Paris, Imprimerie d'Adolphe Blondeau, 1857 In-4 de (3)ff., 250, Xpp., demi-maroquin havane à coins, dos à cinq nerfs, entièrement non rogné, première couverture imprimée verte conservée (reliure de l'époque).
Très rare deuxième édition -c'est celle qui fut saisie- en partie originale, exemplaire de l'auteur avec annotations autographes (à l'encre noire). L'originale, de la même année, était beaucoup plus courte, ne comportant que 206pages. Les annotations autographes débutent dès le premier feuillet liminaire, avant la couverture: Exemplaire à conserver précieusement et venant à l'appui de mon testament littéraire. - N'est pas à vendre. / Versailles, le jeudi, Dix-huit juillet mil huit cent quatre-vingt-neuf (18 juillet 1889) / Fortuné Roustan. (Suit une seconde note où l'auteur évoque la fin malheureuse de son affaire et l'amnistie générale dont il bénéficia en 1859.) Les autographes du faux-titre font le détail des passages attaqués en justice et comprennent cette note témoignant de la destruction des exemplaires du stock: (…) Ouvrage saisi le 2 octobre 1857, à trois heures de l'après-midi. / Cet exemplaire m'a été laissé pour ma défense. / certifié véritable: / A Montmartre, le 2 octobre 1857. / Fortuné Roustan. (Au verso nouvelles énumérations avec renvois de page.) La note autographe du titre, revêtue du paraphe de Roustan, restitue l'épigraphe de la première édition: La force fit les premiers esclaves, / leur lâcheté les a perpétués! / (J.J. Rousseau: Contrat social). Reliée avec l'exemplaire, une assignation à comparaître qui fut adressée à l'auteur. Datée du 5 novembre 1857, sa présence ne fait au fond que perpétuer la logique à l'œuvre dans l'ouvrage lui-même, où les réactions des personnes et institutions incriminées par la première version du texte lui sont ajoutées, puis à celles-ci les réponse que leur fit l'auteur, et ainsi de suite. Receveur de l'Enregistrement des Domaines, l'éternel persécuté, l'infatigable dénonciateur d'à peu près tout que fut Roustan trouva dans cet emploi l'occasion d'une flamboyante course au désastre. Non seulement il y étale ses griefs et la supériorité de ses points de vue sur cette administration jugée par lui déficiente, mais encore il y tutoie presque l'Empereur et y cite sans fard les personnes impliquées, à commencer par son chef M. Garnier - auteur du Répertoire général - qu'il porte au pinacle, mais d'une façon délirante qui conduit celui-ci à l'attaquer. En bref, et sans exagérer, l'ouvrage semble avoir été composé à seule fin d'être saisi. Très bel exemplaire. Blavier, Les Fous littéraires, 630.
Bruxelles, Imprimerie de E. Guyot, Succ. de G. Stapleaux, 1860 In-8 de 1 f. bl., (2)ff., IIpp., 6-174 pp, (1) f., 40ff. bl., demi-maroquin havane à coins, dos à cinq nerfs, tête dorée, non rogné, première couverture imprimée jaune conservée (reliure de l'époque).
"Très rare édition originale, exemplaire unique annoté par l'auteur. La couverture porte la mention: ""Par décision de l'autorité supérieure, l'introduction en France de cet ouvrage est expressément prohibée"". Il n'a pas été fait de grands papiers. ""Ex-libris"" autographe signé (au crayon) de l'auteur sur la page de garde: Exemplaire à conserver précieusement, et venant à l'appui de mon testament littéraire. / N'est pas à vendre. / Fortuné Roustan. Second autographe au titre: Imprimé réellement dans l'été de 1859. / Seul exemplaire qui me reste et qui me tient lieu de manuscrit original. / F. Roustan. Dans la bibliographie des Fous littéraires d'André Blavier, Fortuné Roustan occupe un peu plus d'une douzaine de pages (628 à 641) dans la catégorie ""Persécutés, persécuteurs et faiseurs d'histoire(s)"". Il est également cité aux pages 1043 et 1076, entre autres pour avoir décrit la condition asilaire, référence à son internement: une péripétie presque inévitable dans un parcours fait de conflits innombrables l'ayant opposé aux administrations comme à divers individus et corporations, matière de publications enflammées tout aussi nombreuses qui le firent souvent condamner. Au tournant des années 1860, sa nouvelle croisade l'oppose aux douanes, dont il conteste l'action sur de nombreux plans, y compris celui de l'argumentation théologique. Il défend ainsi qu'un contrebandier peut tout à fait gagner son salut… Ce plaidoyer radical en faveur du libre-échange ne fait-il pas de lui, d'ailleurs, un visionnaire en avance sur son temps? Très bel exemplaire. La reliure, certes sobre, a visiblement été voulue par l'auteur à son image, celle d'un tempérament inépuisable, l'exemplaire s'achevant par un nombre étonnant de cahiers blancs que vient clore cette simple conjonction entourée au crayon: ""et"". Blavier, Les Fous littéraires, 631."
Versailles, chez M. Roustan, libraire-éditeur, 1864-1865 In-8 de VIII, 272, 24pp., demi-veau moderne fauve à dos lisse orné d'un décor doré et à froid, entièrement non rogné, couvertures imprimées jaunes conservées.
"Rare édition originale. Le tirage annoncé se limite à 125 exemplaires qui ne se trouvent ""chez aucun des libraires incriminés"". Que croyez-vous qu'il arrive lorsqu'un homme connu pour avoir publié une suite ininterrompue d'ouvrages et de brochures détaillant par le menu (outre sa soi-disant relation privilégiée avec l'empereur NapoléonIII) les persécutions dont il aurait été victime, ses démêlées avec l'administration qui l'employait, etc., décide une fois sans emploi de s'établir comme… libraire? Il s'empresse naturellement de trouver un confrère pour l'escroquer -pour de vrai ou en imagination, là n'est pas le problème- afin de se faire par la grâce de son nouveau statut éditeur de lui-même, le temps d'une dénonciation virulente de son adversaire. Soucieux, comme toujours, d'élargir le débat, il entreprend ensuite d'inclure dans cette dénonciation les trois quart de la profession qu'il vient de rejoindre, ou du moins des Parisiens (mais enfin, lui, le ""libraire de la Province"" ne s'est pas établi plus loin que Versailles!) auxquels Roustan reproche la pratique de la révision, faussant les ventes publiques. Inévitablement, son réquisitoire prend vite des accents complotistes, autour du thème de la ""Bande Noire"". La polémique qui dans l'imprimé oppose ""Natsuor"" à ""Sapor"" recouvre le procès bien réel entre Roustan et le libraire Savy pour ""l'extrême vilité des prix obtenue à l'aide d'affirmations mensongères et réitérées"" dans le cadre d'une transaction concernant des ouvrages qui provenaient de la bibliothèque du naturaliste Lelorgne de Savigny. Bel exemplaire. Les collations sont fort variables d'un exemplaire à un autre, le tempérament vindicatif et obsessionnel de Roustan l'ayant conduit à faire imprimer une foule de suppléments et prospectus nouveaux en fonction des progrès et vicissitudes de sa croisade. On trouve ici en annexe: Mémoire présenté à M. le président et MM. les conseillers composant la Cour impériale de Paris (…). Blavier, Les Fous littéraires, 631-632."
A Versailles, Roustan, libraire-éditeur, 1864-1865. In-8 de VIII-(271)-284 pp., demi-percaline bordeaux, pièce de titre (Lemardeley).
Édition originale et seule édition tirée à 125 exemplaires. Procès intenté à un libraire parisien par un libraire de Versailles « pour l'extrême vilité des prix obtenues à l'aide d'affirmations mensongères et réitérées » lors d'une transaction. Les noms des deux libraires Roustan et Savy sont dissimulés sous les pseudonymes de Natsuor et Sapor. Les ouvrages concernés provenaient de la bibliothèque du naturaliste Lelorgne de Savigny. Dans une deuxième partie, l'auteur dénonce la « bande noire », association clandestine de libraires opérant dans les ventes publiques de livres pour se rendre maîtresse des prix. Reliés à la suite : Les trois compléments à pagination suivie (pp. 273 à 288).BERNARD (abbé). Sophronius. Quatrième et dernière lettre. Résumé des débats. Paris, Versailles, Roustan (1864). In-8 de 15 pp. Des rousseurs.