Mithouard, Adrien (1864 - 1919) / Chapon, Albert (1865 - 1952)
Reference : 8560
(1901)
16,5 x 25,5 Paris, 17, Rue Eblé 1901 Quatre volumes in-8, reliure à la bradel demi-toile percalinée verte, dos lisses avec titre, tomaison et millésime dans un encadrement doré, plats marbrés, blason doré du compositeur René d'Avezac de Castera en tête, couvertures conservées, table des matières et des noms d'auteurs à la fin de chaque volume, comprenant les 25 premiers numéros (décembre 1901 - décembre 1903) de la revue mensuelle L'Occident, fondée par l'essayiste Adrien Mithouard et Albert Chapon, le secrétaire de rédaction de la revue. C'est une revue littéraire et artistique, qui entend couvrir les domaines de l'architecture, de la sculpture, de la peinture, de la musique et de la poésie. Elle se distingue de la Revue blanche ou du Mercure de France par un double positionnement nationaliste et d'avant-garde. Pour Mithouard, la création artistique s'incarne dans un enracinement, une géographie, une terre, un paysage, à l'image de l'arbre (un peuplier ?), dessiné par Maurice Denis, qui illustre la couverture de la revue et qui en est, en quelque sorte, la signature. L'Occident, c'est l'âme française et les portails des cathédrales du XIIIe siècle. Mithouard revendique la recherche de la Beauté et de l'unité artistique, qu'avait exprimé l'art gothique, corrompu par une Renaissance italianisante. La revue témoigne de ce "moment" esthétique, nourri de chrétienté, qui s'inscrit en France entre la défaite de 1870 et la bascule de la Grande guerre. Elle tente au gré de ses livraisons une synthèse entre l'exaltation de la tradition et l'apport des symbolistes et du mouvement impressionniste teinté de japonisme. Elle laisse à Maurras le culte de la Grèce antique (Anthinéa, 1901). Elle refuse "les énergies indécises et les fanatismes nomades" et juge l'oeuvre de Gustave Moreau plein "d'artifices" et d'exotisme, où "seuls les camaïeux sont supportables". Cette esthétique néo-chrétienne se veut à l'opposé de "l'art des pompes officielles de la monarchie absolutiste", de "l'académisme officiel", de "l'architecture bureaucratique" du XIXe siècle, ou de "la confusion des érudits administratifs". La revue célèbre Hugo, mais critique les "solennités officielles" du centenaire. En ce début des années 1900, la revue réunit des talents qui, pour certains, suivront ultérieurement d'autres itinéraires esthétiques. Maurice Barrès y publie des poèmes. Paul Claudel livre (N° 12, novembre 1902) en édition pré-originale trois textes "La lampe et la cloche", "La délivrance d'Amaterasu" et "Visite", qui seront publiés en 1907 dans la seconde édition de "Connaissance de l'Est". Il réitère en donnant quatre petits poèmes inédits (Le Riz - Le point - Libation au jour futur - Le jour de la-fête-de-tous-les-fleuves) dans la livraison N° 24 (novembre 1903). Gide inaugure en 1902 la rubrique "La terre occidentale" par un texte sur la "Normandie et le Bas-Languedoc", qui vante in fine la fécondité des mélanges culturels...Le texte donnera lieu à "la querelle de l'olivier" entre Maurras et Gide, par articles interposés en septembre et novembre 1903. Les chroniques sont assurées par une génération de trentenaires nés dans les années 1870-1880. Maurice Denis illustre la renaissance de l'art chrétien, auquel fait écho la publication en 1903 du poème en vers libre de son ami Albert Clouart "La légende de Saint-Guirec". Charles Morice, qui chronique également au Mercure de France, couvre l'actualité des Salons et les expositions de Durand Ruel. Gauguin (1848-1903) est célébré par son disciple le peintre graveur Armand Seguin (N° 16-17-18, mars-avril-mai 1903). La revue participe au renouveau de la gravure et de l'eau-forte ("L'éloge de la gravure - Le blanc et le noir", d'Adrien Mithouard), qu'illustre l'oeuvre de Félix Bracquemond.. Louis Rouart tient la chronique littéraire. La revue publie les poèmes d'André Lebey, de Francis Viélé-Griffin, de Francis de Miomandre, de Tristan Klingsor. Le compositeur René de Castera (1873-1955), secrétaire de la Schola Cantorum, tient la chronique musicale et participe à la diffusion des oeuvres de Vincent d'Indy ou de Paul Dukas. L'Occident semble avoir fait l'objet de peu d'études, hormis les articles de Sophie Basch concernant Adrien Mithouard. "Vers un nouveau classicisme ? Noir et blanc contre polychromie, art gothique et art impressionniste : la revue L'Occident (1901-1914) face à l'antique, Revue d'Histoire littéraire de la France 2007". Bon ensemble peu fréquent, rousseurs, exemplaire issu de la bibliothèque de René de Castéra. PHOTOS NUMERIQUES DISPONIBLES PAR EMAIL SUR SIMPLE DEMANDE-DIGITAL PHOTOGRAPS MAY BE AVAILABLE ON REQUEST