ROLLAND (Romain) écrivain français, lauréat du prix Nobel de littérature de 1915, pour son roman « Jean-Christophe » (1866-1944)
Reference : 155C30
1939. Edouard Bourdet lui apprend que « le Jeu de l’amour et de la mort » passera à la Comédie Française dans la seconde semaine de juin. En revanche pour « Robespierre » pas de réponse, bien que le directeur des Beaux-arts, Georges Huisman, lui ayant écrit, souhaite monter la pièce sur une des scènes parisiennes. Il songe à écrire un volume de souvenirs pour l’an prochain ajoutant : « Si peu de sûreté qu’on puisse fonder sur la parole de Hitler (qui d’ailleurs, n’engage en rien Mussolini), le discours d’hier me paraît marquer un temps de répit. Autant de gagné ! Travaillons…». 1940. Sa visite à Paris est compromise, il ne pense pas pouvoir s’y rendre « tant que ma province est occupée… Je n’ai pas cessé de travailler à des œuvres nouvelles, en dehors de toute politique (mémoires de jeunesse, souvenirs des hommes que j’ai connus, suite de mes études sur Beethoven)… ». Il a lu la liste des livres que « " Spontanément", "les éditeurs et libraires français ont retirés de leurs vitrines et (l’on ne dit pas, mais on présume) magnanimement mis au plion […] Comme on voit bien que nous sommes entrés dans un nouvel âge des héros […] Ce qui est bon, c’est que Jean-Christophe est toujours lu dans les écoles de là-bas. Pas une semaine sans des visites d’officiers, qui venaient me dire leur admiration pour Jean-Christophe et pour mes livres de musique. Il est même venu un général. Mes visiteurs manifestaient leur surprise et leur blâme que le Colas Breugnon ne fût pas dans toutes les librairies de la province ». 1941. Il a plaisir à penser que « Colas Breugnon » (roman de Rolland paru en 1919, qui donna lieu à un opéra, joué à Clamecy en 1938) se maintient en dépit des évènements. « Je sais que plus d’un officier occupant a fait le voyage à Clamecy pour le rencontrer. Espérons dans le réveil de l’an qui est venu – en dépit des ukases de Vichy, comme celui qui a frappé les deux volumes de lectures de "Jean Christophe" ». Il le remercie d’avoir envoyé des exemplaires à Alphonse de Châteaubriant. « Il a jugé comme vous et moi cette mesure ; et il compte le signaler au Maréchal ». Enfin, il lui tarde de pouvoir reprendre le travail « je ne manquerai pas d’œuvres à vous apporter […] Il faut laisser passer le flot incohérent et limoneux de l’inondation, avant de se remettre à planter son champ. ».