Gallimard 1938 in8. 1938. Broché. 372 pages. Bon Etat intérieur coiffes légèrement frottée
Gallimard 2015 collection l'imaginaire. 10 67x17 17x2 39cm. 2015. Broché. 280 pages. Comme neuf
Gallimard / blanche 1978 in12. 1978. broché. 69 pages. Bon Etat intérieur propre
Flammarion / Garnier-flammarion 1986 poche. 1986. Broché. 532 pages. Bon Etat intérieur propre pointes légèrement cornées
Classique français 1997 11x18x3cm. 1997. Broché. 441 pages. Bon Etat intérieur propre
J'ai lu 2002 in8. 2002. Broché. 80 pages. Bon Etat
Grasset 1987 in8. 1987. Broché. 223 pages. Bon Etat intérieur propre couverture partiellement jaunie
Classiques universels 2001 in8. 2001. Broché. 418 pages. envoi suivi pour la France et l'étranger Bon Etat
Paris. Gallimard, NRF. In-12. Br. Tome I : Hommage à Marcel Proust. 1927. 319 p. Ex. N° 465 sur vélin pur fil Lafuma-Navarre. Tome II : Répertoire des Personnages de " A la Recherche du Temps Perdu" par C. Daudet. Précédé de "La Vie Sociale dans l'Oeuvre de Marcel Proust" par R. Fernandez. 1927. 175 p. Ex. N° 465 sur Vélin pur fil Lafuma-Navarre. Tome III : Morceaux Choisis de Marcel Proust. 1928. 372 p. Ex. N° 465 sur Vélin pur fil Lafuma-Navarre. Tome IV : Au Bal avec Marcel Proust par La Princesse Bibesco. 14ème édition. 1928. 202 p. Tome V : Autour de Soixante Lettres de Marcel Proust par L. Daudet. 1929. 242 p. Ex. N° 468 sur Vélin pur fil lafuma-Navarre. Tome VI : Marcel Proust Lettres à la NRF. Bibliographie Proustienne par G. Da Silva Ramos. Proust à la Mazarine. 1932. 283 p. Ex. N° 162 sur vélin pur fil Lafuma-Navarre. Tome VII : Répertoire des Thèmes de Marcel Proust par R. Celly. 1935. 382 p. Tome VIII : L'Amitié de Proust par G. Cattaui. 1935. 228 p. Bon état. Rousseurs. Couvs. défraichies.
S.D. TRE?S BELLE ET INTE?RESSANTE LETTRE DANS LAQUELLE MARCEL PROUST E?VOQUE LE PEINTRE VE?NITIEN VITTORE CARPACCIO [pour Proust, le symbole me?me de Venise, dont il se servira dans Albertine disparue] ET LES « MORNINGS IN FLORENCE » DE RUSKIN, publie?s par Laurens (en 1908) : ...Si plus tard votre collaborateur vous rend le Carpaccio italien (que je ne connais pas) je serai tre?s heureux de le lire, si vous pouvez me le pre?ter. Quant au franc?ais je vais e?crire a? Venise ou? on me dit quil a e?te? e?dite?. Carpaccio est un artiste si charmant quon voudrait pouvoir e?tre toujours plus renseigne? sur son œuvre et sur sa vie. Si vous naviez de?ja? dispose? du cpte rendu, je me serais mis a? votre disposition pour le faire. Si M. Laurens publie les Mornings in Florence vous devriez lui conseiller ceci. La magnifique e?dition de Ruskin (Library Edition) qui parai?t chez Alen... Proust pre?cise que les Mornings contiennent un ...ine?dit « The visible church », tre?s inte?ressant. M. Laurens naurait pas le droit de le publier, car il ny a pas assez de temps quil a paru. Mais par voie dappendice ou de note en disant franchement ou? il le prend, il pourrait en donner de longs extraits. Du reste les Mornings in Florence sont bien courts pour constituer un volume, il devrait y ajouter Val dArno qui est dailleurs infiniment supe?rieur aux Mornings in Florence lesquels sont le plus mauvais ouvrage de Ruskin, franchement me?diocre... En grand admirateur du critique dart anglais John Ruskin, et, à la suite de la traduction quil fit (avec laide de sa mère Jeanne Proust) de La Bible dAmiens du critique anglais (parue au Mercure de France, en 1904), Marcel Proust avait été promu « expert en études ruskiniennes ».En novembre 1905, Proust fut donc approché par Auguste Marguillier, un ancien collaborateur de Charles Ephrussi (un ami de Proust), devenu directeur de La Chronique des arts, pour un compte-rendu de Pierres de Venise de Ruskin, que Mathilde Crémieux, une cousine de Proust, venait de traduire et qui allait paraître chez Henri Laurens, le futur éditeur des Matins de Florence de Ruskin. En janvier 1906, Proust adressait à Marguillier une notice au sujet du Gainsborough de Gabrielo Mourey paru dans La Chronique des Arts, puis dans les « Villes dart », une collection (éditée par H. Laurens) très appréciée par lauteur de La Recherche ; toujours dans la même collection, Proust découvrit avec plaisir le Carpaccio de G. et L. Rosenthal (paru en 1906), auquel il fait allusion dans cette lettre.Introduit dans La Recherche, au travers des chatoyantes robes du couturier Fortuny offertes à Albertine par le Narrateur, le peintre vénitien Vittore Carpaccio (1460-1526) fut longuement étudié par Proust lors de ses séjours à Venise grâce aux ouvrages de Ruskin.
Grasset, Paris 1913, 11,5x18,5cm, relié.
Édition originale sur papier courant, exemplaire de seconde émission comportant le bon achevé d'imprimer du 8 novembre 1913, la faute typographique à Grasset corrigée sur la page de titre ainsi que l'absence de table. Reliure en demi maroquin gris anthracite à coins, dos à cinq nerfs, date en queue, plats de couverture et dos remontés sur onglets, tête dorée, étui bordé de maroquin gris, ensemble signé Thomas Boichot. Précieux envoi autographe signé de Marcel Proust au comte Primoli : « Hommage d'attachement respectueux et bien vif. » Joseph Napoléon, comte Primoli (1851-1927), est l'arrière-petit-neveu de Napoléon Bonaparte. Très lié à la famille impériale sous le Second Empire, il fréquente ensuite avec fidélité le Salon de sa tante bien-aimée, la princesse Mathilde, dans son hôtel particulier de la rue de Berri. Sa conversation raffinée et spirituelle y font des merveilles et il y rencontre, en bibliophile passionné, certains des plus grands écrivains de son temps : Gustave Flaubert, Théophile Gautier, les Goncourt ou encore Guy de Maupassant. C'est là, également, qu'il fait la connaissance dès les années 1890 du tout jeune Marcel Proust. Les deux hommes s'apprécient beaucoup et le comte, qui a à cur de renforcer les liens littéraires et culturels entre Rome (sa ville natale) et Paris, invite plusieurs fois l'écrivain dans la capitale italienne. Proust ne s'y rendra jamais mais à ses yeux, les lettres de Primoli contiennent à elles seules « un peu du charme de Rome» (lettre de Marcel Proust au comte Primoli, début 1907, citée dans Pasquali C., Proust, Primoli, la moda, p. 26). A la mort en 1904 de la princesse Mathilde, qui avait permis leur rencontre, Proust écrira au comte : « Laissez-moi vous dire seulement que je pleure amèrement avec vous, parce que j'aimais avec un respect infini la Princesse - et parce que cela me fait tant de peine de penser que vous êtes si malheureux, vous si bon à qui de tout son cur on voudrait tant de bonheur, vous au cur douloureux et blessé de qui on voudrait tant que fût évité tout coup cruel. » (lettre de Marcel Proust au comte Primoli, 4 janvier 1904, ibid., p. 21) A la publication de Du côté de chez Swann en novembre 1913, le comte Primoli est l'un des tout premiers dédicataires de l'ouvrage, ainsi que l'atteste une lettre de Proust, datée de début janvier 1914, dans laquelle il évoque notre exemplaire : «Cher Monsieur, Quand mon livre a paru vous êtes une des toutes premières personnes à qui j'ai pensé. Dès le premier jour des envois, je répétais à mon valet de chambre : "l'exemplaire du comte Primoli est parti ?" Il me disait oui et c'était vrai. Seulement aujourd'hui quand j'ai reçu cette carte si amusante et si jolie où vous parlez de l'escorte de la Joconde "en guise de musicien", j'ai dit à mon valet de chambre: "Vous voyez, c'est une carte du comte Primoli." Il l'a regardée. "Comment! Monsieur le Comte Primoli est à Rome ! Mais j'ai envoyé le livre à Paris !" J'ai eu un moment de fureur et de désespoir. Peut-être d'ailleurs votre concierge vous a-t-il envoyé le livre à Rome. Mais dans le doute je vous envoie un second exemplaire à Rome. Seulement je n'ai plus de première édition. Vous en trouverai une à Paris quand vous reviendrez, elle y est depuis longtemps. Je ne peux vous envoyer qu'un exemplaire du deuxième tirage où il y a d'ailleurs un peu moins d'énormes fautes que dans le premier. Mais je suis trop malade et malheureux en ce moment pour pouvoir corriger tout cela moi-même ... » (ibid., p. 51) Le présent exemplaire est donc l'exemplaire de la seconde émission que Proust envoie à Primoli à Rome et cite dans cette lettre. Précieux témoignage des liens chaleureux entre Marcel Proust et le comte Primoli. - Photos sur www.Edition-originale.com -
Nrf, Paris 1919, 13x19cm, broché sous chemise-étui.
Edition originale sur papier courant en dépit d'une mention de troisième édition. Précieux envoi autographe signé de Marcel Proust à René Boylesve. Notre exemplaire est présenté dans une chemise-étui à rabats en demi maroquin kaki, dos lisse très légèrement éclairci avec indications bibliophiliques dorées en queue, plats de papier marbré, intérieur de papier vert amande. Mouillure angulaire très pâle affectant les premiers feuillets. René Boylesve découvre l'uvre de Marcel Proust en 1913, à l'occasion de la parution du premier volume de la Recherche. D'abord dérouté par l'écriture proustienne, il se montre bientôt dithyrambique: «Notre uvre, à nous, est ruinée par celle-là. Nous avons travaillé en vain. Proust supprime la littérature des cinquante dernières années.» (cité par GERARD-GAILLY Émile, «Note liminaire», dans BOYLESVE René, PROUST Marcel, Quelques échanges et témoignages, 1931, p.24). Quant à Proust, l'admiration à l'égard de son aîné évoquée dans notre envoi n'est pas feinte; ainsi quelques mois avant sa mort louait-il les romans de Boylesve, célébrant non seulement un «art en apparence si simple et qui dit tout» mais aussi «un perfectionnement suprême de technique» (PROUST Marcel, Correspondance, t.XX et XXI, 1991, p. 332 et 778). Les deux hommes n'étaient pas proches mais correspondirent à partir de 1917. En faisant parvenir à Boylesve un exemplaire de ses Pastiches et mélanges, Proust dut le ravir: quand il n'écrivait pas, Boylesve était bibliophile. Ainsi, à propos d'un autre de ses ouvrages, Proust eut cette délicate attention : «J'avais une hésitation en ce qui concerne votre exemplaire. D'habitude, ceux qui sont tirés pour moi sans marque d'édition, sont un peu mieux que les "originales". Cette fois-ci, le "mieux" ne m'apparaît pas; et comme je suis incapable de distinguer le "pur fil" du reste, je ne sais pas, des deux sortes d'exemplaires, ce qui est préférable. [...] Vous seriez mille fois gentil de me dire ce que vous voulez. C'est parce que je vous sais bibliophile que vous écris à propos d'un livre de moi, chose de peu d'importance [...].» (PROUST Marcel, op. cit., t.XXII, p. 156-157) Provenance: Bibliothèque Heilbronn (ex-libris). - Photos sur www.Edition-originale.com -
Mercure de France, Paris 1904, 12x19cm, relié.
Edition originale de la traduction française établie par Marcel Proust, un des exemplaires de première émission numérotés à la presse, il n'a été tiré que 7 Hollande en grands papiers. Reliure en demi chagrin marron, dos à cinq nerfs, plats de papier marbré, contreplats et gardes de papier à la cuve, couvertures conservées, reliure de l'époque Rare envoi autographe signé de Marcel Proust à Georges Goyau: «A Monsieur Georges Goyau. Son admirateur affectueux et reconnaissant Marcel Proust» Ce dernier était un historien et essayiste français qui collaborait notamment à la Revue des deux mondes, il était également l'époux de Lucie Faure-Goyau, une des amies d'enfance de Marcel Proust. Le 18 décembre 1904, il publia un article encenseur sur La Bible d'Amiens dans le Gaulois, suite à une sollicitation de Proust lui-même, qui accompagnait probablement cet exemplaire. Dans la lettre de remerciements qui suivit la parution de cet article, Marcel Proust confia à Georges Goyau sa conception philosophique du travail d'un traducteur: «Vous savez quelle admiration j'ai pour Ruskin. Et comme je crois que chacun de nous a charge des âmes qu'il aime particulièrement, charge de les faire connaître et aimer, de leur éviter le froissement des malentendus et la nuit, l'obscurité comme on dit, de l'oubli, vous savez de quelles mains - scrupuleuses - mais pieuses et aussi douces que j'ai pu - j'ai touché à celle-là...» Précieux exemplaire comportant un affectueux envoi autographe de Marcel Proust sur sa première traduction de Ruskin. - Photos sur www.Edition-originale.com -
Nrf, Paris 1922, 14,5x19,5cm, 3 volumes brochés sous coffret.
Edition originale sur papier courant. Précieux envoi autographe signé de Marcel Proust à Henri Massis sur le premier volume: «en témoignage de très vive sympathie Marcel Proust» Henri Massis, lecteur attentif de l'uvre de Proust, consacrera deux essais à celle-ci. Dans Le Drame de Marcel Proust, publié en 1937, il s'intéresse particulièrement à Sodome et Gomorrhe et propose une analyse «audacieuse et quasi freudienne» de la relation de Proust au vice: «seul devant sa peur du mal depuis qu'il a perdu sa mère [...] [Proust écrirait] pour opposer à l'idée de l'uvre, l'idée de déchéance». Dans Chroniques, Paul Morand rend un bel hommage à cette étude: «Il y a quelques semaine à peine, Henri Massis publiait [...] un essai qui sera peut-être un jour à l'uvre de Proust ce que la préface de Claudel est à celle de Rimbaud; avec cette différence, toutefois, que Claudel se penche sur le pécheur avec moins d'exigence que d'amour. On a pu admirer avec quelle logique classique Henri Massis a pénétré dans cette pensée proustienne qui a forme de labyrinthe; son explication chrétienne de l'âme de l'auteur de Sodome et Gomorrhe ressemble à cette cathédrale de Saint-Thomas qui s'élève à Madras, isolée et dépaysée au milieu de la jungle orientale.» Les trois volumes sont présentés dans un coffret en plein maroquin noir, dos lisse orné de caissons estampés à froid, date en queue, intérieur doublé d'agneau kaki, coffret signé Goy & Vilaine. Précieux exemplaire, complet en trois volumes, du tome V de à la recherche du temps perdu enrichi d'un envoi autographe signé de Marcel Proust, dans un superbe coffret parfaitement établi. - Photos sur www.Edition-originale.com -
Mercure de France, Paris 1906, 12x19cm, broché.
Edition originale de la traduction française, des notes et de la préface établies par Marcel Proust, un des exemplaires de première émission numérotés à la presse. Agréable exemplaire. Précieux envoi autographe signé de Marcel Proust au diplomate, homme politique et historien Gabriel Hanotaux, grand ami du père de Proust, Adrien Proust, et que Marcel choisira comme premier modèle du mentor Norpois dans La Recherche. En effet, Hanotaux joua un rôle très important dans l'éducation du jeune Proust. Il est sans doute à l'origine deson premier emploi après sa licence de droit, un poste d'attaché non rétribué à la Bibliothèque Mazarine duquel Proust s'échappera régulièrement en invoquant la protection d'Hanotaux. "L'histoire a fait de l'ancien ministre des Affaires étrangères Gabriel Hanotaux, par son désir de rester attaché à la vitalité politique de son temps, et par le fait qu'il avait croisé le fer avec le jeune Marcel Proust à propos de sa vocation littéraire, le modèle le plus intéressant du marquis de Norpois. Porte-parole d'une vie d'action et d'une écriture journalistique, il a réussi comme le professeur Adrien Proust, mais mieux que lui peut-être, à incarner le parfait paternalisme." (Finn, Michael R. "Norpois, Père Ou Mentor?" Revue d'Histoire Littéraire de La France 93, no. 1) Plus qu'un simple envoi d'amitié, cette dédicace sur sa seconde traduction de Ruskin, mais surtout sur sa célèbre préface "sur la lecture", anonciatrice du chef d'oeuvre à venir, est une véritable demande de reconnaissance intellectuelle au mentor de sa jeunesse, mais également la marque de son émancipation, à l'instar du narateur de La Recherche envers le marquis de Norpois. - Photos sur www.Edition-originale.com -
Paris. Gallimard, NRF. Brochés In-12. Non complet. Tome I : Hommage à Marcel Proust. 1927. 319 p. N° 179 sur vélin pur fil Lafuma-Navarre. Tome II : Répertoire des Personnages de " A la Recherche du Temps Perdu" par C. Daudet. Précédé de "La Vie Sociale dans l'Oeuvre de Marcel Proust" par R. Fernandez. 1927. 175 p. ex libris principis obsta. Tome III : Morceaux Choisis de Marcel Proust. 1947. 372 p. Tome IV : Au Bal avec Marcel Proust par La Princesse Bibesco. 1928. 202 p. ex libris principis obsta. Tome VI : Marcel Proust Lettres à la NRF. Bibliographie Proustienne par G. Da Silva Ramos. Proust à la Mazarine. 1932. 283 p.
Bel ensemble en bon état. Rousseurs. Couvertures défraichies.
les Cahiers de la Quinzaine, Paris 1907, 13x19cm, broché.
Edition originale sur papier courant. Petits manques en tête et en pied du dos, quelques piqûres et taches claires sur les plats. Exceptionnel envoi autographe signé de Robert Dreyfus à son ami : « À Marcel Proust. Très affectueusement ». Amis d'enfance et anciens élèves du Lycée Condorcet, Marcel Proust et Robert Dreyfus fondent la revue Le Banquet en 1892, avec quelques-uns de leurs anciens condisciples dont Daniel Halévy. Paraîtront huit numéros qui contiennent les premiers pas en littérature de l'un et de l'autre. En 1907, Dreyfus, quand il rédige cet envoi à Proust empreint d'une profonde sympathie, est un auteur reconnu pour ses essais : La Vie et les prophéties du Comte Gobineau publié deux ans plus tôt lui a valu un prix de l'Académie française. Proust, quant à lui, s'attelle alors à la rédaction de son grand uvre, À la recherche du temps perdu, mais n'a encore qu'une modeste réputation d'écrivain. L'amitié entre les deux hommes traverse les décennies, comme en témoigne leur correspondance, entamée dès 1888 et poursuivie jusqu'en 1920. Bien inspiré, Dreyfus conservera précieusement les lettres de Proust qui, après la mort de celui-ci, lui permettront d'écrire un livre précieux pour les proustiens, Souvenirs sur Marcel Proust, accompagnés de lettres inédites (1926) : « Est-ce une consolation de songer : s'il avait été mieux portant, [...] il n'eût pas écrit ces lettres où scintillent encore les fusées de son esprit. » Exemplaire de la bibliothèque de Marcel Proust, offert par son ami d'enfance Robert Dreyfus. - Photos sur www.Edition-originale.com -
s.l. mardi (25 octobre 1904), 12,6x20,4cm, 12 pages sur 3 bifeuillets.
| "Ceux que j'aime, je leur souhaite toutes les voluptés depuis les plus hautes jusqu'aux plus grossières" |<br>* Lettre autographe signée de Marcel Proust,adressée à René Peter. Douze pages rédigées à l'encre noire sur troisbifeuillets de papier blanc bordé de noir. Déchirures aux extrémitéslelong des plis des bifeuillets, n'affectant pas le texte. Publiée dans Kolb, IV, n°168. Très longue lettre de Proust, pleine de sous-entendus, au dramaturge René Peter. Vantant le succès de ce dernier, Proustfait la sublime confession de sa propre vanité d'écrivain et de ses ambitions littéraires. Il laisse subtilement transparaître sa jalousie pour la maîtresse de Peter et déclare également sa dévotion absolue à Reynaldo Hahn. Il s'agit d'unedes premières missives qu'il envoie à Peter, son ami d'enfance, après avoir récemment repris contact avec lui. *** Proust, éternellement accablé de maux, reste reclus et s'excuse d'avoir manqué la répétition de la nouvelle pièce de Peter, Le Chiffon. La comédie en trois actes de Peter sur une musique de Reynaldo Hahn, créée à l'Athénée le mois suivant, connaîtra un franc succès et une soixantaine de représentations avant la fin de l'année. Le jeune Proust se remet à l'opinion dithyrambique de Hahn qui avait assisté aux répétitions, et lamissive se mue en une déclaration d'amour au compositeur et à son jugement impeccable : "Reynaldo m'a dit que votre pièce était délicieuse et ravissante, ce qui n'est pas tout à fait la même chose, qu'il y avait ri et pleuré comme il ne rit et pleure jamais au théâtre et que la langue était exquise. Cela j'en étais certain. Mais ne connaissant rien de vous, je ne pouvais savoir si vous aviez le génie dramatique. J'en suis certain maintenant car si je ne connais pas de juge aussi sévère, aussi ridiculement sévère que Reynaldo, je n'en connais pas non plus qui ait plus de goût. De sorte que sa sévérité habituelle, sa perspicacité foncière, donnent à son enthousiasme une valeur très grande à mes yeux". Dans un enchevêtrement caractéristique d'aveu et de déni, Proust cache à peine ses ambitions et sa quête de reconnaissance. Il appelle de tous ses vux les mêmes lauriers qu'il place sur la tête de Peter : «votre pauvre et charmante mère qui comme tous ceux qui aiment et qui ont vécu, la vie meurtrissant toutes nos tendresses, a tant souffert, assiste à ce grand bonheur, à ces premiers rayons de la gloire sur votre front charmant, que Vauvenargues dit plus doux que le soleil levant. Je n'en parle que par citation, ne les ayant jamais connus moi-même !» Il finira même par instiller sa vocation littéraire dans le parcours du narrateur de La Recherche, sa formation d'homme de lettres davantage marquée par les déceptions que par les «rayons de la gloire» tant attendus par Proust lui-même. Elle culmine cependant dans le Temps retrouvé par une épiphanie: le narrateur sait maintenant quoi écrire et, surtout, comment l'écrire. La lettre marque les débuts du trio Proust-Peter-Hahn dont la complicité était telle qu'ils formeront un vocabulaire spécial dont eux seuls avaient le secret. Le fleuve de mots de cette lettre illustre parfaitement cet indéniable lien entre désir et admiration intellectuelle : «Car je tiens aussi au succès, je suis extrêmement matériel dans mes vux pour ceux que j'aime et je leur souhaite toutes les voluptés depuis les plus hautes jusqu'aux plus grossières». Malgré ces démonstrations de générosité, l'écrivain ne peut cependant masquer une certaine jalousie envers Robert Danceny, fictif co-auteur du Chiffon qui n'était autre que la maîtresse de Peter, Mme Dansaërt. Proust lui fait élégamment mais explicitement référence : «Cela me rend heureux de penser que la charmante femme dont on m'assure que c'est elle qui se cache sous le nom masculin de votre collaborateur, sera de moitié dans votre uvre. Je ne dis pas de votre succès, car collaboratrice ou non, elle eût toujours par le cur partagé votre succès, ayant je crois pour vous une amitié profonde». Typique d'un Proust transposant ses désirs à travers la fiction, l'écrivain formera dans les années suivantes divers scénarios dramatiques et morbides entre Peter et cette jeune femme: "j'ai peur qu'une fois marié, sa femme ne prenne ombrage de Me Dansa[ë]rt, que lui-même ne s'éloigne d'elle et que celle-ci se tue" écrit-il à Reynaldo Hahn en 1911. Proust ira même jusqu'à suspecter une liaison entre Peter et son secrétaire Robert Ulrich, qu'il reprochera violemment au dramaturge dans des lettres passionnées. Exceptionnelle lettre d'un Marcel Proust avant la légende et la gloire, qui aspire secrètement à la reconnaissance littéraire dont Peter jouit déjà grâce au succès de sa pièce de théâtre.Cette missive rassemble de grands protagonistes de la vie sentimentale tumultueuse et secrète de l'écrivain, qui nourriront plus tard les intrigues de laRecherche. - Photos sur www.Edition-originale.com -
Lausanne, Edita, 1985, in-4°, 211 pp, 119 photos à pleine page, reliure toile éditeur, jaquette illustrée, bon état
Bel album où des extraits d' "A la recherche du temps perdu" illustrent un choix de photographies d’Atget. — Marcel Proust et Eugène Atget bien que contemporains ne se connaissaient pas. Leurs œuvres monumentales témoignent de cette même volonté patiente et méticuleuse de restituer la vie de leur temps, ce Paris légendaire de la Belle Époque. Tandis que Proust s'attachait à décrire la complexité de l'âme humaine, Atget, lui, photographiait les rues, les places, les jardins, les échoppes qui allaient servir de décor au peuple parisien. Dans cet ouvrage les photographies de l'un font subtilement écho aux mots de l'autre, c'est Odette ou encore Albertine qu'on croit reconnaître derrière les passantes furtives, c'est l'hôtel de la duchesse de Guermantes que dissimulent les lourdes portes cochères. Ces deux regards croisés sur un Paris irrémédiablement perdu suscitent une émotion teintée de mélancolie. — C'est M. Arthur D. Trottenberg, professeur à l'université de Harvard, qui eut l'idée de choisir des photographies d'Eugène Atget, conservées en Amérique par Bérénice Abbott, de les accompagner d'extraits de "A la recherche du temps perdu" de Marcel Proust et de les réunir en un volume. Eugène Atget ne connaissait ni Marcel Proust, ni son œuvre, mais l'écrivain et le photographe avaient en commun la dévorante passion d'enregistrer la vie complexe et le pouls rapide de Paris au tournant du siècle. Ils partageaient aussi le don d'user du pouvoir évocateur de l'image visuelle comme moyen de communication esthétique. Les images qui jaillissent du texte et de la photographie transcendent alors les idées et les émotions exprimées et deviennent pures œuvres d'art. En décrivant "A la recherche du temps perdu", Proust s'intéressait aux gens et à la signification de leurs rapports entre eux; son examen microscopique de leurs relations est souvent coloré et, dans une certaine mesure, motivé par sa sensibilité exceptionnelle au monde visuel. Cette même sensibilité caractérise l'œuvre d'Eugène Atget, et les deux artistes l'un par l'objectif et l'autre par la plume, ont rendu une époque et un lieu précis avec une vigueur unique. Ce livre veut rapprocher les œuvres de deux artistes inégalables afin que l'art de l'un illumine et fortifie l'art de l'autre.