[Pierre André Benoit ] - Paul Valéry / Pierre André Benoit [PAB]
Reference : DMI-1410
(1953)
Paul Valéry, Le Bain, orné de deux lithographies par P. A. Benoit, PAB, janvier 1953, 14,5x16,5 cm, 5 double f. auvergne bleu, en feuilles, 20 p., couverture blanche titrée à rabats, papier cristal, étui de protection cartonné gris de Jean-Paul Martin. Édition originale. Exemplaire provenant de la bibliothèque de Pierre André Benoit à Rivières De ces pages de Paul Valéry imprimées et ornées de lithographies par P. A. B. Il a été tiré en janvier 1953 50 et 5 exemplaires sur papier bleu d’Auvergne numérotés de 1 à 50 et marqués de A à E le tout constituant l’édition originale. Les cinq exemplaires A à E avec une suite des lithographies sur papier blanc. Celui-ci l’exem n°14 justifié et signé à l’encre par Pierre André Benoit au colophon. La rencontre littéraire entre le jeune PAB et l’immense Paul Valéry semble avoir eu lieu, selon Antoine Coron, à l’école Fléchier, en 1937, où sous l’impulsion de son professeur Robert Kanters, il découvrit la plume de l’auteur du Cimetière marin. En novembre 1943, préparant une exposition littéraire au collège Fléchier consacrée à Paul Valéry, Thierry Maulnier et Michel Seuphor, il sollicite Max Jacob afin d’obtenir un témoignage sur Valéry, ce que l’intéressé est obligé de décliner, dans le contexte politique que l’on sait : « en tant que juif, car cela attirerait l’oeil de la police sur moi et aussi sur vous », cela malgré sa « plus profonde révélation pour ce grand esprit ». Autre anecdote, et pas des moindres, reliant PAB à Paul Valéry : l’acronyme PAB est pour la première fois imprimé en août 1946 dans Le Républicain d’Alès en signature d’un portrait de … Paul Valéry gravé sur linoléum près d’un texte de Paul Farrère sur le poète. Cet hommage fera l’objet d’un tiré-à-part de PAB à ses éditions, la même année, à l’occasion du premier anniversaire de la mort du poète. En 1950, il publiera Un Conte de Paul Valéry, puis Invocation en 1952, Le Bain en 1953 et le livre minuscule Carrière (1,5x2,2 cm) en 1956. Le Bain reproduit le poème de la lettre D du recueil Alphabet composé en 1924 par Valéry mais publié seulement de manière posthume en 1999 grâce à Michel Jarrety. À la lettre D, c’est le le rituel du bain qui est décrit à la 3ème personne et nous plonge dans un moment poétique où se mêlent ardeurs sensuelles et spectre de la mort, comme dans la Vénus anadyomène de Rimbaud : « Dans le pur et brillant sarcophage, douce est l’eau qui repose, tiède et parfaite épouse de la forme du corps. » Le tableau s’adoucit par la suite en décrivant le corps qui se relâche et entre en osmose avec l’élément aquatique : "Le nu libre et léger se dispose et s’apaise. Tout est facile dans le fluide en qui les jambes déliées sont aussi vives que les bras. L’homme y dépose sa stature ; il y coule toute la longueur dans laquelle sa hauteur s’est changée ; il s’étire jusqu’à rejoindre l’extrême de son ressort ; il se ressent égal au sentiment de son pouvoir de se détendre. Avec délice, il transporte ses points d’appui un doigt le porte et le soulève ; et ses forces flottantes, dans la masse calme du bain à demi fondues, rêvent d’anges et d’algues. Le poids de la chair bienheureuse baignée est presque insensible ; la chaleur de son sang étant peu différente de celle de l’eau toute prochaine, le sang s’épanouit sous la peau tout entière. Le corps vivant se distingue à peine du corps informe dont la substance le remplace à chaque mouvement. Une personne se mélange à la plénitude indéfinie qui l’environne ; quelqu’un se sent dissoudre doucement. Tout le corps à présent n’est plus qu’un songe agréable que fait vaguement la pensée. Le doux moment se mire et se voit des membres limpides sous le verre de l’eau. Ce qui regarde et qui parle avec soi-même s’émerveille de la grandeur et de la symétrie des membres qu’il domine ; et la tête pensante s’amuse de quelque pied qui vient à paraître loin d’elle, qui obéit comme par magie. Elle observe un orteil surgi se fléchir, un genou émerger et redescendre dans la transparence, comme une île océanique qu’exonde et que replonge un caprice du fond de la mer. La volonté elle-même et la liberté générale de l’être se composent dans l’aise de l’onde. Il y a peut-être dans l’air fade et vaporeux un parfum dont la fleur complexe interroge les souvenirs, caresse ou colore les désirs indistincts de l’être nu. Les yeux se perdent et se ferment. La durée sans contacts s’affaiblit. L’esprit s’ouvre les veines dans un rêve." La plus belle provenance possible pour cet exemplaire en parfait état.
[Pierre André Benoit] - Paul Valéry / Pierre André Benoit PAB
Reference : DMI-1211
(1933)
Paul Valéry De la diction des vers Paris, Chamontin, 1933, 75 p. broché, couverture imprimée à rabats, 19,5x13cm Il a été tiré de cet ouvrage cent trente exemplaires sur vélin de hollande et deux mille cent exemplaires sur vélin d'alfa. Exemplaire n°331 sur vélin d'alfa. Exemplaire unique enrichi par l'éditeur, poète et plasticien Pierre André Benoit (PAB) d'un collage tout à fait théâtral et baroque en regard de la page de faux-titre. Superbe exemplaire ! Unique ! * ** Poète, imprimeur, éditeur, collectionneur, Pierre André Benoit dit PAB (1921-1993), natif d'Alès, connut un destin éditorial hors norme. En 1986, il fit don de sa collection d'œuvres d’art à sa ville natale, Alès, et de ses collections littéraires à la Bibliothèque nationale de France (réserve des livres rares et précieux). Peintures, gouaches, dessins, estampes, sculptures, livres d'artistes : près de 425 ouvrages. Le château de Rochebelle fut acquis par la ville d’Alès pour y accueillir en 1989 le Musée-bibliothèque Pierre-André Benoit, soit des peintures, gravures et sculptures d'Alechinsky, Arp, Braque, Bryen, Hugo, Mirò, Picabia, Picasso, Survage, Vieira Da Silva, etc., des livres illustrés par ces artistes avec des textes de Breton, Char, Dubuffet, etc.