[Marseille], sans nom, [1820] ; 1 feuille 28,7 x 18 cm, imprimée recto, bois gravé au centre, texte compris dans un encadrement typographique. Des rousseurs, déchirure sans manque réparée en pied.
Eugène de Mazenod avait fondé en 1816 la Société des Missionnaires de Provence, avec l'assentiment des vicaires généraux d'Aix (cette société deviendra ensuite la Congrégation cléricale missionnaire des Oblats de Marie-Immaculée) Il installe sa fondation dans l'ancien couvent des carmélitesd'Aix. Il est motivé par le souci majeur de s'adapter à la situation réelle des gens dont la vie chrétienne a été si bouleversée depuis la Révolution. Les Missionnaires de Provence participent ainsi à plus de quarante missions paroissiales pour prêcher sur les bases de la foi chrétienne et confesser les pénitents, favorisant un retour à la pratique religieuse dans la région, après les troubles de l'époque.Eugène de Mazenod dirigea lui-même la mission de Marseille qui se termina par l'érection d'une croix le 27 février 1820, qui existe toujours, Place du Calvaire, contre l'ancienne église des Accoules. Le présent document garde le souvenir de cette cérémonie et on trouve tout autour de la représentation du calvaire les noms des 26 missionnaires qui y prirent part, dont celui du futur évêque de Marseille, ordonnateur de la reconstruction de la cathédrale Major et de la construction de Notre-Dame de la Garde. En dessous de la Croix se lit la prière qui lui est dédiée."La Croix énorme était portée, sur une plateforme décorée, par des groupes dhommes le long de la Canebière, la rue principale de la ville. Quand ils arrivèrent au port, la Croix fut portée par 120 membres de léquipage et placée sur un radeau au port, doù elle se rendit à la Mairie, accompagnée par plusieurs navires. Latmosphère était festive, les gens de Marseille se réjouissant et célébrant avec de la musique, une salve de canons du haut du fort, et plusieurs bannières colorées et des drapeaux. Le tout se déroula durant 8 heures.Serpentant au travers des rues des quartiers populaires, la Croix fut érigée Aux Accoules sur le seul mur encore existant de léglise qui avait été détruite par la Révolution comme un signe puissant de la restauration et dun nouvel espoir au milieu des ruines. Le Calvaire devint ainsi un centre de pèlerinage populaire." Un témoin raconte :"on a vu ce magnifique cortège, composée de plus de trois mille personnes, et la croix portée en triomphe sur un char si insolite Mais ladmiration et le ravissement publics ont été à leur comble lorsquon a entendu un nouveau St. Pierre, prêchant sur sa barque, en langue provençale, aux pêcheurs et aux marins du port. Léloquence simple et si persuasive de M. labbé de Mazenod, chef des missionnaires de Provence, a fait la plus vive impression. Debout et en chappe rouge sur le pied de la croix, il en a développé les saints mystères avec cette chaleur et cette énergie qui appartiennent aux orateurs nés sou notre brûlant climat il a eu le bonheur dentendre répéter par les plus bruyantes acclamations, les cris de vive Jésus, vive sa Croix, vive le Roi et sa famille, cris consolants que lui-même avait le premier prononcées, avec un si grande émotion". ROBERT, Précis historique, p. 65-66. (cf eugenedemazenod.net ; "Célébrer Dieu dans les rues". Publié le 15 octobre 2012 par franksantucci).