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‎[ORLEANS] - Eugène DUFEUILLE (1842-1911)‎

Reference : 83C27

‎Correspondance de 12 lettres autographes signées à Camille Dupuy. 55 pp. in-8, de 1891 à 1909. ‎

‎Eugène Dufeuille, journaliste politique, dirigea le bureau politique du duc d’Orléans de 1894 à fin 1898, après avoir été au service du comte de Paris pendant 11 ans, il a pris la succession de Paul-Gabriel Othenin de Cléron, comte d’Haussonville (1843-1924), qui, de 1891 à 1894, a été le représentant officiel du comte de Paris auprès des comités et de la presse monarchique et a dirigé son bureau politique. Il a publié plusieurs ouvrages : l'Anticléricalisme avant et pendant notre République, Réflexions d’un monarchiste, etc. Longue et très intéressante correspondance entre deux intimes des « Orléans » riche de détails et d’informations où se trouvent dévoilé la politique, l’exil, les mondanités et le quotidien. Janvier 1891. Il relit « Bossuet » et de la philosophie allemande. Il le rejoint dans sa pensée sur Auguste Comte. « Sa religion est ridicule. Elle est de plus inconséquence. Aussi n’ai-je jamais été son adepte. J’estime et j’ai toujours estimé qu’il n’y a rien au dessus de la religion du Christ… ». Ce choix, il en assure de « sa bonne foi. Mais si j’ai des doutes sur son origine, je n’en ai pas sur son efficacité, et je suis tout prêt en ce qui concerne la France, à en dire ce que le Prince vient d’en écrire Paulo majora Calamus ! (sic)… ». Mars et avril 1892. Il lui donne des nouvelles d’Hausonville et lui relate le mariage de sa seconde fille. Il lui indique que le marquis d’Harcourt se rendra à Lisbonne pour aller chercher la comtesse de Paris, que le comte de Paris partira de Gibraltar, accompagné d’André Buffet, et qu’il restera à Villamanrique, « l’état de santé de la duchesse de Montpensier s’étant amélioré. ». Le duc d’Orléans est à Lisbonne « qu’il a gagné à cheval en compagnie de Schneider. ». Il lui précise la situation à Paris, « Ici rien que vous ne puissiez deviner. Loubet est au dessous de tout et les désordres dans les églises pour être moins terrifiants que la dynamite sont à mon sens, plus graves. Je ne crois pas que la leçon profite au Pape si haute qu’elle soit. Les catholiques, qu’on avait voulu unir, n’ont jamais été aussi divisés. ». Mai 1893. Il lui apprend que des difficultés se sont présentées à « Stowe », indépendantes de celles prévues, qui l’obligeront certainement de battre en retraite, « sauf avis contraire du Prince… ». Il aurait bien voulu épargner cette situation au Prince, « mais si l’on doit la vérité aux Princes, c’est surtout quand ils sont exilés… ». Décembre 1895. Il est ravi d’apprendre que la comtesse de Paris, est heureuse d’être à Madrid. « Ses joies ne sont pas surabondantes et ses serviteurs ne peuvent que ressentir très vivement celles que de très rares occasions lui apportent. Il lui apprend que le jeune prince Henri, « a mené à bien un voyage aussi difficile que les résultats scientifiques et géographiques en paraissent être intéressants. Il annonce son retour dans le courant février et c’est à Bombay que l’on peut lui écrire… ». Quant à Paris, « c’est de plus en plus la décomposition. Nous sommes en plein Panama. … et la République parlementaire nage au sein de la boue. Quoi qu’il fasse, M. Félix Faure devra vider les lieux… ». Octobre 1902. L’arrivée du roi du Portugal étant imminente, il était bien persuadé que son ami serait rapidement de retour à Randan. Février et avril 1903. « Les manœuvres de la Marquise secondées par la complicité amoureuse de la fiancée actuelle et la faiblesse du tuteur on réussi. J’en éprouve une peine égale à la vôtre. Le jeune homme ne serait pas le joueur que la voix publique proclame incurable, il n’y aurait rien à dire. On pourrait même avancer qu’à beaucoup d’égards la pupille aurait trouvé chaussure à son pied. Je me suis jamais fait d’illusion sur la moralité du marquis de B, mais vraiment dans mes prévisions les moins indulgentes, je ne serais jamais allé jusqu’à supposer qu’il choisirait la famille royale et son ami d’enfance pour y placer un beau-fils dont il ne savait que faire. On ne vend pas à un ami un cheval vicieux… ». Son retour à Villamanrique l’a ravi, « après une absence de treize ans ». Janvier et décembre 1905. Il revient de l’Angleterre. « Le Prince a été le très aimable compagnon que vous savez quand il le veut être. Il était seul à Londres. Je l’y eusse préféré avec la Princesse et je regrette son absence aussi prolongée. Je ne dis pas que le mari s’en plaigne mais s’il est bien de la montrer une fille dévouée, il ne l’est pas moins d’être une Epouse assidue…». En juin il a dû se consacrer aux corrections des épreuves de sa plaquette et au roi du Portugal, qui est à Paris. « Il me semble bien que l’Auguste et considérable époux de la princesse Amélie gagne beaucoup à être connu. ». Quand il verra Dupuy, il lui dira « un mot » de l’entourage du duc de Montpensier. « un entretien est plus sûr qu’une lettre, mais je puis vous donner quelques renseignements sur l’entourage féminin de Madame la duchesse d’Orléans. La paix, me dit-on, y serait fort troublée…». Décembre 1909. La mort de la princesse Marie (Marie d’Orléans, fille de Robert d’Orléans, duc de Chartres) lui a causé plus de chagrin que de surprise. « J’incline donc à supposer avec vous, que la pauvre princesse a succombé à une grippe infectieuse ». On lui a remis un mot du duc de Guise, de sa maison de Copenhague, « le Prince m’y parle de sa douleur et de celle de Madame la duchesse de Chartres qui sont tout ce que vous pouvez deviner. Le frère et la sœur étaient très liés et le duc de Guise avait conservé la reconnaissance la plus émue de ses années de séjour dans sa maison de Copenhague […] Par discrétion et aussi un peu par manque de courage, je n’ai pas demandé à Mgr de duc de Chartres, de me recevoir. J’ai peur de son chagrin avec en plus le profond sentiment de mon impuissance…». Le petit fils du comte de Paris est à Paris. Il a été reçu avec un très bon accueil, « et a laissé partout une excellente impression » ((Il s’agit du jeune roi Manuel II, qui succèdera à son père assassiné lors de l’attentat du 1er février 1908, par des révolutionnaires. Son frère perdra également la vie et lui ne sera blessé qu’au bras). Sa mère, la reine Amélie est avec lui. « Puisse cet accueil être de quelque allègement dans sa douleur à la Reine Amélie qui est, comme vous le savez très apprécié et très plainte à Paris.. ». Enfin, il lui signale que le duc de Montpensier vient de publier un livre et le conforte concernant les troupes non licenciées de Ferrer. « Je pense que le gouvernement à l’œil ouvert et qu’il prend les précautions nécessaires […] Toutefois, mieux vaut être averti et tous les fanatiques ne réussissent pas leur coup. Ici, le parti révolutionnaire socialiste international fait ce qu’il peut pour galvaniser le cadavre de cette canaille de Ferrer, mais l’agitation ne rend pas. Le public est aujourd’hui édifié sur la moralité du "héros". Je suis porté à croire que s’il avait eu moins d’argent à la disposition du parti, sa mort aurait passé inaperçue comme celle des autres condamnés de Barcelone. Egalité, où est tu ? ». ‎


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