Presse « Lettres sur la crémation ». La romancière avait elle-même consacré, lannée précédente, un article sur la question de lincinération des cadavres (article paru également dans La Presse, le 25 octobre 1856) : …Je vous remercie beaucoup de mavoir citée avec sympathie et redressée dans mon erreur. Je vous remercie surtout davoir si bien plaidé la question, et jespère que, malgré le peu despoir que vous avez dy intéresser léternel ingrat quon appelle le public, vous laisserez en lui une plus forte trace de ceci que tous ceux qui lavaient essayé avant vous… Elle regrette …quun travail dune autre nature qui me prend tout mon tems meût empêchée de poursuivre cette croisade ; mais jen suis charmée maintenant, puisque Mr Bonneau [Rédacteur à La Presse, qui avait écrit sur le même sujet] est venu rompre encore des lances, et vous ensuite, de meilleures lances encore. En effet, vous avez tout dit sur ce sujet et le plaidoyer est complet. Vous avez dit le dernier mot et le plus frappant, cest la nécessité inévitable, plus ou moins prochaine, dune translation profanatoire, hideuse. Je ne savais pas tout cela, moi, et me voilà, grâce à vous, bien plus de mon avis que je nen étais déjà… Après lui avoir présenté ses compliments, elle linvite à lui adresser son plaidoyer …Si vous le publiez en brochure, comme je suis loin de Paris et que la plupart du tems, je ne sais pas quand mes propres ouvrages paraissent, je vous demande de penser à moi et de men envoyer un exemplaire…Flatté par la lettre de George Sand, Ernest Feydeau lui répondra le 2 février, en des termes les plus amènes. Fils dun officier napoléonien, ERNEST-AIMÉ FEYDEAU [1821-1873], se fit remarquer en littérature en 1858, par la publication de Fanny, un roman populaire qui rencontra un très large succès sur fond de scandale et permit à son auteur de lui assurer quelque postérité. Mais ce qui rend Ernest Feydeau plus intéressant à nos yeux, cest son appartenance au groupe intime des amis de GUSTAVE FLAUBERT : THÉOPHILE GAUTIER, les FRÈRES GONCOURT qui le citent à plusieurs reprises dans leur Journal, et GEORGE SAND avec laquelle il eut de nombreux échanges épistolaires. Remarié en seconde noce avec Léocadie Bogaslawa Zelewska, nièce du vicomte de Calonne, il est le père du célèbre vaudevilliste GEORGES FEYDEAU.
CHARMANTE LETTRE À UN AMI DE LONGUE DATE, LE CAPITAINE D'ARPENTIGNY, RENCONTRÉ DANS LES ANNÉES 1840, ET QUE GEORGE SAND ENCOURAGEA À ÉCRIRE : George Sand s'excuse du retard pris à lui répondre ...Je voulais m'informer si l'affaire dont vous me parlez avait quelque solidité, et elle n'en a pas... tranche-t-elle ...C'est un coup de dé, or, on ne peut jouer que quand on a de quoi courir la chance et je ne suis pas dans cette position... Elle lui demande donc de répondre ... bien poliment à la personne qui vous a écrit que je suis occupée, à ne pouvoir rien entreprendre en dehors de ma tâche, et c'est presque la vérité... Elle a eu grand plaisir à recevoir de ses nouvelles ...Vous en avez douté puisque vous ne m'avez écrit que trois lignes et vous avez eu tort. Je vous garde bon souvenir et bonne amitié, Maurice aussi, et nous avons souvent parlé de vous. J'ai souvent demandé de vos nouvelles à Mme Marliani, elle a dû vous le dire. Nous nous reverrons, et vous me rendrez la bonne causerie et la bonne amitié d'auparavant...Né à Yport en 1791, Casimir Stanislas d'Arpentigny, militaire de carrière, ayant franchi tous les grades, se trouva sous-lieutenant à la chute de Napoléon. Il termina sa carrière militaire avec le grade de capitaine en 1844. Son dossier militaire le représente comme frondeur, critique vis-à-vis de ses supérieurs, il incitait ses camardes à l'indiscipline. Disciple de Lavater et de Spurzheim, il est l'auteur de deux livres qui eurent de nombreuses rééditions : la Chirognomonie (1843) et la Science de la main (1865). Il aurait été présenté à George Sand en 1841 par le comte d'Aure. George Sand le poussa vers l'écriture. Il devint ainsi un collaborateur de la Revue indépendante et publia dans divers journaux. Il fut très lié à Alfred de Musset.