René Pons, Orient perdu, poème manuscrit peint par Sylvère, Poulx, Éditions de la Garonne, 2005, 8 double f., 25,5x22,5 cm, couverture blanche manuscrite à rabats. Édition originale. Exemplaire unique. 16 exemplaires manuscrits à l’encre noire par René Pons sur beau papier BFK Rives. Celui-ci le n°14/16, enrichi de trois peintures originales de Sylvère, justifié et signé au crayon par l’auteur et l’artiste au colophon. Claude Daix, dit Sylvère, est né à Soisy sur Montmorency (95). Formé à l’École Estienne (Arts et Industriels du Livre), à Paris, il travaille d’abord dans le milieu de l’imprimerie, mais aussi comme « spécialiste et technicien du geste » dans un bloc opératoire auprès de chirurgiens du fait de son incroyable dextérité, avant de s’installer dans le Gard, en 1974, et de se consacrer pleinement à l’art pictural. Il vit et travaille toujours à Aubarine — Rochegude, à quelques pas de Rivières de Theyrargues, où il a bien connu Pierre André Benoit, sans jamais pour autant concevoir le moindre livre avec lui. Paradoxalement, il en a réalisé plus de 300 avec le petit cousin de PAB, Jean-Paul Martin, pour les Éditions de Rivières et, à ce titre, est l’artiste contemporain qui a le plus illustré de textes inédits de Pierre André Benoit ! Après avoir rencontré Jean-Paul Martin, au Musée PAB, Sylvère l’aide à remonter la presse de son cousin et l’initie à la gravure. La proximité géographique de l’artiste et de l’éditeur va jouer un rôle prépondérant dans la riche collaboration entre les deux hommes. A l’occasion de notre rencontre avec Sylvère, en septembre 2023, l’artiste nous a confié que c’est par le poème Paroi de Guillevic, qu’il n’a pas personnellement connu, mais dont il déclamait les vers à haute voix sur la « montagnette », non loin de Rivières, qu’il a trouvé la source poétique de son art. Son art, que l’on pourrait qualifier de « préhistorique contemporain », « sans tomber dans un chamanisme de pacotille », selon Christian Skimao, s’inscrit dans un courant informel sur les traces de Bryen, Dubuffet, Fautrier, Hartung, ou Tapies, en y intégrant cependant des composantes de l’abstraction historique, la peinture américaine d’après-guerre. Selon Christian Skimao, il s’inscrit même « dans un courant plastique remontant au début de la création humaine ». Il travaille avec des matériaux proches de la terre : cendres, poussières, craies, argiles et les inclut dans ses compositions en ne respectant ni leurs usages traditionnels ni leurs destinations usuelles : « Sylvère épouse donc le corps radieux de la peinture comme on piétine une surface sacrée ». René Pons (1932-) est une figure importante de la littérature française des 20e et 21e siècles. Résidant aujourd’hui à Nîmes, après y avoir enseigné aux Beaux-Arts, il a publié à partir des années 60 une quarantaine d’ouvrages chez de grands éditeurs comme Gallimard, Actes Sudet Fata Morgana, avant de resserrer son activité sur les livres d’artistes, dont une soixantaine rien que pour les Éditions de Rivières. Sa participation à l’aventure des livres pauvres compte quatre réalisations avec Claude Viallat, Serge Lunal, Yuki et Vincent Bioulès. Bibliographie Patrice Pouperon / Le livre et l’intime, Carré d’art / Nîmes, p. 111 Exemplaire unique, des plus désirables, de ce poème manuscrit peint par Claude Sylvère.