Conservé dans trois boîtes en carton
La majeure partie de la collection concerne la Nouvelle Calédonie, dont des images qui restent rares. Sont présents quelques rares témoignages des prémices de la photographies dans ces lieux, à l’instar des images d’Évenor de Greslan, un planteur de canne à sucre, et celles d’Ernest Robin, un écrivain de la Marine. Évenor de Greslan (1839-1900), né à la Réunion où la culture de la canne à sucre traverse une grave crise, choisit d'émigrer en 1865 vers la Nouvelle-Calédonie, territoire alors plein de promesses. Il y bâtit la seconde rhumerie de l'île et obtient ainsi la récompense promise par le gouvernement local: une concession de 500 hectares. Doté d'une grande vitalité (...), il participe à de nombreuses expositions où il obtient plusieurs récompenses. (Serge Kakou. Découverte photographique de la Nouvelle-Calédonie 1848-1900. Actes Sud, 1998). Ernest Robin, grand explorateur photographe de la Nouvelle-Calédonie, n’est pas un photographe de circonstances. Né au Havre en 1844, il s’installe à vingt-deux ans sur l’archipel avec la ferme intention de gagner sa vie en tant que photographe professionnel. Afin de se constituer un catalogue original d’épreuves, il multiplie les expéditions vers le Nord calédonien, puis vers le Sud, à l’île des Pins, avant d’effectuer le tour complet du pays, en trois mois. Il en rapporte des clichés pleins de beauté et d’intérêt, fournissant une étude détaillée des conditions de vie et des mœurs propres aux tribus inconnues de la côte. Trop en avance sur son temps, Robin ne connaît pas le succès commercial, malgré tous ses efforts. (Cat. BNF. Trésors photographiques de la Société de Géographie. 2007). Allan Hughan et les frères Dufty sont largement représentés et sont à ce titre des exemples parmi les plus représentatifs de la qualité des photographes installés dans cette partie du monde. Allan Hughan (1834-1883), marin anglais et navigateur patenté, arriva pour la première fois en rade de Nouméa en 1869. Il s’y installa définitivement, avec femme et enfant, en 1871, délaissant les aventures maritimes pour se consacrer à la photographie. Hughan tiendra boutique de photographe à Nouméa pendant une dizaine d’années, et propose une collection variée de photographies, group d’indigènes, bâtiments publics, maisons particulières, panoramas de Nouméa. Il aura la chance de photographier en 1872 puis en 1876 les premiers convois de déportés de la Commune sur l’Iles de Pins, ce qui lui vaudra le titre de « photographe du gouvernement ». Les frères Dufty sont une dynastie de frères photographes d’origine anglaise qui s’installent à Suva, aux îles Fidji, en 1871. Trois d’entre eux (Alfred-William, Edouard-Henri, Walter-Frédéric) exercent à diverses époques en Nouvelle-Calédonie. Walter et Edouard créent la succursale à Nouméa en 1875 ; Walter est vraisemblablement l’auteur de la majorité des prises de vue. (Serge Kakou. Découverte photographique de la Nouvelle-Calédonie 1848-1900. Actes Sud, 1998).La collection comprend aussi d’autres témoignages de la partie mélanésienne de l’Océanie : vues des Nouvelles Hébrides et des îles Fidji. Les vues des Samoa concernent la partie polynésienne. La photographie arrive assez tardivement dans cette partie du monde. Dans les années 1850, quelques rares opérateurs, dont des daguerréotypistes, ont bien parcouru les mers du sud, mais leurs images n’ont encore aujourd’hui pas été retrouvées. Il faut attendre la fin des années 1860 et surtout les années 1870 pour voir les premiers studios s’installer dans les îles. Il en existera à Papeete, Honolulu, Lévuka et Suva. Le marché de la photographie reste très limité et les images qui subsistent de ces époques restent difficiles à trouver. L’activité photographique s’exerce aussi à partir des grandes agglomérations qui bordent le Pacifique. Certains studios n’hésitent pas à venir ponctuellement visiter les villes portuaires à la recherche d’une nouvelle clientèle. Ils profitent généralement de l’occasion pour constituer des collections des vues des habitants et des paysages exotiques. C’était le cas de James Peace installé à Nouméa (arrivé en 1883 en tant qu’assistant de Walter Dufty), de Henry King à Sydney (qui ouvre son studio en 1880, puis voyage à travers le pays dans un caravane-studio à chevaux), des frères Alfred et Walter Burton à Dunedin en Nouvelle Zélande et d’Isaac Taber à San Francisco (qui photographie en fin de siècle les esquimaux d’Alaska). Leur présence dans cette collection souligne la manière dont s’est articulée l’histoire de la photographie en Océanie. Très précieux témoignages.Liste détaillée des photographies sur demande