Tallandier, 2004, in-8°, 199 pp, broché, bon état. Cycle de conférences 2001-2002 du Centre d'études d'histoire de la Défense.
Les empires sont des ensembles en mouvement ayant une prétention à l'universalité, d'où la question essentielle de leurs limites, au-delà desquelles ne sauraient vivre que des barbares... La notion de frontière est récente à l'échelle de l'histoire des civilisations, mais elle est surtout relativement étrangère à la notion d'empire conquérant. C'est pour cette raison au'on applique le plus souvent aux empires les termes de « confins » ou de « marches », plus conformes à l'esprit des temps concernés et plus cohérents qu regard du projet impérial. La naissance de la frontière dans son sens actuel est étroitement liée à l'Etat-nation, et donc a priori incompatible avec la notion d'empire, qui est le plus souvent multinational. Pour illustrer cette problématique, c'est naturellement vers l'empire unanimement considéré comme le modèle absolu que débute cet ouvrage : l'empire romain et son limes. On verra ensuite comment le califat de Cordoue, aux confins de l'empire abbasside, a conçu son limes avec l'Espagne chrétienne. Suivront les exemples des empires chinois, avec le rôle qu'a joué - ou que n'a pas joué - la Grande Muraille face à des logiques le plus souvent nomades. Quant à la langue anglaise, elle a conservé, aujourd'hui encore, cette distinction entre Border et Frontier qui fut aussi bien pertinente en Angleterre face aux clans écossais, qu'aux Etats-Unis lors de la conquête de leur espace à l'Ouest du pays. L'étude des empires russe et habsbourgeois mettra en relief la façon dont ont été organisées leurs marches d'Ukraine, dans le premier cas, balkanique dans le second. Enfin, on verra si les puissances moyennes liées aux deux grandes alliances militaires de l'après-guerre - OTAN et Pacte de Varsovie - ont été conçues ou non, par leur superpuissance respective, comme des marches - communément qualifiées du terme plus militaire de « glacis ». Autant de questions auxquelles six auteurs ont répondu avant de laisser la place à une synthèse d'ensemble.