Vers la fin du XVIIIe siècle Cahier In 4 en couverture souple, « J.J Proa _ Mes mémoires » écrit à l’encre brune sur le plat supérieur. Manuscrit rédigé au net, certainement par un membre de la famille de J.J. Proa vers la fin du XVIIIe siècle. Manuscrit rédigé à l’encre violette très joliment calligraphiée. 1bl, 113ff, 2bl
J.J. Proa (1757-1825) natif de La Rochelle, très tôt orphelin, s’embarque dès l’âge de 14 ans, dès son troisième voyage, il prend la direction de l’Afrique sur un navire Négrier : le commerce triangulaire est réputé le plus lucratif de l’époque. Sans aucun état d’âme pour « la marchandise » Jean Jacques Proa raconte comment les négriers organisent le voyage, les circonstance de l’achat des êtres humains, hommes femmes et enfants selon des barèmes et des tarifs alléchants … D’un ton alerte et enjoué l’auteur se met en scène au milieu de cette catastrophe humaine. Il raconte la douceur de vivre aux Antilles, les périls de la « collecte », l’agencement du bateau, afin de se prémunir des révoltes. Ce récit est un des très rares témoignages qui nous soit parvenu racontant dans le détail la sinistre besogne des négriers, rendant ce manuscrit particulièrement précieux. Édité en partie en 1993 et en 2004, sans aucun accompagnement critique ni mise en situation historique ces mémoires, qui sont un témoin unique de cette sinistre période. Quelques extraits de son premier voyage : Troisième voyage et premier en Afrique en 1777, Le bateau négrier, Le Duc de Laval, va appareiller en direction de l’Afrique, dirigé par le capitaine Bridon dont Proa fait la description suivante : « Il était dans la fleur de l’âge et nouvellement marié, il avait l’âme tendre et le cœur sensible »« Après avoir embarqué les vivres et les marchandises, nous nous disposâmes à partir pour les cotes d’Afrique, y faire emplettes de nègres esclaves pour les aller revendre à Saint Domingue. »« Notre cargaison consistait en fer, toiles de coton bleu, eau de vie, fusils, quincailleries de toutes espèces : miroir couteaux ciseaux etc, draps blancs et rouge, toile blanche de Suisse etc… il faut aussi beaucoup de tabac (…) l’on donne ces marchandises en échange des noirs ; un nègre coute en Afrique a peu près 3 à 400 francs, on le revend en Amérique 1600 à 1800 francs, ce qui est un gros bénéfice ! Aussi ce sont des voyages très lucratifs, et où le capitaine seul gagne souvent 30 000 francs. Nous devions traiter 400 nègres. » « Après une escale au Portugal le bateau se dirige vers l’Afrique à Sama puis Juida (actuelle Ouidah) où le troc débute Le capitaine Mr Bridon proposition d’un logement et d’un magasin pour y recevoir les marchandises et les nègres achetés. Les marchandises sont débarquées à Grégoué où se trouvent les forts.»Une grande partie des esclaves y sont stockés mais le compte n’y est pas, le jeune Jean Jacques doit se rendre Épée « afin d’y résider et de finir d’acheter les nègres qui nous étaient nécessaires ». Après plusieurs péripéties l’expédition arrive à son terme, le bateau transformé pour le transport des esclaves et la sécurisation de l’équipage (canons) est terminée, le bateau appareil en direction de Saint Domingue. Après une digression savante sur le bénéfice dégagé par l’opération : 450 nègres à 1500 francs pièces en moyenne (hommes femmes et enfants) ôtés les frais de fonctionnement, et les pertes inévitables, les gains sont considérables. « Aussitôt le départ le capitaine les officiers et parties de l’équipage choisissent parmi les négresses celles qui leur conviennent les mieux ; elles nous servent à table, et au lit et d’ordinaire ce sont celles qui se portent le mieux et se vendent le mieux parce que souvent on leur fait faire bonne chair et on les diverti. » Arrivés à Fort au Prince, Jean Jacques Proa touche l’argent de mes parts « tête de nègres » il achète quatre barriques de café pour y faire quelques bénéfices en France. Sur la fin du manuscrit Jean Jacques Proa qui en 1806 a 49 ans, dresse un bilan de son existence : « Je fais sur ma vie trois réflexions : 1. j’ai trop sacrifié au moment présent et négligé ma fortune.2. L’envie de me marier m’a pris trop jeune et m’a trop dominé. 3. Enfin j’ai laissé la mer dans un temps ou je pouvais y faire le plus de bénéfices. » acheté 400
Ed. Le Croît vif, 1993, coll. Témoignages, In-8, 271pp. Bon état, couverture propre, intérieur frais.
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