Paris, , 1797. 2 pages in-4 manuscrites à l'encre brune.
Acte sous signature privée daté 29 brumaire an VI (19 novembre 1797) rédigé et signé par Cramer, contresigné par Louis-Sébastien Mercier avec la mention autographe : fait triple entre nous à paris ce vingt neuf brumaire l'an six de la République française approuvé l'écriture Mercier. Approuvé l'Ecriture Ch. Fr. Cramer.Le document est établi à l'attention du libraire Friedrich Vieweg auquel Mercier moyennant rétribution céda les droits sur Le Nouveau Paris qui parut en 1799 à l'adresse Brunsvic & Paris, Frédéric Vieweg, Fuchs, Pougens, Cramer. (Lacombe, Bibliographie parisienne, 388).Entre nous soussignés, le Sr Mercier homme de lettres et le Sr Cramer Imprimeur-libraire, demeurant Rue des Bons-Enfants, n° 12 comme fondé de pouvoirs de Monsieur Frederic Vieweg l'aîné, Libraire à Berlin, a été arrêté et conclu ce qui suit : 1° Le Sr Mercier cède à Mr Vieweg Libraire, son Livre : Nouveau Tableau de Paris en quatre volumes de vingt cinq feuilles chacun environ pour l'imprimer à Berlin (…) 2° Le Sr Mercier cède en même temps à Mr Vieweg son droit d'auteur de pouvoir poursuivre devant les tribunaux (…) 3° Monsieur Vieweg s'oblige de faire imprimer cet ouvrage dans le même format (…) 4° Il n'engage sa parole d'honneur à n'imprimer que le nombre de six mille cinquante exemplaires (…) 5° Il s'oblige à payer au Sr Mercier soixante livres comptant par feuille dudit ouvrage (…) 6° Dans le cas que l'écoulement de l'édition de six mille cinquante exemplaires se passe avant la fin des trois années (…) 7° Lors de la mise en vente de l'ouvrage, Mr Vieweg enverra franco de port à Paris cinquante exemplaires gratis de l'ouvrage à Sr Mercier (…). « Louis-Sébastien Mercier, le célèbre auteur du Tableau de Paris, avait été avant la Révolution le plus en vue des écrivains français germanophiles et il n’avait rien perdu de ses sympathies pour la culture germanique quand Karl Friedrich Cramer (1752-1807) fit sa connaissance à Paris à la fin octobre 1795 et noua avec lui les liens d’une exceptionnelle familiarité. Cimentant chaque jour davantage leur amitié par le désir commun de promouvoir en France le goût de la littérature allemande et associant leurs efforts pour y parvenir, ils publièrent ensemble en 1802 une traduction de La Pucelle d’Orléans de Schiller et envisagèrent un peu plus tard de lancer en commun une collection intitulée Théâtre étranger qui aurait fait connaître les principales oeuvres dramatiques allemandes (…). Durant les trois dernières décennies du xviiie siècle, Mercier jouit, selon le mot d’un contemporain, d’une « renommée colossale » outre-Rhin, où on lut et traduisit ses oeuvres à l’envi, joua, imita ou adapta avec grand succès ses nombreuses pièces de théâtre – en particulier Le Déserteur, La Brouette du vinaigrier et Jeneval – et discuta fiévreusement ses conceptions littéraires qui influèrent sur l’esthétique dramatique du "Sturm und Drang". Cramer, qui l’appelait déjà « (son) favori » avant de le connaître personnellement, apporta sa contribution à cette gloire en faisant paraître à Brunswick, en association avec le libraire Vieweg, une traduction, enrichie de commentaires hautement laudatifs, du Nouveau Paris, suite du célèbre Tableau de Paris qui, dans les années 1780, avait donné auprès des Allemands un éclat si brillant au nom de Mercier. Dès 1796, celui-ci avait promis à Cramer son propre manuscrit pour la traduction qui, bien que déjà bien avancée en novembre 1798, ne devait finalement sortir en deux parties qu’à la fin de l’année 1799 et en 1800 pour valoir à Cramer, à côté de certains éloges, cette sévère critique de la Neue deutsche Bibliothek : « Citoyen Cramer, épicier et marchand de mots ! Comme vous traduisez souvent ! Comme vous violez et mutilez la langue allemande » ! » (A. Ruiz).Alain Ruiz. Carl Friedrich Cramer, exilé politique et traducteur à Paris : De l'époque de la Révolution de 1789 à l'Empire In : Migration, exil et traduction. Tours : Presses universitaires François-Rabelais, 2011.