Plon, 1989, in-8°, 415 pp, traduit du russe, un plan, 3 illustrations, 4 pl. de photos hors texte, broché, couv. illustrée, bon état
Pour avoir osé dénoncer la guerre en Afghanistan et la détention de Sakharov, et avoir possédé des livres interdits, Irina Ratouchinskaïa est condamnée, en 1983, à sept ans d'emprisonnement. En Mordovie, dans "la Petite zone" réservée aux politiques qu'elle partage avec une poignée de dissidentes, elle refuse d'abdiquer sa dignité et de porter le matricule : elle manquera mourir des grèves de la faim répétées qu'elle entreprend en signe de protestation. Dans ce récit bouleversant, elle reconstitue dans le moindre détail la vie et le combat quotidiens de ces femmes qui, bravant le cachot et la prison, ont décidé de ne pas céder. Aux souffrances, au froid, à l'absence d'hygiène, à la faim, aux mensonges du KGB et aux brimades de l'administration qui va jusqu'à dévaster le petit jardin qu'elles ont réussi à cultiver, elles opposent le courage, la solidarité, la grève, et des moments surprenants d'humour. Soutenue par une foi profonde et un sens infaillible de la justice, Irina Ratouchinskaïa choisit, dans l'épreuve, de demeurer un être humain. L'espoir a été vainqueur au terme d'une vaste campagne internationale : Irina Ratouchinskaïa sera libérée en 1986. — "Le récit de la poétesse I.R. permet une fois de plus de mesurer l'absurdité de la politique « d'oppression et d'écrasement des âmes » (expression de l'auteur) des écrivains non conformistes, des croyants, des membres des groupes de surveillance des accords d'Helsinki... Il est d'autant plus intéressant et dramatique qu'il concerne une période très récente : I.R. a été condamnée en 1982 à sept ans de camp à régime sévère et à cinq ans de relégation et emprisonnée en Mordovie, dont elle nous dit qu'elle est tout entière couverte de camps. Elle décrit la période Andropov comme une des plus sombres de l'histoire soviétique après Staline, insiste sur le rôle essentiel joué par l'opinion internationale, les « zeks » ne disposant d'aucun moyen de défense en dehors de la grève de la faim, et sur l'importance de la peur, clé de voûte de tout le système pénitentiaire. Libérée au terme d'une vaste campagne internationale après quelque quatre années de détention, elle affirme en septembre 1987 qu'il y a alors encore en URSS des centaines de détenus politiques." (Revue française de science politique, 1989)