S.l., 1777-1786 7 pièces in-4, en feuilles.
Très intéressant dossier qui comprend plusieurs pièces de différentes mains et d'inégale importance sur le problème récurrent du mouvement perpétuel :I. DESCRIPTION.1. Doutes à éclaircir sur la possibilité du mouvement perpétuel méchanique, et propositions d'une machine dont l'effet sembleroit décider la question en faveur de ce problême (1777) : 36 pp., avec une planche manuscrite "in fine" (vis d'Archimède). Portant le nom de l'auteur au dernier feuillet ("M. Barbot, secrétaire du Roi à Orléans"), ce mémoire est certainement attribuable à Denis-Charles Barbot du Plessis (1731-1814), qui était précisément secrétaire du Roi et greffier en chef des Eaux & Forêts du Duché d'Orléans, membre de la Société des sciences d'Orléans, et qui travailla toute sa vie en amateur sur différents problèmes de physique et de mathématiques.Présenté en mai 1777 à l'Académie royale des Sciences, il fut examiné par l'abbé François Rozier (1734-1793), qui rédigea et signa une brève souscription très éclairante sur le cas que la savante compagnie fit du travail d'un obscur confrère de province : "Renvoyé le 18 iuin 1778". Deux autres annotations en début du texte explicitent ces réserves: une première, développée, signée du même abbé Rozier (Le fond de ce mémoire a pour principe une erreur avancée dans les leçons de physique de M. l'abbé Nollet, sçavoir que la vis d'Archimède est en équilibre sur ses pivots, ce que j'ai cru momentanément, sur la réputation du physicien, sans examen ; ainsi l'ouvrage porte à faux comme son principe) ; une seconde, laconique et inscrite au crayon de bois en haut du premier feuillet (Ce mémoire me paroît contenir des parallogismes; je les examinerai).2. Extrait des registres de l'Académie royale des sciences, du 12 mars 1781: in-4 de 3 pp. n. ch.Sur l'examen d'un autre mémoire de Barbot du Plessis : Pendule, ou Echelle hydraulique [non joint]. Portant les noms de Vandermonde et Bossut, le texte conclut négativement encore : Nous ne croyons pas que cette machine soit propre à produire de grands effets.3. Extrait des registres de la Société de physique, d'histoire naturelle et des arts d'Orléans (30 mai 1783) : un bifeuillet in-4 écrit sur 3 pp. Sur l'examen d'une machine à oscillations croissantes - toujours proposée par Barbot du Plessis -. L'avis est signé de Charles-Nicolas Beauvais de Préau (1745-1794), qui venait juste [23 avril 1783] d'être nommé secrétaire perpétuel de la Société de physique d'Orléans (il devait cependant quitter la ville dès l'année suivante).4. L.A.S. du marquis de Condorcet en date du 4 juin 1785, adressée à Barbot : un bifeuillet petit in-4 écrit sur une moitié de page. La concision du texte ne laisse pas de doute sur l'existence de deux catégories de savants dans l'esprit du noble marquis : "A mon retour de la campagne, Monsieur, j'ai trouvé la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire relativement à ce qui a été décidé par l'Académie [des sciences] sur le mouvement perpétuel. Vous trouverez dans le volume de cette compagnie année 1775 les éclaircissemens que vous désirez." En d'autres termes : il suffit de lire, et de ne pas importuner les sommités.5. L.A. de Barbot à Condorcet, en date du 21 mars 1786 : un bifeuillet petit in-4 écrit sur 3 pp. Nullement découragé par les multiples rebuffades, le brave Barbot repart au front sur la question qui lui tient à coeur : Je n'ai pu résister, Monsieur, au désir d'examiner si la prétention formelle de l'Académie des Sciences contre la possibilité du mouvement perpétuel, étoit aussi démontrée que cette illustre compagnie, dont vous êtes un des principaux ornemens, suppose par son arrêté de 1775. Je ne me détermine qu'en tremblant à vous proposer mes réflections à ce sujet (...). Il ne semble cependant guère nourrir d'illusions sur l'intérêt qu'il suscite dans l'Olympe, comme en attestent les dernières lignes : Je laisserai écouler un tems suffisant dans l'espérance d'obtenir l'honneur d'une réponse (...). Comme c'est élégamment avouer son peu de poids ...6. [Sans date] Entretiens de Robin Acadème et Barbot philomathe : [6] ff. in-4 paginés 1-6, puis 35-40, ce qui laisse supposer la perte des pp. 7-34 (de fait, il n'y a aucune cohérence entre la fin de la page 6 et le début de la page 35, qui commence abruptement par "moyen revient au même"). Il s'agit d'une tentative de vulgarisation sous forme de dialogue sur le même problème que celui des pièces précédentes. C'est l'Acadème qui ouvre les hostilités sous la forme pateline propre aux érudits en place : On m'a dit, mon cher Barbot, une chose si singulière sur votre compte que je n'ai pu me déterminer à la croire, on prétend que vous cherchez le mouvement perpétuel [= C'est une blague, détrompez-moi]. Aucune trace en tout cas d'une impression de ce dialogue fictif.7. Deux exemplaires d'une planche imprimée (sans doute extraite de l'Encyclopédie méthodique).II. Sur le fond, le mouvement perpétuel est une bouteille à l'encre de la physique et de la mécanique depuis la Renaissance, opposant régulièrement théoriciens d'un côté, inventeurs de l'autre, autour de la possibilité de fabriquer une machine capable de produire un mouvement indéfini sans apport extérieur d'énergie ou de matière, et de produire ainsi sa propre énergie sans la recevoir. Le contexte qui forme l'arrière-plan de tout ce dossier est la décision de l'Académie royale des Sciences de Paris de ne plus examiner à l'avenir de machines reposant sur ce principe, afin ne plus gaspiller les talents, la fortune et l'inventivité "de trop de mécaniciens ingénieux". Datant de 1775, et prise à l'initiative de Laplace, elle suscita frustrations et réclamations de moult physiciens amateurs, qui tenaient à cette possibilité comme les alchimistes à la transmutation : c'est bien ce qu'exprime tout au long de ses textes le brave Barbot du Plessis. - - VENTE PAR CORRESPONDANCE UNIQUEMENT
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