Un volume in-4 de 174 pages, 1 ff (titre de la partie de Van Swieten : Vampyrismus von Herrn Baron Gerhard van-Swieten verfasset, aus dem Französischen ins Deutsche übersetzet, und als ein Anhang der Abhandlung des Daseynsder Gespenster beigerücket), 23 pages et 1 ff (Errata). Édition originale. Reliure pastiche vélin moderne. Tranches rouges. 182×223 mm Rousseurs, les parties imprimées sont brunies, quelques passages soulignés au crayon de couleur ; bon exemplaire. Gerard van Swieten (1700-1772) était un médecin et chercheur hollandais réputé. Après avoir hésité deux années durant à accepter de devenir le médecin personnel de l’impératrice Marie-Thérèse, préférant « infiniment mieux d’estre un petit Republicain que d’avoir un titre pompeux, qui sert à couvrir un esclavage réel », il consentit finalement en 1745 et eut ainsi l’occasion d’entreprendre notamment des réformes importantes concernant la modernisation de l’organisation de la médecine et de son enseignement. En 1755, à la suite de la résurgence des pratiques d’extermination de supposés vampires en Haute Silésie (supra), l’impératrice chargea cet homme de confiance et de grande valeur d’une mission d’étude sur place, à l’issue de laquelle il rédigea en français un rapport manuscrit : Remarques sur le vampirisme de Silésie de l’an 1755, par Mr le baron van Swieten, faites à Sa Majesté impériale et royale. Sur la prétendue magie posthume. Après avoir incriminé la croyance des grecs aux broucolaques dans le phénomène du vampirisme : « Car toutes ces histoires se trouvent, où l’ignorance règne. Et il est très probable, que les Grecs schismatiques en soient les principaux auteurs » [idée partagée ultérieurement par Voltaire dans les Questions sur l’Encyclopédie], et consacré quelques lignes aux événements de 1732 dont il dit n’être « instruit qu’en gros », Van Swieten débat notamment de la question de la conservation des cadavres dans les tombeaux et termine son argumentation en évoquant – comme beaucoup avant lui – les effets de l’ignorance, de l’imagination « frappée », des peurs, des désordres mentaux… Désireux à notre avis de ne pas alimenter inutilement un questionnement sans doute d’une grande vacuité à ses yeux, qui plus est d’un autre âge, il n’aborde pas les questions importantes des incertitudes des signes de la mort et des enterrements précipités, pourtant déjà largement débattues à cette époque. La fin du rapport s’attache en revanche à dénoncer les excès s’étant produits lors de toutes ces affaires, en particulier ceux de religieux : « On a violé l’asile des tombeaux. On a noirci la réputation des morts, et de leur famille […] On a mis entre les mains des bourreaux des corps des enfants morts dans l’innocence, et dont les âmes jouissent de la gloire éternelle. On a forcé des filles (chose horrible) à traîner les corps de leurs mères, pour les remettre au bourreau […] Où sont les lois, qui autorisent de telles sentences ? On avoue qu’il n’y en a pas. Mais on allègue froidement, que la coutume le veut ainsi. » Il conclut : « Que le vulgaire souvent peu instruit donne dans l’écart, cela me fait pitié, ne m’étonne pas. Mais que ceux qui sont réputés maîtres en Israël, qu’un consistoire épiscopal [celui d’Olmutz, qui] […] a fait brûler le 23 avril 1731 neuf cadavres, entre lesquels furent sept petits enfants, parce qu’on les croyait infectés par un vampire inhumé dans le même cimetière avant eux […] autorise des abus si énormes, et si opposés au bon sens, cela me perce, et me fait naître tant d’indignation, que je sens, que je dois finir, pour ne pas être emporté hors des bornes du respect, que je dois à leur caractère. » La même année, Marie-Thérèse décrétait l’interdiction de telles exhumations sous peine de sanctions, tout en dénonçant la croyance aux vampires comme « superstition et fraude » et défendant aux ordres religieux et aux autorités locales de prononcer des jugements dans des cas de vampirisme. Notre édition est l’originale de la traduction allemande de ce rapport. Le texte est donné en annexe de celui de Mayer, qui, lui, a trait à l’existence des fantômes. Il possède ses propres page de titre et pagination. Il existe une traduction italienne publiée antérieurement mais, selon nous, l’édition française dont il est parfois fait mention, notamment par A. Faivre (Rapport médical sur les vampires, parue à Naples en 1781) n’existe pas. Nous n’en avons jamais trouvé la moindre trace en dépit de recherches répétées : sans doute une confusion basée sur le titre français du manuscrit et les caractéristiques de la deuxième édition italienne a-t-elle été faite. La première version imprimée dans notre langue est donc très certainement celle de l’édition française de l’anthologie italienne d’Ornella Volta (1961). Elle est traduite de l’italien. Pour plus de détails et des photos : https://livres-rares-imaginaires.com/ (lien direct : https://livres-rares-imaginaires.com/mayer/)