S.l., s.d. (1865) in-8, titre, 262 pp., couvertes d'une écriture fine, soignée et très lisible (environ 20 lignes par page), quelques biffures, demi-cuir de Russie vert modeste à coins, dos lisse muet, tranches mouchetées (reliure de l'époque). Coupes et coins très frottés.
Mis en forme sur le tard, ce petit manuscrit regroupe, dans un ordre tout particulier, des morceaux de nature très différentes, et touchant à des sujets fort hétérogènes.1. La partie la plus cohérente et la plus intéressante est située au tout début, sous le titre de Souvenir de la retraite de Moscou, 1812, et occupe les pp. 1-43. Encore suscite t-elle bien des questions. Parmi les témoignages inédits que les années récentes ont permis d'exhumer sur cette malheureuse campagne, celui de Jean-Baptiste Cournerie présente en effet bien des originalités, qui laissent soupçonner au moins des "embellissements". A l'origine sous-chef de bureau dans une préfecture qu'il ne précise d'ailleurs pas, Cournerie n'était pas satisfait de son traitement de 1200 francs, s'ennuyait et ne se voyait pas de perspectives d'avancement, comme on dit dans les bureaux ; il demanda alors en 1812 à être muté dans l'administration militaire, fut affecté au 3e Corps d'Armée (Ney), par suite d'une recommandation de son frère. Mais les démarches qu'il dut effectuer à Paris pour faire régulariser sa situation l'empêchèrent de partir avant le 6 septembre 1812, alors que la Grande Armée était déjà en position pour le combat de Borodino. Il explique avoir fait le trajet entièrement à pieds, et être parvenu à Smolensk début novembre, alors que la retraite française est déjà engagée. Dès lors, tout ce dont il témoigne consiste dans les étapes du retour à travers Russie, Lithuanie, Pologne et Prusse, sans même qu'il ait pu participer à quelque action que ce fût. Au demeurant, une grande partie des notes se résume à des mentions d'étapes (aller, puis retour), de Meaux à Smolensk, puis de Kowno [Kaunas] à Metz.De retour à Paris le 2 avril 1813, il eut une entrevue avec Lacuée de Cessac (alors ministre directeur de l'administration de la guerre), qui entérina sa nomination, et repartit pour le théâtre de la Campagne de Saxe en mai 1813. Il demeura avec le 3e Corps d'Armée jusqu'au passage du Rhin du 7 novembre 1813.Dans les deux parties de cette relation, les anecdotes privées (notamment son amitié persistante avec un certain Barcelini, officier au Régiment d'Illyrie) l'emportent fortement sur les événements généraux.2. Le reste du manuscrit part un peu dans toutes les directions et est généralement composé en vers : des poésies sur divers sujets, mais généralement patriotiques (Chant national La Chalonnaise de janvier 1814 ; Ode sur l'abdication de l'Empereur Napoléon de 1816, etc.) ; une longue épopée bizarre de 1820 intitulée La Queue blanche (pp. 57-106) ; des pièces sur la vie rurale (La Fête du village, août 1823 ; Une ouverture de chasse, 1832) ; des morceaux politiques diversement inspirées (La France et le ministre, octobre 1829, sur les projets absolutistes du cabinet ; Elections municipales, avril 1840 ; Trois candidats à la députation, décembre 1848 ; Au club électoral, 28 décembre 1848).Enfin, il semble avoir été juré dans un procès d'assises tenu en 1852 à Coutances pour les chefs d'abus de confiance et détournement de fonds, ce qui lui donne l'occasion de dresser un tableau de l'évènement (pp. 195-203).Les dernières pièces concernent l'exposition universelle de 1858, le voyage de Napoléon III et d'Eugénie à Cherbourg en août 1858, Magenta et Solférino.Dans tous les cas, affleure en permanence la fidélité bonapartiste de l'auteur. Les lieux et personnages cités laissent penser qu'il habitait Cherbourg. Peut-être s'agit-il du même Jean-Baptiste Cournerie, signalé par les Annuaires du département de la Manche comme directeur-gérant de la compagnie qui exploitait l'incinération des varechs. - - VENTE PAR CORRESPONDANCE UNIQUEMENT
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