Prosper Mérimée (1803-1870), écrivain, historien, archéologue. L.A., Cannes, 23 février [1868], 4p in-8. A une dame, elle aussi proche de l'empereur Napoléon III. SA correspondante a vu récemment l'empereur et Mérimée avait peur d'être en disgrâce car il n'était pas allé à Biarritz l'année précédent [en raison de sa santé]. Suivent deux passages intéressants. Le premier sur une russe présente à Cannes : « Nous perdons aujourd'hui une jolie russe qui s'appelle madame Woronine, c'est-à-dire, madame du Corbeau. Les cheveux en ont la couleur. Elle est mariée à un affreux Calmouk [de Kalmoukie, au sud-ouest de la Russie] dont elle ne voulait pas. Ce garçon ayant été prié de s'adresser ailleurs s'est tiré un coup de pistolet dans le coeur. Au moment de lâcher la détente, il a fait un soupir, bien permis dans la circonstance, lequel soupir a fait un peu remonter le coeur, en sorte que la balle, au lieu de passer au travers, a passé dessous. Là-dessus, elle s'est cru obligée de l'épouser ». Le second passage est plus politique : « il me semble que [le corps législatif] est un des endroits où il se fait le plus de mauvais sang. Le résultat sera que le dernier garçon épicier de la France sera convaincu que l'Empereur a [mot illisible] la liberté de la presse, et que S.M. aura fourni à ses ouvriers des armes chassepot nouveau modèle pour lui faire la guerre. Cette tactique de l'opposition de faire dans les sessions et les discussions est très habile et on en verra les fruits. Au reste, je n'ai jamais entendu tant de lieux communs. [.] Mr Thiers lui-même me semble vieillir bien rapidement ». Le ton de la lettre et l'absence de signature montre une destinataire très proche. Belle lettre. [260]