P., Bernard Grasset, 1929, in-12, 310 pp, reliure demi-basane verte, dos à 5 nerfs soulignés à froid, titres et fleurons dorés, couv. conservée (rel. de l'époque), bon état, envoi a.s. au général Weygand
"Cet ouvrage est l'un des meilleurs parmi les nombreuses études récentes sur la question romaine. L'auteur, le célèbre journaliste politique de l'Echo de Paris, place les traités du Latran dans leur contexte historique, les montrant comme un développement logique de la politique étrangère du Vatican au cours des cent dernières années. Des chapitres sont également consacrés à la personnalité et à la politique du pape, du cardinal Gasparri et du premier ministre Mussolini. Un dernier chapitre passe en revue les relations de la France avec le Vatican et critique l'« abdication » d'influence du gouvernement français. L'ouvrage est très documenté et écrit avec soin et imagination. Un appendice donne le texte des accords récents, ainsi que des extraits de certains documents antérieurs définissant le pouvoir temporel du pape." (William L. Langer, Foreign Affairs, 1929) — "Sous ce titre, un écrivain de haute pensée, aussi remarquable par le talent que par le caractère, un esprit large et compréhensif s'il en fut, mais qui, à l'inverse des étranges virtuoses de l'idéologie pacifiste, garde intacts le feu du patriotisme et le sens des grands intérêts nationaux, Pertinax, le bien nommé, étudie les traités signés au Latran, le 11 février dernier, par le cardinal Gasparri et le chef du gouvernement fasciste, Benito Mussolini. Cette question des rapports du Sacerdoce et de l'Empire remonte au plus lointain passé. Voilà pourquoi nous croyons devoir signaler à nos lecteurs l'ouvrage du perspicace et courageux publiciste. L'impérialisme politique et l'impérialisme religieux sont aussi vieux que le monde. Soit en s'opposant, soit en s'associant, ils ont aspiré, depuis des millénaires, à régir les hommes. Pertinax nous présente ces jumeaux dans leur évolution dernière. Il le fait, non seulement avec cette intelligence déliée des problèmes diplomatiques où il excelle, mais avec la culture approfondie d'un historien philosophe. Tel rapprochement, – par exemple, la dyarchie papalo-mussolinienne comparée au condominium d'Auguste et du Sénat (p. 46), – nous rappelle que l'auteur s'est formé à la Faculté des Lettres de Bordeaux sous les disciples immédiats de Fustel de Coulanges." (Georges Radet, Revue des Études Anciennes, 1929) — "Lorsque j'ai débuté à Genève, en 1924, Pertinax était au zénith de sa gloire et ses articles de l'Écho de Paris étaient reproduits partout. Il arrivait à la Société des Nations avec une extrême prévention à l'égard de l'organisation. Ce en quoi il avait raison. Mais, comme je faisais, moi, mes premières armes et que j'étais éblouie, enthousiaste, nos premiers contacts furent mauvais. Pourtant il était dans le vrai... À Genève, Pertinax réussissait à avoir toujours les meilleurs " tuyaux " sur tout ce qui s'y passait, et il se fit rapidement de très grands amis... et quelques ennemis ! C'était le grand journaliste par excellence, mais, tous les jours, son article de politique étrangère suscitait les amères critiques de Briand, car chacune des grandes décisions du ministre français des affaires étrangères était mise au pilori par Pertinax : ce fut le cas, en particulier, pour le pacte de Locarno et, sur la fin de la vie de Briand, pour son projet des États-Unis d'Europe... Depuis le traité de Versailles, Pertinax avait conservé de sérieuses amitiés avec les grands artisans de notre victoire : Foch, Joffre et, surtout, Weygand... Pertinax connaissait le métier à fond. Il tenait ses carnets de notes à la perfection. S'il les a gardés, ce serait là source de chroniques très amusantes, car il avait beaucoup d'esprit... avec un ton acerbe pour ceux qu'il n'aimait pas. C'était un solide raisonneur, sans imagination ; c'est pourquoi les grands projets des hommes politiques qui se sont succédé au gouvernement français lui semblaient fumeux, en particulier ceux de Briand, qui, à la fin de sa vie, était devenu sa bête noire. Très patriote, il se réconcilia avec beaucoup d'anciens amis lorsque le péril allemand commença à se faire sentir ; il mena à l'époque de superbes campagnes pour éclairer l'opinion sur l'hitlérisme. Il partit les derniers jours précédant l'occupation pour les États-Unis, où il fut admirablement reçu par tout l'entourage de Roosevelt, bien que certains aient eu quelque raison de le redouter un peu. Sous son pseudonyme, à la fois élégant et sagace, Pertinax restera dans l'histoire du journalisme français une très grande figure." (Geneviève Tabouis, Le Monde, 1974) — André Géraud (1882-1974), tout d'abord correspondant de l'Écho de Paris, est simultanément, à partir de 1911, rédacteur diplomatique à la Pall Mall Gazette, puis au Daily Telegraph. C'est en 1917 que, chargé de la rubrique de la politique étrangère à l'Écho de Paris, il signe ses articles du pseudonyme de Pertinax. En mars 1938, il devient rédacteur en cher de l'Europe nouvelle, hebdomadaire de politique étrangère. De juillet 1940 à novembre 1945, il réside à New-York et à Washington, ses articles étant distribués notamment par l'Agence française indépendante, dont le siège était à Londres. Pertinax collabore également à Foreign Affairs, la revue américaine de politique étrangère. De retour en France, il publie régulièrement dans France-Soir des articles de politique étrangère. Pertinax est l'auteur de plusieurs livres dont le Partage de Rome, étude sur les traités de Latran, et les Fossoyeurs (1943), étude sur les événements qui menèrent la France au désastre de 1940.