Hachette Education 1993 poche. 1993. Broché. 224 pages. Tyran sanguinaire empereur féroce despote criminel: le seul nom de Néron provoque des frémissements d'horreur. C'est ce que Racine a bien compris: pour sa première tragédie romaine -terrain traditionnel de son vieux rival Corneille- Néron tombe à point nommé pour provoquer la crainte et la pitié. Il choisit donc d'en faire son héros maléfique le double ignominieux de son frère Britannicus innocent bientôt immolé à la formation machiavélique du jeune empereur. Car ce qui intéresse Racine ce ne sont pas tant les crimes de Néron que les méandres de son âme. Il veut saisir et peindre sur le vif le moment où tout bascule où l'élève de Sénèque choisit le crime contre la vertu la ruse et la dissimulation contre la sincérité le pouvoir par la force sans la justice dans l'abjection et dans la honte. Cela donne une des pièces les plus noires de Racine où même l'amour dévasté par les poisons et les complots n'a plus aucun avenir. Un théâtre de la cruauté qui s'inscrit dans la plus pure tradition de la tragédie. Pour prolonger votre lecture et découvrir des pièces moins connues reportez-vous au premier tome des Oeuvres de Racine qui vient d'être réédité dans la Pléiade. --Karla Manuele Bon Etat