Presses de la Cité 1964 524 pages in8. 1964. Cartonné. 524 pages.
Bon Etat général sous rhodoïd intérieur propre tranche salie
Presses de la Cité, 1964, in-8°, 524 pp, traduit de l'anglais, 16 pl. de photos hors texte, index, cart. éditeur, sans la jaquette, bon état
Sir Douglas Haig débarqua en France en août 1914, comme commandant du 1er corps d'armée des Forces expéditionnaires britanniques, prit ensuite la tête de la première armée et devint commandant en chef en décembre 1915. Dès lors, il resta inamovible, conduisant ses armées pendant les offensives coûteuses en vies humaines de 1916 et 1917, subissant l'assaut allemand de mars 1918, puis remportant une série de victoires qui aboutirent à l'armistice de novembre 1918. La plupart des grands chefs et les dirigeants de la Première Guerre mondiale ont écrit leur Mémoires, mais avec des souvenirs passés au laminoir du temps. Le maréchal Douglas Haig est le seul à avoir tenu un journal, où il couchait ses idées et ses réflexions au jour le jour, ce qui donne une importance toute particulière à ce document. Des passages en ont déjà été publiés par le biographe du maréchal, Duff Cooper, mais la plus grande partie demeura longtemps inédite. Elle comprenait des appréciations sur des personnages encore vivants et aussi sur les Français et leur armée qui, pensait-on, pouvait porter préjudice aux bonnes relations entre les deux pays. Cette objection n'est plus valable. Le lecteur français apprendra donc ce que le chef de la grande armée britannique pensait de ses collègues alliés et de leurs troupes. Sans doute en sera-t-il souvent choqué, mais l'outrance est telle, le préjugé si manifeste, qu'il « rectifiera de lui-même ». Le livre présent un intérêt certain. S'il nous fait connaître l'opinion de Sir Douglas Haig sur l'armée française et ses chefs, il nous permet aussi de nous faire sur lui une opinion, débarrassée du halo de la victoire. — En dehors de sa valeur historique, le livre offre l'avantage de fournir inconsciemment un excellent portrait de Douglas Haig. Celui-ci se révèle un observateur perspicace ; ses jugements sur les hommes et événements sont souvent très sûrs, voir pénétrants. Il n'était pas affligé des préjugés dont sont affectés si fréquemment les militaires et le livre dissipera la légende qui le présente comme un soldat d'intelligence plutôt obtuse. Parmi les questions discutées très franchement, et dont plusieurs étaient demeurées inconnues jusqu'ici, citons : 1) la position occupée par le roi George V dans la politique du temps de guerre, l'aide apportée par lui à Haig, ses idées sur le comportement de French et de Lloyd George, ses relations privées avec Haig. 2) l'histoire complète de la conférence de Calais, réunie en février 1917, les lettres secrètes échangées entre Haig et le roi, la duplicité de Lloyd George. 3) L'opinion de Haig sur Winston Churchill et ses relations avec lui. 4) ses rapports avec les Américains ; l'attitude du général Pershing qui retira des divisions à Haig au plus fort de l'offensive de l'été 1918. 5) l'unité de commandement, le défaitisme de Pétain, les difficultés entre Haig et Foch, beaucoup plus aiguëes qu'on ne l'admet généralement.