Editions Sociales Internationales, 1928, in-8°, 342 pp, broché, couv. lég. défraîchie, bon état (Coll. Bibliothèque marxiste). Première et unique édition française
"... Ce travail – un tableau du mouvement ouvrier anglais depuis les environs de 1832 jusqu'en 1914 – présente un intérêt réel. Ce qui compte c'est l'effort du prolétariat anglais pour la conquête des droits politiques ; effort déçu par le caractère bourgeois de la Réforme de 1832, et se renouvelant, au temps du Chartisme, par la revendication du suffrage universel. Sur deux points au moins, M. Rothstein apporte des contributions intéressantes à l'histoire du mouvement social. 1) II attire notre attention, mieux que personne ne l'avait fait avant lui, sur tout ce qui, dans les écrits du chartiste Bronterre O'Brien, prépare la doctrine marxiste de la lutte de classes ; et, puisque Karl Marx, au temps où il écrivit la Misère de la Philosophie, ignorait totalement la littérature prolétarienne anglaise, la question intéressante se pose des influences indirectes dans l'histoire des idées. – 2) Poursuivant l'histoire du mouvement ouvrier anglais après l'effondrement final du Chartisme en 1848, s'attachant à l'histoire du révolutionnaire Harney et de son groupe des « Démocrates Frères», M. Rothstein montre que le meeting de Saint Martin's Hall où prit naissance, en 1864, la première Internationale, ne fut pas le commencement absolu que trop souvent l'on paraît croire, mais au contraire l'aboutissant d'un long mouvement, spécifiquement britannique. Dans la deuxième partie du livre (la Période du Trade-Unionisme), il était difficile d'être aussi neuf, venant après tant d'autres. M. Rothstein réussit pourtant, par une utilisation habile des statistiques, à suggérer sur plusieurs points des solutions nouvelles... Bien entendu, le cœur marxiste de M. Rothstein bat très fort lorsqu'il raconte, en insistant sur le caractère révolutionnaire du mouvement, la fermentation qui travailla les trade-unions au cours des quatre ou cinq années d'avant 1914. Il aime à croire qu'elle aurait conduit l'Angleterre tout droit au socialisme, s'il n'y avait eu la guerre..." (Elie Halévy, Annales d'histoire économique et sociale, 1929)