MICHEL BUTOR / CUCHI WHITE Les Yeux Perdus Paris, 1980 19,6x15cm plié, 56x76cm déplié 1 grande d'Arches feuille pliée en 16 Rarissime édition originale de ce recueil de huit poèmes de Michel Butor (1926-2016) et sept photographies en tirage original de Cuchi White (1930-2013) [il ne s'agit pas de reproductions mais de tirages originaux par les laboratoires Hamelle] — les trois photos de la première colonne ont été prises respectivement à la station de métro République et dans le Marais à Paris ; et à Vallauris ; celles de la troisième colonne à Bra en Piémont et à Venise ; celles de la dernière colonne à Cannes et à Rome. Il a été tiré 100 exemplaires : quatre-vingts exemplaires numérotés de 1 à 80, quinze exemplaires de I à XV, et cinq exemplaires de collaborateurs numérotés de A à E. Notre exemplaire est le n°10, justifié à la mine de plomb, signé par l'auteur et l'artiste au colophon. Emboîtage toilé avec pièce de titre contre-collée. On libère la grande feuille d'Arches pliée en 16 en tirant délicatement sur un signet prévu à cet effet. Les poèmes et les photographies tiennent sur une grande page au format poster. Avec Georges Perec, Cuchi White publie en 1978 des photographies de trompe-l'œil dans L'œil ébloui, puis avec Carla Heffner la même année avec The Astonished Eye, puis Butor avec le livre que nous présentons et Maurice Roche la même année avec White Visions. Ce thème de l'oeil l'obsèdera pendant toute sa carrière : sur les murs anciens des églises d’Europe comme sur les façades contemporaines, elle expose et publie abondamment ses photographies de fresques classiques, de « murals » ou de « street-art ». Superbe exemplaire ce livre fort rare et désirable ! * ** Cuchi White, nom d'artiste de Katherine Ann White, est une photographe américaine née en 1930 à Cleveland. Très jeune elle étudie et pratique la photographie. En 1948, elle intègre le Bennington College, une université du Vermont dont l’enseignement progressiste, à la pointe dans le domaine des arts, est alors réservé aux femmes. Elle participe dès cette année sous le nom de Katherine Ann White à l’exposition This is the Photo League à New York, la dernière organisée par la Photo League, collectif de photographes américains engagés dans la photographie sociale. Issue d'une famille d'industriels, elle effectue à 18 ans une visite en Europe pour rencontrer des artistes en compagnie de sa famille. Lors de leur passage à Florence en Italie, elle visite l'atelier du sculpteur Corrado Vigni où vit et travaille le jeune peintre toscan Paolo Boni. Cuchi passe à nouveau quelques années aux États-Unis, avant de rejoindre Paolo Boni qu’elle épouse en 1953 à Florence. Elle passera toute sa vie à ses côtés entre l'Italie et la France. Installée en 1952 en Italie, puis en 1954 en France, elle continue à pratiquer la photographie sociale, en noir et blanc, et publie entre autres dans Il Mondo, revue italienne éditée par Mario Pannunzio (it). Vers le milieu des années 1970 elle se consacre à la photographie en couleurs. Elle exposera en France, en Italie et aux États-Unis. Avec Georges Perec elle publie ses photographies de trompe-l'œil dans L'œil ébloui, et continuera durant toute sa carrière à se passionner pour ce sujet : sur les murs anciens des églises d’Europe comme sur les façades contemporaines, elle expose et publie abondamment ses photographies de fresques classiques, de « murals » ou de « street-art ». À partir de 1980, Cuchi White réalise des sujets sur les villages perchés et les villas de la Côte d'Azur, et travaille pour de nombreux musées de France et d'Italie. Beaucoup de ces projets seront suivis de publications ou d'expositions. Elle parcourt les chemins douaniers de Bretagne et débusque partout où elle passe ces « maisons bateaux » qu'elle appelle Navirland : un projet au long cours suivi lui aussi d'expositions. Elle est également présente dans le milieu italien de la photographie. Avec Luigi Ghirri, Gabriele Basilico, et d'autres photographes italiens, elle participe au projet Viaggio in Italia. Elle fera aussi partie du projet collectif Exploration sur la via Emilia. Cuchi White meurt le 11 octobre 2013 dans le 18e arrondissement de Paris. * ** Michel Butor est un poète, romancier, essayiste, critique d'art et traducteur français. En 1929, la famille vient s’installer à Paris où il fera toutes ses études, à l’exception de l’année 1939-1940, passée à Évreux. Après des études de lettres et de philosophie, ayant échoué à plusieurs reprises à l’agrégation, tout en servant de secrétaire à Jean Wahl pour le Collège de philosophie, il enseigne quelques mois au lycée Mallarmé à Sens et en Égypte (1950). Puis, il saisit une opportunité de devenir lecteur à l’université de Manchester en Angleterre. En 1956, il enseigne la philosophie, le latin, l’histoire et la géographie à l'École internationale de Genève, en Suisse. En 1957, il publie aux Éditions de Minuit "La Modification", pour lequel il reçoit le prix Renaudot. Les voyages continuent, à la fois professionnels et exploratoires : Grèce, Suisse où il rencontre Marie-Jo Mas (1932) qu’il épouse en 1958 et avec laquelle il aura quatre filles. Michel Butor est aussi photographe dans les années 1950-1960. Dans ses photographies, issues des nombreux voyages, il s’attache aux éléments remarquables de l’architecture monumentale-édifices religieux et bâtiments patrimoniaux. Après Mai 68, il tente une rentrée dans l’enseignement universitaire français, ce qui l’amène à s’installer à Nice au retour d’une année aux États-Unis. Puis il est nommé professeur à la faculté des lettres de Genève. Bien qu'ayant délaissé le genre du roman proprement dit depuis les années 1960, il écrit de nombreux livres apportant chaque fois la surprise : essais, récits du jour ou de la nuit, poèmes, nouvelles combinaisons de tout cela qui font le désespoir des esprits routiniers. Les collaborations se multiplient avec peintres, musiciens, photographes notamment pour réaliser des livres-objets et des livres d'artiste. En 2006, commence la publication de ses œuvres complètes en dix volumes par les éditions de La Différence sous la direction de Mireille Calle-Gruber. En 2013, il reçoit le Grand prix de littérature de l'Académie française pour l'ensemble de son œuvre.
Herscher, 1983. Format 24x28 cm, reliure editeur sous jaquette illustree, non pagine.Tres bon etat.