Paris chez Giguet et Micha 1804 - An XII 4 volumes in-8, demi-maroquin vert bouteille, plats entièrement recouverts d'une laque rouge foncé et ornés d'un personnage vêtu à l'antique, différent sur chaque plat, traité or et bronze dans un encadrement de deux filets dorés; dos finement recouverts d'or, laissant ressortir en réserve le titre de l'ouvrage, la tomaison, des filets et des arabesques; doublures et gardes de papier marbré, tranches lisses dorées (reliures au vernis Martin).Exceptionnel exemplaire de cette première traduction de l'Enéide par Jacques Delille, publiée en quatre volumes, chacun illustré d'un frontispice gravé sur acier par Pierre-Charles Baquoy, Jean Baptiste Simonet et Jean Louis Delignon d'après Jean-Michel Moreau. L'ouvrage a été relié selon la technique du vernis Martin avec un décor exécuté en partie à l'aide de gravures et les huit plats ont été illustrés d'une composition différente représentant un ou deux personnages antiques traités or et bronze et les dos de maroquin vert ont été recouverts d'or en laissant en réserve une très délicate ornementation. Les reliures au vernis Martin sont extrêmement rares. Très précieux exemplaire portant sur la première doublure l'étiquette du relieur donnant ces précisions: Brevet d'invention. Reliures au vernis sans odeur établies au Grand Châtelet, Quai de la Mégisserie, vis-à-vis le Quai aux Fleurs.Une étude publiée par la Bibliothèque nationale de France, révèle que Théodore-Pierre Bertin (1751-1819) est l'inventeur des reliures au vernis sans odeur, improprement appelé vernis Martin par référence au vernis mis au point à Paris en 1728 par les frères Martin pour imiter la laque orientale décorant les meubles et les objets d'art. Ce procédé fut utilisé jusqu'au XIXe siècle. Le secret des frères Martin consistait à coller des feuilles de papier, à les passer au four pour les durcir, à les peindre de toutes les couleurs, à les vernir à la résine copal et à les glacer à la gomme arabique.Théodore-Pierre Bertin fit breveter ses reliures en vernis Martin en mai 1811.Il semblerait que nos quatre reliures in-8 constituent l'ensemble le plus important parmi toutes les reliures au vernis Martin dépistées et qui sont très souvent d'un format plus petit. Exemplaire d'autant plus remarquable qu'il renferme l'édition originale de la traduction par Delille d'un des grands textes de la littérature.Des bibliothèques Serrigny (ex-libris) et René Descamps-Scrive (ex-libris).