P., Editions Le Régent, 1948, in-12, 347 pp, index, broché, bon état
Sous le pseudonyme d'Orion, Jean Maze, ancien rédacteur en chef de “La Flèche” de Bergery, publie, en 1948, un “Nouveau Dictionnaire des Girouettes”. En 1815 Alexis Eymery inventait un genre, le dictionnaire satirique ; en 1948, Jean Maze durcit le ton et dénonce les "hypocrisies" et les "félonies" de ces dix dernières années, en particulier chez les communistes et les démocrates-chrétiens. En 1815, on trahissait. La belle affaire : on risquait tout au plus de devenir membre, à son corps défendant, de la "société des girouettes". En 1945, en revanche, on joue sa tête. Il n'est que de voir le sort réservé à Henri Béraud auquel Jean Maze consacre un long développement. Le jeu de l'équivalence dans la différence des années 1945 et 1815 alimente le discours classique de la droite réactionnaire sur la "décadence" de la France. C'est Jean Galtier-Boissière qui, en 1957, dans un Dictionnaire des Girouettes troisième version (“Le Crapouillot”, n° spécial 36 et 37), formule le plus clairement ce point de vue : "On pourrait dire que la nette décadence française de l'après-Libération tint en grande partie à la rigueur sans précédent [de] l'épuration ... En 1814 et 1815, les mêmes hommes crièrent "Vive l'Empereur!" puis "Vive le Roi !" puis encore "Vive l'Empereur !" et encore "Vive le Roi !" mais à part quelques cas particulièrement éclatants – celui de Ney par exemple – les variations d'opinion furent très rapidement amnistiées et pardonnées. Dans l'après-guerre de 1939-1945, au contraire, ceux qui avaient crié ou pensé "Vive de Gaulle !" n'excusèrent pas ceux qui avaient crié de bonne foi "Vive Pétain!"." (Anne Simonin)