Marie de Rabutin Chantal, marquise de Sévigné. Chevalier Perrin (éditeur).
Reference : AMO-3891
(1734)
Recueil des lettres de Madame la Marquise de Sévigné, à Madame la Comtesse de Grignan, sa fille. Tomes I à IV. A Paris, chez Nicolas Simart, 1734 4 volumes in-12 Suivi de : Recueil des lettres de Madame de Sévigné, à Madame la Comtesse de Grignan, sa fille. Tome V et VI. A Paris, chez Rollin fils, 1738 (de l'imprimerie de Cl. Fr. Simon fils, 1738) 2 volumes in-12 Soit un total de 6 volumes in-12 (17 x 10 cm) de XXXI-(1)-452 ; (2)-483-(1) ; (2)-479-(3) ; (2)-441-(39) ; XIV-482-(5) et (2)-504-(42) pages. Portrait frontispice de la marquise de Sévigné au tome I et Portrait frontispice de madame de Grignan au tome V. Collationné complet. Reliure strictement de l'époque plein veau brun, dos à nerds ornés aux petits fers dorés, tranches rouges mouchetées. Les 4 premiers volumes sont en reliure homogène. Les 2 derniers volumes sont en reliure homogène. Légère différence de fers entre les 4 premiers volumes et les 2 derniers, néanmoins reliures homogènes exécutées à la date d'édition, soit 1734 pour les 4 premiers volumes et 1738 pour les 2 derniers. Usures à l'extrémité des coiffes avec manques (voir photo). Quelques usures aux coins sans gravité, petits défauts d'usage, reliures solides et décoratives. Intérieur frais. Papier avec quelques rousseurs ou parfois un peu plus teinté. Petites taches d'encre dans la marge extérieure du tome IV, sans atteinte au texte. Edition en grande partie originale. Les 4 premiers volumes de 1734 sont en première édition. Les 2 derniers volumes sont en réimpression du premier tirage de 1737. On sait que la première édition des Lettres de la Marquise de Sévigné date de 1725 et a été donnée subrepticement en une mince plaquette de 75 pages regroupant seulement quelques lettres pour la plupart incorrectement retranscrites et fragmentaires (31 fragments). Cette première édition rarissime et quasi mythique n’était connue qu’à 2 ou 3 exemplaires à la fin du XIXè siècle, il ne semble pas qu’on en est répertorié d’autres depuis. Les bibliographes considèrent donc comme véritable seconde édition originale l’édition dite de Rouen publiée en 1726 par les soins du fils de Roger de Bussy-Rabutin (cousin indiscret de la Marquise). On a beaucoup tergiversé pour savoir s’il s’agissait du fils aîné (Amé-Nicolas de comte Bussy-Rabutin) ou bien du cadet, futur évêque de Luçon, abbé de Bussy. Cette édition furtive, désavouée par la petite-fille de Mme de Sévigné, Mme de Simiane, fille de Mme de Grignan, est très rare et les exemplaires en reliure de l’époque en bonne condition se rencontrent difficilement. Les éditions suivantes de 1726, 1728 et 1733 sont également peu communes et reprennent avec des variantes la première édition dite de Rouen en gros caractères citée plus haut. Seule l'édition de La Haye, très rare, apporte de nouvelles lettres (qui se retrouvent dans l'édition de 1728 et 1733 comme nous venons de le voir ci-dessus). Il faudra attendre 1734-1737 avec l'édition pourtant mutilée donnée par les soins du Chevalier Perrin pour avoir à disposition plusieurs centaines de nouvelles lettres (614 lettres contre 134 en 1726). L'édition de 1818, puis l'édition de 1862, données par Monmerqué, puis Charles Capmas (supplément "Lettres inédites" de 1876), donneront un panorama complet du génie épistolaire de la marquise de Sévigné. Notre exemplaire se compose donc des 4 volumes de 1734 en première édition et des 2 derniers volumes en réimpression de 1738 (3 impressions des 6 volumes portant la date de 1738 ont vu le jour). Les 4 premiers volumes à la date de 1734 se rencontrent très rarement. L'ensemble est homogène, relié à l'époque et bien complet des portraits gravés de la marquise et de sa fille. Il s'agit de la première édition autorisée par la petite-fille de la marquise de Sévigné, la comtesse de Simiane. Pour plaire à la famille et respecter la mémoire de la marquise de Sévigné, le Chevalier Perrin pioche parmi les centaines de lettres qui sont mises à sa disposition ; il élague, remanie, supprime. L'ensemble qui en résulte n'apparaît pas de suite tant malmené, mais lorsque les véritables autographes (ou des copies) sont redécouverts ultérieurement, puis édités de manière scrupuleuse par les éditeurs suivants (Monmerqué notamment), puis grâce à la découverte de lettres inédites (manuscrit Capmas) à la fin du XIXe siècle, l'ampleur des malfaçons du Chevalier Perrin sont mises au jour. Néanmoins, pour être honnête, sans le Chevalier Perrin, sans doute la plupart des lettres de la marquise auraient-elles été détruites par ses descendants souhaitant garder le secret sur bon nombre de petites révélations ou avis de la désormais célèbre marquise. Perrin publiera un volume unique en 1751 intitulé Recueil de lettres choisies, pour servir de suite aux lettres de madame de Sévigné à madame de Grignan, sa fille, Paris, Rollin, 1751, in-12. Il contient 123 lettres, dont 25 de madame de Sévigné, 3 de madame de Grignan, 29 de Philippe-Emmanuel de Coulanges, 50 de madame de Coulanges, 14 de madame de La Fayette, une du cardinal de Retz et une de La Rochefoucauld. La seconde édition "Perrin" paraîtra en 1754 en 8 volumes in-12, reprenant l'édition de 1734-1737 et de 1751. Le texte de la première édition Perrin, moins remanié que celui de la seconde, est retenu plus volontiers par les éditeurs modernes. Nous connaissons aujourd'hui 764 lettres de madame de Sévigné à madame de Grignan. Pour la moitié d'entre elles, en l'absence d'autographes ou de meilleures copies, le texte connu reste celui des éditions Perrin. Référence : Lettres de Madame de Sévigné, Édition des Grands Écrivains de la France, Tome XI, p. 442-443 (notice n°8). Très bon exemplaire de ce monument de la littérature française.
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