P., Bibliothèque Nationale, 1970, gr. in-8°, 330 pp, index, reliure toile bordeaux de l'éditeur, titres dorés au 1er plat et au dos, 1er plat lég. frotté, bon état
"Il y a bien longtemps que j'avais entrepris de rassembler les éléments de ce travail de patience qui embrasse plusieurs siècles, depuis la fondation du monastère (1136) jusque et y compris la Révolution. Je n'en serais pas venu à bout, tant ces éléments sont dispersés, sans l'aide précieuse de M. Higounet, professeur à la Faculté des Lettres de Bordeaux et Commingeois de naissance. Ces actes, au nombre de plus de 600, en latin, en languedocien ou en français, sont donnés in extenso chaque fois que l'original ou une copie ont pu en être découverts, et sous forme d'analyses, dans le cas où ces actes, aujourd'hui perdus, ont été vus et résumés avec plus ou moins de détails par des érudits ou des feudistes du XVIIe ou du XVIIIe siècle dont les notes ont pu être retrouvées. Nous avons abouti de la sorte à la reconstitution au moins partielle, d'un fonds d'archives monastique important dont on pourra dorénavant tirer parti facilement grâce aux index des noms de personnes, de lieux et de matières dont nous l'avons assorti, grâce aussi, espérons-nous, à la documentation graphique, cartographique et photographique qui a permis de « visualiser », comme on dit, certains aspects de l'histoire de cet important établissement. L'introduction, d'une cinquantaine de pages, porte d'abord sur l'histoire des archives de l'abbaye, partiellement conservées après les destructions révolutionnaires, dans plusieurs dépôts, publics et privés. Elle étudie aussi le contenu diplomatique, l'écriture, la langue, les usages chronologiques des originaux, le développement du temporel de l'abbaye, les granges qui ont servi à la mise en valeur de ses domaines, l'économie rurale, pastorale surtout, qui la caractérise (en raison du voisinage des vallées pyrénéennes), les bastides enfin, fondées par elle en accord avec le roi de France, les comtes de Toulouse et de Comminges. On y rappelle aussi le triste destin des bâtiments de l'abbaye et de l'église abbatiale, dont il ne subsiste sur place aujourd'hui que la porcherie et un colombier. Des fragments de l'église se retrouvent dans le pays, mais c'est à New York, à la section des Cloîtres du Metropolitan Muséum, qu'il faut chercher plus de la moitié des vestiges subsistants du cloître de Bonnefont. C'est là que j'ai eu, il y a quelques années, le plaisir mélancolique de les contempler, sans pouvoir dire, au demeurant, de façon précise comment ils sont parvenus, en fin de compte, sur les bords de l'Hudson." (Ch. Samaran, Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1970) — "Personne, mieux que les auteurs, grands spécialistes de l'histoire du Sud-Ouest, n'aurait pu reconstituer avec tant de bonheur les archives de l'abbaye cistercienne de Bonnefont, au diocèse de Comminges, fondée en 1136, c'est-à-dire au temps de la splendeur de l'Ordre, celui de saint Bernard. (...) C'est sur la vie économique de Bonnefont que les sources projettent le plus de lumière : l'accroissement du temporel, important jusqu'aux alentours de 1295 (cf. le remarquable diagramme p. 25), l'exploitation des granges (classées en deux « générations »), les mutations de l'économie traditionnelle, etc., tout cela est traité magistralement. Loin de seulement « suggérer » les principaux aspects éclairés par ce « Recueil », comme ils l'écrivent trop modestement, les auteurs ont donné une nouvelle impulsion à l'histoire cistercienne." (Guy Fourquin, Revue du Nord, 1971)