Editions du Cygne, 2019, in-8°, 216 pp, broché, couv. illustrée, bon état
Quand l’Histoire piétine les boîtes à musique des histoires familiales, quand il ne reste aux survivants que des mémoires blessées, il revient aux descendants de redécouvrir leur petite musique filiale, la seule qui leur permette d’affirmer leur pleine identité. C’est ainsi que Monique Raikovic est parvenue à se trouver en renouant avec des origines juives ashkénazes enracinées dans l’Odessa de l’empire tsariste : « En mars 1943, j’ai eu cinq ans. C’était la guerre, nous raconte-t-elle. Ma mère me disait souvent que j’avais de la chance, beaucoup de chance, ce qui m’exaspérait. Parce que je percevais ces propos comme un reproche, comme si elle me signifiait du même coup que cette chance, je ne la méritais pas. Je ne devais en comprendre la signification qu’en 1946. Mais en s’expliquant ma mère me chargeait d’un secret : personne dans notre entourage ne devait savoir qu’elle était d’origine juive. Du même coup, elle me rendait incompréhensibles ses parents, si différents de mes grands-parents paternels. J’avais huit ans. À cet âge, on ne trahit pas un secret, jamais. On ne sait pas, non plus, qu’au fil des années, on va se construire avec, puis, contre ce secret. Mais, quand on parviendra à se libérer de son emprise, on découvrira que celui-ci nous a fait ce qu’on est devenu. »