Nicole Drano Stamberg, Polyphonie du végétal, poème illustré de deux peintures originales de Sylvère, Rivières — Aubarine — Etang d'Ingrill, juillet 2005, couverture blanche imprimée à rabats, en feuilles, 6 double f., 17x10cm. XII exemplaires, tous uniques. Exemplaire n°XI/XII signé par l’artiste au colophon. Belle impression sur papier Arches. Édition originale. Il s'agit du 253e livre imprimé par les Éditions de Rivières initiée en 2002 par Jean-Paul Martin, petit cousin de PAB, et le premier de Nicole Drano Stamberg chez l'éditeur. "L'homme n'est qu'une fleur aux sons entrelacés" dolce, expressivo. Hommes Fleurs vous m'accompagnez. Deux sons avec un même motif où encore une fois l'Homme n'est qu'une Fleur avec mon chant et votre contre-chant. La bémol Ré bémol Et ma voix inférieure do ré mi... S'interrompre avec votre si Si grave. Proche du fa dièse. Et les fleurs qui étaient des hommes s'appelaient Amour Amours O Amours les plus reculés surgissant sur votre visage Edelweiss sur le sombre d'une peau. Votre chant Gyorgy Groggy Kurtag m'entraine dans une cantilène où j'écoute la polyphonie du végétal qui se mêle à l'humain jamais inhumain." Claude Daix, dit Sylvère, est né à Soisy sur Montmorency (95). Formé à l’École Estienne (Arts et Industriels du Livre), à Paris, il travaille d’abord dans le milieu de l’imprimerie, mais aussi comme « spécialiste et technicien du geste » dans un bloc opératoire auprès de chirurgiens du fait de son incroyable dextérité, avant de s’installer dans le Gard, en 1974, et de se consacrer pleinement à l’art pictural. Il vit et travaille toujours à Aubarine — Rochegude, à quelques pas de Rivières de Theyrargues, où il a bien connu Pierre André Benoit, sans jamais pour autant concevoir le moindre livre avec lui. Paradoxalement, il en a réalisé plus de 300 avec Jean-Paul Martin pour les Éditions de Rivières et, à ce titre, est l’artiste contemporain qui a le plus illustré de textes de Pierre André Benoit. Après avoir rencontré Jean-Paul Martin, au Musée PAB, Sylvère l’aide à remonter la presse de son cousin et l’initie à la gravure. La proximité géographique de l’artiste et de l’éditeur va jouer un rôle prépondérant dans la riche collaboration entre les deux hommes. A l’occasion de notre rencontre avec Sylvère, en septembre 2023, l’artiste nous a confié que c’est par le poème Paroi de Guillevic, qu’il n’a pas personnellement connu, mais dont il déclamait les vers à haute voix sur la « montagnette », non loin de Rivières, qu’il a trouvé la source poétique de son art. Son art, que l’on pourrait qualifier de « préhistorique contemporain », « sans tomber dans un chamanisme de pacotille », selon Christian Skimao, s’inscrit dans un courant informel sur les traces de Bryen, Dubuffet, Fautrier, Hartung, ou Tapies, en y intégrant cependant des composantes de l’abstraction historique, la peinture américaine d’après-guerre. Selon Christian Skimao, il s’inscrit même « dans un courant plastique remontant au début de la création humaine ». Il travaille avec des matériaux proches de la terre : cendres, poussières, craies, argiles et les inclut dans ses compositions en ne respectant ni leurs usages traditionnels ni leurs destinations usuelles : « Sylvère épouse donc le corps radieux de la peinture comme on piétine une surface sacrée ». De toute rareté.