Gallimard, 1980, fort in-12, 1824 pp, glossaire, note bibliographique, reliure plein cuir doré à l'or fin de l'éditeur, rhodoïd, qqs rares annotations crayon, bon état (Coll. Bibliothèque de la Pléiade). Volume épuisé
Ce volume contient : Essais - Journal de voyage en Italie - Lettres - Notes sur les « Éphémérides » de Beuther. Appendice : Les Sentences peintes dans la « librairie » de Montaigne. — Il fut gentilhomme, propriétaire terrien, voyageur, maire de Bordeaux, courtisan, négociateur au service de ses rois. Il fut aussi un lecteur éclairé, l'auteur d'un livre unique, et pendant plus de vingt ans, sur plus de mille pages, le bâtisseur de sa propre image, celle d'un homme retiré, jouissant d'un exil intérieur propice à l'exercice du jugement. C'est dans l'espace qui s'étend entre ces deux figures, l'homme à cheval et l'homme de papier, qu'il faut appréhender Les Essais. Grand amateur de livres, Montaigne juge sévèrement « l'écrivaillerie » de son temps et combat la culture livresque lorsqu'elle conduit au pédantisme. Familier des interminables périodes de ses confrères en « parlerie », il use d'un langage « coupé », d'un style primesautier – « soldatesque », dit-il. Non content d'inventer une forme, l'essai, il se dote d'une écriture qui est le truchement de son âme et, on le sent bien, l'exact reflet de la vivacité de son esprit. De sorte qu'il ne nous enseigne pas : il nous parle – de lui, de l'humain à travers lui, et donc de nous. D'une voix et sur un ton jusqu'alors inouïs, et peu entendus depuis, il sape en ironiste le conformisme intellectuel et, le premier, revendique pour chacun le droit à l'esprit critique et au libre examen dans tous les domaines (celui de la foi excepté). C'est pourquoi, alors que tant d'ouvrages contemporains sont oubliés, Les Essais demeurent un livre vivant.