RACINE (Jean) / CORNEILLE (Pierre) / VOLTAIRE [AROUET (François-Marie)]/ etc.
Reference : 290
vers 1800 In-8° (185 x 116 mm), [2] ff. - 254 pp. (dont 1 p. bl.) manuscrites à l'encre brune, papier au filigrane au cornet (Gaudriault, pl. 54 n°409, 1777) maroquin rouge à long grain, dos lisse orné, encadrements de filets et roulettes sur les plats, roulette sur les coupes, double-roulette intérieure, garde de soie moirée avec encadrement d'une roulette, charnières de maroquin rouge, tranches dorées. Étui titré de maroquin rouge à long grain avec encadrements de roulettes et filets, chiffre « JC » de Jean-Jacques-Régis de Cambacérès sur les plats, ruban. Reliure de l'époque signée COURTEVAL (étiquette sur la première garde blanche).
Un élégant recueil manuscrit de morceaux dramatiques des XVIIe et XVIIIe siècles, de la bibliothèque de Cambacérès Élégant recueil manuscrit d'extraits d'oeuvres dramatiques, vraisemblable exemplaire de présent au deuxième consul. L'ouvrage est illustré de dessins originaux d'une grande finesse d'exécution : 6 vignettes placées en culs-de-lampe, et un premier dessin qui représenterait la dédicatrice à l'oeuvre, découpé et rapporté dans un insert pour être placé en frontispice. Sont cités principalement Voltaire (Zaïre, Adélaïde du Guesclin, Alzire, Marimane, Brutus, Oreste, Olympie, Mérope, Mahomet le prophète, Sophonisbe, Sémiramis, Catilina, L'orphelin de la Chine, Tancrède, Le Triumvirat, La mort de César), Jean Racine (Bérénice, Phèdre, Andromaque, Esther, Athalie, Mithridate, Bajazet, Britannicus, Iphigénie) et Pierre Corneille (Cinna, Sertoris, Horace, Le Cid, La mort de Pompée, Rodogune, Héraclius, Médée, Polyeucte). Pour ces deux derniers auteurs, la copiste a rédigé une courte biographie. On ajoutera Thomas Corneille (Ariane), Jean-Jacques Lefranc de Pompignan (Didon), Edme-Louis Billardon de Sauvigny (La mort de Socrate), Claude Guimond de la Touche (Iphigénie en Tauride), Jean de Rotrou (Vencenlas), Crébillon père (Athée et Thyreste, Rhadamiste et Zénobie, Électre), Jean-Baptiste Vivien de Chateaubrun (Les Troyennes), Jean-François Ducis (Abufar [pièce la plus tardive du recueil, créée en 1795], et un Othello librement adapté de Shakespeare), Antoine Vincent Arnault (Oscar), Jean-Baptiste-Louis Gresset (Edouard III) et enfin Jean-François de la Harpe (Warwick, Mélanie), qui apparaît également en traducteur de Sophocle (Électre) et d'Euripide (Hécube). Luxueusement relié par Courteval, relieur parisien actif de 1798 à 1835, souvent désigné comment l'inventeur de la gaufrure. Lesné, qui comme les auteurs cités dans le manuscrit goûtait l'alexandrin, dressait ainsi son portrait : « Courteval épura le goût de la reliure / Ses ouvrages seront recherchés de tous temps, / Des fameux amateurs, des riches et des grands ; / Long-temps ils en feront leurs plus chères délices ; / Mais des grands ouvriers admirez les caprices : / Courteval de son art se montre si jaloux, / Qu'au dire des relieurs c'est le plus grand des fous. / Il travaille tout seul, et de peur de malfaire, / Prend très peu d'ouvriers, et jamais d'ouvrière [] » (pp. 27-28) Lesné, Mathurin-Marie. La Reliure, poëme didactique en six chants. Paris : Lesné/Nepveu, 1820. Provenance : Jean-Jacques-Régis de Cambacérès (1753-1824), chiffre "JC" sur les plats de l'étui. Cambacérès fit son entrée en politique à la Révolution comme président du tribunal criminel de Montpellier. Élu député de l'Hérault à la Convention Nationale de 1792, il participa au procès de Louis XVI. S'opposant dans un premier temps à l'exécution du roi, il se rapprocha des Montagnards et réclama finalement la mort sans délai. Ce revirement de position lui assura un rôle d'importance au sein de la Convention. Il occupa ensuite les postes de président du Conseil des Cinq-Cents (1796) puis de Ministre de la Justice (1799). Au lendemain du coup d'état du 18 brumaire, Cambacérès, "caution révolutionnaire" du nouveau régime, siégea comme Deuxième consul aux côtés de Napoléon Bonaparte et de Charles-François Lebrun avant d'être nommé archichancelier de l'Empire. Mené à présider conseils et séances du Sénat en l'absence de Napoléon, assurant l'intérim lors des guerres de la Quatrième Coalition, il disputa au Prince Joseph Bonaparte la place de 2e personnage de l'Empire ; Joseph Pinaud le décrira ainsi comme « plus qu'un numéro deux, moins qu'un numéro un » (Cambacérès, 2018). Les ouvrages de la bibliothèque de Cambacérès, reliés pour la plupart en maroquin rouge ou vert, portent tous son chiffre ou ses armes. Frottements à l'étui, petite tache brune marginale à quelques feuillets.